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xxw Les systèmes traditionnels en Amérique centrale

Dans le document Le sorgho (Page 158-164)

Dans les zones semi-arides d’Amérique centrale, la saison des pluies est de type bimodale, comprenant une première saison des pluies appelée primera et une seconde appelée postrera, séparées par une courte saison sèche nommée yeranillo. Deux types principaux de sorgho y sont cultivés par les petits producteurs pour l’alimentation humaine : les sorghos photopériodiques tardifs, nommés millón (Nicaragua) ou maicillo criollo (El Salvador, Honduras), introduits depuis l’Afrique via les Antilles à partir du xvie siècle, et les sorghos de cycle court non photopériodiques, nommés tortillero, diffusés dans cette région à partir des années 1970 (voir cahier couleur, photo 11).

Le système de culture associée sorgho photopériodique tardif + maïs précoce

Cette association est considérée comme le système de culture tradi-tionnel intégrant le sorgho en Amérique centrale (Paul, 1990). En dépit d’une réduction des superficies emblavées à partir des années 1980 due à l’adoption de variétés améliorées de sorgho de type tortil-lero et de variétés de maïs modernes plus performantes en mono-culture, ce système reste prédominant dans les zones de pentes (laderas) soumises à l’érosion. Pour l’ensemble de l’Amérique centrale, il représente encore 60 % des superficies emblavées en sorgho soit approximativement 170 000 ha.

Un diagnostic des systèmes agraires réalisé en 2002 dans quatre villages du Nord Nicaragua a montré que cette association représen-tait 70 % des systèmes de culture à base de sorgho mis en place durant la primera, allant de fin mai à mi-juillet (Martinez-Sánchez, 2003). Dans les quatre pays d’Amérique centrale producteurs de sorgho, de nombreuses variantes existent pour la date d’installation et l’agence-ment de semis entre le sorgho photopériodique et le maïs. Dans le Nord du Nicaragua, le sorgho et le maïs sont semés au même moment, entre fin mai et mi-juin, par la même personne, et les semences sont distribuées dans des poquets alternés sur le même rang. Le semis y est réalisé manuellement, soit sans travail du sol en utilisant un bâton semoir (al espeque) soit après un pseudolabour à l’araire (de arado), en fonction de la topographie des parcelles de culture. Auparavant, dans les années 1960, les deux espèces étaient semées dans le même poquet, ce qui conduisait à une forte compétition. Le tableau 9.5 récapitule les caractéristiques techniques de ce système de culture au Nicaragua.

Tableau 9.5. Caractéristiques techniques du système de culture associée sorgho photopériodique + maïs au Nicaragua, département de Madriz (selon Martinez-Sánchez, 2003).

Caractéristiques Semis après travail du sol Semis sans travail du sol

Mode de semis Manuel, dans le sillon du

labour Manuel, en ouvrant un trou au moyen de l’espeque

Date de semis Fin mai, après les

premières pluies Juste après la première grande pluie de mai Écartement entre rangs 80-84 cm 100 cm

Écartement entre poquets de sorgho 80 cm 50-60 cm Écartement entre poquets de sorgho et de maïs 40 cm 25 cm Nombre de semences

de sorgho par poquet 8-10 10-14

Désherbage Avec cultivateur,

25 jours après semis Sarclage manuel, 25 jours après semis

Récolte du maïs Septembre Septembre

Récolte du sorgho Décembre-janvier,

grain mûr Décembre-janvier, grain mûr

Au Salvador, dans des conditions plus humides (1 300 à 1 900 mm/an), le sorgho photopériodique est généralement semé lorsque le maïs est au stade de pollinisation (floraison mâle), afin de minimiser l’effet de compétition sur le maïs qui, dans ce cas, représente la culture prio-ritaire. Cette association sorgho-maïs est rendue possible grâce au caractère photopériodique du sorgho : le maïs, de cycle court (trois mois), fleurit début août et le sorgho de cycle long (sept mois) fleurit à partir de mi-novembre ; le maïs arrive à maturité au début de la deuxième saison des pluies (postrera) allant de mi-août à novembre, le sorgho poursuit et achève sa croissance et son développement sans compétition avec la culture associée pour le rayonnement, l’eau et les éléments minéraux. Durant le mois d’octobre, un désherbage léger est parfois effectué pour contrôler les mauvaises herbes. Dans ce système, généralement seul le maïs bénéficie d’une fertilisation minérale azotée et phosphorée, appliquée localement au niveau des poquets.

