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LA VULNÉRABILITÉ SOCIO-ÉCONOMIQUE BRÉSILIENNE RELATIVE AU PHÉNOMÈNE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

CHAPITRE II : LA GOUVERNANCE DU MDP AU BRÉSIL LES REFLETS DES CONTRADICTIONS POLITIQUES DU PAYS

2.1 LA VULNÉRABILITÉ SOCIO-ÉCONOMIQUE BRÉSILIENNE RELATIVE AU PHÉNOMÈNE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

« Au cours des dernières décennies, l’évolution observée du climat, quelles que soient ses causes, a eu un impact sur tous les océans et sur les systèmes naturels et humains de tous les continents, ce qui témoigne

de la sensibilité de ces systèmes au changement climatique » (GIEC, 2014 : 6). Selon les données du

dernier rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) sorti en 2014, l’accroissement de la concentration de GES dans l’atmosphère sera la cause de l’apparition des plusieurs phénomènes extrêmes dans les différents écosystèmes de la planète. Le rapport souligne la manifestation des impacts sur les niveaux de la mer, une diminution des froids extrêmes, l’augmentation des épisodes des chaleurs extrêmes et l’aggravation de la régularité et de la densité des précipitations dans plusieurs régions du globe (GIEC, 2014).

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Notamment sur le territoire de l’Amérique Centrale et du Sud, les données présentées par le GIEC (2014) montrent (avec un niveau de certitude élevé) que l’augmentation des émissions de GES a déjà affecté négativement les écosystèmes marins. Il a été observé une augmentation du niveau de la mer et des épisodes de tempêtes et d’inondations. Concernant les « systèmes humains » latino-américains, les experts du GIEC ont constaté un impact dans la production alimentaire des pays ainsi que dans l’Économie et dans la santé de la population locale, liés au changement climatique. Si l’augmentation les émissions suit la tendance actuelle, ces perturbations écologiques déjà observées seront intensifiées au fil du temps, selon les modèles climatiques du GIEC. Cela augmentera l’exposition aux risques des populations et des systèmes naturels, comme montre la figure ci-dessous.

Figure 9 : Les risques du changement climatique sur l’Amérique Centrale et du Sud.

Source : GIEC, 2014.

À court terme, il y a un risque très élevé que le phénomène du changement climatique impacte l’agriculture dans l’Amérique latine, menaçant ainsi la sécurité alimentaire de la population. Entre 2013 et 2040, la population sera aussi très vulnérable à la propagation des maladies vectorielles en fonction de l’association des facteurs comme le dysfonctionnement environnemental d’un territoire, la densité démographique et la fragilité socio-économique locale (Barcellos et al, 2009). En outre, à part ces risques couvrant le territoire continental, il est important de souligner que les plus grandes métropoles de l’Amérique latine se trouvent dans les zones à proximité des océans. Au-delà des risques cités

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auparavant, les agglomérations de populations urbaines subissent (et subiront) aussi l’augmentation du niveau de la mer, les inondations et la perte de la biodiversité marine en raison du changement climatique.

La figure ci-dessous montre également le haut niveau de vulnérabilité des métropoles latino-américaines et plus précisément les plus grandes villes brésiliennes comme : Rio de Janeiro, São Paulo, Salvador et Fortaleza. Selon le rapport brésilien sur la vulnérabilité des villes brésiliennes côtières au changement climatique (PBMC, 2016), la moitié des régions métropolitaines au Brésil se trouvent dans la côte ou sont influencées par les activités côtières. Les populations des régions proches à la mer sont responsables de la production de 30 % du PIB brésilien. Cette population est impliquée directement et indirectement dans des activités très hétérogènes telles que : le tourisme, la production de pétrole et de gaz naturel, la pêche et les services nourrissant les dynamiques de ces secteurs (PBMC, 2016).

Figure 10 : La vulnérabilité des grandes métropoles de l’Amérique latine aux impacts du changement climatique dans les régions influencées par la mer61.

Source : PBMC, 2016.

