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VALANGIN, CAPITALE ECCLÉSIASTIQUE Le contrôle croissant du chapitre

Dans le document 2 005N 142 année 1-2 (Page 62-73)

sur la vie religieuse de la seigneurie (1505-1517)

Deux dimanches de juin encadrent la courte histoire du chapitre de Valangin1, celui de la consécration de la collégiale, le 1erjuin 1505, et celui de son saccage par les Neuchâtelois, le 4 juin 1531. Ces déprédations, survenues symboliquement le jour où, cette année-là2, on fêtait sa consécration, ne mirent pas immédiatement fin à l’institution, mais la montrèrent condamnée par le cours des choses.

En ce quart de siècle et même déjà dans les douze premières années de son existence, le chapitre s'était imposé comme le centre ecclésiastique de la seigneurie de Valangin. En 1505, la collégiale s'était ajoutée aux assez nombreux sanctuaires de la seigneurie : une dizaine d'églises paroissiales et de chapelles3. Elle était sans doute, dans l'esprit de ses fondateurs, Claude d'Aarberg et sa femme Guillemette de Vergy, destinée à en prendre la tête.

En effet, sept sur onze des églises paroissiales ou des chapelles de leurs terres furent bientôt annexées par le chapitre. En s’attaquant à la collégiale, les Neuchâtelois frappaient ce qui était pratiquement devenu la capitale ecclésiastique de la seigneurie voisine : sur quelque trois mille paroissiens, plus de deux mille étaient régis par le chapitre4.

L'écheveau des anciennes dépendances ecclésiastiques

Juridiquement, au Moyen Age, une église dépend d'un patron, le plus souvent une institution religieuse, parfois une ville ou un seigneur. Il désigne le curé ou le vicaire (on parle de « droit de présentation »), contrôle

1 Le chapitre de Valangin mériterait une étude. Pour l'instant, la plupart des renseignements disponibles se trouvent dans la vieille mais méritoire étude de Georges-Auguste MATILE, Histoire de la Seigneurie de Valangin jusqu'à sa réunion à la directe en 1592, Neuchâtel, 1852. Alfred SCHNEGGlui a consacré une notice un peu rabougrie dans Guy P. MARCHAL (dir.), Die Weltlichen Kollegiatstifte der deutsch- und französisch-sprachigen Schweiz, Berne, 1977, pp. 536-537 (Helvetia sacra II/2).

2 Le renseignement vient des notes du curé du Locle, Etienne Besancenet : « Les lutheriens, le 4eiour du mois de juin 1531, qu'estoit le dimanche des benissions de Vallangin, ruinerent les autels dudit Vallangin » (je cite l'édition en préparation de Céline FAVRE-BULLECHASLES). Il s'agit de la fête de la bénédiction de l'église (la bénichon des Fribourgeois, avant qu’elle ne soit, au XVIIIesiècle, fixée en automne, sans plus de rapport avec la date de consécration de chaque sanctuaire local), qui avait lieu chaque année le dimanche suivant le jour de la dédicace de l’église paroissiale. La fête changeait donc chaque année, légèrement, de date.

3 Par « chapelle », il ne sera question que des filiales d'église paroissiale ; il y avait de nombreuses autres « chapelles » dans la seigneurie : chapelle castrale, chapelle à l'intérieur d'autres sanctuaires, chapelle votive érigée à l'écart.

4 Selon les chiffres très précis fournis par Rémy SCHEURER, « La population de la seigneurie de Valangin à la fin du Moyen Age », dans Histoire du Pays de Neuchâtel, I, Hauterive, 1989, pp. 190-194.

la gestion des biens, intervient si les bâtiments ont besoin de travaux ou si un différend oppose les paroissiens à leur prêtre, ou les divers villages de la paroisse entre eux. Le patron est souvent l'héritier du fondateur de l'église et, à ce titre, dispose aussi de droits. En général, les gros travaux et, surtout, ceux d'une certaine portée symbolique – installation d'une cloche, d'une croix sur le clocher, de vitraux, voire construction du clocher ou du chœur – entraînent son intervention financière.

Le patron n'est pas le seul maître de la paroisse : avant de nommer un curé (on parle de « droit d'institution »), l'évêque vérifie les qualifications du candidat qui lui est proposé par le patron ; des délégués épiscopaux inspectent l'église de temps à autres et interviennent lors de problèmes sérieux. De leur côté, les paroissiens financent pour l'essentiel leur lieu de culte et surveillent la gestion des biens paroissiaux, souci légitime puisque ce sont eux qui les ont constitués par leurs dons. Toutefois, s'il n'est donc pas seul maître, le patron, par le choix du curé, joue un rôle déterminant dans la vie de la paroisse.

