• Aucun résultat trouvé

Il s’agit d’abord d’étudier les relations entre les variables de perception caractérisant le Vieillissement en Santé des personnes âgées et celles décrivant leur statut démographique et socio-économique (qui serviront notamment de variables de contrôle dans les analyses multivariées). Il s’agit ensuite d’analyser la relation entre les variables relatives au Vieillissement en Santé et celles qui sont considérées comme potentiellement explicatives des différences inter-individuelles en matière de perception de la santé et de la limitation dans les activités à savoir d’une part, les variables perçues caractérisant l’environnement résidentiel des personnes âgées et, d’autre part, les variables déclaratives caractérisant leurs comportements en santé. Plusieurs questions se posent : l’état de santé et le niveau de dépendance perçus par les personnes âgées européennes varient-ils selon leurs perceptions du niveau d’accès aux services de leur quartier ? Le Vieillissement en Santé est-il significativement différent selon le niveau d’activité physique et de participation sociale des personnes âgées ? Les relations entre ces deux sous-ensembles de variables conceptualisées comme « explicatives » sont ensuite explorées. Les niveaux d’activité physique et de participation sociale des personnes âgées en Europe sont-ils par exemple différents selon leurs perceptions de la réputation ou de l’attrait esthétique de leur quartier ?

L’ensemble de ces analyses, effectuée à l’aide de tests du chi2, permettra d’avoir un premier aperçu des réseaux de relations entre la manière dont les personnes âgées perçoivent leur santé et leur limitation dans les activités avec l’ensemble des variables potentiellement explicatives de ces différences de perception. Elles serviront également à sélectionner les variables qui participeront aux analyses multivariées développées par la suite et qui permettront d’explorer les effets de médiation et d’interaction en raisonnant « toutes choses égales par ailleurs ».

Les Tableaux 9 et 10 présentent les proportions de personnes âgées selon les différents croisements réalisés. La valeur p des tests de chi2 issue des tableaux croisés est également spécifiée. Même s’il s’agit avant tout d’examiner les relations entre le quartier perçu, les comportements et le Vieillissement en Santé au niveau de l’Europe,

140 c’est-à-dire entre des contextes environnementaux et culturels différents, il est également intéressant de repérer comment ces relations varient selon les pays ou groupes de pays européens. Pour chaque type de croisement, un tableau récapitule donc les associations significatives ou non significatives en fonction de chaque pays européen (cf. Tableaux 1 à 30 en Annexe 1).

1) Relations non-ajustées entre le Vieillissement en Santé et les caractéristiques démographiques et socio-économiques

En Europe, le Vieillissement en Santé des personnes âgées est significativement associé à l’ensemble de leurs caractéristiques démographiques et socio-économiques (cf. Tableau 9). Les personnes les plus avancées en âge, les femmes, les personnes les moins diplômées et celles déclarant des difficultés financières ont plus de risques de rapporter une mauvaise santé et de déclarer plusieurs difficultés dans le cadre de leurs activités quotidiennes. Ainsi, parmi les personnes ayant atteint un niveau d’étude post-secondaire, 33% seulement s’estiment en mauvaise santé et 27% ressentent une plus grande limitation dans leurs activités. Les personnes ayant un niveau d’éducation nul ou primaire sont près de deux fois plus nombreuses à faire part d’un ressenti défavorable (57% d’entre elles rapportent une mauvaise santé et 52% déclarent plusieurs difficultés dans leurs activités quotidiennes). De grandes différences de santé et de limitation s’observent également selon l’âge et le niveau social des personnes âgées. A titre d’exemple, près de ⅔ des personnes déclarant des difficultés financières s’estiment en mauvaise santé (63%) contre ⅓ pour celles ne déclarant aucune difficulté (37%). Pour ce qui est du niveau de limitation, les personnes âgées de 75 ans et plus sont deux fois plus nombreuses à rapporter une mauvaise santé (55%) que les personnes moins avancées en âge (28%).