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Ainsi, selon les modèles climatiques du GIEC et les rapports brésiliens sur le thème, les estimations démontrent que l’impact écologique du changement climatique sur le territoire du pays est assez conséquent. La raison tient au fait que la majorité du pays se trouve en zone tropicale et subtropicale, étant très vulnérable à la régularité et la densité des pluies (Nobre, 2010). Un autre facteur qui rend le territoire brésilien exposé aux risques climatiques porte sur les altérations écologiques dans les océans. Le Brésil possède 7 491 km de zone côtière, hébergeant 60 % de la population brésilienne (PBMC, 2016). D’une manière générale, les impacts écologiques du changement climatique dans le pays sont résumés dans le schéma suivant. Le cercle bleu représente certaines conséquences du phénomène concernant la zone côtière. Le cercle gris représente les impacts associés au régime de pluie. Le cercle central représente les impacts généraux liés au changement climatique dans certains écosystèmes brésiliens. Les flèches indiquent que ces impacts sont connectés et rentrent en symbiose dans la composition des risques environnementaux du changement climatique sur le territoire brésilien.

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Figure 11 : Certains risques socio-écologiques provoqués par le changement climatique au Brésil62.

Source : GIEC, 2014 ; Nobre, 2001 ; IPCC, 2007 ; PBMC, 2016.

Afin de mieux visualiser les enjeux environnementaux entrainés par changement climatique sur le territoire brésilien, nous montrons la carte ci-dessous qui illustre les 5 macro-régions brésiliennes (y compris ses États). La carte suivante montre les grands biomes brésiliens.

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Figure 12 : Les cinq macro-régions du Brésil63

Source : Francisco, 2019

Figure 13 : La localisation des différents biomes sur le territoire brésilien.

Source : SNIF, 2016.

Au regard des vulnérabilités écologiques sur le territoire brésilien, l’augmentation de GES dans l’atmosphère impactera les dynamiques socio-économiques du pays. Dans l’Économie, la diminution des précipitations dans la région de l’Amazonie et du Nord-est brésilien va provoquer une perte flagrante

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dans l’agriculture, notamment dans la culture du soja, du maïs et du café. Ces pertes correspondent à une prévision de baisse dans la production pouvant varier de 15 % à 34 %. La diminution des pluies dans ces régions peut aussi affecter considérablement la production énergétique à partir des centrales hydroélectriques. Les centrales pourront perdre environ 30 % de leurs capacités (Margulis & Dubeux, 2010). Si nous considérons qu’en 2016, la matrice énergétique brésilienne a compté avec une participation de 12,6 % d’hydraulique, une perte dans cette capacité signifierait une précarité énergétique dans les régions. Ces régions subiront également de futurs épisodes de sècheresse, particulièrement le Nordeste (EPE, 2016 ; Margulis & Dubeux, 2010).

Si d’un côté, la baisse des précipitations représente des risques pour l’économie brésilienne, de l’autre l’augmentation de la densité et des régularités des pluies représentent également des risques socio-économiques. La perturbation du cycle hydrologique de la planète entraine une hausse d’incidence des tempêtes et des inondations. Ces incidents produits par le phénomène du changement climatique rendent très vulnérables certaines activités économiques dans les régions océaniques et dans les grandes métropoles côtières (IPCCC, 2002 ; Kirsch & Schneider, 2016). Comme nous l’avons évoqué précédemment, il y a plusieurs activités économiques ayant lieu sur la cote brésilienne. Ainsi, la perte des écosystèmes marins engendrée par le changement de la température des eaux en surface impactera directement l’activité de la pêche.

Le tourisme est un autre secteur touché par le changement climatique du fait de la perte d’esthétisme des plages. L’impact dans le paysage sera associé à l’élévation du niveau de la mer et aux inondations (PBMC, 2016). Finalement, l’extraction de pétrole sera aussi pénalisée par les changements naturels sur les côtes. Selon le rapport brésilien sur la vulnérabilité côtière vis-à-vis des changements climatiques, les équipements d’extraction doivent être résistants aux vents violents, aux cyclones et aux phénomènes de reflux de la mer (PBMC, 2016). En vue de ce scénario d’impacts économiques apporté par le changement climatique, Domingues et al (2011) prévoient une perte de 0,5 % à 2,3 % du PIB brésilien en 2050 comparé à un scénario économique sans les effets du changement climatique. La diminution du PIB a aussi tendance à augmenter au fur et à mesure que les effets du phénomène s’intensifient. Par conséquent, les effets sur les activités économiques brésiliennes résulteront sur l’aggravation des inégalités déjà présentes ainsi et la création des vulnérabilités sociales sur des nouveaux groupes sociaux (Domingues et al, 2011 ; Kirsh & Schneider, 2016).

