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Point de vue de l’AF

« Les dirigeants pensent que les autres sont comme eux Ils n’ont pas suffisamment conscience du décalage entre leur connaissance des

3.3 Les pays émergents

3.3.1 Les investissements étrangers en France

3.3.1.1 Point de vue de l’AF

Etablissement à caractère industriel et commercial, l’AFII a notamment pour rôle de faciliter l’intégration des entreprises en France.

Dans son bilan 201090, l’AFII constate qu’« après trois années de stabilité, le nombre des investissements étrangers créateurs d’emplois en France a connu une hausse de 22% en 2010 pour atteindre 782 projets. Ainsi chaque semaine en moyenne, 15 dirigeants d’entreprises étrangères ont pris la décision d’investir » en France, préservant ou créant quelques 30000 emplois. L’Allemagne et les Etats-Unis restent les deux premiers pays d’origine de ces investissements, tandis que la Chine, pour la première année, devance le Japon. Il s’agit, pour 69% des cas, de projets d’extensions et non pas de créations, notamment en R&D et en production, le secteur des énergies renouvelables suscitant toujours un intérêt marqué de la part des investisseurs étrangers. En 2010, il était donc possible à L’AFII d’affirmer que « les entreprises étrangères déjà implantées anticipent la reprise et renouvellent leur confiance dans le site France », ce qui devra être revérifié dans le contexte de L’Europe à fin 2011. L’intérêt serait de « consolider ces résultats dans la durée ». « Dans un environnement très concurrentiel, rester dans le mouvement, pour moderniser et simplifier, sera essentiel pour continuer d’attirer compétences, investissements et emplois ».

 Selon l’AFII, les pays émergents tiennent aujourd’hui une place croissante dans les flux d’investissements, au premier plan desquels, la Chine et l’Inde

Si la crise a ralenti la croissance de l’activité dans les pays émergents, en particuliers ceux d’Asie, la reprise y a été beaucoup plus marquée que dans les pays développés (+2.7% en 2010)91. La plupart des économies émergentes avaient renoué, dès le deuxième trimestre 2009, avec la croissance, tirée par la performance des pays émergents d’Asie, au premier rang desquels la Chine et l’Inde. Selon Goldman Sachs, les BRICS pourraient, en termes de PIB cumulé, compter plus que les économies du G7 en 2032. L’internationalisation des entreprises des économies émergentes est récente, mais soutenue et rapide. Démarrée dans les années 1990, la multiplication des opérations d’investissements à destination des pays développés s’observe depuis une dizaine d’années. C’est ainsi qu’en 2010, 68 entreprises des principales économies émergentes figuraient parmi les 500 plus grandes entreprises mondiales du classement international Forbes92, dont 24 chinoises et 8 indiennes. Ces données intègrent les opérations financières telles que les fusions -acquisitions, ainsi que des flux financiers intra-groupes.

S’agissant des projets d’investissement physique permettant de créer ou de sauvegarder de l’emploi, fDi Markets a classé les 15587 projets qu’elle a recensés en 2010 :

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Régions Part 2010 Taux de croissance 2009- 2010 Europe 33% -2% Amérique du Nord 27% +11% Asie, Océanie 25% -11% Amérique Latine 7% -14% Moyen-Orient 5% -16% Afrique 4% -17% TOTAL MONDE 100% -6%

Représentant 33% des investissements créateurs d’emplois dans le monde, ces projets en Europe ont connu une baisse de 2% entre 2009 et 2010.

Le sondage réalisé au second semestre 2010 par TNS-Sofres auprès d’un millier de dirigeants d’entreprises étrangères apporte un éclairage sur la perception de la France par les investisseurs des pays étrangers. La France était perçue comme un pays attractif, notamment en ce qui concerne :

- Les infrastructures de communication, - La formation et qualification des salariés, - Le tissu industriel,

- La taille du marché intérieur, - L’innovation R&D,

- La productivité du travail, - …/…

Ainsi que nous le confirmera Madame M.93 le 13 avril 2011, l’élément négatif, s’agissant notamment des pays émergents, porte sur la législation du travail française, perçue comme contraignante. Le coût du travail est également perçu comme négatif, mais ne constitue pas un élément rédhibitoire.

 En France, les entreprises contrôlées par des capitaux étrangers sont globalement meilleures

Lionel Fontagné94 indique que les études statistiques montrent qu’en France, « les entreprises contrôlées par des capitaux étrangers sont globalement meilleures ». S’agissant particulièrement « des conséquences du rachat d’une entreprise française par un groupe étranger, l’analyse en double différence montre qu’après une phase de restructuration défavorable à l’emploi, les performances sont meilleures que si cette acquisition n’avait pas

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Econo miste au sein d’un établissement public 94

eu lieu, y compris en termes d’emplois. Seule la propension à exporter décline, dans un chiffre d’affaires en hausse ».

Pour Lionel Fontagné, le comportement d’une entreprise étrangère n’est « finalement ‘ni bon, ni mauvais’, il reflète l’internationalisation et le dynamisme d’une économie ».

 Les entreprises des pays émergents ont un comportement similaire à celui d’une entreprise française

Madame M, économiste à l’AFII, nous confirmera que le comportement d’une entreprise de pays émergent est effectivement similaire à celui d’une entreprise française, lors d’une opération de fusion-acquisition : Toutes sont guidées par des considérations stratégiques. Un « à priori » qui consisterait à s’imaginer que l’entreprise acquéreuse va « piller » la technologie n’est, selon elle, pas fondé. Elle précisera d’ailleurs au cours de l’interview que les principaux déterminants qui affectent le choix des BRICS sont la demande intérieure, la demande extérieure des pays voisins, l’existence de pôles de compétitivité et de spécialisation sectorielle, le niveau de qualification (plutôt mesuré en termes de R&D). En revanche, les variables ayant un effet négatif pour des acquisitions des BRICS en France sont le coût de la main d’œuvre et la rigidité du marché du travail. A ce titre, elle citera la perception d’un manque de flexibilité, la rigidité du droit du travail, la fiscalité française. Toutefois, elle précisera qu’il ne s’agit pas là d’une barrière infranchissable et que les BRICS investissement néanmoins en France, dès lors que l’investissement leur parait avantageux.

 Les investisseurs chinois privilégient les investissements sur des zones européennes où ils ont déjà des compatriotes

Selon Madame M, la différence se situe en termes de management et d’approche cultu relle. A cet égard, une particularité des investisseurs chinois consiste à privilégier des investissements sur des zones européennes où ils ont déjà des implantations (plus exactement des compatriotes susceptibles d’accueillir ceux qui rejoindront le s ite). De ce fait, Madame M a insisté sur les risques liés au « phénomène d’agglomération ». Selon elle, si la France prenait du retard par rapport à ses voisins européens, elle serait en difficulté pour le rattraper.

 Les investisseurs chinois ont acquis une maturité managériale

 Les motivations stratégiques des investisseurs issus des BRICS rejoignent celles de tout investisseur de pays mature

S’agissant de la motivation stratégique des BRICS, l’accès à la technologie a laissé place à l’acquisition de savoir-faire et de compétences, la R&D, la performance. Pour définir la performance, ils analysent les critères suivants : la chiffre d’affaires, la valeur ajoutée, les emplois, la masse salariale, les exportations. Les analyses de l’AFII montrent que les entreprises étrangères en France et les entreprises françaises qui s ’internationalisent créent plus d’emplois, plus de valeur ajoutée et exportent plus que les entreprises françaises. Globalement ces entreprises créent plus de richesse et proposeraient, selon l’AFII, des salaires plus élevés.