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Rôle de médiation joué par les comportements en santé entre les perceptions de l’environnement

Santé

La perception d’un meilleur accès aux services de proximité au sein du quartier est associée à une plus forte probabilité d’activités modérées et soutenues chez les personnes âgées, ce qui diminue leurs risques de mauvaise santé et de dépendance. L’ajustement de l’activité physique modérée et soutenue atténue légèrement les relations entre l’accès perçu aux services de proximité et le Vieillissement en Santé qui restent significatives. Si la perception d’un meilleur accès aux services de proximité est donc susceptible de pouvoir encourager une activité physique modérée et

178 soutenue chez les personnes âgées en Europe, cela ne représente qu’une partie des raisons pour lesquelles le Vieillissement en Santé est meilleur dans les quartiers perçus comme ayant un plus haut niveau d’accès aux services de proximité. Etant donné que l’ajustement de l’activité modérée et soutenue atténue seulement légèrement les tailles d’effet, d’autres mécanismes sont en effet susceptibles de jouer dans la relation entre l’accès perçu aux services de proximité et le Vieillissement en Santé. Comme pour l’accès aux services de proximité, notre recherche montre que d’autres caractéristiques perçues du quartier influencent indirectement le Vieillissement en Santé par l’intermédiaire de l’activité physique telles que le vandalisme et la cohésion sociale. En outre, si en comparaison à l’activité physique, la participation sociale joue plus rarement un rôle d’intermédiaire entre le contexte environnemental et la santé, les proportions médiées sont plus prononcées.

Les résultats relatifs à la première condition de médiation – basée sur le lien entre les perceptions du quartier et le Vieillissement en Santé – ont été présentés et discutés précédemment. En ce qui concerne la seconde condition de médiation basée sur le lien entre les perceptions du quartier et les comportements en santé, les résultats de notre recherche montrent que l’ensemble des caractéristiques perçues du quartier sont significativement associées à la fréquence d’activité modérée chez les personnes âgées. A l’exception de la perception d’un espace très propre, l’ensemble des perceptions sont également significativement associées à leur fréquence d’activité soutenue. L’ampleur de l’effet de l’association entre la perception de l’accès aux services de proximité du quartier et l’activité physique des personnes âgées et très élevée. A titre d’exemple, les personnes âgées qui perçoivent un meilleur accès aux services de leur quartier sont respectivement 173% et 59% plus susceptibles de pratiquer fréquemment une activité modérée et soutenue. Des études antérieures menées au niveau de l’Europe appuient les résultats de notre recherche. L’effet prépondérant joué par la perception de l’accès aux services du quartier sur l’activité physique se retrouve dans une revue de littérature basée sur le lien entre les caractéristiques physiques de l’environnement résidentiel et l’activité physique chez les adultes en Europe (Van Holle et al., 2012). Elle montre que la qualité de l’accès aux services de proximité est plus fréquemment associée à leur niveau d’activité

179 physique que ne le sont les perceptions du vandalisme et de l’attrait esthétique du quartier. En adéquation avec les résultats de notre recherche, d’autres études européennes soulignent le rôle important joué par la sécurité et la cohésion sociale du quartier sur l’activité physique des individus (Mackenbach et al., 2016 ; Shenassa et al., 2006). Les perceptions relatives au vandalisme, à l’accès aux services de proximité et à l’attrait esthétique du quartier apparaissent également comme significativement associées à la marche dans des études menées cette fois au niveau international (Sugiyama et al., 2014 ; Van Dyck et al., 2012). L’une d’entre elles apporte cependant des résultats contradictoires selon lesquels le vandalisme ne joue aucun rôle sur la marche (Van Dyck et al., 2012). Si les perceptions relatives au vandalisme, à l’attrait esthétique et à l’accès aux services de proximité se sont avérées comme ayant un rôle important sur l’activité physique des individus aux niveaux européen et international, les résultats sont mitigés dans les études menées au niveau national aussi bien chez

les adultes (Humpel et al., 2002 ; Sallis et al., 1997) que chez les personnes âgées