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Le changement climatique pourra renforcer les inégalités régionales au Brésil en concentrant certaines activités dans un seul espace. Cette concentration sera le résultat de la diminution du bien-être social dans les zones rurales en fonction du déclin du secteur agricole (Domingues et al, 2011). Les espaces urbains deviendront les lieux d’accueil des travailleurs ruraux et des pêcheurs à la recherche de travail et de bien-être social (Ribeiro, 2008). Cet exode rural issu du changement climatique s’ajoutera à un processus de déséquilibre environnemental et social déjà existant au sein de métropoles. L’augmentation des pluies dans les grandes villes en raison de son grand niveau de pollution rendra vulnérables les populations urbaines habitant dans les zones sujettes à l’érosion des sols.

Un autre aspect climatique présentant des risques pour les populations des agglomérations urbaines concerne les maladies infecto-contagieuses transmises par des insectes. Le déséquilibre dans les pluies augmente la prolifération des insectes et, par conséquent, des maladies vectorielles (Ribeiro, 2008). Toutefois, il est important de souligner que les grandes villes brésiliennes se sont construites sur un modèle d’urbanisation ségrégationniste, marqué par les inégalités socio-économiques. L’occupation des espaces urbains au Brésil est marquée par de grandes spéculations immobilières, débouchant sur la formation d’espaces vides en parallèle d’une occupation massive et précaire d’autres espaces par une population pauvre (Santos, 1994). L’occupation des espaces de type précaire et sans régulation publique créée déjà des risques environnementaux pour cette population plus vulnérable (Ribeiro, 2008). De ce fait, les conséquences socio-économiques du changement climatique sur le territoire brésilien peuvent aggraver les inégalités sociales historiques résultantes du processus de développement du pays (Domingues et al, 2011). Un processus né et consolidé à partir de mécanismes d’exclusion.

2.2 LES TENDANCES À LA HAUSSE DES ÉMISSIONS DE GES SUR LE TERRITOIRE BRÉSILIEN : LES REFLETS D’UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT NOCIF.

Le Brésil s’est engagé dans le cadre la Convention-Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique à communiquer à toutes les parties signataires de la Convention son inventaire des émissions anthropiques. La dernière publication datant de 2016 présente un changement dans le scénario des émissions brésiliennes de GES par secteur d’activité. Historiquement, c’est le secteur du changement

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d’affectation des sols, le plus grand émetteur des émissions brésiliennes de gaz carbonique. Plus précisément, il est responsable d’une déforestation à grande échelle pour l’élevage de bétail et pour la monoculture. Toutefois, comme la figure le montre ci-dessous, à partir de 2009, nous avons assisté à une réduction des émissions dans ce secteur en même temps qu’une augmentation des émissions dans le secteur énergétique.

Figure 14 : L’évolution des émissions brésiliennes de CO2 par secteur.64

Source : MCTIC, 2016a.

Le rapport souligne qu’en 2010, le secteur énergétique était responsable de 47 % des émissions, présentant une augmentation de 19,7 % par rapport à 2005. Il est important d’attirer l’attention sur le fait qu’en 2010, la contribution des combustibles fossiles dans Ce secteur ont représenté 54 % de l’offre énergétique interne au Brésil. Ainsi, cette augmentation dans l’usage de combustibles fossiles a entrainé l’accroissement des émissions dans le secteur (MCTIC, 2016).

Avant de discuter les raisons pour lesquelles il y a eu ce changement de prédominance des émissions entre le secteur énergétique et celui du changement d’affectation des sols, il est aussi important de discuter les domaines d’activité les plus émetteurs de méthane dans le pays. Ces commentaires

64 Secteur en bleu : Energie ; Rouge : processus industriels ; Orange : Traitement de déchets ; Vert : Changement d’affectation des sols

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complèteront notre panorama descriptif sur les types d’émissions de GES sur le territoire brésilien. Une fois achevée la description du scénario des émissions anthropiques brésiliennes, nous allons expliquer comment ces tendances suivent un modèle de développement, toujours ancré dans le processus de colonisation. Cette argumentation s’avère primordiale dans la mesure où, tout le long de ce chapitre, nous allons mettre en lumière des contradictions concernant la gouvernance climatique interne et la position du Brésil dans les négociations climatiques internationales.