Dans la seigneurie de Valangin, la plupart des sanctuaires dépendaient d'institutions ecclésiastiques : bénédictins de Vautravers, clunisiens de Romainmôtier ou de Bevaix, chanoines de Neuchâtel et de Saint-Imier.

Deux paroisses, celles du Locle et de La Sagne, avaient leur seigneur pour patron. Toutes ces églises appartenaient au diocèse de Lausanne ; bientôt après feront exception Les Brenets, village arraché à la Franche-Comté et qui dépendait spirituellement de la paroisse de Morteau, dans l'archidiocèse de Besançon.

Le jeu institutionnel fonctionnait bien. A l'époque qui nous occupe, nous voyons l'évêché de Lausanne instituer deux curés dans la seigneurie de Valangin sur présentation du patron de la paroisse :

– le 12 septembre 1505, le vicaire de l’évêque Aymon de Montfaucon institue Claude Carrel comme curé de La Sagne, sur présentation de Claude d’Aarberg, seigneur de Valangin ; la cure était vacante à la suite du décès d’Imier de Cresto5;

– le 31 mars 15076, le vicaire de l’évêque Aymon de Montfaucon institue Guillaume Galloni, chanoine de Saint-Imier, comme vicaire de Dombresson, sur présentation du prévôt et du chapitre de Saint-Imier ;

5 ACV, Ac 37, fol. 140v.

6 Cette date paraît incompatible avec l'inscription de la vieille cloche de Dombresson qui porte le nom du curé « Galon » et la date de 1505 (Jean COURVOISIER, Les Monuments d'art et d'histoire du canton de Neuchâtel (MAH), t. 3, Bâle, 1968, pp. 248-249). Toutefois, le changement de desservants a bien eu lieu en 1507, à juger des nombreuses informations données par Robert GERBER, « Les derniers curés de Serrières et de Dombresson », Musée neuchâtelois (MN), 1930, pp. 158-159, qui les avait tirées des archives de Saint-Imier conservées à Bienne. C'est probablement la cloche qu'il conviendrait de réexaminer.

la cure était vacante à la suite de la résignation du chanoine Nicolas Ragueti7.

Les liens de dépendance des églises et des patrons8, au moment de la consécration de la collégiale de Valangin et de la fondation de son chapitre, peuvent être résumés en un tableau :

La pratique des incorporations

On appelle incorporation le fait de décider qu'une institution ecclé-siastique, paroisse ou monastère, est absorbée avec l'ensemble de ses droits et revenus par une autre institution, en général de plus grande taille. C'est une façon d'augmenter les revenus d'un monastère, d'un chapitre, parfois d'un collège, voire d'un évêché. Le procédé a été très employé à la fin du Moyen Age par Berne et Fribourg pour fortifier et enrichir leurs collégiales Saint-Vincent et Saint-Nicolas9.

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7 ACV, Ac 37, fol. 165r.

8 Pour une étude de l'organisation ecclésiastique neuchâteloise, v. Dominique QUADRONI, « La situation des églises dans le comté de Neuchâtel et dans la seigneurie de Valangin d’après les visites diocésaines de 1416-1417 et de 1453 », MN, 1981, pp. 159-171, et les informations toujours judicieuses de J. COURVOISIER, dans MAH. La situation institutionnelle des églises du Val-de-Ruz a été reconstituée par Antoine GLAENZER, « Le plaid de Saint-Pierre : présence du prieuré de Vautravers dans le Val-de-Ruz, XIVe-XVIesiècles », dans J. BUJARD, A. GLAENZER, J.-D. MORERODet M. de TRIBOLET, « Un monastère suisse du haut Moyen Age redécouvert : Saint-Pierre de Vautravers/Môtiers », Revue d’histoire ecclésiastique suisse, 95 (2001), pp. 37-39.

9 Louis WAEBER, « Efforts conjugués de Berne et de Fribourg pour doter leurs chapitres », Revue d’histoire ecclésiastique suisse 32 (1938), pp. 125-144 et 193-212 ; Kathrin TREMP-UTZ, Das Kollegiatstift St. Vinzenz in Bern von der Gründung 1484/1485 bis zur Aufhebung 1528, Berne, 1985, pp. 50-65 (« Die Inkorporationen und Inkorporationsversuche »). En gras : églises paroissiales de la seigneurie de Valangin

En gras et entre parenthèses : paroisses de la seigneurie de Valangin fondées après 1505 En italique : églises paroissiales de la seigneurie de Neuchâtel

* : églises qui passent sous le contrôle de Valangin

LES ÉGLISES DE LA SEIGNEURIE DE VALANGIN ET LEURS LIENS DE DÉPENDANCE

L'institution absorbée peut disparaître complètement ou subsister sous la forme de prieuré ou de chapellenie. Lorsqu'il s'agit d'une paroisse, c'est souvent le cas : il n'y a plus de curé, au sens juridique ; elle est desservie par un vicaire désigné par l'institution incorporante, qui soit a absorbé les biens paroissiaux et salarie le vicaire, soit, plus fréquemment, se fait servir une pension annuelle fixe prise sur les revenus de la cure.

