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D’un point de vue des associations entre consommation d’AINS et survenue de cancer de la

PARTIE IV. DISCUSSION GENERALE

1.2. D’un point de vue des associations entre consommation d’AINS et survenue de cancer de la

Dans l’étude EGB, une augmentation du risque de cancer de la prostate était observée parmi

les consommateurs d’AINS mais celle-ci disparaissait avec un temps de latence de 6 ans.

Dans l’étude EPICAP, une association négative entre la consommation d’AINS et le cancer

de la prostate était clairement observée. Ces résultats illustrent les résultats contradictoires

rapportés dans la littérature. A des fins de comparabilité, nous avons effectué des analyses

additionnelles en restreignant la cohorte d’étude pour le cancer de la prostate issue de l’EGB

aux moins de 75 ans à l’instar de la population d’EPICAP et les résultats n’étaient pas

modifiés (Annexe H). Lorsque nous avons comparé les résultats des études observationnelles

publiées dans le cancer de la prostate et la consommation d’AINS, nous avons retrouvé un

déséquilibre entre les résultats obtenus dans les études utilisant des bases de données

médico-administratives et celles utilisant des données issues de questionnaires. En effet, sur les six

études retrouvant une augmentation de risque entre AINS et cancer de la prostate, cinq

portaient sur des données issues de bases médico-administratives [133]–[136], [144]. Les

autres études menées à partir de questionnaire retrouvaient une absence d’association ou une

association négative mais rarement une association positive. Ainsi, les résultats des études de

pharmaco-épidémiologie basées sur des BDMA sont à interpréter avec prudence, d’autant

plus qu’un biais de classement se surajoute dans la définition de l’évènement lié aux

algorithmes de sélection des cas incidents, non négligeable pour le cancer de la prostate. Pour

alimenter ce propos, nous allons dans le prochain paragraphe faire un point sur les forces et

les limites des BDMA par rapport aux questionnaires.

1.3. Forces et limites des bases de données médico-administratives et des questionnaires

en pharmaco-épidémiologie

Le Tableau 32 résume les différentes forces et limites des deux bases de données.

Les bases de données médico-administratives offrent une puissance importante grâce aux

effectifs souvent plus conséquents que dans les études à partir de questionnaires dont les

données sont souvent fastidieuses et longues à recueillir. Elles ont l’avantage d’être la plupart

du temps nationales et non régionales ou départementales. Concernant la fiabilité du recueil,

celui-ci est souvent très bon et dans le cas des bases de données de l’Assurance Maladie, il

fait d’ailleurs l’objet de vérifications régulières. En revanche, ce sont souvent des bases

relativement complexes à analyser et elles nécessitent une formation spécifique. Elles

s’affranchissent du biais de mémorisation qui peut être un problème notamment lorsqu’une

association positive est mise en évidence dans une étude à base de questionnaires. D’un autre

côté, les questionnaires reflètent une consommation souvent chronique et « vie entière » d’un

point de vue biologique lorsqu’on s’intéresse à une éventuelle chimioprévention, les individus

ayant tendance à ne pas se souvenir ou à considérer comme négligeable, une consommation

occasionnelle ou intermittente.

Concernant les principaux biais des BDMA, le biais de classement est une limite et

notamment en ce qui concerne l’exposition à des médicaments pouvant être pris au coup par

coup comme les AINS. D’autre part, le recueil des délivrances est un enregistrement

automatique mais il n’est pas pertinent sur la consommation des médicaments non prescrits et

la proportion de ceux effectivement consommés n’est pas connue. Ceci est relativement

gênant pour une étude d’association d’une pathologie. Il existe parallèlement souvent une

durée d’exposition assez courte, contrairement aux recueils des questionnaires qui posent

souvent la question sur l’exposition vie entière. De même, alors que les questionnaires posent

la question des facteurs de confusion connus d’une pathologie, l’information est souvent

manquante dans les BDMA ne permettant pas d’ajustement fin sur les facteurs de risques

établis autre que l’âge. Ceci concerne les antécédents personnels de pathologie précancéreuse

ou prédisposante (comme les MICI dans le cancer colorectal), les antécédents familiaux, les

facteurs hormonaux et reproductifs pour le cancer du sein et l’origine ethnique pour le cancer

de la prostate. Egalement, l’analyse anatomopathologique, preuve formelle du cancer, n’est

souvent pas accessible dans les BDMA.

En pharmaco-épidémiologie, l’utilisation des BDMA peut trouver sa place lors de l’étude de

médicaments utilisés de manière chronique pour une pathologie couverte à 100 % par

exemple les antidiabétiques oraux. La consommation d’AINS et notamment usuels, qui

peuvent se prendre en cas de symptômes douloureux par exemple, de manière occasionnelle

et non prescrite, est mal appréhendée par cette base et ceci est probablement une partie de

l’explication des résultats.

Tableau 32. Forces et limites des différentes bases de données en fonction de leur mode

d’obtention.

Forces / Limites BDMA (EGB) Questionnaires (EPICAP)

Effectifs + -

Population Nationale Départementale

Facilité de mise en oeuvre + -

Facilité d’exploitation à

des fins de recherche

- +

Biais de classement de

l’exposition

Médicament uniquement prescrit

Consommation chronique et

occasionnelle difficile à distinguer

Médicament réellement consommé ?

Reflet de la consommation

chronique plus qu’occasionnelle

Biais de mémorisation - +

Biais de classement de

l’évènement

Pas de retour au dossier, cas

incidents soumis à un algorithme,

date d’incidence imprécise

Vérification des cas

Biais de détection + Latence +

Biais de confusion Accès aux coprescriptions Accès aux facteurs de confusion

anthropométriques, familiaux, de

mode de vie

Biais d’indication Pas d’accès ou indirect a l’indication

du traitement

Accès à l’indication de traitement

Période d’exposition Souvent plus courte (5-10 ans) Consommation vie entière