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LES VITRAUX DE CLÉMENT HEATON

Dans le document 2 005N 142 année 1-2 (Page 168-184)

Tailles XIX e siècle, période Marthe

LES VITRAUX DE CLÉMENT HEATON

Entre le mois de novembre 1905, date à laquelle il se constitue, et le mois de novembre 1915 – date de sa dissolution –, le comité pour la restauration du temple de Valangin se réunit trente-cinq fois, essentiellement avant de fêter cette restauration en juin 1909 (vingt-cinq séances jusqu’à cette date)1. Les dix dernières séances sont consacrées à l’installation des vitraux dus à Clément Heaton. C’est donc un travail de longue haleine : il a fallu prendre la décision tout d’abord d’installer des vitraux, puis de sacrifier des repré-sentations à caractère biblique au profit de la seule héraldique, et enfin, de mener l’ensemble à chef après que l’essentiel du gros œuvre a été achevé.

Charles L’Eplattenier ou Clément Heaton ?

Au départ de l’installation des vitraux, on trouve la problématique, constante dans ce genre d’entreprise, de la récolte de fonds. Il s’agit, alors que le système de subventions des travaux de restauration par l’intermédiaire du canton et de la Confédération n’en est qu’à ses débuts, de trouver des moyens financiers qui permettent de faire face aux dépenses envisagées.

Ainsi, dès le mois de juillet 1908, il est question de faire participer les anciennes familles bourgeoises de Valangin à l’effort de restauration, mais apparemment sans que les fonds ne soient attribués à un objectif précis.

Les lettres qui nous ont été conservées par Paul Favre, secrétaire-caissier de la commission, montrent qu’une circulaire a été envoyée à plusieurs familles bourgeoises. La réponse faite par Edmond de Pury Wavre en témoigne :

Jolimont sur Cerlier, le 23 juillet 1908 Mon cher Henri,

Je ne sache pas que je descende d’un bourgeois de Valangin, mais c’est dans les choses possibles ; il me suffit toutefois que tu sois à la tête du comité pour que je t’envoie ma pièce pour la restauration du temple de Valangin. J’ai d’ailleurs encore une autre bonne raison, c’est le souvenir d’y avoir été dans le temps assez souvent avec ma femme depuis Pierre-à-Bot entendre non pas des foudres d’éloquence mais de bons vieux pasteurs neuchâtelois dont les sermons étaient en général courts et bons comme cela convenait en été.

Bien à toi, ton vieil ami, Edmond de Pury Wavre

1 Archives de la commune de Valangin (ACValangin), F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin. De 1905 à 1915 ».

La réponse de Philippe Godet, datée du 24 juillet 1908, va dans le même sens :

Monsieur Henri de Montmollin,

président du comité de restauration du temple de Valangin.

Monsieur,

J’ai bien reçu votre circulaire réclamant le secours des descendants des bourgeois de Valangin pour la restauration du temple du bourg, et je suis d’avance tout acquis à votre œuvre. Je serai donc heureux de vous donner ma modeste obole2 (…)

Cette entreprise n’a donc pas encore d’objectif clairement assigné – il n’est pas encore question de vitraux – et l’on semble avoir vite compris au sein de la commission qu’il ne fallait pas restreindre le réservoir finan-cier au seul potentiel de l’ancienne bourgeoisie de Valangin, supprimée en 18523.

Il faut attendre le mois d’octobre 1908 pour que la problématique de la mise en place de vitraux dans la collégiale rénovée apparaisse. Des contacts ont été pris, à l’initiative semble-t-il de Léo Châtelain, l’architecte responsable de la restauration, avec Charles L’Eplattenier, qui, en tant qu’enfant du Val-de-Ruz, se propose de faire gratuitement les cartons de ces vitraux. Le comité, qui accepte cette offre avec reconnaissance, remercie L’Eplattenier dans une lettre datée du 10 octobre 19084.

Mais peu à peu, le nom de Clément Heaton apparaît. Or L’Eplattenier ne peut ignorer que cet artiste verrier préfère travailler seul : depuis 1901, sur les dix-huit chantiers qui l’ont occupé en Suisse ou en Alsace, Heaton n’a confié le soin du dessin d’un vitrail qu’à une reprise5. Cette détermi-nation, bien en accord avec le rôle d’entrepreneur qui est celui de Clément Heaton, provoque, dans un élan de respect mêlé de regrets, le retrait de la candidature de Charles L’Eplattenier :

2 Pour ces deux lettres : ACValangin, F 5, « Documents concernant la restauration du temple de Valangin ».

3 On ne peut que signaler cette date, aucune étude précise n’ayant été faite à ce jour sur la suppression des bourgeoisies après la révolution de 1848 depuis les travaux de : Jean-Louis-Isaac VIVIEN, La bourgeoisie de Valangin, Neuchâtel, 1902. Précisons que MmeValentine Renaud prépare un mémoire de licence sur ce sujet sous la conduite du Prof. Philippe Henry.