Dans la seigneurie de Valangin, c'est ce qui est arrivé à la paroisse de Dombresson en 1450. L'évêque de Lausanne a autorisé le chapitre de Saint-Imier à l'incorporer10, si bien qu'il n'y a plus eu, en droit, de curés, mais de simples vicaires11; c'est en général l'un des chanoines qui faisait fonction de vicaire, résidait à Dombresson et servait une pension annuelle à Saint-Imier12. Ce chapitre, en tant que patron de la paroisse de Dombresson, n'avait pas eu de peine à faire avaliser son projet. Sans qu'il ait pu le prévoir, un demi-siècle plus tard, cette mesure a sans doute mis Dombresson à l'abri des appétits de Valangin ; c'est en effet la seule paroissiale de la seigneurie à échapper à l'incorporation au chapitre dans la dizaine d'années qui en suit la fondation.

Les liens de dépendance très divers des églises de la seigneurie de Valangin donnent à leur incorporation une histoire complexe. Les paroisses du Locle et de La Sagne sont les premières concernées, certai-nement parce que Claude d'Aarberg et Guillemette de Vergy en étaient patrons. Ils n'avaient pas de résistance à craindre et donc pas de négo-ciations à entreprendre et ils purent les placer dans le patrimoine initial du chapitre :

« item on consentuz et consentent et ont voulsuz et veullent lesdits seigneur et dame pour eulx et pour leurs hoirs et successeurs (...) que les cure du Loucle et de La Saigne, dont lesdits seigneur et dame sont donateurs et patron, soient (...) incorporée, annexée et interrée en ladite eglise par lesdits seigneur et dame comme dit est nouvellement fondée »13.

Les statuts du chapitre, en date du 15 décembre 1506, font état, dans le paragraphe intitulé « Les églises annexées à la nôtre », d'une incorporation déjà effective et révèlent en même temps les motivations de cette institution :

10La décision de l'évêque Georges de Saluces est du 7 mars 1450 ; elle concernait aussi la paroisse de Serrières, dont Saint-Imier était également le patron (ACV, Ac 6, fol. 200r-201r). D'après R. GERBER,

« Les derniers curés... », p. 145, la mesure avait déjà été prise par le concile de Bâle en 1438.

11On le voit dans les nominations effectuées par l'évêché, toujours attentif au droit (v. p. 62-63) : on nomme un curé à La Sagne, mais un vicaire à Dombresson, ce qui n'empêche évidemment pas que dans la pratique le nom de curé reste employé (v. l'inscription de la cloche, n. 6).

12R. GERBER, « Les derniers curés... », p. 158.

13AEN, Anciennes archives, T 9, no25 (minute de la donation, non datée, mais signée par un notaire ; la clause relative aux deux cures paraît cancellée ; ce n'est pas le cas dans une autre copie notariée de ce texte : AEN, Anciennes archives, P 8, no16).

contrôler le destin des cures et favoriser les chanoines les plus fidèles et les plus anciens en date :

« nous décidons que désormais les églises paroissiales du Locle et de La Sagne, annexées à la nôtre, ne devront pas, en cas de vacance, être concédées à d’autres personnes qu’à des chanoines de notre église, s'il s'en trouvent, de préférence ceux qui seront les plus anciens promus. Si on les juge capables de bien desservir une église et s'ils ont bien mérité de notre église et de notre chapitre, ils doivent être promus et être préférés aux autres, comme le demandent la raison et la coutume.

Cependant, nous ne voulons pas y être contraints juridiquement, mais être libres de notre générosité, car la noblesse et la qualité des personnes doivent primer le droit, selon ce qu'exige la réalité. Ceux qui obtiendront ces cures seront tenus de promettre immédiatement de nous payer, à nous et à nos successeurs dans ce chapitre, une pension annuelle, conforme à la coutume. Ils ne pourront résigner, aliéner ou permuter ces cures, si ce n’est entre les mains du prévôt et du chapitre, eux qui pourront ensuite les faire administrer par un vicaire perpétuel ou par un prêtre convenable, selon la formule qui paraîtra la meilleure. »14

L'église Saint-Martin-aux-Epines (Chézard-Saint-Martin) fut la première des églises que les seigneurs de Valangin ne contrôlaient pas – elle avait le prieuré de Bevaix pour patron – à passer sous le contrôle du chapitre.

