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xxw Les ravageurs des stocks

Dans le document Le sorgho (Page 103-108)

Au cours du stockage, les grains de sorgho sont attaqués par de nombreux ennemis, qui ne lui sont d’ailleurs pas spécifiques. Ils sont traités au chapitre 11.

végétal

Différents acteurs gèrent et sélectionnent la diversité variétale des sorghos. Les premiers d’entre eux sont les agriculteurs qui, dès le processus de domestication, ont constamment amélioré des cultivars pour les adapter à leurs environnements et leurs besoins alimentaires. Empiriquement, ils ont élargi la grande variabilité des caractères morphologiques et physiologiques que l’on retrouve aujourd’hui chez les sorghos cultivés. Nous leur devons, entre autres, l’adaptation à des conditions de climats ou de sols extrêmement variées ainsi que l’identification et la conserva-tion de nombreux caractères d’intérêt alimentaire ou d’usages concer-nant les panicules, les graines ou les tiges. Aujourd’hui, ce travail de sélection des agriculteurs se transmet et se poursuit par leur gestion des variétés locales dont la richesse est loin d’être inventoriée et qu’il convient de préserver.

À partir du xixe siècle, l’activité de sélection s’est progressivement professionnalisée. Certains agriculteurs plus spécialisés dans l’horti-culture ou la production de plantes et de graines ont mis à profit le développement des moyens de communication et d’échanges pour rassembler, caractériser, classifier et conserver la diversité d’espèces cultivées. Ils ont aussi tiré parti de l’enrichissement des connaissances en biologie végétale et en génétique pour élargir la diversité existante et la valoriser sous la forme de nouveaux cultivars. Leur travail de sélectionneur s’est appuyé sur une conceptualisation plus précise de la notion de variété et sur la mise en place de systèmes pour la protec-tion de la propriété intellectuelle des obtenprotec-tions variétales. Ainsi, les sélectionneurs de sorgho ont mis au point et diffusé du matériel fixé novateur à large adaptabilité répondant bien à l’intensification de l’agriculture. De plus, ils ont découvert la stérilité mâle cytoplasmique du sorgho, ce qui a rendu possible la création de variétés hybrides exploitant l’hétérosis chez une plante à l’origine essentiellement auto-game. Aujourd’hui, le travail de création variétale conventionnelle basée sur une sélection de terrain se poursuit tout en ayant recours à des méthodologies innovantes faisant appel à d’autres acteurs, les biotechnologistes, dont une grande partie des activités sont conduites au laboratoire.

Ces créations variétales essentiellement destinées à une agriculture intensive n’ont cependant pas touché une grande partie du petit paysannat des zones tropicales, attaché aux variétés locales pour produire du sorgho selon des systèmes traditionnels de culture à faibles niveaux d’intrants. De plus, la diffusion des variétés sélection-nées souffre de l’affaiblissement de l’encadrement agricole consécutif au désengagement des structures étatiques, en particulier les services nationaux semenciers. Aussi, dans ce contexte les agriculteurs et les sélectionneurs-chercheurs se sont rapprochés pour mener des acti-vités de sélection variétale du sorgho dans le cadre de la sélection participative. Ce mode de collaboration aujourd’hui bien formalisée implique de nouveaux acteurs du monde agricole tropical, comme des organisations paysannes et des organisations non gouvernementales.

La sélection paysanne et les variétés locales

En zone tropicale, les agriculteurs donnent des noms différents à leurs cultivars lorsqu’ils les distinguent phénotypiquement. Ils les gèrent de façon à maintenir leurs particularités identitaires qui portent essentiel-lement sur la durée du cycle, la hauteur, l’adaptation à des types de sol, la tolérance à certains ravageurs ainsi que sur les caractéristiques des panicules et des grains. Ainsi, au moment de la constitution des lots semenciers, ils sélectionnent les plantes destinées à la reproduction, sur pied au champ et/ou sur panicule avant le battage, en fonction de leur conformité avec leur type variétal respectif (photo 8.1). Enfin, à partir de ces lots semenciers, ils échangent entre eux ces variétés et se les transmettent de génération en génération. Ces cultivars gérés de façon traditionnelle constituent les variétés locales. Leur dénomina-tion est un outil d’identificadénomina-tion et de distincdénomina-tion fiable seulement à un niveau essentiellement local. En effet, le nom d’une variété peut changer en migrant hors de sa zone d’origine. À l’inverse, deux variétés locales cultivées dans des régions différentes peuvent recevoir, sous la même langue, un nom identique en raison d’une caractéristique commune alors qu’elles sont distinctes génétiquement. Enfin, leur stabilité phénotypique bien que réelle est sujette à des accidents. Il arrive que la gestion paysanne des semences ne permette plus le main-tien des standards variétaux et donc conduise à l’abandon de cultivars. Les variétés locales de sorgho ont des traits communs :

