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Dans le cadre de cette étude, rappelons que le Vieillissement en Santé est appréhendé selon la définition que les personnes âgées s’en font elles-mêmes. Les

124 critères à la base de cette définition sont une bonne santé et la capacité d’entreprendre plusieurs activités basiques de la vie quotidienne (Strain, 1993). La santé des personnes âgées est analysée selon leur santé perçue à partir de la question suivante : « Diriez-vous que votre santé est excellente, très bonne, bonne, passable ou mauvaise ? ». La question est posée de manière aléatoire à la moitié des personnes enquêtées avant les questions détaillées sur la santé et, pour l’autre moitié de l’échantillon, la question est posée après. Cette méthode permet de corriger les biais potentiels dus à l’énoncé des différentes pathologies et symptômes. Dans les analyses, la variable sur la santé perçue est catégorisée en deux modalités, la première caractérisant les personnes s’estimant en bonne santé (c’est-à-dire celles qui rapportent une santé « excellente », « très bonne » et « bonne »), et la seconde celles s’estimant en mauvaise santé (celles qui rapportent une santé « passable » ou « mauvaise »). Un tel indicateur dichotomique est fréquemment utilisé dans la littérature sur la santé. En outre, cet indicateur à deux modalités est utilisé à la fois dans les analyses réalisées au niveau européen (SHARE) et du Luxembourg (CURHA) ce qui facilitera par la suite les comparaisons des relations contexte environnemental-

santé entre le niveau européen et le niveau du Luxembourg10.

L’état de dépendance est, quant à lui, évalué selon une mesure relative au nombre de difficultés que les personnes âgées déclarent ressentir dans leurs activités de la vie quotidienne : « A cause d’un problème physique ou de santé, avez-vous des difficultés à accomplir certaines des activités mentionnées sur cette carte ? Ne tenez pas compte des difficultés passagères qui selon vous seront résolues d’ici trois mois. ». Parmi l’ensemble des activités mentionnées, plusieurs d’entre-elles sont reprises par les questions posées sur les limitations d’activité dans l’enquête CURHA. Dans un souci d’harmonisation des analyses menées à l’échelle européenne et luxembourgeoise, il convient de privilégier les limitations d’activité reprises à la fois dans l’enquête SHARE et l’enquête CURHA. Le nombre de difficultés (dans les activités quotidiennes communes aux deux enquêtes) que les personnes âgées déclarent dans leurs activités

10 Le choix de réduire au minimum le nombre de modalités est valable pour l’ensemble des mesures

utilisées et s’explique donc en premier lieu par l’effectif total de taille réduite de l’enquête CURHA (afin de réduire les risques de mauvaises estimations statistiques) et ensuite par la nécessité de comparaison entre les analyses menées à partir des enquêtes SHARE et CURHA.

125 de la vie quotidienne est additionné. Comme pour la variable sur la santé perçue, celle sur le niveau de dépendance est catégorisée en deux modalités selon que les personnes enquêtées ne ressentent aucune ou une légère limitation dans leurs activités quotidiennes (c’est-à-dire celles qui ne déclarent aucune difficulté ou qui déclarent une seule difficulté) ou selon qu’elles ressentent une limitation modérée à soutenue (celles qui déclarent deux difficultés ou plus).

D’autres mesures de santé, objectives et subjectives, ont également été intégrées aux analyses descriptives afin de pouvoir donner une idée assez exhaustive du Vieillissement en Santé à l’échelle européenne. Dans l’enquête SHARE, ces mesures portent sur la santé physique, mentale et cognitive des personnes âgées ainsi que sur les aides qu’elles sont susceptibles de percevoir dans leurs activités quotidiennes. En ce qui concerne les indicateurs objectifs de santé, la force de préhension est un test physique réalisé sur place suivant une procédure précise et qui permet d’évaluer la force musculaire de chaque personne enquêtée. Ce test est particulièrement intéressant car il est facilement exploitable lors des entretiens, il fait l’objet d’un fort taux de participation et il est discriminant à tout âge. La force de préhension est évaluée au moyen d’un dynamomètre de poche. Les personnes sont invitées à serrer les poignées aussi fort qu’elles le peuvent pendant une ou deux secondes. Deux mesures sont prises alternativement pour chaque main. La force de préhension correspond à la valeur maximale obtenue. Celle-ci oscille entre 0 kg et 100 kg et une valeur entre 0 et 40kg est en général qualifiée de faible force de préhension. Le test de calcul mental est une autre mesure qui évalue, cette fois, la santé cognitive. Les fonctions cognitives désignent la capacité des individus à « percevoir, organiser et intégrer l’information » (Abreu & Toglia, 1987). Les personnes atteintes de déficiences cognitives éprouvent des problèmes de concentration, de communication et de mémoire tandis que celles souffrant de troubles mentaux ont plutôt des difficultés à maîtriser leurs émotions. Un score de calcul mental est établi à partir de quatre questions. Ces questions permettent d’appréhender la manière dont les individus utilisent les chiffres dans la vie quotidienne. Un type de question posé est par exemple : « Si le risque de contracter une maladie est de 10 pour cent, sur 1000 personnes, combien risquent d’attraper cette maladie ? ». Le score obtenu par chaque participant

126 correspond au nombre de réponses correctes et va de 0 à 4 : plus le score est élevé, meilleure est leur performance mathématique. L’échelle de dépression EURO-D est finalement destinée à analyser l’état de santé mentale des personnes âgées. Le terme de santé mentale regroupe plusieurs logiques. Il n’existe encore aujourd’hui aucune définition précise de la santé mentale mais selon l’OMS (2013), « on définit la santé mentale comme un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une

contribution à la communauté ». Dans la Classification Internationale des Maladies, l’OMS définit la dépression comme un trouble mental qui peut être évalué à partir de l’échelle de dépression EURO-D. Cette échelle est élaborée à partir de douze questions portant chacune sur un sentiment en particulier (cf. Tableau 6). Un individu est considéré à fort risque de dépression s’il déclare au moins trois de ces symptômes.

Outre le nombre de difficultés des personnes âgées dans leurs activités quotidiennes, d’autres mesures de dépendance sont disponibles dans l’enquête SHARE. Une question dite « GALI » (Global Activity Limitation Indicator) mesure par exemple la proportion de personnes déclarant « être limitées pour une raison de santé dans les activités normales, depuis au moins six mois ». Les personnes sont invitées à répondre si elles se sentent « fortement limitée », « limitée mais pas fortement » ou « pas limitée ». Plusieurs autres questions portent sur l’aide que les personnes âgées sont susceptibles de recevoir de la part de leur famille, amis ou professionnels en cas de difficultés dans la réalisation de leurs activités quotidiennes. Néanmoins, ces aides ne sont pas forcément représentatives des difficultés que les personnes âgées sont amenées à rencontrer dans leurs activités de la vie quotidienne. Par exemple, l’aide reçue par des proches peut varier en fonction des différentes cultures. Dans les pays où il existe une forte solidarité intergénérationnelle, certaines personnes peuvent déclarer être aidées par leurs proches alors qu’elles ne sont pas forcément limitées.

Source : SHARE, Guide of Scales and Multi-Item Indicators

Tableau 6 Liste des sentiments

127 En outre, les aides à la personne – comme les repas prêts à la consommation et servis à domicile – ne sont pas encore équitablement développées dans l’ensemble des pays européens.