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Hiérarchisation des milieux humides : exemple sur le bassin versant de l'Arroux (Bourgogne)

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: dumas-01627644

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01627644

Submitted on 6 Nov 2017

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Hiérarchisation des milieux humides : exemple sur le

bassin versant de l’Arroux (Bourgogne)

Capucine Laur

To cite this version:

Capucine Laur. Hiérarchisation des milieux humides : exemple sur le bassin versant de l’Arroux (Bourgogne). Sciences du Vivant [q-bio]. 2017. �dumas-01627644�

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Hiérarchisation des milieux humides :

exemple sur le bassin versant de l’Arroux (Bourgogne)

Par : Capucine LAUR

Soutenu à Rennes le 14 septembre 2017

Devant le jury composé de :

Président : BERNEZ Ivan

Maître de stage : ARDOUIN Antoni Enseignant référent : HAURY Jacques

Autres membres du jury : BOTTNER Benjamin, Institut d’Aménagement de la Vilaine

Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle d’AGROCAMPUS OUEST

Ce document est soumis aux conditions d’utilisation

«Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 France» disponible en ligne

http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/deed.fr AGROCAMPUS OUEST CFR Angers CFR Rennes Année universitaire : 2016 - 2017 Spécialité : Paysage

Spécialisation (et option éventuelle) : Génie de l’Environnement (PAM-EQ)

Mémoire de fin d’études

d’Ingénieur de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage

de Master de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage

d'un autre établissement (étudiant arrivé en M2)

LAUR , 201 7 LAUR , 201 7 LAUR , 201 7

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Remerciements

Je commence la traditionnelle page de remerciements par la personne qui m’a permis de réaliser ce stage de fin d’études et qui m’a suivie pendant ces six mois. Je désigne par là, vous l’aurez deviné, mon maître de stage, Antoni. Passionné de botanique, toujours excité de tomber sur une perle rare, tu as su partager tes petites astuces dans la reconnaissance d’espèces qui m’ont été précieuses sur le terrain. J’ai apprécié ta disponibilité et le temps que tu as pris pour me faire découvrir des sites d’intérêt, dont la Montagne des Trois Croix qui m’a fait aimer les paysages de ce coin de Bourgogne. Même si ce n’était pas volontaire, grâce à toi, j’ai pu faire mon quota de sport, devenir experte dans la conduite de voiture et surtout, vivre mes aventures de terrain aux côtés des vaches, mes compagnes des champs !!

En parlant de péripéties, mention particulière pour toi Estelle, dépanneuse occasionnelle de voiture par une après-midi de beau temps ! Et dans un contexte moins aventurier, merci de m’avoir accordé un peu de ton temps pour une discussion instructive sur le foncier.

Pour les journées de terrain passées avec vous et le partage de vos expériences, je vous remercie Cécile D., Caroline, Cécile F, Guillaume. Un clin d’œil particulier à toi Julien pour m’avoir amenée au troupeau ainsi qu’à vous, Grégory, Thomas et Bastien pour votre convivialité et le barbecue de roi sur le chantier de Ménetreuil !

Je tiens aussi à saluer mes collègues de bureau, Cécile F., Caroline et Olivier pour leur présence sympathique, les séances de gym et le tiroir des gourmandises toujours disponibles en cas d’une envie de sucre soudaine ! Le chocolat et les caramels au beurre salé ont été de bons alliés pendant la phase de rédaction de ce mémoire !

De manière générale, un merci à toute l’équipe du CENB avec qui j’ai eu le plaisir de passer mes six mois, enfin, devrais-je dire quatre mois et demi, quand je n’étais pas un fantôme errant d’une prairie à l’autre, pour leur accueil au sein de la structure.

Mes remerciements vont aussi à mon tuteur, Jacques Haury, pour ses conseils et sa relecture bienveillante.

Le mot de la fin pour Aria et Comète, deux compagnes affectueuses à l’énergie débordante !

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Note

Le travail mené s’inscrit dans la continuité du travail d’inventaire du CENB (Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne) et il faudra donc noter que la méthode d’inventaire était déjà élaborée et standardisée avant le début du stage.

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Table des matières

Introduction ... 1 I. Matériel et méthodes ... 3 A. Secteur d’étude ... 3 1. Localisation ... 3 2. Contexte physique ... 3 3. Contexte socio-économique ... 5

4. Aires de protection et périmètres d’inventaire ... 5

B. Pré-localisation des milieux humides potentiels ... 6

C. Vers des milieux humides effectifs ... 7

D. Hiérarchisation des milieux humides ... 9

1. Principes généraux de la classification ... 9

2. Les enjeux ... 10

3. Menaces internes ... 10

4. Menaces externes ... 11

E. Analyse des données ... 11

1. Description générale des MHE de la zone d’étude ... 11

2. Caractérisation des MHE prioritaires ... 11

3. Parcelles privées, parcelles communales ... 13

II. Résultats ... 13

A. Vision globale de la zone d’étude ... 13

B. Des caractéristiques favorables à la présence d’enjeux forts et de patrimonialité ... 15

1. Types de milieux ... 15

2. Activité ... 15

3. Surface du MHE ... 16

4. MHE dans la trame verte et bleue ... 16

5. Modalités explicatives et leur classement ... 17

6. Parcelles privées, parcelles communales ... 18

C. Analyse cartographique détaillée ... 19

III. Discussion ... 20

A. Un inventaire non exhaustif ... 20

B. MHE : qui privilégier ? ... 21

C. Secteur d’étude et classification ... 23

D. Limites de l’analyse et des données ... 23

IV. Conclusion ... 25

V. Bibliographie ... 26

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Liste des figures

Figure 1: Localisation du secteur d'étude à l'échelle de la Bourgogne (à gauche) et des communes à inventorier (à droite).

Réseau hydrographique du secteur d’étude (à droite). ... 3

Figure 2 : Régions naturelles de Bourgogne présentes sur le secteur d'étude. ... 4

Figure 3 : Températures moyennes annuelles (à gauche) et cumuls des précipitations annuelles (à droite) à l'échelle de la Bourgogne. ... 5

Figure 4 : Aires de protection et périmètres d'inventaire sur le secteur d’étude. ... 6

Figure 5 : Occupation du territoire sur le secteur d'étude d'après les données de niveau 1 du Corine Land Cover 2012. ... 6

Figure 6 : Photo d'une carotte de sol avec accentuation des traits rédoxiques en profondeur et présence de traits rédoxiques à partir de 10cm de profondeur environ. ... 8

Figure 7 : Classes d'hydromophie et sols de zones humides (ZH) adaptés d'après les "classes de drainage interne" du GEPPA, 1981. ... 8

Figure 8 : Proportion de MHE par classes de notes en termes d'effectif et de surface... 14

Figure 9 : Proportion de MHE à patrimonialité, habitats et espèces végétales, en termes d'effectif et de surface. ... 14

Figure 10 : Proportion de MHE par types de milieux en termes d’effectif et de surface. ... 14

Figure 11 : Résultats du test du χ² pour le facteur "milieu" par rapport aux enjeux (à gauche) et à la patrimonialité (à droite) et graphes en mosaïque des tableaux de contingence correspondants. La surface des rectangles est proportionnelle aux effectifs, la largeur aux proportions de chaque modalité et la hauteur aux probabilités conditionnelles par rapport au milieu correspondant (nombres écrits). Les couleurs correspondent aux écarts à la situation d’indépendance des résidus de Pearson standardisés (rouge : inférieur à -2 ; blanc : entre -2 et 2 et bleu : supérieur à 2). ... 15

