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des effets de médiation joués par l’activité physique et la participation sociale sur les relations entre les caractéristiques de l’environnement perçu (vandalisme, accès aux services et cohésion sociale) et le Vieillissement en Santé. De plus, les résultats montrent une influence de certains comportements en santé, plus particulièrement relatifs à l’activité physique des personnes âgées, sur la relation entre leurs perceptions du quartier et leur Vieillissement en Santé. Cette influence n’est cependant pas automatique, sa mise en évidence dépend des mesures utilisées.

A. Influence des perceptions de l’environnement résidentiel sur le Vieillissement en Santé

Les perceptions relatives à la réputation du quartier, l’attrait esthétique, l’accès aux services de proximité et la cohésion sociale du quartier sont toutes significativement associées à l’état de santé et au niveau de dépendance des personnes âgées. Bien que l’ajustement de l’âge, du sexe, du niveau d’éducation et du niveau social ait quelque peu réduit l’association, l’ensemble des perceptions de l’environnement résidentiel reste significativement associé au Vieillissement en Santé. Les personnes qui perçoivent un problème de vandalisme au sein de leur quartier sont plus à risques de s’estimer en mauvaise santé et de déclarer plus de difficultés dans leurs activités quotidiennes que celles qui n’en perçoivent pas. A contrario, celles qui considèrent leur quartier comme très propre, disposant d’un meilleur accès aux

174 services de proximité, qui estiment y être socialement intégrées et pouvant bénéficier d’un appui de la part d’autrui en cas d’ennuis sont moins susceptibles de l’être.

La perception de l’accès aux services de proximité a un effet très élevé sur l’état de santé et le niveau de dépendance des personnes âgées. Ce résultat peut refléter le fait qu’un bon accès aux services peut à la fois favoriser la marche chez les personnes âgées ou d’autres activités physiques, considérées comme des déterminants importants de la santé, tout en leur permettant de réaliser seules leurs activités quotidiennes. Une étude longitudinale menée au sein de plusieurs pays européens s’accorde avec les résultats de notre recherche. Un meilleur accès du quartier aux services de proximité apparait comme étant associé à un risque moindre de dépression chez les personnes âgées (Baranyi et al., 2019). Il apparait également que la perception de nuisances sociales augmente sensiblement leur risque de dépression. Cette influence de l’accès aux services de proximité et du vandalisme sur la santé se retrouve également dans des études menées au sein d’un seul pays. L’accès et la qualité perçus des services de proximité ainsi que la perception de problèmes tels que le bruit, les graffitis ou encore la présence de vandalisme est associée chez les adultes et les personnes âgées à un risque plus élevé de se ressentir en mauvaise santé et limitées dans les activités de la vie quotidienne (Bowling et al., 2006 ; Steptoe & Feldman, 2001). Il convient de noter que si dans notre recherche l’accès perçu aux services de proximité est fortement et négativement associé au Vieillissement en Santé pour l’ensemble des 14 pays (cf. Tableaux 3 et 8 en Annexe 1), la perception d’un problème de vandalisme est significativement associée au Vieillissement en Santé pour certains pays et non pour d’autres (cf. Tableaux 1 et 6 en Annexe 1). Cette différence d’association peut s’expliquer par une plus grande perception de vandalisme dans certains pays plutôt que dans d’autres. Par exemple, si 30% des personnes âgées estiment en Italie que le vandalisme représente un vrai problème au sein de leur quartier, elles sont seulement 12% aux Pays-Bas.

Par ailleurs, si la perception de la propreté du quartier apparait dans notre recherche comme significativement associée au Vieillissement des personnes âgées, l’influence de l’attrait esthétique du quartier sur la santé se retrouve dans la littérature.

175 Une étude menée auprès des résidents adultes de 8 pays européens montre par exemple que de plus hauts niveaux de verdure et de plus faibles niveaux de graffitis et de détritus au sein de l’environnement résidentiel sont associés à de plus grandes chances d’être physiquement actif et de ne pas être en surpoids ou obèse (Ellaway et al., 2005). Si la propreté du quartier apparait comme significativement associée au Vieillissement en Santé en Espagne et en Slovénie, la majorité des pays ne montre aucune relation (cf. Tableaux 2 et 7 en Annexe 1). La littérature appuie le rôle important que revêt l’attrait esthétique sur la santé en Espagne. Dans une étude menée au niveau des villes européennes sur le lien entre les espaces verts disponibles au sein du quartier et la santé mentale des individus, cette relation apparait comme significative uniquement à Barcelone (Ruijsbroek et al., 2017a). Notre recherche ne montre aucune relation entre le Vieillissement en Santé et la propreté du quartier dans certains pays comme les Pays-Bas et la Suisse (cf. Tableaux 2 et 7 en Annexe 1). Des études menées au sein de ces deux pays rapportent parfois de fortes relations entre la santé et certaines caractéristiques du quartier relatives à l’attrait esthétique. Il y apparait que le fait de vivre dans des quartiers « plus verts » permet de vivre en meilleure santé (Maas et al., 2006 ; Putrik et al., 2015 ; Vienneau et al., 2017). Aux Pays-Bas, dans les quartiers où les espaces verts recouvrent 90% de l’environnement autour du domicile, 10,2% des résidents s’estiment en mauvaise santé alors que dans les quartiers où les espaces verts ne recouvrent que 10% de l’environnement, 15,5%

des résidents se ressentent en mauvaise santé (Maas et al., 2006). Les personnes

âgées semblent bénéficier davantage de la présence de ces espaces verts que les

autres groupes de population (de Vries et al., 2003 ; Maas et al., 2006). En Suisse,

une plus forte proportion d’espaces verts au sein du quartier est associée à un risque réduit de mortalité (Vienneau et al., 2017).