Une variante de ce système sorgho-maïs est l’intégration du haricot dans l’association. Le semis des trois espèces est réalisé simultanément

par deux personnes, la première semant le haricot et la deuxième le maïs et le sorgho. Dans ce système, l’écartement entre poquets de sorgho et maïs ne change pas mais l’écartement entre deux rangs de céréales est plus grand, il est de 90 cm (semis de arado) ou de 110 cm (semis al espeque) pour laisser assez d’espace pour intercaler deux rangs jumelés de haricot. Les périodes de récolte pour les trois cultures sont alors les suivantes : 15 au 30 août pour le haricot, 15 au 30 septembre pour le maïs et du 15 décembre à fin janvier pour le sorgho. C’est un système particulièrement apprécié par les agriculteurs qui possèdent peu de terres cultivables.

Au Nicaragua, les rendements moyens en grains obtenus par le sorgho dans le système maïs-sorgho varient entre 1,3 t/ha et 1,6 t/ha.

Les pailles des sorghos millón, qui sont de faible valeur fourragère (tiges très lignifiées avec peu de feuilles à la récolte) sont soit laissées sur pied dans les champs soit coupées pour servir à la fabrication de poulaillers, clôtures ou palissades.

Le système de culture basé sur l’association sorgho tortillero + haricot

Le sorgho tortillero et le haricot sont semés simultanément entre le 20 août et le 15 septembre selon la date de démarrage de la postrera ; néanmoins beaucoup d’agriculteurs préfèrent semer le plus tard possible le haricot pour que sa récolte ne coïncide pas avec les dernières pluies de fin octobre. Les semis sont généralement réalisés en bandes de trois ou quatre lignes de haricot séparées par une ligne de sorgho (siembra callejoniada). Sur la ligne, l’écartement entre poquets de sorgho est assez réduit, entre 20 et 30 cm. Le tableau 9.6 précise les caractéristiques techniques de ce système de culture au Nicaragua. Cette association est très appréciée par les petits producteurs car sa production contribue généralement à satisfaire les besoins alimen-taires de la famille jusqu’à la prochaine récolte de maïs et de haricot du cycle suivant de primera. De plus, le haricot est pratiquement la seule culture permettant de générer des revenus monétaires. Dans cette association, on ne signale pas de problèmes d’allélopathie du sorgho sur le haricot, probablement par l’effet d’une bonne activité biologique des sols.

Une variante du système précédent est la mise en place de l’association sorgho + haricot en saison de primera avec utilisation de l’aptitude du sorgho à la repousse (rebrote) pour une deuxième production en postrera.

Dans ce cas, le haricot et le sorgho sont semés en même temps vers la fin mai et récoltés une première fois respectivement en fin juillet et au cours de la deuxième quinzaine d’août. Dans le cas du sorgho, après la récolte des panicules, les plantes sont coupées à environ 10 cm du sol pour favoriser une repousse avec les premières pluies de la postrera. Ensuite, vers la mi-septembre, le haricot est semé entre les rangs de sorgho. Au cours du cycle agricole suivant, compte tenu du dévelop-pement important d’adventices (principalement des dicotylédones) sur la parcelle, l’agriculteur choisit généralement de changer de système et implante du sorgho photopériodique associé au maïs ou au haricot. En monoculture, les rendements moyens en grains du sorgho lero approchent 1,9 t/ha au Nicaragua. Dans le système sorgho tortil-lero + haricot décrit ci-dessus, les rendements grains signalés par les agriculteurs de la zone nord du Nicaragua varient entre 0,95 et 1,3 t/ha. Les pailles des sorghos tortillero sont largement utilisées comme four-rage de saison sèche pour les bœufs de trait ou les autres bovins élevés sur l’exploitation. Peu après la récolte des panicules, les pailles sont coupées à la base des tiges et sorties des champs pour être stockées Tableau 9.6. Caractéristiques techniques du système de culture associée sorgho tortillero + haricot au Nicaragua,

département de Madriz (selon Martinez, 2003).