Figure 12 : Résultats du test du χ² pour le facteur "surface" par rapport aux enjeux (à gauche) et à la patrimonialité (à droite) et graphes en mosaïque des tableaux de contingence correspondants. La surface des rectangles est proportionnelle aux effectifs, la largeur aux proportions de chaque modalité et la hauteur aux probabilités conditionnelles par rapport au milieu correspondant (nombres écrits). Les couleurs correspondent aux écarts à la situation d’indépendance des résidus de Pearson standardisés (rouge : inférieur à -2 ; blanc : entre -2 et 2 et bleu : supérieur à 2). ... 16

Liste des tableaux

Tableau 1 : Liste des noms toponymiques en lien avec l’élément de l’eau en Bourgogne et information apportée (Pégorier, 2006) ... 7

Tableau 2 : Les différentes classes de hiérarchisation des MHE prioritaires en vue d’un plan de gestion future (Ardouin et Jeandenand, 2016) ... 9

Tableau 3 : Codes de la typologie SDAGE et note attribuée correspondante (Eau France, b ; Ardouin et Jeandenand, 2016) 10 Tableau 4 : Synthèse des variables explicatives testées par rapport aux deux variables à expliquer. ... 11

Tableau 5 : Synthèse des modifications apportées à la structure des données du tableau brut en vue du test du χ² ... 12

Tableau 6 : Synthèse des rapports de cote du modèle de régression logistique de la variable à expliquer "Enjeux" ("Fauche", "Mixte" et "Mosaique" : modalités de la variable "Milieu" ; "Grande" et "Moyenne" : modalités de la variable "Surface") ... 17

Tableau 7: Synthèse des rapports de cote du modèle de régression logistique de la variable à expliquer "Patrimonialite" ("Fauche", "Boisement" et "Mosaique" : modalités de la variable "Milieu" ; "Grande" : modalité de la variable "Surface"). ... 18

Tableau 8 : Nombre de parcelles communales concernées par un MHE sur les communes de Saône-et-Loire et leur surface totale en milieux humides. ... 19

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Liste des annexes

: Périmètres d’inventaire aires de protection sur le secteur d’étude ... 30

: Grille de notation - Milieux humides ouverts ... 32

: Grille de notation - Milieux humides forestiers ... 33

: Classification des milieux humides... 34

: Fiche terrain ... 35

: Illustration du tableau de données ... 36

: Milieux humides potentiels - prélocalisation ... 38

: Carte de répartition des MHE par classes de note ... 39

: Ensemble des tables de contingence ... 40

: Résultat de la régression logistique ... 41

: Carte d’intensité des enjeux des MHE ... 43

: Carte d’intensité des menaces internes ... 44

: Carte d’intensité des menaces externes ... 45

: Carte de localisation des MHE à patrimonialité ... 46

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Glossaire et abréviations

✓ CENB : Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne ✓ CBNBP : Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien ✓ MHE : Milieu Humide Effectif

✓ MHP : Milieu Humide Potentiel

✓ SAGE : Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau ✓ SIG : Système d’Information Géographique

✓ SHNA : Société d’Histoire Naturelle d’Autun

✓ SINETA : Syndicat Intercommunal d’Etudes et d’Aménagements ✓ TVB : Trame Verte et Bleue

✓ ZPS : Zones de Protection Spéciale ✓ ZSC : Zones Spéciales de Conservation

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Introduction

Le paysage que nous pouvons observer aujourd’hui est le résultat de l’activité humaine qui l’a modifié au fil des années pour répondre à des besoins socio-économiques depuis des millénaires. Ce territoire majoritairement forestier jusqu’à l’époque gallo-romaine, a laissé place, suite à une période de déboisement, à des surfaces agricoles. Les années cinquante représentent un tournant majeur avec le développement de la production intensive via la mécanisation et l’usage des engrais (Science & Décision). Les grandes surfaces sont privilégiées et les endroits plus difficiles à exploiter délaissés. C’est le cas des zones humides qui, en plus de ces changements agricoles, subissent l’urbanisation des territoires. Synonymes de contraintes pour les activités anthropiques, elles sont asséchées, drainées et modifiées, et aujourd’hui, moins de 20 % des zones humides d’origine subsistent en Europe (Verhoeven, 2014). Mais, qu’entendons-nous par zones humides ? Leur définition n’est pas forcément évidente. Dans la pensée populaire, elles sont liées à la présence d’eau visible ainsi, les premières images qui viennent à l’esprit sont les marécages, les zones inondables, les mares ou bien les plans d’eau. Dans cette vision, les prairies où l’hydromorphie n’est pas apparente ne sont souvent pas perçues comme humides d’où la complexité de leur délimitation qui montre la nécessité d’instaurer un cadre réglementaire pour mettre en œuvre des politiques de préservation. Ainsi, d’après la convention de Ramsar, les zones humides sont « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres » (Eau France, a). Cette définition englobe donc les plans d’eau, les cours d’eau et une partie du domaine marin qui sont exclus dans le cadre législatif français. En effet, l’article L.211-1 du code de l’environnement stipule qu’elles correspondent à des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » (Barnaud et Lefeuvre, 1997). Cette définition sera retenue dans le cadre de ce travail. Elle permet de prendre en compte les critères scientifiques basés sur des fonctionnalités écologiques tels que leur position d’interface entre le milieu terrestre et aquatique ou l’habitat qu’elles offrent à de nombreuses espèces qui en dépendent au cours de leur cycle de vie (Borey et al., 2011) que ce soit pour le développement des stades larvaire ou adulte, la reproduction, la recherche de nourriture ou le repos pour des espèces migratrices par exemple. Les scientifiques s’y intéressent aussi pour les habitats particuliers, riches d’une faune et flore spécifique, qui s’y trouvent. En France, l’ensemble des zones humides renferment 30 % des espèces végétales à forte valeur patrimoniale et 50 % des espèces d’oiseaux (Futura Sciences). Les fonctions écologiques de ces milieux offrent de nombreux services tels que la fixation du carbone par les tourbières, la régulation de la pollution diffuse, le stockage d’eau ou les attraits touristique et récréatif (Untermaier, 2009) et justifient les cadres réglementaires et les programmes de préservation mis en place aux échelles internationale, européenne et nationale : convention de Ramsar de 1971, directive cadre sur l’eau, directives « habitats, faune, flore » et « oiseaux » en lien avec le réseau Natura 2000, loi sur l’eau et code de l’environnement en France. Cette volonté de préservation passe avant tout par la connaissance des zones humides effectives, soit les sites dont la saturation est maximale durant la période hivernale (Michelot, 2005) pour ensuite mettre en place des leviers d’action appropriés.

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Pour répondre à ces mêmes objectifs, a été initié un programme d’inventaire des milieux humides de Bourgogne. Dans le cadre du contrat territorial de l’Arroux-Mesvrée-Drée, porté par le SINETA qui partage ce travail d’inventaire avec le Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne (CENB) et le bureau d’études Acer campestre, le CENB a commencé cet effort de prospection en 2011 et mon stage s’inscrit dans cette continuité. Il faudra remarquer que le terme de zone humide ne sera plus employé par la suite, pour faire place à la dénomination de milieu humide. Le terme de zone humide sera utilisé pour désigner les zones humides en général. En effet, ce travail ne consiste pas à délimiter des zones humides au sens de la police de l’eau mais à définir des enveloppes de zones humides d’où la réalisation d’un inventaire non exhaustif des zones humides fonctionnelles sur les plans pédologiques et écologiques. Une fois terminée, la phase d’inventaires permettra d’avoir un secteur prospecté assez conséquent pour commencer à avoir une vision d’ensemble et réfléchir à une stratégie globale.

