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xxw Les ravageurs du feuillage

Dans le document Le sorgho (Page 95-98)

À l’exception de quelques espèces d’acariens aux États-Unis et en Inde (Oligonychus spp.), il s’agit essentiellement d’insectes, en particulier de chenilles (Lépidoptères) et d’Hémiptères piqueurs-suceurs.

Les chenilles défoliatrices

Hormis Sesamia spp., les foreurs des tiges sont, comme on l’a vu, des consommateurs de jeunes feuilles au cours de la première phase de leur développement larvaire.

D’autres espèces de pyrales et noctuelles, généralement polyphages, sont aussi des destructrices du feuillage de sorgho. Ces mêmes espèces se retrouvent généralement aussi au niveau des panicules auxquelles elles occasionnent des dégâts.

On peut citer Mythimna (= Acantholeucania) spp., Spodoptera spp., Marasmia trapezalis, Amsacta sp., Helicoverpa armigera.

Bien que spectaculaires, leurs dégâts sont souvent sporadiques et localisés, en Afrique du moins. Les jeunes plantes de sorgho sont les plus sensibles aux attaques de ces ravageurs mais celles-ci entraînent rarement la mort de la plante.

Les insectes piqueurs

Les pucerons

Plusieurs espèces de pucerons peuvent proliférer sur les feuilles de sorgho. On peut citer Schizaphis graminum, Rhopalosiphum maidis et Melanaphis sacchari. Les pucerons sont essentiellement un problème pendant les périodes de sécheresse ; ils sont considérés comme le principal problème entomologique sur sorgho au Sénégal oriental. Melanaphis sacchari s’attaque aux feuilles âgées, tandis que Rhopalosiphum maidis et Schizaphis graminum préfèrent les jeunes feuilles (voir cahier couleur, photo 27).

Leurs dégâts directs sont généralement reconnaissables (piqûres à la face inférieure des feuilles, se traduisant par des taches rouges concen-trées de part et d’autre de la nervure centrale, la présence de miellat, d’exuvies, de prédateurs tels que les coccinelles, ou de fourmis). Enfin, le miellat produit par ces piqueurs-suceurs peut servir de substrat au développement de fumagines. Schizaphis graminum et Rhopalosiphum maidis transmettent le virus de la mosaïque nanisante du maïs

(MDMV : Maize Dwarf Mosaic Virus). Schizaphis graminum prédis-pose le sorgho à la pourriture charbonneuse due à un champignon parasite Macrophomina phaseolina.

Les infestations de pucerons ne justifient toutefois que très rarement une lutte chimique en Afrique, d’autant que celle-ci peut interférer négativement avec la régulation naturelle par les auxiliaires précités. D’ailleurs, un puceron comme Rhopalosiphum maidis qui n’injecte pas de toxine (contrairement à Schizaphis graminum et Melanaphis sacchari), peut même assumer un rôle positif en servant d’hôte relais pour des auxiliaires qui contrôleront des ravageurs plus dommageables y compris d’autres espèces de pucerons. D’autre part, les pullulations de pucerons sont généralement associées à des périodes de sécheresse et se résorbent avec les pluies. De plus, plusieurs variétés résistantes sont disponibles, par exemple IRAT 204. À noter que le traitement insecticide des semences avec des néonicotinoïdes assure une protec-tion du sorgho contre les pucerons au moins pendant les premiers stades de son développement.

Les cicadelles

Certaines espèces de cicadelles ou de delphacides sont présentes en Afrique de l’Ouest et du Centre, mais leurs dégâts sont généralement faibles ou sporadiques, c’est le cas de Neolimnus aegypticus sur sorgho de décrue au Mali. Il est toutefois possible qu’elles transmettent des viroses. C’est le cas de Peregrinus maidis (Delphacidae) en Inde, qui, outre les dégâts directs causés par le prélèvement de sève (semblables à ceux des ravageurs précédents), transmet plusieurs maladies virales, comme la mosaïque du maïs (MMV : Maize Mosaic Virus) et le Maize Stripe Virus (MStpV) (voir p. 74 « Les maladies virales ») ainsi que le Freckled Yellow et le Male Sterile Stunt.