4 ACValangin, F 5, « Copie des lettres », p. 26.

5 William Roethlisberger a dessiné en 1901 le carton du vitrail consacré à saint Pierre, dans le chœur du temple de Cornaux. Nicole QUELLET-SOGUEL, Clément Heaton : 18611940, Londres -Neuchâtel - New York, Hauterive, 1996, p. 25. Jean COURVOISIER, Monuments d’art et d’histoire du canton de Neuchâtel, t. 3, Bâle, 1963, p. 96.

Monsieur Léo Châtelain, architecte à Neuchâtel Mon cher Monsieur,

En attendant que j’aie l’avantage de vous voir pour parler des vitraux de Valangin, je tiens à vous dire qu’il sera très difficile de fournir des dessins à Mr. Heaton. Jamais mes cartons ne conviendront à cet artiste qui en sait plus long que moi.

Par contre, si aucun engagement ne vous lie à Mr. Heaton, je vous proposerais de confier ce travail à un jeune Octave Matthey de Serrières, artiste de talent qui a fait et fera des vitraux très intéressants (il travaille à mes côtés) et nous pourrions faire œuvre commune. Quant à la suppression des figures, c’est une chose très regrettable, car c’était surtout cette recherche-là qui m’attirait ; bien que je sois un passionné de l’ornement. Enfin nous parlerons de tout cela prochainement. Puisque vous avez la bonne fortune de recevoir des dons d’Amérique, la chose ira plus vite.

En attendant le plaisir de vous voir, je vous présente, mon cher Monsieur, mes meilleures salutations.

Ch. L’Eplattenier6

Au mois de mai 1909, le comité prend la décision de confier le travail à Clément Heaton et rejette définitivement l’offre de Charles L’Eplattenier : 13 mai 1909 Monsieur Charles L’Eplattenier, artiste peintre

La Chaux-de-Fonds Monsieur,

Le comité chargé de la restauration de notre temple s’est occupé dans sa dernière séance de la question des vitraux et s’est déclaré en principe favorable à leur établissement.

Monsieur l’architecte Châtelain qui vous avait écrit précédemment à ce sujet assistait à notre réunion. Or, d’après ses déclarations, il résulte que monsieur Heaton7, lequel sera tout probablement chargé de ce travail, n’accepte pas de dessins exécutés par d’autres artistes dans ce domaine-là. Il les exécute toujours lui-même. Nous venons donc, bien à regret, vous remercier de l’offre si obligeante que vous nous avez faite l’an dernier et pour laquelle nous vous garderons la plus vive gratitude.

Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de notre considération distinguée.

Le secrétaire caissier, Paul Favre

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6 ACValangin, F 5, « Rénovations au temple, documents historiques ». La lettre de L’Eplattenier n’est pas datée, mais comme il y fait allusion à un don d’Antoine Borel, elle doit être de décembre 1908 au plus tôt et du mois de mai 1909 au plus tard, date de la lettre de la Commission à L’Eplattenier.

7 Ecrit dans la marge gauche, à la place de « Itten », dans le texte.

Les fonds d’Amérique auxquels Charles L’Eplattenier fait allusion sont ceux versés par Antoine Borel, banquier à San Francisco où il occupe aussi la charge de consul. A en croire les procès-verbaux de la commission, c’est à l’instigation du pasteur de Valangin, M. Moulin, que l’on a fait parvenir une circulaire de recherche de fonds au banquier d’Amérique8. Avec raison d’ailleurs puisque aux dates du 28 décembre 1908 et du 24 février 1909, le journal de la caisse de rénovation du temple enregistre à chaque fois un versement de 2500 francs9. C’est donc nanti de cette somme de 5000 francs que le comité de restauration se tourne vers Clément Heaton.