Ainsi, je vais tenter, dans les pages qui vont suivre, de répondre à la problématique suivante : peut-on dégager des secteurs ou des types de milieux humides prioritaires, en vue d’actions de préservation futures, sur le contrat territorial de l’Arroux-Mesvrin-Drée ? Cette problématique suppose de localiser les milieux humides effectifs et de les hiérarchiser par ordre de priorité. Se posent alors les questions suivantes : quels critères prendre en compte ? existe-t-il des caractéristiques particulières aux milieux humides prioritaires ? Il semble raisonnable de supposer que les milieux humides se situent principalement dans les fonds de vallons pour des raisons hydro-géomorphologiques. Vu la difficulté d’exploiter des petites surfaces par rapport aux grandes superficies, on peut s’attendre à ce qu’elles soient moins impactées par les activités anthropiques et donc à les privilégier pour des actions de préservation future. Les milieux humides de bord de cours d’eau devraient aussi ressortir par rapport aux enjeux directs qu’ils représentent vis-à-vis du cours d’eau adjacent. Quant au statut du propriétaire, on peut imaginer que les parcelles communales, dont l’usage peut être divers, sont plus propices à présenter des enjeux de préservation.

Afin de répondre à la problématique, un inventaire des milieux humides est mené. Une classification de ces derniers permettra de faire ressortir ceux qui présentent des enjeux de conservation et qui sont les plus menacés. Des analyses statistiques permettront de mettre en évidence des critères potentiellement favorables à la présence d’enjeux forts et/ou de patrimonialité. Quant à la question de la propriété, un travail de recherche parcellaire croisée à la connaissance du secteur permettra de dégager une possible tendance.

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I.

Matériel et méthodes

A.

Secteur d’étude

1. Localisation

Situé dans l’ancienne région Bourgogne, entre Côte-d’Or et Saône-et-Loire, le secteur d’étude s’inscrit dans le périmètre du SAGE Arroux-Bourbince qui, comme son nom l’indique, correspond au bassin versant de deux affluents de la Loire : celui de la Bourbince et celui de l’Arroux. C’est ce dernier qui nous intéresse. Incluses dans le périmètre du contrat territorial de l’Arroux-Mesvrin-Drée qui est porté par le SINETA, et dans le territoire de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, seules les communes concernées par le travail d’inventaire du CENB sont prises en compte ici (Figure 1) c’est-à-dire les communes déjà inventoriées, au nombre de 10 (en gris sur la carte), ainsi que les 4 communes à prospecter (en orange sur la carte) : Curgy, Sully, Tintry et Saint-Martin-de-Commune. Respectivement, cela représente une superficie de 37053,500 ha et de 8812,74 ha.

2. Contexte physique

Le réseau hydrographique est dense sur le secteur d’étude (Figure 1) qui est parcouru par environ 346 km de cours d’eau, ruisseaux et rus dont les principaux sont la Lacanche et la Drée, deux affluents de l’Arroux. Ce linéaire est, en réalité, bien plus important au vu de la présence des ruisselets de prairies et de sous-bois non cartographiés. Hydrographie qui laisse à penser une forte présence de milieux humides. Situé entre le horst du Morvan et le fossé bressan, un jeu de failles orientées SW/NE délimite divers blocs et participe à la complexité géologique du secteur qui en est d’autant plus intéressant à étudier. A cela s’ajoute son climat particulier. A l’échelle de la région, le territoire est soumis à trois influences climatiques : méditerranéenne par le couloir rhodanien, atlantique par l’ouest et continentale par le nord/est,

Figure 1: Localisation du secteur d'étude à l'échelle de la Bourgogne (à gauche) et des communes à inventorier (à droite). Réseau hydrographique du secteur d’étude (à droite).

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qui permettent de trouver des espèces à répartition occidentale, des espèces végétales montagnardes ou méridionales sur une seule et même région (Chiffaut et al., 2010). Les températures moyennes annuelles y sont plus basses que sur le reste de la région (entre 9-10°C) et le cumul des précipitations annuelles y est de 800mm à 900mm (Figure 3) (Joly et al., 2010). La géologie, le climat et le réseau hydrographique ont façonné, avec le temps, le paysage actuel qui accentue ces influences climatiques à l’échelle locale donnant ainsi place à des conditions particulières. Quatre régions naturelles de Bourgogne se distinguent sur le secteur d’étude (Figure 2) : le massif d’Uchon et de Montjeu, le Plateau d’Antully, le pays d’Arnay et le Bassin d’Autun. Leurs spécificités vont être décrites à partir de l’ouvrage de Bardet et al. (2008). Commençons par le plateau d’Antully. Cette annexe cristalline du Morvan repose sur des formations gréseuses de l’Héttangien-Rhétien et quelques buttes résiduelles y subsistent. Boisements, prairies et nombreux étangs se partagent ce territoire qui se situe à la croisée des influences atlantiques et continentales. Ce plateau à l’ambiance submontagnarde subit des températures basses (moyenne annuelle de 9,4 °C à Antully) et une

pluviométrie moyenne annuelle conséquente (866 mm/an à Antully) (Climate data). Il y pleut

toute l’année même pendant la période estivale. La partie orientale du plateau est plus humide que la partie occidentale à cause du pendage Est du plateau (Laroche, 2005). Cela lui vaut le nom de château d’eau. Quant au bassin d’Autun et au pays d’Arnay, ils appartiennent à la dépression périmorvandelle argileuse. Dans la partie ouest du secteur d’étude, le Bassin d’Autun représente une cuvette à l’altitude peu élevée (300-350m) (Chèvremont et al., 1999) abritée du Morvan, où les tendances continentales sont accentuées : les écarts de températures y sont élevés à la journée et à l’année, les étés peuvent y être chauds. Sur le plan paysager, plaines et collines se succèdent, systèmes de prairies bocagères et de grandes cultures, massifs forestiers et surfaces d’eau libre se côtoient.

Le pays d’Arnay abrite essentiellement de la pâture dans un complexe de bocage vallonné. La géologie y est très diversifiée. Datant

principalement du Trias et du Lias

(Chèvremont et al., 1999), roches éruptives (granite) et sédimentaires (grès, marnes et tufs) sont présentes sur un socle cristallin. Les affleurements granitiques imperméables sont à l’origine de résurgences (Ardouin et Jeandenand, 2016). Enfin, le massif d’Uchon et de Montjeu représente un petit croissant au sud-ouest du secteur d’étude dominé par des boisements qui reposent sur un substrat granitique ou gréseux.

Ainsi, le climat couplé à la forte présence de cours d’eau, aux roches imperméables argileuses et à un paysage diversifié, font de ce secteur d’étude un lieu propice à la présence de milieux humides.

Figure 2 : Régions naturelles de Bourgogne présentes sur le secteur d'étude.

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3. Contexte socio-économique

Le territoire pris en compte est majoritairement rural. La plus grosse agglomération du secteur est Autun avec ses 13 863 habitants en 2013 (Insee). Environ 68 % de la superficie

sont dédiés à une activité agricole (en marron sur la Figure 5) dont 79 % en prairies et 11 %

en terres arables. Le reste du territoire est occupé à 30 % par de la forêt, et, dans une moindre proportion, par des territoires artificialisés et des surfaces en eau (Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer).

4. Aires de protection et périmètres d’inventaire

Le secteur d’étude comprend des aires de protection dont un site du CENB et des sites Natura 2000 classés en ZPS et ZSC ainsi que 26 périmètres d’inventaire classés en ZNIEFF de type I. Ces sites sont inclus partiellement ou en totalité dans le secteur d’étude (Annexe I) et leur surface totale représente environ 26 % du territoire étudié. Ces zonages sont cartographiés dans leur ensemble sur la Figure 4. En ce qui concerne les aires de protection, aucune ne l’est au titre de la préservation des zones humides.

Figure 3 : Températures moyennes annuelles (à gauche) et cumuls des précipitations annuelles (à droite) à l'échelle de la Bourgogne.

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B.

