• Aucun résultat trouvé

3.3 Les impacts des violences vécues par les victimes

3.4.2 La vision des collaborations

Dans un deuxième temps, bien qu’aucun partenariat officiel ne fût témoigné, les intervenants du milieu communautaire sont à l’affût des ressources existantes et disponibles pour les victimes. En fonction des besoins et de la détresse manifestée par la victime, les participants estiment être en mesure de référer la personne afin qu’elle bénéficie de services optimaux. Chez Astérisk, le spectre d’intervention et le rôle de chacune des ressources sont clairement définis pour faciliter la référence, alors que chez Gai-Écoute, un guide de ressources est disponible en ligne à des fins de consultation publique. Il est possible d’effectuer une recherche selon différents critères qui orientent le bénéficiaire vers l’organisme approprié en fonction des besoins :

Je le redirigerais vers des ressources mais tout dépendant de l’intensité – Louis, REZO et Gai-Écoute

Si ça l’a vraiment marqué au point où le gars est troublé, je vais l’encourager à aller à une forme de thérapie, contacter un psychothérapeute, ou éventuellement d’aller à son CLSC, de rencontrer un travailleur social. Ce sont des gens, contrairement à nous, qui font de l’intervention […] Quand on a besoin d’informations, comme mettons bon quelqu’un au téléphone nous dit je réside au Saguenay, y a-t-il une association ou il y a tu un lieu de réunion, on a

87

sur internet un guide de ressources qui est passablement mis à jour qui peut donner l’heure juste parce qu’on a beaucoup de gens qui s’informent – Luc, Gai-Écoute

Les acteurs du milieu judiciaire attestent que le volet de l’intervention n’est pas le point central de leur pratique. Les policiers sondés montrent l’importance de demeurer neutres dans leur travail. Ils interviennent le plus uniformément possible dans tous les événements impliquant plusieurs partis sans égard à leur orientation sexuelle, afin que ceux-ci ne se sentent pas jugés. Considérant que la formation reçue par les policiers consiste à identifier, traiter et résoudre un délit, l’ensemble de leurs tâches repose sur un crime et non pas sur l’individu : la mission première de leur pratique est d’offrir une sécurité à la population. Ils indiquent qu’ils ne peuvent se permettre de demeurer sur les lieux d’une intervention pendant plusieurs heures afin de soutenir, écouter et comprendre les besoins d’une victime. Une fois que celle-ci est sécurisée et que son intégrité physique ou psychologique n’est plus menacée, ils quittent pour l’intervention suivante :

C’est sûre que tsé on veut qui se sentent à l’aise de nous parler […] je ne veux pas que la personne se soit sentie jugée et je veux qu’elle soit à l’aise, je ne veux pas qu’elle soit, je veux pas dire gênée de sortir dehors, mais je veux pas qu’elle se sente comme une victime inutilement –Max, policier PDQ22

Comment je vais intervenir! Sincèrement, la même chose qu’avec n’importe qui d’autre […] je vais me concentrer sur l’infraction qui été commise […] veut veut pas il faut rester le plus neutre possible […] On peut pas non plus rester là avec la victime pour essayer quelle se sente mieux […] On va la référer, mais une fois que notre travail est fait, qu’elle est en sécurité, nous on continu et c’est à la personne aussi à appeler et à trouver d’autres ressources là – Fred, policier SPVM

Toutefois, ils sont en mesure de référer les victimes d’agression de toutes sortes vers différentes ressources, admettant cependant n’en connaître que quelques-unes. De façon générale, un cas impliquant une victime est référé à la CAVAC ou au CLSC et les policiers leur laisse le soin d’orienter la victime vers la ressource appropriée : une nuance est apportée par Max, qui travaille au PDQ du village gai de Montréal. Celui-ci mentionne porter une

88

attention particulière aux crimes haineux, notamment envers les homosexuels, et assurer un suivi de l’enquête. Bien que l’attention soit portée sur le cheminement de l’enquête et sur la résolution de l’incident plutôt que sur la détresse de la victime, il s’assure d’un suivi auprès de celle-ci et il confirme que sa déclaration a bel et bien été considérée. Le partenariat avec le collectif Carré Rose, une équipe pluridisciplinaire formée dans une optique d’intervention auprès de victime homosexuelle, est relaté par Max et la collaboration entre les deux entités est plus tangible dans cet arrondissement de la ville. Le policier rapporte l’existence d’une équipe d’aide psychologique, soit l’UPSJ, habilitée à se rendre sur les lieux en cas de détresse extrême, mais Max mentionne ne jamais y avoir fait appel en dix ans de carrière :

Moi je m’assure de faire un suivi au niveau des enquêtes, tout ce qui est crime haineux, je laisse toujours un délai de deux semaines pour que le rapport se rende à un enquêteur, l’enquêteur fait quelques démarches et moi je fais un suivi auprès de la victime à ce moment -là […] Ben nous si on voit que ça fonctionne pas, on a un service d’aide psychologique qui peuvent se déplacer sur l’événement, c’est le UPSJ – Max, policier PDQ22

Finalement, outre la référence à des ressources d’aide, la majorité des participants élabore sur l’importance du réseau social et d’évaluer si la victime entretient des liens, sur le plan personnel, qui pourront l’aider à surmonter la victimisation

En somme, lorsqu’invité à élaborer sur les interventions ou actions prises lorsqu’ils suspectent ou se font relater un tel incident, les intervenants reconnaissent tous l’urgence d’agir et orientent leurs actions en fonction de leur compréhension des événements, du degré et du type d’agression subie ainsi que de l’état psychologique de la victime. Ils ajoutent offrir la possibilité à la victime de déclarer l’incident et valider si une ressource d’aide n’est plus adaptée aux besoins identifiés lorsqu’ils ne s’estiment pas suffisamment outillés, sentiment partagé par l’ensemble des intervenants. Sur le plan des collaborations, aucun partenariat direct n’est recensé auprès des organismes communautaires, mais en fonction des besoins et de la détresse manifestée, les participants estiment être en mesure de référer la victime vers des ressources plus adaptées. Quant aux acteurs du milieu judiciaire, ils attestent que le volet de l’intervention n’est pas le point central de leur pratique. Les policiers sondés montrent l’importance de demeurer neutre dans leur travail par le biais d’une intervention uniforme

89

sans égard à l’orientation sexuelle. Toutefois, de façon générale, un cas impliquant une victime est référé à la CAVAC ou au CLSC et les policiers leur laisse le soin d’orienter la victime vers la ressource appropriée et un partenariat tangible entre le PDQ22 et le collectif Carré Rose, équipe pluridisciplinaire formée dans une optique d’intervention auprès de victime homosexuelle, est relaté. Sensibilisé davantage à la question, Max du PDQ22 assure offrir un suivi auprès des victimes et confirmer que la déclaration est bien été considérée.

3.5 La réaction des victimes et la perception de leurs rapports avec les instances