Par ailleurs, comme pour le cas de notre recherche, certaines études également menées auprès de plusieurs pays montrent que plusieurs caractéristiques sociales de l’environnement résidentiel sont significativement associées à la santé des individus. Dans une première étude réalisée auprès de 29 pays répartis sur quatre continents (Afrique, Eurasie, Océanie et Amérique du Nord), des données relatives à l’inclusion sociale (qui inclut les dépenses de santé, la tolérance ethnique et la diversité

176 des valeurs), le capital social (confiance sociale, attitude envers la démocratie et participation sociale) et la diversité sociale (pourcentage d’immigrants dans la population totale et aspiration à la liberté) sont significativement associées à la santé

des individus (Chuang et al., 2013). Les personnes qui résident au sein de pays

caractérisés par une meilleure inclusion sociale sont par exemple plus susceptibles de s’estimer en bonne santé. Une autre étude, menée cette fois-ci en Europe et à partir de données individuelles, montre que les perceptions du réseau social (échanges avec les résidents), de la cohésion sociale (entraide entre résidents) et de la confiance sociale sont significativement associées à l’Indice de Masse Corporelle des personnes enquêtées (Hoenink et al., 2019). Les personnes qui déclarent interagir fréquemment avec leurs voisins, qui déclarent pouvoir leur demander de l’aide en cas de problème et leur accorder toute confiance sont moins susceptibles d’être obèses que celles qui ne perçoivent pas ces potentialités d’interactions sociales au sein de leur quartier. En outre, l’effet bénéfique de la cohésion sociale sur la santé se retrouve à plusieurs reprises dans les études réalisées au niveau d’un pays, aussi bien pour des recherches

menées auprès des adultes (Echeverria et al., 2008 ; Fone et al., 2014) que des

personnes âgées (Stafford et al., 2011 ; Ruiz et al., 2018). Si notre recherche révèle une forte association entre le Vieillissement en Santé et les perceptions de l’environnement social pour la majorité des pays européens, certains pays comme l’Italie, la République tchèque et la Suède font exception (cf. Tableaux 4, 5, 9 et 10 en Annexe 1). Si ce résultat concorde avec les conclusions de l’étude menée en Suède par Lindén-Boström et al. (2010) selon lesquelles la cohésion sociale du quartier ne joue aucun rôle sur la santé des individus, il diffère avec les conclusions de l’étude menée par Ruiz et al. (2018) où la cohésion sociale est cette fois significativement et fortement associée à la santé des personnes âgées en République tchèque.

Les résultats de cette recherche suggèrent que les perceptions du quartier jouent un rôle sur le Vieillissement en Santé des personnes âgées en Europe. L’accès aux services de proximité et la cohésion sociale perçus y sont fortement associés. Des implications politiques significatives peuvent découler de ce constat. Etant donné que les plus grands enjeux sanitaires sont liés aux déterminants sociaux de la santé, l’un des objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé est d’intégrer « la santé dans

177 toutes les politiques » (OMS, 2010). Ces déterminants regroupent à la fois l’environnement de vie des individus mais également les différents systèmes jouant sur cet environnement tels que les politiques économique, sociale et de développement. La mise en place d’interventions destinées à promouvoir la santé nécessite alors de se pencher sur les déterminants sociaux de la santé comme les services de transport public, l’accès à l’éducation, une alimentation saine, un logement accessible ou encore l’accès à la sécurité et la justice. Dans notre recherche, les résultats apportés permettent une meilleure compréhension de la manière dont l’aménagement du contexte résidentiel peut ou non améliorer les conditions du vieillissement. Afin de maintenir ou de développer la cohésion sociale à l’échelle du quartier, les politiques devraient par exemple se doter de cibles précises favorisant la mobilisation pour lutter contre l’isolement, l’insuffisance des réseaux sociaux et familiaux ou encore l’intégration de nouveaux arrivants. Le quartier représente un lieu d’action privilégié car il constitue celui auquel les individus s’identifient le plus et celui où ils vivent davantage la convivialité et la solidarité. Les organismes communautaires peuvent constituer quant à eux des outils essentiels à la mise en place de ces différentes stratégies. Afin de contribuer cette fois à développer l’accessibilité des services de proximité, un exemple d’action politique serait d’encourager les individus à s’installer à proximité de zones concentrant magasins, services et équipements puis à élaborer des jonctions piétonnes et sécurisées entre leurs domiciles et ces zones de services.

B. Rôle de médiation joué par les comportements en santé entre les