Pré-localisation des milieux humides potentiels

L’étape de pré-localisation des MHP est réalisée sous SIG avec comme première base des cartes de délimitation de milieux humides potentiels déjà existantes : travail d’un bureau d’études en 2011 et carte développée par l’INRA d’Orléans et Agrocampus Ouest de Rennes disponible par flux WMS. A ce niveau de la réflexion, mon travail a pour objectif d’affiner la recherche des MHP à partir d’une ortho-photographie et d’un scan 25 de l’IGN, ils permettent de repérer divers éléments qui laissent supposer la présence d’un milieu humide. En effet, la carte de l’IGN aide à localiser les sources, les cours d’eau et les vallées, pas toujours repérables sur une vue aérienne. Ces éléments paysagers, ainsi mis en évidence, sont alors recoupés avec une photo-interprétation : les taches sombres peuvent potentiellement montrer la présence de formations végétales hygrophiles, synonyme d’humidité. Un peaufinage est fait à partir de l’étude de la toponymie au niveau de la carte de l’IGN. Les noms des lieux, dont le champ lexical se réfère à l’élément de l’eau, sont le reflet de la présence passée ou actuelle d’un milieu humide. Certaines appellations ont une signification évidente (boulaies, gravières…) et d’autres reposent sur des termes plus spécifiques et locaux (Tableau 1).

Comme l’objectif est de délimiter des enveloppes de milieux humides homogènes, la présence d’une voie de circulation (réseau routier, voie ferroviaire) ou toute autre infrastructure (habitations) ne doit pas séparer une même entité car ces éléments structuraux modifient l’hydrologie du site par leur caractère imperméable qui génère un ruissellement plus important (Shuster et al., 2013) et induisent une fragmentation du paysage.

Enfin, il faut noter que le site du CENB, les réserves naturelles nationales et régionales, déjà connus et inventoriés sont pris en compte dans cette étape de pré-localisation mais ne sont pas parcourus sur le terrain par la suite car déjà connus. De même, les zones de grandes

Figure 4 : Aires de protection et périmètres d'inventaire sur le secteur d’étude.

Figure 5 : Occupation du territoire sur le secteur d'étude d'après les données de niveau 1 du Corine Land Cover 2012.

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cultures ne sont pas diagnostiquées par manque de temps et par le peu d’intérêt qu’elles présentent sur le plan écologique.

Tableau 1 : Liste des noms toponymiques en lien avec l’élément de l’eau en Bourgogne et information apportée (Pégorier, 2006)

Lien avec l’humidité du lieu Toponymie

Nature du sol

- Endroit boueux - Boueille

- Meula

- Tarreau, Tarriau

- Argile - Grasse

- Terre noire - Mairain

Milieux humides

- Ruisseau - Riau

- Mare, bourbier - Gouillat, Gouille, Margouillat

- Marais, marécage - Marôt

- Vernois - Mouille - Vesvres - Petit pré - Marey - Mauvais prés - Vesure Topographie - Surface présentant des dépressions, des

creux

- Flâche

- Terrain bas sans écoulement - Souillot, souillau

Végétation

- Petits joncs, oseraies le long des rivières - Grinjons

- Végétation de carex, joncs de marais - Laiches, Laichère, Lochère

- Terrain où poussent des roseaux - Rousière

- Saule, saulaie

- Lieu planté de saules

- Saudze - Verne - Sôco Aménagement lié à l’eau

- Bassin de fontaine, abreuvoir - Bachasse

- Moulin - Melin

C.

Vers des milieux humides effectifs

La vérification du caractère hydromorphe d’un MHP peut se faire par une entrée botanique (plantes hygrophiles) et/ou pédologique (sols hydromorphes) comme l’énonce le code de l’environnement et stipulé dans la circulaire de 2010 sur les zones humides (Ministère de l'écologie, de l'environnement, du développement durable et de la mer et Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, 2010).

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La vérification par le biais de la botanique est basée sur un diagnostic général du milieu humide concerné par cheminement aléatoire. La présence d’au moins 50 % d’espèces indicatrices de zones humides, d’après la liste intégrée à l’arrêté du 24 juin 2008 (Legifrance), est suffisante pour valider le caractère humide de la zone.

Dans le cas où la flore ne permet pas de confirmer le caractère humide du site, un relevé pédologique est nécessaire. A l’aide d’une tarière, des carottes de sol sont prélevées afin de repérer les traits hydromorphiques suivants qui signalent la présence actuelle ou passée d’eau (Gayet et al., 2016) :

✓ Traits rédoxiques : taches de couleur rouille liées à la présence d’une nappe temporaire et aux phénomènes d’oxydation.

✓ Traits réductiques : couleur verdâtre ou bleuâtre due à la présence d’une nappe permanente.

✓ Traits histiques : couleur noirâtre-brune liée à la présence de matière organique.

Pour affirmer l’effectivité du milieu humide, on se basera sur les profondeurs d’apparition des traits d’hydromorphie des sols de zones humides (Figure 7) et on cherchera une des quatre configurations suivantes (Baize et Ducommun, 2014) :

✓ Horizon histique qui débute à moins de 50 cm de profondeur et dont l’épaisseur est d’au moins 50 cm.

✓ Horizon réductique qui commence à moins de 50 cm de profondeur.

✓ Traits rédoxiques qui sont visibles à moins de 25 cm de profondeur et qui se prolongent ou s’intensifient en profondeur (exemple de la Figure 6)

✓ Traits rédoxiques qui s’observent à moins de 50 cm et suivis d’horizons réductiques qui apparaissent entre 80 cm et 120 cm.

Figure 7 : Classes d'hydromophie et sols de zones humides (ZH) adaptés d'après les "classes de drainage interne" du GEPPA, 1981.

(g) = caractère rédoxique peu marqué / g = caractère rédoxique marqué. (Baize et Ducommun, 2014) Trait rédoxique

Trait réductique

Figure 6 : Photo d'une carotte de sol avec accentuation des traits rédoxiques en profondeur et présence de traits rédoxiques à partir de 10cm de profondeur environ. L au r, 2 0 1 7

(18)

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9

D.

Hiérarchisation des milieux humides

1. Principes généraux de la classification

La hiérarchisation des milieux humides est basée sur leur notation qui repose sur trois éléments majeurs :

✓ Les enjeux

✓ Les menaces internes ✓ Les menaces externes

Trois notes sont obtenues, une par catégorie, et donnent lieu à une note globale sur 26 (Annexe II et Annexe III). A partir d’un arbre dichotomique (Annexe IV), les sites sont rangés par classes, de A à F (Tableau 2) en fonction de l’importance des enjeux et des menaces qui pèsent sur les sites en question (Ardouin et Jeandenand, 2016). Il faudra noter que l’ensemble de cette méthode de classification était déjà établie avant mon arrivée au CENB.

Tableau 2 : Les différentes classes de hiérarchisation des MHE prioritaires en vue d’un plan de gestion future (Ardouin et Jeandenand, 2016) + Classes Signification M H E P ri o ri ta ir e

A - Enjeux écologiques et économiques forts.

- MHE où les efforts de gestion doivent se concentrer.

B

- Enjeux forts - Menaces faibles

- MHE à surveiller et/ou à valoriser

C - Enjeux moyens à forts

- Menaces fortes

D - Enjeux moyens à forts

- Menaces faibles ou inexistantes

E - Enjeux faibles

- Etat de conservation peut difficilement évoluer

- F

- Enjeux faibles - Aucune menace

Afin de prendre en compte les spécificités des milieux ouverts et forestiers, deux grilles de notation différentes sont utilisées (Annexe II et Annexe III). Les cas un peu particuliers que représentent les boisements de queues d’étang ou les plantations de type peupleraie sont considérés comme des milieux ouverts. Quant aux zones de coupe forestière, elles sont rangées parmi les milieux fermés car prises comme un stade transitoire évoluant vers de la forêt.

Les éléments évalués et leur prise en compte dans la notation vont maintenant être détaillés. Ils sont consultables sur la fiche de terrain (Annexe V).