141

Tableau 9 Relations bivariées entre le Vieillissement en Santé, les

caractéristiques individuelles, les perceptions de l'environnement résidentiel et les comportements en santé à l'échelle européenne

142 2) Relations non-ajustées entre le Vieillissement en Santé et les perceptions de

l’environnement résidentiel

Le Vieillissement en Santé apparait, pour les enquêtés européens, comme fortement associé aux perceptions relatives à la propreté, l’accès aux services de proximité et la cohésion sociale du quartier (cf. Tableau 9) : les personnes âgées qui perçoivent leur quartier comme un espace très propre, ayant un bon accès aux services de proximité, un espace au sein duquel elles se sentent socialement intégrées et soutenues en cas de problème, sont moins susceptibles de se sentir souvent en mauvaise santé et limitées dans leurs activités quotidiennes. Pour exemple, celles qui perçoivent leur quartier comme ayant un bon accès aux services de proximité courent au minimum deux fois moins de risques de rapporter une mauvaise santé (32%) et de déclarer plusieurs difficultés dans leurs activités (26%) que celles qui le perçoivent comme ayant un faible accès aux services (respectivement 65% et 64%). Le Vieillissement en Santé est également fortement associé à la perception sur le vandalisme : les personnes âgées percevant au sein de leur quartier un problème de vandalisme sont plus susceptibles de s’estimer en mauvaise santé (51%) et de se ressentir davantage limitées (45%) que celles ne percevant aucun problème de ce type (respectivement 44% et 39%).

3) Relations non-ajustées entre le Vieillissement en Santé et les comportements en santé

Il ressort de l’enquête SHARE que le Vieillissement en Santé des personnes âgées est significativement associé à l’ensemble des mesures portant sur leur activité physique et leur participation sociale (cf. Tableau 9). Le risque de se percevoir en mauvaise santé ou de se ressentir davantage limité dans les activités quotidiennes est beaucoup plus élevé chez les personnes qui déclarent être physiquement et socialement moins actives. A titre d’exemple, il apparait que, parmi les personnes déclarant ne pratiquer que rarement ou jamais des activités physiques modérées, 80% d’entre elles rapportent une mauvaise santé et plusieurs difficultés dans leurs activités quotidiennes alors qu’elles ne sont respectivement que 37% et 29% pour celles qui déclarent pratiquer des activités modérées de façon hebdomadaire. Les écarts sont

143 nettement moins prononcés entre les personnes socialement actives ou non. Ainsi, les personnes enquêtées déclarant rarement participer à des activités bénévoles sont 30% à s’estimer en mauvaise santé et 25% à se ressentir comme davantage limitées dans leurs activités contre respectivement 24% et 21% pour celles qui déclarent y participer chaque semaine.

4) Relations non-ajustées entre les comportements en santé et les perceptions de l’environnement résidentiel

Il reste à analyser les relations entre les ensembles de variables ayant ici le statut de variables « explicatives » de l’état de santé des personnes âgées, soit les comportements et les perceptions de l’environnement résidentiel. L’activité physique des personnes âgées apparaît fortement associée à leurs perceptions du vandalisme, de l’accès aux services de proximité et de la cohésion sociale de leur quartier (cf. Tableau 10). La prévalence d’une plus grande fréquence d’activités modérées et soutenues s’observe chez les personnes âgées qui perçoivent leur quartier comme ayant un meilleur accès aux services de proximité et chez celles qui s’y sentent

socialement intégrées et soutenues. A contrario, une fréquence moindre d’activité

physique s’observe chez celles qui y perçoivent un problème de vandalisme : les personnes qui estiment que leur quartier souffre d’un problème de vandalisme sont 36% à pratiquer de façon hebdomadaire des activités physiques soutenues alors qu’elles sont 41% pour celles n’étant pas de cet avis. L’activité physique des personnes âgées est en revanche peu associée à leur perception de la propreté du quartier : les personnes qui perçoivent leur quartier comme un espace très propre sont plus susceptibles de pratiquer fréquemment des activités soutenues mais les écarts, même s’ils sont significatifs sur le plan statistique, restent peu marqués entre les individus. Les perceptions que les personnes âgées ont de leur quartier résidentiel sont moins fortement associées à leur participation sociale qu’à leur activité physique. La fréquence de leur participation à des activités bénévoles et à des activités de club sportif et/ou social n’est associée ni au vandalisme, ni au fait de se sentir socialement intégré au quartier. Il semble, en revanche, y avoir une relation entre la participation sociale des personnes âgées et leurs perceptions relatives à la propreté et à l’entraide au sein du quartier, chacune de ces variables ayant une relation statistiquement

144 significative avec la fréquence de participation à des activités bénévoles. De façon inattendue, il apparait que les personnes estimant ne pas pouvoir compter sur des voisins en cas de problème sont plus nombreuses à pratiquer chaque semaine des activités bénévoles (62%) que celles qui estiment pouvoir compter sur autrui (58%). La participation sociale des personnes âgées semble finalement dépendre le plus de la manière dont elles perçoivent l’accès aux services de leur quartier, un meilleur accès perçu aux services de proximité étant aussi bien associé à une pratique plus fréquente d’activités bénévoles et d’activités de club sportif et/ou social.