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Chapitre 2 : Supplementary analysis

2. RESULTS 1 F INDINGS

4.1 DISCUSSION DES PRINCIPAUX RÉSULTATS

L’APM ET L’ANXIÉTÉ TRAIT CHEZ LES ÉTUDIANTS DE NIVEAU POSTSECONDAIRE EN INTERPRÉTATION JAZZ

Notre première question de recherche visait à mesurer l’APM des étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz. Dans notre recherche, les mesures d’APM ont été prises à l’aide de la version révisée du Kenny Music Performance Anxiety Inventory (K- MPAI ; Kenny, 2009). Les résultats de ce questionnaire indiquent que les 73 étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz ont rapporté un résultat d’APM brut moyen de 124,59 sur un résultat total possible de 220. En effet, les résultats du K-MPAI

suggèrent que la moyenne des étudiants sondés serait au-dessus du seuil correspondant à un niveau d’APM cliniquement significatif de 105 (Kenny, 2015). Comparativement aux études antérieures utilisant ce même questionnaire, les résultats d’APM des étudiants en interprétation jazz sont supérieurs à ceux obtenus auprès des musiciens classiques professionnels (Kenny, Driscoll, et Ackermann, 2014) ainsi qu’à ceux des étudiants en interprétation classique (Kenny et al., 2013). Par conséquent, les étudiants en

interprétation jazz semblent être une population tout aussi vulnérable que leurs collègues en interprétation classique à ressentir de l’APM.

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Ces résultats doivent cependant prendre en compte l’influence de deux autres variables qui sont; la langue ainsi que le niveau d’éducation des participants. En effet, nos analyses ont démontré des différences de moyennes significatives entre l’APM et la langue parlée des participants ainsi qu’entre l’APM et le niveau d’éducation. Par exemple, les étudiants anglophones au niveau de la maîtrise semblent constituer une population

significativement plus anxieuse que le reste de la population étudiante sondée.

L’influence de la langue et le niveau d’éducation sur l’APM pourraient être source de recherches futures.

Notre deuxième question de recherche visait à vérifier la relation entre l’APM et l’anxiété trait chez les étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz. En mesurant l’APM et l’anxiété trait nous avons obtenu une corrélation positive moyenne (r = ,29 ; Cohen, 1988). Ce résultat est cohérent avec les recherches précédentes entre l’APM et l’anxiété trait portant sur les interprètes de musique classique (Cox et Kenardy, 1993; Kenny et al., 2004; Kenny, 2011; Osborne et Kenny, 2008). Ainsi, ce résultat suggère que la relation entre l’APM et l’anxiété trait existerait chez les musiciens indépendamment du style de musique qu’ils pratiquent. Cependant, étant donné que la force moyenne de cette corrélation chez les musiciens jazz (r = ,29) est moins grande que la forte corrélation chez les musiciens classiques (r = ,50) il se pourrait que la relation entre l’APM et le style de musique soit plus complexe qu’il n’y paraît, pouvant être mitigé par des variables confondantes. Ce résultat pourrait également s’expliquer par la différence de taille d’échantillon entre les études et le moment de la prise des données (p. ex. fin de session, début de session). Aussi, ce résultat appuie la présence d’une

disposition biologique ou vulnérabilité propice au développement des troubles anxieux tel que proposé par Barlow (2000). En effet, l’anxiété trait, qui représente souvent

l’expression d’une vulnérabilité (généralisée) biologique serait une des composantes clés menant à l’expérience chronique de l’APM (Kenny, 2005).

L’APM, LES CONTEXTES DE PERFORMANCES COMMUNS

Comme troisième question de recherche, nous avons examiné la relation entre l’APM et les contextes de performances communs. Nos résultats suggèrent qu’il n’y avait pas de différences de moyennes significatives entre les niveaux d’APM des étudiants en

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interprétations jazz et leurs contextes de performances les plus communs. Étant donné le lien positif qui a été démontré à plusieurs reprises entre l’APM des musiciens classiques et leur contexte de performance (Cox et Kenardy, 1993; LeBlanc, Jin, Obert, et Siivola, 1997; Nicholson et al., 2015) en plus de celui des musiciens populaire et jazz entre l’APM et leur contexte de performance (Papageorgi et al., 2013) ce résultat est pour le moins surprenant. Comme avancé par Kaspersen et Götestam (2002), il se pourrait que les musiciens de jazz diffèrent des musiciens classiques dans la perception qu’ils ont d’une performance devant public. Cette perception plus positive pourrait alors jouer un rôle protecteur en atténuant l’appréhension qui constitue en partie l’APM. Il est à noter que contrairement aux études citées précédemment, les étudiants prenant part à cette étude ont été comparés les uns aux autres selon un seul contexte de performance musicale qui se voulait être leur contexte le plus commun. Au contraire, les autres études (Cox et Kenardy, 1993; LeBlanc, Jin, Obert, et Siivola, 1997; Nicholson et al., 2015) ont comparé les scores d’APM des étudiants obtenus dans plusieurs contextes de performances.

L’APM, LA VALENCE ET LA SIGNIFICATION PERÇUE D’UNE EXPÉRIENCE MUSICALE.