(19)

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10

2. Les enjeux

Dans un premier temps, la valeur socio-économique du milieu humide est évaluée en fonction de l’absence ou présence d’activité(s) économique(s) qui peuvent être de différentes natures. En effet, en fonction de leurs usages, les MHE peuvent avoir un intérêt sur le plan de la ressource en eau en tant que telle (eau potable) ou de son utilisation pour de la production biologique, agricole ou sylvicole. L’exploitation de matières premières disponibles sur le milieu humide lui confère une valeur purement économique (tourbe, granulat). Ces milieux peuvent aussi avoir un intérêt scientifique, pédagogique, paysager ou présenter une importance sur le plan sociologique (support de loisirs ou aspect culturel).

Dans un second temps, nous nous intéressons aux enjeux écologiques en termes d’habitats, d’espèces végétales et de fonctionnalité hydraulique. En ce qui concerne les habitats, il est considéré que plus ils sont divers, plus le site est intéressant sur le plan écologique. La présence d’habitats d’intérêt régional déterminant en Bourgogne ou d’intérêt communautaire (habitats Natura 2000) augmente la note enjeu du site. De la même manière, la présence d’espèces végétales patrimoniales déterminantes en Bourgogne et/ou protégées rend le site plus prioritaire. La patrimonialité d’une espèce végétale est ici définie par sa rareté selon Bardet et al. (2008). Quant à la fonctionnalité hydraulique, elle est calculée à partir de la typologie SDAGE (Tableau 3).

Tableau 3 : Codes de la typologie SDAGE et note attribuée correspondante (Eau France, b ; Ardouin et Jeandenand, 2016)

Code Typologie SDAGE Points

5 - 6 Bordures de cours d’eau / Plaines alluviales 2

7 Zones humides de bas-fond en tête de BV 2

8 Régions d’étangs 1

9 Petits plans d’eau et bordures de plans d’eau 1

10 Marais et landes humides de plaine 1

11 Zones humides ponctuelles 0

12 Marais aménagés dans un but agricole 0

13 Zones humides artificielles 0

3. Menaces internes

Restreintes strictement au MHE considéré, les menaces externes peuvent correspondre aux éléments suivants :

✓ Abandon du site : repérable par un enfrichement via la fermeture du milieu par des ligneux. Il est considéré comme élevé si plus de 30 % de la surface est concernée et faible dans le cas contraire.

✓ Dégradation du site : due à du drainage ou des remblais. De faible jusqu’à 5 % de la surface menacée, elle passe à moyenne entre 5 % et 15 %. Passé ce seuil, la menace est forte.

✓ Intensification des pratiques : en lien avec le pourcentage de la surface du MHE utilisé. Les classes d é f i n i e s (< 5 %, 5-50 % et > 50 %) c o r r e s p o n d e n t respectivement à une intensification faible, moyenne et forte.

(20)

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11

✓ Fossés : plus ils sont profonds, plus ils ont un impact sur le fonctionnement hydraulique du MHE. De la même manière, trois degrés de menaces sont mis en place (< 50 cm, 50 cm-1m, > 1 m).

✓ Espèces exotiques envahissantes : cette menace est évaluée sur leur seule présence/absence.

✓ Surface : MHE de petite taille (< 1 ha), moyenne (1-10 ha) et grande (> 10 ha) La différence majeure de notation entre milieux ouverts et fermés intervient ici, au niveau des menaces internes. A la place de l’intensification des pratiques, il est question de boisement et notamment de savoir s’il y a plantation d’espèces allochtones ou autochtones.

4. Menaces externes

Enfin, les menaces externes sont estimées au sein de l’espace de fonctionnalité du MHE considéré, soit son bassin versant topographique. Elles comprennent les degrés d’intensification des pratiques agricoles (forte au-dessus de 50 % de l’espace de fonctionnalité) et d’artificialisation du sol (absente ou faible, moyenne entre 10 % et 40 % et forte au-delà) ainsi que la position du MHE au sein de la trame verte et bleue, calculée en fonction de la distance qui sépare deux MHE l’un de l’autre.

E.

Analyse des données

1. Description générale des MHE de la zone d’étude

Afin d’avoir une vision d’ensemble du secteur d’étude, des histogrammes illustrant la proportion de milieux trouvés, des classes de note obtenues et des MHE à patrimonialité sont créés. Dans un second temps, la production de cartes a pour objectif de visualiser les différents résultats en termes de distribution spatiale et de permettre de faire ressortir des secteurs particuliers.

2. Caractérisation des MHE prioritaires

Pour répondre à l’objectif de savoir s’il existe des types de MHE sur lesquels il faudrait se focaliser en priorité, l’existence d’une relation entre les variables explicatives et à expliquer

présentées dans le Tableau 4 est recherchée. En ce qui concerne la variable « Activité », seul

le lien avec la variable « Patrimonialité » est testé.

Tableau 4 : Synthèse des variables explicatives testées par rapport aux deux variables à expliquer.

Variables à expliquer Variables explicatives

- Enjeux forts (oui, non)

- Patrimonialité (absence, présence) - Types de milieux (prairie de fauche, prairie de pâture, boisement…)

- Activité (oui, non)

- Surface (petite, moyenne, grande) - Trame verte et bleue (contigüe, proche) Dans un premier temps, il est recherché l’existence d’une relation entre la variable à expliquer et la variable explicative considérées. Pour cela, le test non paramétrique du χ² est mené sous le logiciel R pour chacune des variables explicatives qualitatives considérées.

L’hypothèse nulle H0 posée est la suivante : la variable explicative et la variable à expliquer

(21)

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12

Y = Variable à expliquer Xi = Variable explicative β0 = Constante βi = Coefficient

l’existence d’une relation entre les deux variables, une représentation visuelle du résultat du test du χ² est donnée à partir d’un graphe en mosaïque où la variable à expliquer est représentée en ordonnée et le facteur en abscisse. Ce dernier est basé sur le tableau de contingence et l’aire des rectangles est proportionnelle aux effectifs, leur largeur à la proportion marginale et la hauteur à la probabilité conditionnelle d’avoir la réalisation de la variable à expliquer sachant une modalité de la variable explicative. Ainsi, la lecture du graphe permet de mettre en avant les probabilités d’avoir de l’intérêt (enjeux forts et/ou patrimonialité) pour chacune des modalités.

Une étape de mise en forme des données du tableau brut (Tableau 1 de Annexe VI)est

nécessaire avant de lancer l’analyse. En effet, les effectifs présents dans le tableau de contingence doivent être supérieurs ou égaux à 5. Pour répondre à ce critère, certaines modalités sont fusionnées, supprimées (car peu représentées) ou recodées pour une lecture

plus intuitive. Ces modifications sont résumées dans le Tableau 5 ci-dessous et visibles dans

le tableau 2de l’Annexe VI.

Tableau 5 : Synthèse des modifications apportées à la structure des données du tableau brut en vue du test du χ²

Variables Modifications

Avant Après

Enjeux

- 6 classes de notes : A, B, C, D, E et F

- Fusion des classes qui reflètent la présence d’enjeux forts : « Oui » (A et B), « Non » (C, D, E et F)

Patrimonialité

- Variables « Habitats » et

« Espèces »

- Fusion des deux variables : s’il y a la présence d’au moins un habitat d’intérêt ou d’une espèce

patrimoniale, on note

« Présence », dans le cas

contraire « Absence » Milieu

- Suppression des modalités

« Etang », « Megaphorbiaie »,

« Peupleraie » et « Frênaie »

Activité - 2 modalités : 0 ou 1 - 2 modalités correspondantes :

« Non » ou « Oui » Surface

- 3 modalités : 0, 1 ou 2 - 3 modalités correspondantes :

« Petit », « Moyen » ou

« Grand » Trame verte et

bleue

- 2 modalités : 0 ou 1 - 2 modalités correspondantes :