(Van Cauwenberg et al., 2011). Notre recherche met également en avant des

différences d’associations d’un pays à l’autre. S’il existe un lien significatif entre l’activité physique des personnes âgées et leur perception de l’accès aux services de proximité de leur quartier pour l’ensemble des pays européens (cf. Tableaux 13 et 18 en Annexe 1), les caractéristiques perçues liées au vandalisme, la propreté et la cohésion sociale apparaissent significativement associées à l’activité physique des personnes âgées seulement dans certains pays (cf. Tableaux 11 à 20 en Annexe 1). Le rôle important des caractéristiques sociales du quartier sur l’activité physique des personnes âgées ressort tout de même dans certains pays en particulier comme en Belgique, au Danemark ou encore en Suisse. D’autres études menées à l’échelle de ces pays confirment cette influence de l’environnement social (Van Cauwenberg et al., 2012 ; Van Holle et al., 2016).

Nos résultats montrent que la relation entre les perceptions de l’environnement résidentiel et la participation sociale des personnes âgées en Europe est moindre. Les seules perceptions à être significativement associées aussi bien à la fréquence de participation à des activités bénévoles et à des activités dans un club sportif ou social sont la propreté et l’accès aux services de proximité. La perception

180 d’un meilleur accès aux services de proximité apparait comme étant fortement associée à la participation sociale des personnes âgées. Les personnes qui estiment l’accès aux services de leur quartier comme étant de bonne qualité sont respectivement 32% et 73% plus susceptibles de participer fréquemment à des activités bénévoles et à des activités de club que celles qui en estiment un faible accès. Les personnes âgées qui perçoivent leur quartier comme très propre sont au contraire moins susceptibles de participer fréquemment à des activités sociales. Enfin, il apparait surprenant que les caractéristiques sociales du quartier perçu ne soient pas significativement associées à la participation sociale des personnes âgées. Les études ayant abordé le rôle des caractéristiques de l’environnement résidentiel sur la participation sociale des individus ont, pour la plupart, été menées au niveau d’un seul pays. Ce comportement représente avec l’avancée en âge un déterminant important de la santé. En raison d’une santé plus fragile, du retrait de la vie active et du décès de personnes proches, les personnes âgées peuvent en effet davantage souffrir de solitude et d’isolement. Les résultats de notre recherche soulignent le rôle prédictif de l’accès aux services de proximité. Plus l’accès perçu aux services de proximité est de bonne qualité, plus les personnes âgées sont susceptibles d’être socialement actives. Plusieurs études (menées par pays, européens ou du monde) s’accordent avec les résultats de notre recherche concernant l’influence de l’accès aux services de proximité perçu sur la participation sociale des personnes âgées (Bowling & Stafford, 2007 ; Buffel et al., 2013 ; Levasseur et al., 2011 ; Richard et al., 2008). Richard et al. (2008) montrent par exemple que les personnes âgées qui perçoivent une meilleure accessibilité des ressources clés de leur quartier et celles qui résident au sein d’un quartier comptant un plus grand nombre de services/équipements localisés à moins de 5 minutes de marche de leur domicile sont plus susceptibles de participer à des activités sociales. Toujours en accord avec les résultats de cette recherche, Richard et al. (2008) montrent également que les perceptions de l’environnement social, comme le sentiment d’être intégré au quartier, ne sont pas significativement associées à la participation sociale des personnes âgées. En désaccord cette fois avec les résultats de cette recherche, les résultats d’une autre étude indiquent que la perception de problèmes tels que le vandalisme, la perception d’un meilleur niveau de cohésion sociale sont significativement associées à la participation sociale des personnes âgées

181 tandis que l’accès aux services de proximité apparait comme non associé (Hand et al., 2012). Même si les perceptions du quartier jouent un rôle relativement restreint sur la participation sociale des personnes âgées dans l’ensemble des pays européens, notre recherche montre que certains pays comme l’Espagne et la République tchèque enregistrent plusieurs relations significatives (cf. Tableaux 21 à 30 en Annexe 1). Cette influence de l’environnement résidentiel sur certains aspects de la vie sociale des individus se retrouve dans une étude qualitative menée chez les personnes âgées en Espagne (Dominguez-Parraga, 2019). La variété et la quantité de services disponibles au sein de leur quartier apparaissent par exemple comme essentiels dans leurs potentialités d’interaction avec autrui.