Le 14 novembre 1508, son incorporation est censée se produire dans l'année15, sans que nous sachions ce qui a décidé le prieur, dont les pouvoirs sont mentionnés16, à céder ses droits17.

L'église Saint-Pierre d'Engollon avait pour patron le prieuré de Vautravers;

or ce prieuré fut lui-même incorporé au chapitre collégial de Neuchâtel par une décision du pape Jules II, le 10 décembre 150718. La mesure faisait passer sous contrôle neuchâtelois une église qui était la paroissiale de Valangin et un lieu de sépulture de la famille seigneuriale ; cette situation politiquement désagréable fut corrigée par l'incorporation d'Engollon au patrimoine de la collégiale de Valangin. Sans que nous sachions comment les seigneurs de Valangin obtinrent l’accord des comtes de Neuchâtel, le pape Jules II accepta l'incorporation d'Engollon et la résignation (terme usuel en droit canon pour signifier la démission) du curé, Philibert de

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14 AEN, Anciennes archives, P 8, no25, édité par Dominique FAVARGERet Maurice de TRIBOLET, Les sources du droit du canton de Neuchâtel, Aarau, 1982, pp. 133-134, no46 (remplacer promoverint par promeruerint ).

15 AEN, Anciennes archives, P 8, no25, fol. 3v : « infra annum proxime futurum a data presentium inchoatum ».

16 Ibid. : « de voluntate venerabilis domini Johannis de Livrone, prioris prioratus de Bevaix, predicte cure et ecclesie parrochialis dicti loci Sancti Martini collatoris ».

17 V. n. 41.

18 Elsanne GILOMEN-SCHENKEL(dir.), Frühe Klöster, die Benediktiner und Benediktinerinnen in der Schweiz, Berne, 1986, p. 1605 (Helvetia sacra III/1/3) ; les conséquences pour les églises du Val-de-Ruz sont relevées par A. GLAENZER, « Le plaid de Saint-Pierre... », p. 44.

Cholex, le 27 décembre 151019. C'est ainsi que le chapitre de Valangin put prendre possession d'Engollon un an plus tard, le 23 janvier 151220.

L'incorporation d'Engollon au chapitre de Valangin eut une conséquence curieuse, celle de mettre sa filiale de Boudevilliers sous le contrôle de Claude d'Aarberg et de Guillemette, alors qu'il s'agissait d'une seigneurie apparte-nant à Jeanne de Hochberg et à Louis d'Orléans. La terre de Boudevilliers resta évidemment possession des comtes21, mais ils perdirent le contrôle de l’église : en 1531, au moment de la sécularisation des biens ecclésiastiques, cette chapelle alla à Guillemette de Vergy et non à Jeanne de Hochberg22.

Le cas de Fontaines était le même que celui d'Engollon, puisque cette paroisse avait également eu le prieuré de Vautravers pour patron, puis le chapitre de Neuchâtel. L'incorporation devenait ainsi politiquement heureuse pour les relations entre le comte de Neuchâtel et le seigneur de Valangin, d’autant que c’est l’un des chanoines de Neuchâtel, Guy de Cholex, qui en était le curé, ce qui accentuait encore la mainmise neuchâteloise. La mesure fut accordée par le pape Léon X, le 23 juin 1517, qui veilla aussi à dédommager par une pension Louis, le neveu du curé, à qui la cure avait été formellement promise23. Le chapitre de Valangin prit possession de Fontaines le 29 novembre 151724. Deux ans plus tard, le 8 mars 1519, l'oncle Guy, agissant au nom de son neveu, renonça à la pension25; il avait reçu pour cela un dédommagement de Guillemette de Vergy26.

Si nous mettons à part Dombresson, que protégeait sans doute, comme on l'a vu, son incorporation au chapitre de Saint-Imier, toutes les paroissiales de la seigneurie avaient été incorporées à Valangin. Toutefois, certains curés avaient été nommés avant l'incorporation, si bien qu'ils durent assurer une pension au chapitre, prise sur leur revenu paroissial, mais restèrent curés en titre, solution entérinée par les statuts de 150627. Ce n'est qu'en 1517 qu'aboutit leur véritable transformation en vicaires. Le 4 mai de cette année,

19AEN, Anciennes archives, P 8, no21, bulle faite à Bologne.