2.2.1 Les émissions de méthane par le secteur de l’agriculture et de l’élevage de bétail : la tradition brésilienne du « pouvoir de la terre ».

Pour revenir sur la tendance de l’augmentation des émissions GES au Brésil, le secteur le plus émetteur

de méthane au pays demeure l’agriculture et plus précisément l’élevage de bétail65. Il est possible de voir

sur le graphique ci-dessous que ce secteur a toujours été le plus grand émetteur de CH4 au Brésil. En outre, il n’a connu aucune baisse des émissions au fur et à mesure des années, contrairement au secteur du changement d’affectation des sols qui lui, a vécu une diminution des émissions à partir de 2009. Au Brésil, l’activité de l’agropecuária est aussi une des responsables de la déforestation66. Le secteur du traitement des déchets figure comme un secteur ne possédant pas un taux « flagrant » d’émissions de CH4 sur le territoire brésilien en comparaison de l’agriculture et de l’élevage de bétail. Toutefois, il est possible d’observer qu’il connait une augmentation lente des émissions et qu’à partir de 2009, il figure déjà comme le deuxième secteur le plus émetteur de méthane dans le pays.

65 Au Brésil, on donne le nom d’agropecuária au secteur englobant l’agriculture et l’élevage de bétail. Ainsi, pour des raisons de simplicité, nous allons employer parfois cette dénomination.

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Figure 15 : L’évolution des émissions de CH4 au Brésil par secteur67

Source : MCTIC, 2016a.

Ce panorama descriptif des émissions GES au Brésil nous aide à tracer un parallèle avec le modèle de développement brésilien en marche actuellement. Selon le dernier rapport brésilien de communication à

la CCNUCC datant de 2016, les secteurs le plus émetteurs de CO2 et de CH468 au Brésil sont actuellement

les secteurs suivants : l’Énergie, le Changement et affectation de sols et l’Agriculture et l’Élevage du bétail. Machado & Vilani (2015) soulignent que depuis la colonisation, le Brésil a toujours utilisé ses ressources naturelles d’une façon prédatrice, avec comme seul objectif d’apporter de la richesse aux élites coloniales. Connue comme une colonie « d’exploitation », l’organisation économique brésilienne est traditionnellement liée à la terre, malgré le développement de l’industrialisation du pays au XXe siècle. L’organisation du pouvoir au Brésil est ainsi associée à la terre, c’est-à-dire au pouvoir de l’agriculture. Faoro (1958), auteur d’une œuvre classique de la sociologie brésilienne « Les patrons du pouvoir », trace une analyse de 600 ans de la formation du pouvoir public et économique au Brésil. Il met en lumière la

67 Traduction des secteurs : Bleu : énergie ; Jaune : agriculture et l’élevage de bétail ; Marron : traitement de déchets ; rouge : processus industriels ; vert : changement d’affectation des sols.

68 Nous avons décidé de montrer les données concernant seulement les gaz carbonique et le méthane afin de simplifier ce panorama puisqu’ils sont les principaux GES. Toutefois, le rapport montre également les émissions d’autres GES, dont le N20 (protoxyde d’azote), dont l’équivalence du potentiel d’effet de serre avec le C02 est de 265 ; autrement dit, un tonne de N20 émis équivaut à 265 tonnes de C02 émis. Toutefois, concernant les émissions de N2O sur le territoire brésilien, elles sont plus abondantes dans le secteur de changement et d’affectation des sols.