Clément Heaton

De la vie de Clément Heaton, bien connue depuis la monographie qu’en a faite Nicole Quellet-Soguel, nous ne rappellerons que les points principaux10. Il est né près de Londres en 1861, d’un père maître verrier ayant monté une importante entreprise de vitraux connue dès 1862 sous le nom de Heaton, Butler & Bayne. L’entreprise atteint son apogée à la fin des années 1860 et Clément Heaton y collabore dès 1882, à la mort de son père. Les années 1883-1888 sont marquées à la fois par les désaccords

8 ACValangin, F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin. De 1905 à 1915 », séance du 20 octobre 1908, p. 46. Nous ne sommes pas parvenus à retrouver cette première circulaire qui date probablement du mois de juillet 1908.

9 ACValangin, F 5, « Temple, Caisse ».

10Nicole QUELLET-SOGUEL, Clément Heaton : 1861-1940..., 1996.

Fig. 1. A gauche, vitrail du chœur avec les armoiries d’Antoine Borel ; au centre et à droite, les vitraux du transept ouest (SPMS).

qui surgissent avec ses associés, ainsi que par son établissement à Neuchâtel. Il quitte ses associés en 1885, fait des aller et retour entre Neuchâtel et Londres, épouse une Neuchâteloise en premières noces, puis, devenu veuf, une seconde, et il s’établit à Neuchâtel en 1888. Suivent des années d’incertitudes dues à la difficulté de développer sa propre entreprise d’arts décoratifs, principalement dans les domaines du cloisonné et du papier repoussé. Au tournant du siècle, Heaton est un artiste reconnu et plusieurs fois primé, mais qui, comme les autres ateliers de ce type, connaît d’importantes difficultés financières : il semble que l’exigence de qualité artisanale s’accommode mal d’une fabrication à une échelle assez grande pour permettre des prix modiques.

Dans les premières sur le vitrail et à s’établir au Villaret, dans la région de Cormondrèche, en 1908.

C’est de l’atelier du Villaret que sortira sa production de vitraux jusqu’à la nuit du 13 au 14 juin 1914 où l’explosion probable d’un four provoque un incendie qui détruit sa maison. Cet événement sera l’occasion de précipi-ter un changement déjà prévu : toute la famille Heaton ira s’installer à New York où le talent du maître verrier s’exprimera jusqu’à son décès en 1940.

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Fig. 2. Les armoiries « Du Boz dit DuBois ». Les archives de la commune de Valangin ont conservé les dessins qui ont permis à Clément Heaton de faire les cartons des vitraux (SPMS).

L’ « opération vitraux »

Antoine Borel est remercié de son premier versement de la manière suivante :

02 janvier 1909 Monsieur Antoine Borel

San-Francisco Monsieur,

J’ai l’avantage de vous accuser réception des f. 2’500 que vous avez remis à Monsieur le docteur Henri de Montmollin pour la restauration (vitraux) du temple de Valangin.

Au nom du comité, je vous prie de recevoir l’expression de notre profonde gratitude et de nos remerciements sincères.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations empressées.

Au nom du comité

Le secrétaire caissier : Paul Favre11.

Ainsi, au début de l’année 1909, le comité enregistre une entrée d’argent de 5000 francs, à consacrer uniquement aux vitraux, et il prend la décision de travailler avec Clément Heaton. Il hésite cependant encore sur ce qu’il convient de faire. La commission des monuments historiques a peut-être orienté un premier choix, surprenant d’ailleurs, et dont Charles L’Eplattenier, qui n’est sans doute pas au courant des motivations de la commission, s’est fait l’écho dans sa lettre de renonciation :

La Commission préconise l'exécution de vitraux modestes à ornement plutôt que des figures, que nos verriers ne sont pas toujours à même d'exécuter avec art et qui reviennent d'ailleurs beaucoup plus chers12.

On s’oriente alors, à l’inverse de ce que Clément Heaton a pu faire dans les autres églises neuchâteloises, vers une décoration à caractère uniquement héraldique, célébrant la communauté plutôt que des passages bibliques.

11ACValangin, F 5, « Copie des lettres », p. 30.

12AEN, fonds TP 322, PV Commission cantonale des monuments historiques, 11eséance, 13 mars 1909. Renseignement aimablement fourni par MmeClaire Piguet.

Il est aussi tout d’abord question de ne faire des vitraux que dans le chœur :

Les vitraux porteraient les armoiries de Claude d’Aarberg et de Guillemette de Vergy, de l’ancienne seigneurie de Valangin et de la commune actuelle avec banderoles portant la date exacte de la fondation de l’église13.