Au niveau des analyses supplémentaires, nous nous sommes intéressés au lien possible entre l’APM et les expériences de performance musicales. En premier lieu, les moyennes d’APM rapportées n’étaient pas significativement différentes entre les étudiants ayant rapporté ou non une expérience de performance musicale. Ce résultat diffère du lien positif obtenu par Osborne et Kenny (2008) auprès des adolescents. En effet, même si les deux études ont démontré que les participants n’ayant pas rapporté d’expérience de performance musicale rapportaient moins d’APM que ceux ayant rapporté une expérience, seule l’étude de Osborne et Kenny (2008) a démontré une différence de moyenne d’APM significative entre les deux groupes.

Ensuite, pour les participants qui ont rapporté une expérience de performance musicale, la valence et la signification accordée à cet évènement n’a pas démontré de différences de moyenne significatives quant aux résultats d’APM. En effet, même si la majorité des participants ont rapporté des expériences de performance musicale positives et significatives, leur niveau d’APM n’était pas significativement différent de ceux ayant

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rapporté des expériences négatives significatives ou non significatives. Ce résultat suggère que la valence et la signification de l’expérience de performance musicale ne semblent pas être significativement reliées aux scores d’APM chez les étudiants en interprétation jazz. Cependant, il est intéressant de noter que malgré leurs différents niveaux d’APM, les étudiants en interprétation jazz dans cette étude ont tous réussi à être admis dans leur programme d’étude. Par conséquent, comme la majorité des étudiants ont rapporté des expériences positives significatives (69%), il est possible que celles-ci soient un des facteurs permettant de développer des ressources personnelles afin de mieux composer avec les différents stresseurs et possiblement avec l’APM.

Les différentes expériences de performance musicale se sont avérées de nature

qualitativement différente. L’analyse thématique des questions ouvertes a fait ressortir 12 thèmes présents dans les expériences de performance musicale des participants. Les thèmes les plus cités étaient les Émotions positives sur soi-même, Avoir bien joué et Rétroaction positive. Ces thèmes sont grandement reliés au groupe des expériences positives significatives, soit celui regroupant le plus grand nombre d’étudiants. Ensuite, parmi les thèmes les plus cités par le groupe ayant rapporté des expériences négatives non significatives se retrouvait le thème Rétroaction positive. Cela laisse entendre que d’être rassuré après une performance musicale jugée négative pourrait agir comme facteur de protection dans le développement de l’APM. Également, au sein du groupe ayant

rapporté des expériences négatives, plusieurs ont décrit leurs stratégies afin de surmonter ces situations. Les stratégies décrites telles que la réassurance positive, ou la répression sembleraient particulièrement importantes. Finalement, ces résultats amènent à spéculer que les expériences de performance musicale positives marquées par les émotions positives, la rétroaction positive ainsi que les performances positives pourraient avoir un impact sur l’APM des étudiants en interprétation jazz ainsi que sur la façon dont ils perçoivent l’expérience de performer en public. En effet, la nature des expériences de performance musicale nous fait croire qu’il serait possible que comme chez les enfants, que les expériences de performance musicale vécue de façon positive ou négative influencent l’expression de l’APM dans les performances subséquentes (Boucher et Ryan, 2011).

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Ces résultats suggèrent que les expériences de performance musicales quelles que soient leur valence et leur signification accordée par les participants ne semblent pas avoir de lien statistique avec l’APM des étudiants en interprétation jazz. Bien que ces résultats ne soient pas significatifs, ils pointent dans la même direction que les résultats de Osborne et Kenny (2008) concernant le lien entre l’APM et le fait de rapporter ou non une expérience de performance musicale. Il se pourrait que l’APM des étudiants en interprétation jazz soit moins affectée par la présence d’évènements passés que les musiciens avec un âge et une expertise différente. Il se peut également que le nombre de participants ayant rempli la section sur les expériences de performance musicale (n = 45) soit insuffisant pour représenter la relation entre les deux construits. Les résultats de l’analyse qualitative révèlent plusieurs thèmes présents dans les expériences de performance musicale. Ces thèmes pourraient indiquer les éléments susceptibles d’influencer la signification des expériences de performance musicale et que ceux-ci viendraient éventuellement influencer l’APM des musiciens.

L’ANXIÉTÉ TRAIT, LA VALENCE ET LA SIGNIFICATION PERÇUE D’UNE EXPÉRIENCE MUSICALE.

Comme illustré dans la section précédente, nous avons également investigué la

relation entre le niveau d’anxiété trait et la valence et la signification d’une expérience de performance musicale. Les résultats nous suggèrent que la moyenne d’anxiété trait des participants ayant rapporté une expérience de performance musicale ne diffère pas significativement de ceux n’ayant pas rapporté d’expérience. Ces résultats sont cette fois- ci similaires à ceux de Osborne et Kenny (2008). En effet, les deux études n’ont pas trouvé de différences significatives en ce qui a trait à la relation entre l’anxiété trait et le fait d’avoir ou non rapporté une expérience de performance musicale. Donc, selon ce résultat, la disposition à ressentir de l’anxiété ne serait pas en lien avec les expériences de performance musicale.

Tout comme il a été le cas pour l’APM, la valence et la signification accordées à l’expérience de performance musicale n’affichaient pas de différence significative avec les niveaux d’anxiété trait.

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