même si visuellement une variété manque d’homogénéité, les plantes d’une variété locale sont plus semblables entre elles que ne le sont les plantes de variétés locales différentes (encadré 7.1) ;

beaucoup sont photopériodiques, avec des caractéristiques de réponse à la longueur de jour qui aboutissent au calage de la floraison sur la fin de la saison des pluies de la zone de culture. Utilisées hors de leur zone d’origine, elles se trouvent exposées à un risque, soit de sécheresse (si la floraison est trop tardive), soit de moisissure des graines (si la floraison est trop précoce). Leur introduction dans d’autres environnements doit se raisonner en fonction de leur degré de photosensibilité, de la latitude et des nouvelles conditions clima-tiques qu’elles vont rencontrer. À cette fin, on dispose de modèles pour déterminer les aires potentielles de diffusion des variétés locales photopériodiques (Soumaré et al., 2008) ;

– les variétés locales ont un fort développement végétatif induisant un faible rapport grain/paille (compris entre 0,20 et 0,30). Les agricul-teurs tirent d’ailleurs avantage de cette situation car, en plus du grain, ils disposent ainsi d’une production importante de paille pour des uti-lisations domestiques (construction, cuisson,…) et pour l’alimentation animale ;

les variétés locales présentent une qualité de grain en adéquation avec leur usage alimentaire. De plus, leur battage est aisé et leur rendement au décorticage élevé.

Encadré 7.1 - Le polymorphisme génétique

des variétés locales

Génétiquement, les plantes d’une variété locale de sorgho n’ont pas l’homogénéité des lignées. D’une plante à l’autre, elles montrent un certain niveau de polymorphisme allèlique c’est-à-dire que, pour un locus donné, elles n’ont pas toujours les mêmes allèles. Ceci s’explique principalement par le taux d’allogamie des variétés locales qui, chez les variétés guinea africaines, peut atteindre 20 à 25 % et dont l’effet peut être accentué par des cultures de type polyvariétal. Il s’ensuit des caractéristiques intéressantes pour les variétés locales. Soumises à des contraintes environnementales fortes et variables, ces variétés, de par leur diversité génétique intravariétale, disposent d’un capital génétique pour s’adapter et évoluer. De plus, leur polymorphisme génère de l’hétérozygotie, qui est elle-même favorable à l’expression de l’hétérosis. Dans la mesure où ce polymorphisme reste compatible avec le maintien des caractéristiques phénotypiques des variétés locales, celles-ci ont une structure génétique qui est bien adaptée à une agriculture exposée à de multiples aléas et qui assure un brassage génétique permanent permettant aux agriculteurs de continuer leur travail de création variétale.

Le nombre de variétés locales gérées par exploitation agricole diffère. En zone cotonnière malienne, selon les régions considérées, il varie de un à trois. Au Burkina Faso, dans des systèmes similaires de production, chaque exploitation cultive au moins deux variétés locales. Dans la région agricole centrale burkinabé, qui n’est pas une zone cotonnière, 48 % des exploitations agricoles cultivent de trois à cinq variétés. Dans la région nord-est du Ghana, les agriculteurs gèrent en moyenne deux variétés par ménage, avec le plus souvent une variété dominante choisie pour sa productivité. En Zambie, au moins deux variétés locales sont gérées par exploitation. En zone restée traditionnelle comme la région de Kayes (Mali), ce nombre est plus élevé allant de 4 jusqu’à exceptionnellement 15, certaines variétés (principalement des variétés margaritiferum) étant exclusive-ment cultivées par les femmes. Le plus souvent en Afrique sahélienne, les champs de sorgho sont monovariétaux mais en pays Duupa, au Cameroun, il peut être cultivé de 4 à 18 variétés par champ (11 en moyenne). La majorité des agriculteurs constituent eux-mêmes la semence de leurs variétés locales à partir de leurs parcelles de culture. Une fraction des semences produites donne lieu à des dons ou à des échanges de variétés entre agriculteurs.

Généralement, le nombre de variétés locales gérées par village croît en fonction du nombre de ses habitants. En Afrique de l’Ouest, des prospections récentes font état d’une moyenne de 12,4 variétés locales par village au Burkina, de 7,2 au Mali et de 6,1 au Niger.

Certaines variétés locales sont plus connues en raison de leur diffusion hors de leur zone d’origine ou de leur utilisation dans des programmes formels de sélection. Quelques-unes parmi les plus importantes en Afrique sont mentionnées dans le tableau 7.1.

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