Caractéristiques Semis après travail du sol Semis sans travail du sol

Mode de semis Manuel, dans le sillon du

labour Manuel, en ouvrant un trou au moyen de l’espeque

Date de semis Fin août et début

septembre Fin août et début septembre Écartement entre rangs 40 cm 50 cm

Écartement entre

poquets de sorgho 20 cm 30 cm

Nombre de semences

de sorgho par poquet 10 10

Désherbage Manuel avec houe,

20 jours après semis Sarclage manuel, 20 jours après semis Récolte du haricot 10-15 novembre 10-15 novembre Récolte du sorgho Fin décembre,

près des habitations. Les agriculteurs ne possédant pas de troupeaux vendent ces pailles aux éleveurs de leur région sous forme de gerbes. Recommandations pour une intensification progressive

de la culture en Amérique centrale

Ces recommandations concernent essentiellement les variétés non photopériodiques, variétés-lignées et hybrides, produites pour le grain, le double usage ou l’ensilage de la plante entière.

Rotation culturale

En règle générale, les variétés modernes de sorgho non photopério-diques sont cultivées en deuxième saison des pluies pour que les phases de remplissage et de maturation des grains coïncident avec la saison sèche. Dans ces conditions, le sorgho succède à des cultures mieux adaptées à la première saison des pluies telles que le maïs ou le haricot.

Densité de semis

Le tableau 9.7 donne les densités de semis, les doses de semences et la densité de peuplement recommandées suivant les types variétaux au Nicaragua et Salvador pour des systèmes semi-intensifs.

Fertilisation

Pour le sorgho tortillero en monoculture semi-intensive, la fertilisation recommandée au Salvador est de :

95 à 114 kg/ha pour l’azote (N) ;

50 à 75 kg/ha pour le phosphore (P2O5) ;

95 à 320 kg/ha pour le potassium (K) suivant les variétés (CENTA, 2007).

Au Nicaragua, pour le même système de culture, la fertilisation recom-mandée est la suivante :

au semis, 97 kg/ha d’engrais complet (12N-30P-10K) ;

entre 15 et 25 jours après la levée, 129 kg/ha d’urée (46N) + 65 kg/ ha de chlorure de potassium (0-0-60) (INTA, 2009).

Pour le système de culture sorgho photopériodique + maïs, des travaux conduits par le Centro Nacional de Tecnología Agropecuaria (CENTA) au Salvador ont montré qu’une application de 47 kg/ha d’azote sous forme de sulfate d’ammonium 30 jours après le semis permettait des gains de rendement en grains de 300 à 700 kg/ha et était économiquement rentable pour les agriculteurs (Castaneda Chávez et al., 2006).

Lutte contre l’enherbement

En semis direct sans travail du sol (cero labranza) ou sur parcelles labourées très enherbées, il est recommandé une application de glyphosate (3 à 4 l/ha) entre 5 et 8 jours avant le semis du sorgho (CENTA, 2007). Cyperus rotundus, qui constitue un problème majeur dans les systèmes mécanisés, peut être contrôlé par l’application de l’halosulfuron méthyl en prélevée ou en postlevée (100 à 140 g/ha). Pour contrôler les adventices dicotylédones, l’atrazine était encore recommandée jusqu’à la fin des années 2000 en application de prélevée aux doses de 2,8 à 4,3 kg/ha. Actuellement de nouvelles molécules devant remplacer l’atrazine (déjà interdit en Europe) sont en cours d’homologation.

Contrôle des bioagresseurs

Dans ce domaine, les instituts de recherche centro-américains recom-mandent le contrôle intégré des ravageurs (manejo integrado de plagas, MIP) comprenant l’utilisation de variétés résistantes ou tolérantes, des pratiques culturales raisonnées (dates de semis, rotation des cultures, Tableau 9.7. Recommandations techniques issues de la recherche pour la culture du sorgho en Amérique centrale

(sources : Guías técnicas de sorgo INTA, 2009 et CENTA, 2007).

Pays Type variétal Distance

entre rangs (cm) Nombre de plantes par mètre linéaire Nombre de plantes par hectare Quantité semences (kg/ha) Semis manuel Semis mécanisé

Salvador Type ensilage ou double usage et hauteur > 2,5 m : CENTA S-3 (Sureño) 70 8 115 000 17 15 Type grain et hauteur = 1,4-1,8 m : RCV, Soberano 70 8 à 10 115 000 à 143 000 16 12 Nicaragua Hybrides et variétés précoces (90 jours) : Tortillero Precoz, INTA Trinidad, INTA Ligero 61 à 76* 15-18 236 000 à 246 000 / 9,5

élimination des plantes-hôtes alternatives, gestion des résidus de récolte), le contrôle biologique et l’utilisation de pesticides appropriés.

Les systèmes traditionnels de culture

désaisonnée des sorghos :

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