« Contigue » ou « Proche » Dans un second temps, on cherche à classer les modalités les unes par rapport aux autres pour les variables dont l’influence aura été montrée par les tests du χ² et à savoir s’il existe un effet cumulatif des variables sur le caractère à enjeux et la patrimonialité des MHE. Pour cette analyse, nos deux variables à expliquer sont binomiales : présence ou absence d’enjeux forts et de patrimonialité. Un modèle de régression logistique avec pour fonction de lien la fonction « logit » est donc recherché et qui sera de la forme :

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13

Pour chacune des deux variables à expliquer, la sélection du modèle candidat est réalisée pas à pas de manière descendante à partir du modèle complet avec interactions prenant en compte les variables dont la dépendance à la variable à expliquer aura été mise en avant lors de l’étape précédente. L’absence d’un enjeu fort, l’absence de patrimonialité, le milieu de pâture et les MHE de petites tailles constitueront les modalités de référence. Ainsi, un classement des modalités par rapport à la prairie de pâture d’une part et en comparaison des petites surfaces d’autre part pourra être proposé. Le modèle retenu aura le critère d’Akaike le plus faible. Pour valider le modèle, la normalité des résidus de Pearson standardisés est vérifiée à l’aide d’un graphe quantile-quantile avec la droite d’Henri. Les résultats se traduiront en termes de chance de réalisation de Y, c’est-à-dire d’avoir des enjeux forts ou de la patrimonialité en fonction de la variable Y considérée. L’interprétation se déduit comme suit à partir des rapports de côtes (notés OR de l’anglais odds-ratio), égaux à

l’exponentielle des βi :

✓ OR > 1 : Xi a un effet positif par rapport à la modalité de référence de Xi.

✓ OR = 1 : Xi n’a pas d’effet significatif

✓ OR < 1 : Xi a un effet négatif par rapport à la modalité de référence de Xi

Il faut aussi noter que plus l’écart à 1 en valeur absolue est grand, plus l’effet est élevé.

3. Parcelles privées, parcelles communales

Afin de savoir si les parcelles communales sont intéressantes d’un point de vue floristique, une recherche cadastrale des parcelles concernées en partie ou en totalité par un milieu humide est menée. Il est choisi de ne pas rechercher les parcelles de moins d’un demi-hectare et seule la partie du secteur d’étude qui se trouve en Saône-et-Loire est balayée. La connaissance fine du secteur d’étude permet de savoir la proportion des parcelles communales ciblées qui présentent un intérêt.

II.

Résultats

A.

Vision globale de la zone d’étude

A partir des MHP prélocalisés (0), 560 MHE ont été diagnostiqués pendant les deux mois consacrés à la campagne d’inventaire. Ils couvrent une superficie de 3777 ha. Le secteur d’étude est donc très concerné par les milieux humides dont une grande partie montre des enjeux forts puisque les classes A et B représentent environ 40 % des MHE recensés en effectifs (Figure 8), soit 3704 ha. Les classes E et F ne correspondent qu’à trois MHE. Quant à la patrimonialité, elle est présente dans 45 % des MHE ce qui représente près de 65 % de la surface totale de MHE (Figure 9). Les MHE localisés sont à 70 % des prairies agricoles (Figure 10) où la pratique agricole est surtout intensive.

(23)

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En termes de répartition spatiale, les MHE sont distribués de manière à peu près homogène sur le territoire mis à part le nord-est du plateau d’Antully qui semble renfermer moins de milieux humides (Annexe VIII). Il n’y a pas de secteurs particuliers qui ressortent de cette classification : les classes A et B étant majoritaires sur l’ensemble du secteur étudié.

A côté de ces MHE, 121 entités sont restées indéterminées et restent donc potentiellement humides.

Figure 8 : Proportion de MHE par classes de notes en termes d'effectif et de surface.

Figure 9 : Proportion de MHE à patrimonialité, habitats et espèces végétales, en termes d'effectif et de surface.

(24)

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B.

Des caractéristiques favorables à la présence d’enjeux forts et

de patrimonialité

1. Types de milieux

L’hypothèse H0 est très largement rejetée que ce soit pour la relation enjeux/milieu ou

celle patrimonialité/milieu d’après les p-values obtenues très proches de zéro (Figure 11). Il en résulte que le type de milieu influence l’intensité des enjeux au sein d’un milieu humide ainsi que la présence de patrimonialité.

Au regard des graphes, les complexes de mosaïque ainsi que les prairies mixtes ont une grande proportion d’enjeux forts (82 % et 77 % respectivement) et une fréquence de présence de patrimonialité élevée, plus de 70 %. A l’inverse, seuls 30 % des prairies de pâture présentent des enjeux forts et 68 % d’entre elles sont dénuées de patrimonialité. Quant aux boisements et prairies de fauche, il semblerait que la pratique de la fauche soit plutôt propice à la présence d’enjeux forts et de patrimonialité et l’inverse pour les boisements, mais cette tendance n’est pas significative et peut être due au simple hasard.

2. Activité

La mise en œuvre du test du χ² entre les variables « Activité » et « Patrimonialité »

fournit une p-value de 0.3237. Le risque d’erreur étant supérieur au 5 % fixé, l’hypothèse H0

53 18

82

70

Figure 11 : Résultats du test du χ² pour le facteur "milieu" par rapport aux enjeux (à gauche) et à la patrimonialité (à droite) et graphes en mosaïque des tableaux de contingence correspondants. La surface des rectangles est proportionnelle aux effectifs, la largeur aux proportions de chaque modalité et la hauteur aux probabilités conditionnelles par rapport au milieu correspondant (nombres écrits). Les couleurs correspondent aux écarts à la situation d’indépendance des résidus de Pearson standardisés (rouge : inférieur à -2 ; blanc : entre -2 et 2 et bleu : supérieur à 2).

73 23 77 70 27 47 30 53 18 82 76 77 49 51 43 57 24 68 32 23 En résumé

- Les prairies mixtes et les mosaïques ont une grande chance de présenter un intérêt.

(25)

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16

est acceptée, soit, la présence ou non d’une activité sur un milieu humide ne conditionne pas la présence de patrimonialité.

3. Surface du MHE

L’hypothèse H0 est rejetée avec une probabilité d’erreur proche de zéro (Figure 12).

L’examen du graphe en mosaïque correspondant au tableau croisé des variables « Enjeux » et « Surface » révèle des enjeux forts bien plus fréquents sur des grandes surfaces (73 % des cas) que sur des petites (22 %). L’interprétation des résultats pour les surfaces intermédiaires ne peut se faire de manière certaine mais la tendance suivante semble se dégager : plus les milieux humides couvrent une surface importante, plus la probabilité d’avoir des enjeux forts est élevée. En ce qui concerne le lien entre la surface du milieu humide et la présence de patrimonialité, celle-ci est observée très fréquemment dans des milieux humides de grande surface. Pour les deux autres classes de surface, l’absence de patrimonialité semble plus courante mais ceci est peut-être dû au hasard dans notre échantillon.

4. MHE dans la trame verte et bleue

Les p-values obtenues suite au lancement du test du χ² pour les enjeux et la

patrimonialité sont respectivement 0.4483 et 0.8223. L’hypothèse H0 est donc acceptée dans

Figure 12 : Résultats du test du χ² pour le facteur "surface" par rapport aux enjeux (à gauche) et à la patrimonialité (à droite) et graphes en mosaïque des tableaux de contingence correspondants. La surface des rectangles est proportionnelle aux effectifs, la largeur aux proportions de chaque modalité et la hauteur aux probabilités conditionnelles par rapport au milieu correspondant (nombres écrits). Les couleurs correspondent aux écarts à la situation d’indépendance des résidus de Pearson standardisés (rouge : inférieur à -2 ; blanc : entre -2 et 2 et bleu : supérieur à 2).

En résumé

- Les grandes surfaces ont de grandes chances de présenter un intérêt.

