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PARTIE III : ATTEINTE DES FAISCEAUX DU LANGAGE ET PRONOSTIC

3.2.1. La Voie Dorsale

Les faisceaux de fibres du langage de la voie dorsale courent au-dessus de la partie horizontale de la scissure de Sylvius, reliant ainsi le lobe frontal avec les lobes pariétal et le temporal, en passant par la substance blanche au-dessus du cortex insulaire153.

La voie dorsale va dès le cortex Pré-moteur Ventrolatéral (vPMC) (y compris le gyrus Frontal Inférieur-Pars Opercularis. IFG-Op), via le faisceau Arqué (AF) ou le faisceau Longitudinal Supérieur (SLF), vers le gyrus Supramarginal (SMG) et le gyrus temporal supérieur (STG)152,156.

3.2.1.1. Le faisceau Arqué

Le faisceau Arqué (AF) est la voie de substance blanche associée au langage la plus connue. Il relie l’aire du langage expressif frontal (l'aire de Broca) avec l’aire linguistiques réceptives temporo-parietal postérieur (l'aire de Wernicke). L’AF est généralement considéré comme une subdivision (partie III) du faisceau longitudinal supérieur (SLF)114 (Figure 29). L’AF appartient au noyau périsylvien du circuit langagier151 et est composé d'un groupe de fibres profondes de substance blanche, dans les régions temporales, pariétales et frontales situées autour de la scissure de Sylvius (sillon latéral) de chaque hémisphère. La plupart de études rapportent que l'AF connecte l’aire de Brodmann (BA) 44 avec le STG postérieur153, cependant les données de BERNAL et al. (2010)157, suggèrent que l'extrémité rostrale de l’AF réside principalement dans le cortex prémoteur (BA 6).

L'AF gauche est impliqué principalement dans la phonologie, l'articulation, la syntaxe158 et les praxies159. Dans la production et la compréhension du langage, le traitement phonologique dépend de l'AF gauche158. L'AF droit est impliqué dans le traitement visuo-spatial160-161 et certains aspects du langage, tels que la prosodie et la sémantique162.

Les données montrent que les lésions de l'AF gauche produisent l'aphasie de conduction163-164, donc la perte d’intégrité de l’AF a été corrélée avec une diminution de la capacité de répétition114. BREIER et al. (2008)114, ont étudié 20 patients aphasiques chroniques. L’analyse d’une ROI de l’AF a révélé une corrélation significative entre les valeurs de FA et les scores de répétition (F [1,18] 10.64 ; p<0.004) de la Western Aphasia Battery.

Même si les lésions de l’AF ont été principalement associées aux déficits de répétition, d’autres données suggèrent que l’intégrité de l'AF est la plus prédictive et informative de l'efficacité globale du langage chez les patients ayant une aphasie post-AVC165. En effet, le nombre de fibres de l'AF gauche sert à évaluer et prédire l'évolution de l'aphasie166. L’étude rétrospective par tractographie déterministe de HOSOMI et al. (2009)166, montre que dans 6 patients aphasiques, le nombre de fibres reconstruites à 48 heures post-AVC était significativement plus bas dans l’AF gauche, par rapport au groupe des non-aphasiques (n=7) (p=0.015) et aux sujets sains (n=10) (p=0.005). En plus, l’asymétrie du nombre de fibres de l’AF (gauche/droite) était corrélée avec les déficits de langage qui avaient patients à la fin de la prise en charge,

L’AF gauche est fondamental pour le langage, mais l’AF droite semble aussi être impliqué dans la récupération de l’aphasie. SCHLAUG et al. (2009)167, avec la tractographie déterministe, ont trouvé chez 6 patients aphasiques chroniques une augmentation significative du nombre de fibres et du volume de l'AF droit (p=0.04), après une thérapie d’orthophonie d'intonation mélodique. Les résultats montraient une tendance de corrélation entre le remodelage de l’AF droit et l’amélioration de la performance du discours narratif des patients, cependant celle-ci n’était pas significative.

L’AF est l’un des faisceaux qui semble être impliqué dans de nombreuses modalités du langage, donc il est capable d’apporter une vision globale de l’atteinte du langage chez les patients aphasiques.

Figure 29 : Le faisceau longitudinal supérieur (SLF). A. Tractographie SLF. B. Représentation schématique du SLF. (1) segment antérieur du SLF (Turquoise), (2) segment postérieur su SLF (Rouge); (3) Faisceau Arqué (Jaune). AG gyrus angulaire; CS sillon central; PCG gyrus precentral; MTG gyrus temporal moyen; SMG gyrus supramarginal; STG gyrus temporal supérieur (MARTINO et al. (2013))168.

3.2.1.2. Le faisceau Longitudinal Supérieur

Au début, le faisceau Longitudinal Supérieur (SLF) et l’AF avaient été considérés comme un seul faisceau, qui reliait les régions frontales et pariétales. Des recherches chez le singe ont montré que ce grand faisceau avait 4 composantes169. Cependant, chez l’homme, certains auteurs proposent plutôt une répartition en 3168 qu’en 4 composants170.

MARTINO et al. (2013)168, suggèrent que le SLF est composé par trois segments: (SLF I) le segment antérieur, reliant le gyrus supramarginal avec le gyrus precentral, (SLF II) le segment postérieur, reliant la partie postérieure du gyrus temporal moyen avec le gyrus angulaire, et (SLF III) le segment long ou Faisceau Arqué, qui relie le gyrus temporal moyen et inférieur avec le gyrus precentral et la partie postérieure du gyrus frontal inférieur et moyen (Figure 29). L’étude de MAKRIS et al. (2005),170 propose que le SLF a une partie supplémentaire (SLF IV) , car il considère aussi une partie qui relie les zones frontales supérieures et operculaires avec le lobe pariétal supérieur.

L'AF constitue la majeure partie de la voie dorsale. Même si l'AF inclue une composante du SLF (le SLF III), certains auteurs confondent l'AF avec le SLF157,168.

Les données montrent que le SLF participe à la régulation du comportement moteur, particulièrement dans les tâches associatives basées sur des règles conditionnelles, à la mémoire de travail et à l'attention visuo-spatiale. Ainsi il a été associé à l’information somatosensorielle des actions oro-faciales et manuelles170.

Il semble que les fonctions de l’AF et du SLF soient très similaires, et c'est pourquoi ils sont confondus. Il faudra faire des études orientées à élucider les différences fonctionnelles et à identifier leurs contributions individuelles dans la performance du langage.