La question de la présence d’armoiries de familles sera soulevée par Alfred Tissot, le président du Conseil communal, lors de la séance du 1er décembre 1909, mais au mois d’avril 1910, elle ne s’est pas encore imposée. Il faut en fait attendre le mois de mars 1911 pour que cette décision prenne forme :

Monsieur le président [le Dr. H. de Montmollin] informe ses collègues qu’il a fait insérer un article dans la Feuille d’avis de Neuchâtel pour engager les descendants des anciennes familles bourgeoises de Valangin à faire figurer leurs armoiries dans les vitraux qui orneront les fenêtres de notre temple ; Monsieur Châtelain, auquel une lettre a été envoyée au sujet du coût de ce travail, a répondu qu’à raison de deux armoiries par meneau, il faudrait de la part de chaque famille f. 350 (20 familles à f. 350 = f. 7’000), la rosace, de cette façon, serait faite aussi sans supplément14.

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13 ACValangin, F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin. De 1905 à 1915 », séance du 26 mai 1909, p. 58.

14 ACValangin, F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin. De 1905 à 1915 », séance du 22 mars [1911], p. 70.

Fig. 4. Les armoiries « de Perregaux » (SPMS).

Fig. 3. Les armoiries « de Montmollin » (SPMS).

Le livre de caisse de la restauration enregistre les entrées d’argent de la manière suivante15:

Date Libellé des sommes reçues Somme

28 décembre 1908 Don de Monsieur Alfred (sic) Borel à San Francisco, par 2'500 f.

Mr. le docteur Henri de Montmollin (...)

24 février 1909 Nouveau don de Mr. Alfred Borel, à San Francisco, par 2’500 f.

Mr. de Montmollin

(...)

17 janvier 1911 Don de Mr. Paul Humbert, à Neuchâtel, pour vitraux 350 f.

22 mars 1911 Don de la famille Montandon, par Mr. de Montmollin 350 f.

(...)

03 juillet 1911 Don de la famille Matthey-Doret, par Mr. de Mont- 350 f.

mollin

(...)

mars, avril Dons des familles : Alioth ; de Perregaux ; Dubois ; Calame- 3’820 f.17 et mai 1911 Colin ; Robert-Tissot ; Terrisse ; Vavre ; de Pourtalès ; de

Chambrier ; de Salis-Soglio ; et Sandoz, soit au total 11 familles16

(...)

17 novembre 1911 Don de la famille Delachaux, par Monsieur Eugène 350 f.

Delachaux, 20 Beaux-Arts (Neuchâtel) (...)

06 janvier 1912 Don de la famille Tissot, par Mr. Alfred Tissot 350 f.

(...)

21 mars 1912 Dons des familles de Montmollin et de Tribolet-Hardy, 700 f.

par Mr. le Dr. Henri de Montmollin

29 mars 1912 Dons des familles de Pury, Courvoisier et Richard 1’050 f.

(...)

05 mars 1914 Reçu de Monsieur Henri de Montmollin pour les vitraux 700 f.

des familles Sandol-Roy et Girard

Total 13’020 f.

15ACValangin, F 5, « Temple, Caisse ». Nous donnons la transcription de la page de gauche (« Doit »), dans l’ordre suivi par le caissier et aux dates indiquées. Les interruptions (…) concernent des entrées d’argent qui ne sont pas consacrées aux vitraux. Les sommes de la colonne de droite sont calculées par le caissier, Paul Favre. Nous avons ajouté le total.

16Outre les noms figurant ci-dessus, le secrétaire-caissier enregistre au procès-verbal de la séance du comité du 22 mars [1911] les noms suivants : « de Montmollin ; Tissot-dit-Sanfin ; de Tribolet-Hardy ; Courvoisier ; Humbert-Droz ; Sandoz ; Montandon ; Matthey-Doret ; de Pury ; JeanRichard ». ACValangin, F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin.

De 1905 à 1915 », séance du 22 mars [1911], p. 70.

17Il manque 30 francs !

Divers dons ainsi que le produit de la « cachemaille », c’est-à-dire de la quête faite dans la collégiale, permettent d’atteindre la somme de 13 393 fr. 45.

De 1910 à 1914, Clément Heaton touche, pour solde de tout compte : 7612 fr. 50, si bien que « l’opération vitraux » a laissé un bénéfice de 5800 francs environ, argent qui a permis de financer le 10 % de l’ensemble du coût des travaux de la restauration de la collégiale, calculé à 54 775 francs lors de la reddition des comptes. La rosace, payée par les vitraux de familles, n’apparaît pas dans les archives.