39 73 61 27 78 22 39 71 61 29 63 37

(26)

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17

les deux cas, c’est-à-dire que la position des MHE dans la TVB n’a pas d’influence significative.

L’ensemble des tables de contingence utilisé lors des tests du χ² est regroupé dans l’Annexe IX.

5. Modalités explicatives et leur classement

Les analyses menées conduisent à ne considérer que les variables « Milieu » et « Surface » dans cette partie.

La mise en œuvre de la régression logistique pour la variable « Enjeux » aboutit à la sélection du modèle présenté ci-après. Les résidus de Pearson standardisés suivent bien une loi normale (Annexe X).

𝐿𝑜𝑔𝑖𝑡(𝐸𝑛𝑗𝑒𝑢𝑥) = −1.7350 + {

1.1517 𝑠𝑖 𝐹𝑎𝑢𝑐ℎ𝑒 1.8226 𝑠𝑖 𝑀𝑖𝑥𝑡𝑒 2.0334 𝑠𝑖 𝑀𝑜𝑠𝑎ï𝑞𝑢𝑒

} + {0.9200 𝑠𝑖 𝑀𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒2.1253 𝑠𝑖 𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑𝑒 }

Les rapports de côte obtenus sont résumés dans le Tableau 6suivant :

Tableau 6 : Synthèse des rapports de cote du modèle de régression logistique de la variable à expliquer "Enjeux" ("Fauche", "Mixte" et "Mosaique" : modalités de la variable "Milieu" ; "Grande" et "Moyenne" : modalités de la variable "Surface")

Intersection Fauche Mixte Mosaique Grande Moyenne

0.1764045 3.1637222 6.1882268 7.6400710 8.3586645 2.5093311

Aucune interaction entre variables explicatives n’intervient de manière significative dans la présence ou absence d’enjeux forts. Seuls le type de milieu et la surface des MHE, pris indépendamment, ont une influence. Les prairies de fauche, les prairies mixtes et les mosaïques ont une proportion de MHE à enjeux forts plus élevée que les prairies de pâture (rapports de cote respectifs d’environ 3, 6 et 7.6) (Tableau 6). Dans l’ordre cité, la chance d’avoir des enjeux forts est donc croissante. Quant à la surface, le passage d’une classe à une classe supérieure augmente la chance de trouver des enjeux forts. La différence est bien marquée entre les petites surfaces et les grandes surfaces dont le rapport de cote est d’environ 8.

En résumé

Les modalités à considérer par ordre de priorité croissante pour chacun des facteurs :

Prairie de pâture Prairie de fauche Prairie mixte Mosaïque

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En ce qui concerne la variable « patrimonialité », le modèle conservé est le suivant : 𝐿𝑜𝑔𝑖𝑡(𝑃𝑎𝑡𝑟𝑖𝑚𝑜𝑛𝑖𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒) = −1.2751 + { 1.2751 𝑠𝑖 𝐵𝑜𝑖𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 1.2751 𝑠𝑖 𝐹𝑎𝑢𝑐ℎ𝑒 4.0477 𝑠𝑖 𝑀𝑜𝑠𝑎𝑖𝑞𝑢𝑒 } + 1.7741 ∗ 𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑𝑒 − 3.6994 ∗ 𝑀𝑜𝑠𝑎𝑖𝑞𝑢𝑒 ∗ 𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑𝑒

Les résidus du modèle se distribuent selon une loi normale (Annexe X)

Tableau 7: Synthèse des rapports de cote du modèle de régression logistique de la variable à expliquer "Patrimonialite" ("Fauche", "Boisement" et "Mosaique" : modalités de la variable "Milieu" ; "Grande" : modalité de la variable "Surface").

Intersection Boisement Fauche Mosaique

0.27941 3.5789 3.5789 57.263

Grande Mosaique*Grande

5.8947 0.024740

Les boisements et les prairies de fauche ont un effet positif similaire sur la patrimonialité (rapport de cote de 3.6) (Tableau 7) en comparaison aux prairies de pâture. Les mosaïques ont, quant à elles, un effet positif bien plus élevé. On peut estimer que la proportion de MHE à patrimonialité dans une mosaïque est près de 60 fois plus grande que dans une prairie de pâture. En ce qui concerne la surface, seules les grandes superficies ont une influence positive significative. Cependant, le fait d’avoir une grande mosaïque n’additionne pas les effets positifs des deux modalités mises en jeu, au contraire, l’interaction en devient négative (rapport de cote de 0.02). Une petite mosaïque a donc plus de chance d’abriter de la patrimonialité qu’une grande mosaïque.

6. Parcelles privées, parcelles communales

Sur la partie en Saône-et-Loire, 107 parcelles communales sont concernées par la présence de milieu humide. En termes d’effectifs, la commune d’Antully est intéressante puisqu’elle possède 36 parcelles concernées par un milieu humide et qui couvre un peu plus de 60 ha de milieu humide (Tableau 8). Bien qu’elle en possède deux fois moins, la commune d’Auxy a 100 ha de milieux humides qui lui appartiennent. Parmi les 107 parcelles répertoriées, 10 présentent un intérêt floristique en termes d’habitats ou d’espèces.

En résumé

Les modalités à considérer par ordre de priorité croissante pour chacun des facteurs :

Boisement / Prairie de fauche Mosaïque

Mosaïque de grande taille Mosaïque de petite taille Surface grande

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Tableau 8 : Nombre de parcelles communales concernées par un MHE sur les communes de Saône-et-Loire et leur surface totale en milieux humides.

Commune Effectif Surface (ha)

Antully 36 60,66642

Auxy 15 100,03175

Curgy 10 11,16653

Sully le Château 9 9,55953

Creusot Montceau 6 18,77453

Departement Saone et Loire 6 11,92638

Repas 4 13,04542

Dinay 3 11,51108

Epinac 3 4,21105

Chevannes / Section Muse 2 1,57046

Saint Emiland 2 2,08443

Charbonniere / Section Pont

d'Argent 2 10,39061 Chevannes 2 1,71447 Drousson 2 2,93868 Pont d'Argent 1 1,87526 Celle 1 0,51312 Porcheresse 1 1,12215 Lusigny 1 0,50012 Saint-Martin-de-Commune 1 2,59659 Total général 107 266,19858

C.

Analyse cartographique détaillée

La carte basée sur l’intensité des enjeux ne met pas en avant des secteurs particuliers (0). Par contre, la visualisation de l’intensité des menaces pesant sur les MHE fait ressortir la marge ouest du plateau d’Antully où les menaces internes sont fortes, le reste du territoire étant surtout sous des menaces d’intensité moyenne (Annexe XII). Le focus sur les menaces externes ne permet pas de mettre en avant des secteurs particuliers lorsque la note de 2 est prise comme limite pour définir des menaces fortes ou faibles. Toutefois, le seuil de 3 permet de distinguer l’amont des cours d’eau qui semble être moins menacé (Annexe XIII). En allant plus loin dans la description du secteur, la représentation des MHE à patrimonialité en fonction du milieu permet de faire ressortir deux secteurs : d’un côté la partie ouest du plateau d’Antully qui concentre des prairies mixtes à patrimonialité et de l’autre la partie nord du territoire où ce sont les prairies de pâture (Annexe XIV). Croisée avec les classes de surface, l’analyse cartographique permet de souligner que les prairies mixtes mises en avant couvrent des superficies supérieures à 10 ha (Annexe XV). De plus, des petites mosaïques de classes A ou B dans la partie amont de la Drée du plateau d’Antully ainsi qu’au niveau du secteur de la petite Drée et de la Vernée sont présentes.

(29)

Page

20

III. Discussion

A.