Un autre groupe est à l’origine d’infestations importantes en Afrique de l’Ouest, à savoir les cercopides ou aphrophores, appartenant à deux espèces : Poophilus costalis et Locris rubens (= rubra). Les piqûres de larves et d’adultes de ces insectes se traduisent par des taches chlorotiques et pourraient être à l’origine de maladies bactériennes. Depuis plusieurs années, les cercopides (ou aphrophores) Poophilus costalis et Locris rubens sont des ravageurs importants du sorgho au nord du Nigeria, provoquant, en cas de sévères infestations précoces, la mort des jeunes plants par dessèchement. Ces insectes occasionnent par ailleurs des dégâts au sorgho dans plusieurs pays voisins, dont le Cameroun, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin et le

Niger. Ils sont polyphages, s’attaquant à plusieurs Poacées sauvages (douze espèces-hôtes ont été identifiées au Nigeria) et cultivées en préférant le sorgho au riz, au mil et à la canne à sucre.

Poophilus costalis, dont l’adulte est brun-grisâtre, prédomine dans les zones plus humides et durant les périodes humides du cycle, tandis que Locris rubens, dont l’adulte est brun-rouge, prédomine dans les zones les plus sèches et reste abondant bien après la maturité des graines, jusqu’à la sénescence des feuilles. De tailles voisines (environ 1 cm de long pour les adultes), les deux espèces ont aussi une biologie voisine. La femelle de Locris rubens insère ses œufs dans l’épiderme de la gaine foliaire. Les œufs sont lancéolés avec la partie antérieure plus pointue que la partie postérieure, arrondie. La larve de premier stade est jaunâtre avec l’abdomen rosâtre, les antennes, les pattes et la tête étant blancs, avec les yeux bruns pointant vers l’extérieur. La tête est couverte de poils et l’extrémité de l’abdomen recourbée vers le haut. Les jeunes larves migrent vers le cornet foliaire où elles produisent une mousse écumante dont elles se recouvrent pour se protéger, jusqu’à l’émergence des adultes. Les adultes et les larves de cerco-pides s’alimentent de la sève des feuilles tendres des jeunes plants de sorgho. Les larves restent à l’intérieur du cornet foliaire, alors que les adultes, particulièrement de Locris rubens, s’alimentent sur d’autres parties de la plante comme les tiges et les panicules. Il y a cinq stades larvaires et la durée totale du cycle de l’œuf à l’adulte est d’environ 33 jours.

Les piqûres d’alimentation causent le jaunissement des feuilles, leur dessèchement, une mauvaise exsertion paniculaire et des pertes de rendement pouvant atteindre 40 % en cas d’infestation sévère. Les cercopides transmettent aussi une bactérie, Xanthomonas sp., qui est associée à la maladie des taches chlorotiques des feuilles.

Les semis précoces sont moins attaqués, notamment par Locris rubens. La résistance variétale ne semble pas une voie prometteuse. En revanche, plusieurs molécules insecticides sont efficaces, notamment les produits systémiques au semis ou dans le cornet foliaire.

Les sauteriaux

De nombreuses espèces d’acridiens peuvent consommer le feuillage du sorgho. C’est notamment le cas du criquet sénégalais Oedaleus senegalensis en Afrique de l’Ouest. Il faut toutefois noter que le sorgho est moins attractif que le mil pour ces ravageurs et qu’à ses jeunes

stades de développement, sa teneur élevée en durrhine (un glycoside dont l’hydrolyse lors de sa digestion par les animaux donne de l’acide cyanhydrique toxique) contribue à une résistance à ces ravageurs.

Dans le document Le sorgho (Page 95-98)