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formation de l’État brésilien. Les autorités brésiliennes font la gestion des affaires publiques comme s’ils étaient des affaires privées sans prise en compte de la société en général. Ainsi, cet État légitime l’exploitation de la terre comme un instrument de développement économique. L’exploitation de terre devient aussi un synonyme de contrôle du pouvoir public par une élite, ce que Faoro (1958) appelle un « capitalisme politiquement orienté ». Il s’agit d’un capitalisme dont les dynamiques internes sont originalement basées sur la possession de la terre par une élite à la fois économique et publique. Cette élite a été aussi capable de se « moderniser », en migrant de l’agriculture à l’industrialisation afin de s’adapter aux demandes du commerce international sans changer les structures du pouvoir interne. Ainsi, le modèle de développement économique brésilien est initialement fondé sur une « entreprise agricole ». Cette « entreprise » est contrôlée de façon monopolistique par un groupe économique et politique en étant totalement tournée vers le commerce international (Furtado, 2016). Cette « entreprise » vise la capitalisation de sa capacité productive à travers l’exploitation massive des ressources naturelles et de la main d’œuvre. En l’occurrence, la déforestation s’est présentée comme le moyen le plus « facile » pour agrandir les monocultures et générer encore plus de profit à l’entrepreneuriat agricole. (Furtado, 2016). Pour les élites économiques (et politiques) brésiliennes, la destruction des forêts était (et demeure) une action indispensable pour l’augmentation des cultures et du bétail visant à développer au maximum l’entreprise agricole. Bien que le pays ait entrepris un processus d’industrialisation considérable au cours du XXe siècle, ce processus n’en demeure pas moins inégal entre les régions du pays (Furtado, 2016 ; Navarro, 2001). Les régions comme le Centre-ouest et le Nord brésilien69 vivent encore selon les rouages de l’entreprise agricole ancrée dans une tradition coloniale (Navarro, 2001)70.

2.2.2 La reprise de l’exploitation des combustibles fossiles au Brésil : l’image du modèle « néo-développementaliste » en vigueur

L’exploitation massive des ressources naturelles comme base traditionnelle de l’économie brésilienne n’explique pas seulement la prédominance des secteurs de changement et affectation des sols et de

69 Région de l’Amazonie brésilienne

70 Il est important de souligner que, bien que le secteur de « l’agropécuaria” soit une activité traditionnelle de l’Economie brésilienne, sa participation dans le PIB actuel du pays n’est pas significative. Il représente seulement 6,7% du PIB alors que le secteur des services compte pour 72,5% et le secteur de l’industrie pour 20,8% en 2017.

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« l’agropécuaria » dans les émissions des GES, elle impacte aussi les émissions du secteur énergétique.

Dans l’offre interne énergétique au Brésil prédominent les sources énergétiques fossiles et la biomasse. La découverte des immenses réserves de pétrole le long de la côte brésilienne en 2006 et son exploitation par des arrangements entre le secteur public et privé illustre bien le dû programme « néo-développementaliste » brésilien. Un modèle qui ne mesure pas les impacts environnementaux à long terme (Machado & Vilani, 2015). Ce modèle reprend certains aspects de la tradition agricole brésilienne pour mettre en place ses objectifs politico-économiques. De cette manière nous allons exposer les aspects sociaux, politiques et économiques de ce programme politique mise en œuvre lors du deuxième mandat du président Lula. Cette discussion semble indispensable pour comprendre la tendance actuelle d’augmentation des émissions de GES dans le pays.

Afin de comprendre le « néo-développementalisme », il est nécessaire de discuter ce que certains auteurs appellent le « vieux développementalisme ». Le « néo-developpementalisme » brésilien peut se caractériser comme une politique économique hybride oscillant entre certains aspects du néolibéralisme et d’autres provenant du « vieux » « développementalisme » (Morais & Saad-Filho, 2011). Toutefois, dans quelle mesure cette politique combine-t-elle des dimensions néolibérales et des dimensions « développementalistes », étant à l’origine des courants théoriques opposés dans le domaine de la

politique économique ? Reprenons la base conceptuelle du « vieux développementalisme »71. Celui-ci est

basé sur un encouragement par l’État vers une industrialisation accélérée. Cette industrialisation avait comme objectif la création des industries de base afin de réduire les importations et créer un marché interne solide. Autrement dit, le programme visait promouvoir une transition d’un modèle économique d’agro-exportateur par la substitution des importations à travers de la mise en œuvre d’un processus d’industrialisation accéléré. Pour la réussite de cette industrialisation, L’État se positionnait comme l’acteur principal pour la protection du marché national.

71 Il est important de souligner que plusieurs auteurs définissent le « développementalisme » des différentes manières. Bielsschowsky(2004) : une idéologie ; Bresser-Pereira ( 2011) : une stratégie : Fonseca ( 2015) : une politique économique ; . Nous traitons le « développementalisme » ainsi que le « néo-développementalisme » comme une politique économique. Cette