Enfin, en ce qui concerne les deux dernières conditions de médiation qui testent l’effet des comportements et des perceptions de l’environnement résidentiel sur le Vieillissement en Santé après avoir contrôlé statistiquement chacun d’entre eux, les résultats montrent d’une part que la fréquence d’activité physique modérée et soutenue ainsi que la fréquence de participation à des activités de club sont significativement associées au Vieillissement en Santé. La pratique hebdomadaire d’une activité physique et sociale réduit les risques que les personnes âgées s’estiment en mauvaise santé et limitées dans leurs activités quotidiennes. Selon la littérature, l’activité physique et la participation sociale constituent également des déterminants importants du Vieillissement en Santé (Depp & Jeste, 2006 ; Strawbridge et al., 1996). D’autre part, le contrôle statistique des mesures d’activité physique atténue légèrement les relations directes entre plusieurs perceptions de l’environnement résidentiel (vandalisme, accès aux services de proximité et cohésion sociale) et le Vieillissement en Santé. Un premier exemple a été donné ci-dessus, à propos du rôle de médiation joué par l’activité physique dans la relation entre l’accès perçu aux services de proximité et le Vieillissement en Santé. Il apparait également que les personnes âgées qui ne perçoivent aucun problème de vandalisme au sein de leur quartier sont susceptibles de pratiquer une activité physique modérée et soutenue plus fréquente ce qui réduit, à son tour, les risques qu’elles s’estiment en mauvaise santé ou davantage limitées dans leurs activités. Etant donné que l’activité physique n’explique que 8% de la relation entre la perception de vandalisme et le Vieillissement

182 en Santé, d’autres médiateurs doivent être impliqués tels que le stress, l’isolement, le niveau de bruit et de détritus. D’autres recherches sont nécessaires pour préciser leur rôle potentiel de médiateur dans la relation entre le contexte environnemental et la santé. Notre recherche montre que les contacts sociaux entre les individus expliquent aussi cette relation. Le contrôle statistique de la fréquence de participation à des activités au sein de clubs sportifs et/ou sociaux affecte la relation directe entre la perception de l’accès aux services de proximité du quartier et le Vieillissement en Santé. Ce comportement semble donc jouer un rôle d’intermédiaire, les proportions médiées sont d’ailleurs nettement plus fortes que celles trouvées pour l’activité physique. La participation sociale explique 39% de la relation entre l’accès perçu aux services de proximité et l’état de santé des personnes âgées et elle explique environ 17% de la relation entre l’accès perçu aux services de proximité et leur niveau de limitation dans les activités quotidiennes. Une autre étude menée au niveau de l’Europe souligne également le rôle de médiation joué par l’activité physique dans la relation entre le contexte environnemental et la santé des individus et plus particulièrement dans la relation entre le temps passé à fréquenter les espaces verts à proximité du domicile et leur santé mentale (Van den Berg et al., 2017). Une plus grande fréquentation des espaces verts est associée à une plus grande probabilité d’activité physique qui est, à son tour, associée à une meilleure santé mentale. Les résultats des études menées au sein d’un seul pays sont mitigés, certaines apportent un soutien à l’idée que l’activité physique et la participation sociale jouent un rôle de médiation (Maas et al., 2008 ; Maas et al., 2009) et d’autres non (Poortinga, 2006 ; Sugiyama et al., 2008).

C. Effets d’interaction entre les perceptions de l’environnement