La disposition des vitraux

Il ne semble pas que Clément Heaton soit intervenu de manière décisive dans l’ordonnancement des vitraux. Leur disposition, décidée en premier lieu par Léo Châtelain, ne tient compte ni du rattachement à une bourgeoisie, ni d’un anoblissement, ni du lieu d’origine. En revanche, le tableau ci-dessus montre que l’ordre d’arrivée des dons a joué un rôle : – les quinze familles qui paient en 1911 les 350 francs requis occupent

les baies nord du transept, ainsi que les registres inférieurs des petits côtés ;

– on a trouvé de la place pour les six familles qui paient en 1912 dans les registres supérieurs des petits côtés du transept ;

– le chœur est occupé par le vitrail du donateur Antoine Borel, dans la baie ouest, sous les armoiries de la seigneurie. En face, la baie est est occupée par les armoiries de la bourgeoisie et commune de Valangin.

En dessous figurent celles des Jeanneret, la seule famille dont on ne trouve pas trace dans les comptes.

Au début de l’année 1912, l’essentiel des vitraux sont posés :

Le comité se rend immédiatement au temple pour examiner les fenêtres dont l’effet est des plus favorables. Seules quelques retouches de détail seront apportées aux armoiries suivantes : Sanfin au lieu de Tissot-dit-sans-fin ; Wavre ; Matthey-Doret & Calame18.

Reste la baie principale du chœur. Elle accueille les Sandol-Roy et les Girard de Savagnier qui, parce qu’ils paient en 1914, se retrouvent à la place d’honneur, juste sous les armoiries de Claude d’Aarberg et de Guillemette de Vergy.

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18 ACValangin, F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin. De 1905 à 1915 », séance du 21 mars 1912, p. 71.

Quelques particularités

Les comptes le montrent : la règle des 350 francs par vitrail a été largement suivie.

Le vitrail de la famille Comtesse est particulier en ce sens qu’il a été placé pour honorer le conseiller fédéral Robert Comtesse. Dès le début, le président de Montmollin a souhaité faire figurer celui de cette famille :

Les armoiries de la famille Borel, ainsi que celles de la famille Comtesse, dont l’un de ses membres, monsieur Robert Comtesse, né à Valangin et (sic) ancien président de la Confédération, figureraient également gratuitement19.

Né à Valangin le 14 août 1847, Conseiller d’Etat pendant vingt-quatre ans (1876-1899), Robert Comtesse siège au Conseil national durant dix ans (1883-1893) et succède à Adrien Lachenal au Conseil fédéral en 1899. Président de la Confédération en 1910, il quittera ses fonctions en 191220. En 1913, le président de la commission de restauration écrit en ces termes au caissier :

Neuchâtel, le 17 juin 1913 Monsieur Paul Favre, secrétaire caissier du

comité de restauration du temple de Valangin.

Dans son temps, j’avais écrit à Monsieur le Conseiller fédéral Robert Comtesse pour lui demander de faire mettre les armoiries Comtesse sur les vitraux du temple de Valangin. Monsieur Robert Comtesse ne m’a jamais répondu.

Comme Monsieur Robert Comtesse est né à Valangin et qu’il a été baptisé dans cette église, j’ai engagé le comité pour la restauration du temple à faire placer cette armoirie de Sagnard (il était bon qu’il y en ait) sur une des fenêtres. Monsieur le Pasteur Paul Comtesse sachant que cette armoirie n’a pas été payée, voulant faire sa part, m’envoye ces 125 francs, dont vous voudrez bien lui accuser réception.

Le président de la restauration du temple de Valangin Dr. H. de Montmollin21

Au début de l’année 1944, Frédéric-Henri Comtesse, le petit-fils de Robert, revient sur ce vitrail :

19ACValangin, F 5, « Procès-verbaux des comités d’exécution et d’action pour la restauration du temple de Valangin. De 1905 à 1915 », séance du 22 mars [1911], p. 70.

20Dictionnaire historique de la Suisse, Hauterive, 2004, t. 3, p. 445 b.

21ACValangin, F 5, « Documents concernant la restauration du temple de Valangin ». La lettre du Drde Montmollin est écrite en marge de celle qui a été envoyée à la Commission par Paul Comtesse, devenu pasteur de Valangin.

Dans le document 2 005N 142 année 1-2 (Page 168-184)