Un inventaire non exhaustif

Comme il a déjà été mentionné au cours du rapport, le travail d’inventaire ne prétend pas être exhaustif. La méthode de pré-localisation des MHP à partir de l’indice de Beven Kirkby, basée sur la topographie, ne permet pas de mettre en évidence les MHP situés en hauteur et qui n’ont, a priori, aucune raison d’être un secteur humide. Pourtant, c’est souvent sur les endroits de pente ou les replats en altitude qu’il est possible de trouver des milieux humides d’intérêt tels que les suintements ou les tourbières. La photo-interprétation, bien qu’elle permette une approche plus fine du contexte local, a ses limites en milieu boisé où il devient difficile de percevoir les changements d’essences. Souvent, seule la prospection de terrain permet un repérage exact et la découverte des milieux humides hors des fonds de vallon. Pour une pré-localisation plus exhaustive, la télédétection via le proche infrarouge est un outil supplémentaire qui permet de déterminer des changements d’essences, notamment entre les peuplements de résineux et de feuillus dont les feuilles n’ont pas le même pouvoir de réflexion (Bourreau et Maire, 2010). Toutefois, sans aller dans ce degré de précision, la méthode employée a permis d’avoir une finesse de localisation très satisfaisante puisqu’une large majorité des MHP pré-localisés se sont avérés humides et que seule une petite part des MHE a été trouvée directement sur le terrain comme par exemple les MHE AR_MH_4496 et AR_MH_4497 situés à flanc du Mont Echard et dont le repérage s’est fait à la vue à partir de la végétation présente. Dans un contexte différent, le cas s’est aussi présenté sur le secteur de la Lacanche, au niveau d’un plateau non parcouru par des cours d’eau, et qui n’avait donc pas pu être repéré au préalable. Quant aux MHP qui se sont trouvés ne pas être humides, cela était dû à une occupation du sol non prévue (culture de céréale ou habitations) ou à des contextes non prévisibles tels que des berges abruptes sans ripisylve.

A propos de la détermination d’un MHE par la pédologie, il faut soulever le fait que la présence de traits d’hydromorphie n’implique pas forcément la présence actuelle d’eau et que l’engorgement du sol ne laisse pas forcément de traits visibles (Baize et Ducommun, 2014). L’absence ou la présence de traits d’hydromorphie ne s’interprète donc pas de manière aussi aisée que pourrions le présager au premier abord et peut amener à des conclusions erronées quant au caractère hydromorphe des sols. En ce qui concerne les taches rouille, elles ne sont pas forcément dues à de l’hydromorphie mais peuvent aussi correspondre à la présence de matériaux anciens des climats chauds et humides ou à l’altération de minéraux riches en fer. Quant à l’absence de ces taches d’un horizon, elle peut venir de l’absence du fer due à la nature même de la roche (calcaire, sable, quartz) ou à sa lixiviation totale au fil du temps. La présence d’une nappe circulante bien oxygénée ne laisse pas de traces de l’engorgement temporaire pourtant bien existant. De la même manière, certains horizons réductiques peuvent être blancs et non bleuâtres-verdâtres en l’absence de l’élément fer. Au contraire, cette couleur bleuâtre-verdâtre prise comme caractéristique du processus de réduction peut venir de la couleur même de la roche mère telle que le schiste ou la glauconie (MEDDE et GIS Sol, 2013). Ces difficultés expliquent le nombre de milieux humides potentiels laissés comme tels même si certains le sont car non prospectés par manque de temps. Les cas rencontrés sont surtout les fonds de vallon parcouru par un petit cours d’eau temporaire, absent au moment de l’inventaire, où la végétation est absente et la pédologie d’aucun secours. Cela a été le cas de certains sites de vallées alluviales qui n’ont pu être déterminés en tant que milieux humides.

(30)

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21

B.

MHE : qui privilégier ?

L’existence d’une relation entre la présence d’une activité et la patrimonialité n’a pas été prouvée. Cependant, la littérature montre que l’abandon de parcelles agricoles a un impact sur leur diversité floristique. Une étude menée dans les Alpes a permis de montrer que l’abandon de systèmes culturaux diminue la richesse floristique (Maurer, 2006). Cette perte de diversité floristique est principalement due à la compétition pour la lumière puisque la succession végétale tend vers le développement de ligneux notamment les saules, les bouleaux et les aulnes (Falinska, 2000 in Joyce, 2014). Ainsi, les espèces les plus compétitives tels que les roseaux, la molinie ou la reine des prés sont favorisées au détriment des autres espèces végétales. Les espèces rares et protégées sont souvent les premières à être menacées par la colonisation des milieux (Joyce, 2014). On peut citer à titre d’exemple le genre Dactylorhiza ou certains Carex. Le maintien d’une activité est donc favorable vis-à-vis de la diversité floristique, cependant, tout dépend des pratiques mises en place et de leur intensité.

En effet, il a été mis en avant que les prairies mixtes et les mosaïques sont des milieux prioritaires vis-à-vis des enjeux importants qu’elles présentent à l’inverse des prairies de pâture. L’intérêt des mosaïques est certainement dû à la présence de milieux différents ce qui augmente les espaces d’interface, souvent moins impactés par les activités présentes. Dans le cas des lisières de forêt, elles sont souvent plus riches en espèces végétales car elles regroupent des espèces des milieux adjacents (Alignier et al., 2013). Quant aux prairies de pâture, la richesse en espèces en danger est impactée par la présence du bétail qui induit un piétinement, pression plus ou moins bien supportée en fonction des espèces végétales. Plantes rhizomateuses, cespiteuses et peu appétentes résistent mieux. Ainsi, Cynosorus cristatus, Agrostis stolonifera, Holcus lanatus, Ranunculus sp., Trifolium sp. ou Juncus inflexus par exemple (Ménard, 2014b) peuvent dominer des prairies humides surpâturées. Les espèces en danger sont aussi sensibles à la forte teneur en nutriments (Bucher et al., 2016) engendrée par les bêtes car elles sont très souvent inféodées aux milieux oligotrophes. Leur rareté dans le secteur d’étude oriente le CENB à préconiser une exploitation agricole plus extensive que ce soit pour la fauche ou le pâturage. Même pratiqué de manière extensive, le pâturage diminue la diversité des communautés végétales par rapport à une fauche tardive, comme l’a montré une étude comparative menée dans le nord-est de la France (Muller, 2003). Quant au pâturage, son effet peut être controversé. Sans se focaliser sur la patrimonialité, la diminution de la charge du troupeau n’a pas d’effet probant sur la diversité globale d’une parcelle comme on pourrait le croire mais a toutefois un impact positif sur les espèces végétales dont la vitesse de croissance est lente (Kruess et Tscharntke, 2002) comme c’est le cas pour les espèces rares et protégées. Le choix doit se faire en fonction du contexte local. Dans le cas du secteur d’étude, les prairies de fauche extensive étant rares, la pratique de la fauche est plutôt à privilégier, avec si possible, exportation afin de réduire au maximum l’apport de nutriments. Cependant, en cas de présence d’espèces invasives, il est préférable d’opter pour du pâturage extensif qui réduit leur compétition vis-à-vis des autres espèces tandis que la fauche est totalement inefficace contre les espèces invasives à rhizome (De Cauwer et Reheul, 2008) et peut, au contraire, favoriser leur propagation par bouturage et/ou par dispersion de leurs graines. La restauration des milieux oligotrophes est un travail à mener sur le long terme : aux Pays-Bas, après 25 ans d’arrêt d’apport de fertilisants et de mise en place de fauche avec

Figure

Figure  1:  Localisation  du  secteur  d'étude  à  l'échelle  de  la  Bourgogne  (à  gauche)  et  des  communes  à  inventorier (à droite)
Figure 2 : Régions naturelles de Bourgogne présentes  sur le secteur d'étude.
Figure  3  :  Températures  moyennes  annuelles  (à  gauche)  et  cumuls  des  précipitations  annuelles  (à  droite)  à  l'échelle de la Bourgogne.
Figure  4  :  Aires  de  protection  et  périmètres  d'inventaire sur le secteur d’étude.
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