20Procès-verbal au verso de la bulle AEN, Anciennes archives, P 8, no21.

21Comme en témoigne une reconnaissance prêtée par deux chanoines aux cantons suisses occupants en 1519 et rénovée en 1527 (AEN, Anciennes archives, T 9, no23), où il est question « de tenir etc. de messires les comtes de Neuchatel etc. a cause de leur mayrrie de Butdevilliers »).

22J. COURVOISIER, MAH, t. 3, p. 189, et AEN, Anciennes archives, P 8, no15.

23Trois bulles de ce même jour, du pape Léon X, faites à Saint-Pierre de Rome, règlent l'incorpo-ration (AEN, Anciennes archives, P 8, no26) et la pension assurée à Louis, qui s’élevait à 12 ducats d'or, soit la moitié du revenu paroissial très sommairement évalué (AEN, Anciennes archives, G 27, no21, et E 24, no23). L’intervention pontificale a été étudiée par Edmée MONTANDON, « La cure de Fontaines en 1517 », MN, 1938, pp. 47-48, qui ignore toutefois le rôle de l’oncle.

24Procès-verbal au verso de la bulle, AEN, Anciennes archives, P 8, no26.

25L'acte est au verso de la bulle G 27, no21 ; il a été fait à Genève, car c'est l'Eglise de Genève qui avait été chargée par Léon X de veiller à ce que la pension soit régulièrement payée, en en faisant même une condition a posteriori de l'incorporation.

26V. n. 29.

27V. p. 65.

à Saint-Pierre, le pape Léon X, donnant suite à la demande des seigneurs de Valangin, entérinait la résignation de Jean Cordier, curé de Saint Martin-aux-Epines, de Jean Bisardi, curé de La Sagne, et d'Etienne Besancenet, curé du Locle. Ils restèrent sans doute en fonction (c'est certain pour Besancenet), mais juridiquement comme vicaires. Ainsi, le chapitre put prendre formellement possession de ces trois cures le 30 novembre 151728. La politique d'incorporation et ses soutiens

Celui qui passe en revue ce qu'il reste des archives du chapitre de Valangin est frappé par le nombre des documents scellés de la lourde bulle de plomb de la chancellerie apostolique. Et ces documents sont tous relatifs aux incorporations. C'est dire qu'une telle politique était complexe, longue et coûteuse ou, pour en voir le côté positif, qu'elle bénéficia d'appuis influents. Le chapitre, laissé à lui-même, n'y aurait pas suffi. C'était déjà malaisé au niveau local : sans interventions puissantes, le chapitre de la collégiale de Neuchâtel ou le prieur clunisien de Bevaix n'auraient pas eu de raisons de céder des patronages – et donc un peu de leur influence et de leurs ressources – à une institution rivale nouvellement créée.

A l'évidence, le seigneur de Valangin et sa femme ont tenu à soumettre les paroisses au chapitre de leur collégiale. Le compte des dépenses engagées par Guillemette de Vergy après la mort de son mari montre en effet que c’est la seigneurie qui paya, au moins partiellement, les frais liés à l’incor-poration de Fontaines29. Mais les seigneurs de Valangin n'y auraient pas réussi sans la complaisance de Rome et sans l'appui de l'intermédiaire presque incontournable dans de telles affaires, l'évêque de Lausanne.

Claude d'Aarberg et Guillemette de Vergy se comportent en chefs d’Eglise, du moins quand ils n'ont pas de rival, c'est-à-dire à Valangin, création ex nihilo, et dans les hauts de la seigneurie, où ils sont les patrons des paroisses30. A Valangin, les deux conjoints apparaissent comme fondateurs

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28 AEN, Anciennes archives, P 8, no18, de Saint-Pierre de Rome ; procès-verbal de la prise de possession au verso.

29 AEN, Anciennes archives, W 15, no27, p. 11: « j’ai payez a Monseigneur le chanoynne Chollet, chanoynne jadis de Neuchatel et curé de Fontaine et avoit annexez sa cure a notre église de Vallengin, retenant unzes ducats de pension sus sadite cure pour son nepveux, pour laisser sa dite cure franche, je lui donnai IIII XX escuz. » V. n. 23 (le passage de 12 à 11 ducats ne s’expliquant pas).

30 Pour donner un exemple de la tutelle seigneuriale, l'acte du 26 octobre 1499 séparant La Sagne

30 Pour donner un exemple de la tutelle seigneuriale, l'acte du 26 octobre 1499 séparant La Sagne

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