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I. REPERES THEORIQUES

1.5. Vieillissement langagier

1.5.1. Modèles de production langagière

Selon Bloom et al. (1978), la compétence langagière est au cœur du modèle dynamique de la communication. D’après Thornton et al. (2006), le langage, intégrant diverses fonctions cognitives, est un objet d’étude privilégié dans le vieillissement cognitif. Aussi, est-il essentiel d’étudier le langage afin de mieux appréhender le comportement communicationnel et ses modifications dans le vieillissement normal et/ou pathologique. Nous étudierons plus particulièrement dans cette section les effets du vieillissement sur la fonction langagière, notamment dans son versant production.

La production du langage oral est une activité extrêmement complexe. Un ensemble de processus mentaux sont mis en œuvre lors de la réalisation de cette activité. Le modèle psycholinguistique de production du langage le plus élaboré et largement accepté est celui de Levelt (1989). Cet auteur postule que la production du langage comprend divers composants, et que ces composants interviennent de façon séquentielle (Figure 3).

Vieillissement langagier : Modèle de production langagière

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Figure 3 Modèle de production du langage (Adapté à partir de Levelt, 1989, 1999)

1) Conceptualisateur : élaboration du message préverbal

Parler est une activité intentionnelle. Cette intention de communication fait appel à l’élaboration du message conceptuel. Pour ce faire, le locuteur sollicite à la fois les connaissances déclaratives et les connaissances procédurales. Il articule un modèle du destinataire (i.e. élaboration du message selon le récepteur du message), des connaissances concernant la situation de communication, des connaissances encyclopédiques, et un modèle du discours (e.g. selon le type de discours comme narratif, descriptif, argumentatif, le locuteur mobilise des connaissances spécifiques). Le conceptualisateur permet l’élaboration de la structure conceptuelle du message. Cette dernière prend la forme de proposition préverbale incluant les représentations sémantiques (prédicat, argument, etc.) et les représentations pragmatiques (rôles thématiques).

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2) Formulateur

Dans un second temps, le formulateur reçoit le message préverbal du conceptualisateur et opère des encodages grammaticaux et phonologiques.

i) Encodage grammatical

L’encodage grammatical permet la formation de la structure syntaxique de surface. Pour cela, cette étape d’encodage sollicite le lexique mental.

Selon Levelt (1989), le lexique mental est un ensemble de connaissances déclaratives sur le mot. Chaque mot comprend quatre types d’information : sa signification, ses propriétés syntaxiques, ses caractéristiques morphologiques, et sa forme phonologique (Figure 4). A cette liste, s’ajoutent des traits d’ordre pragmatique et discursif, le choix d’un item se réalisant par rapport au contexte communicationnel et au type de discours.

Parmi les quatre traits mentionnés, les deux premiers types de traits correspondent aux lemmes, les deux derniers à la forme morpho-phonologique de l’entrée lexicale.

Les lemmes sont donc des informations sémantiques et syntaxiques associées aux unités lexicales stockées dans le lexique mental, auxquels la forme phonologique n’est pas encore spécifiée (Levelt, 1992).

Dans l’encodage grammatical, un lemme est activé lorsque ses caractéristiques correspondent en partie au message préverbal. Cette activation rend disponible une structure de surface pour l’opération ultérieure de l’attribution de sa forme morpho-phonologique par le biais du pointeur lexical.

ii) Encodage phonologique

Une fois que la structure de surface est encodée, le locuteur procède à la récupération de formes phonologiques, regroupant les informations segmentales (e.g. voyelle, consonne) et métriques (e.g. nombre de syllabes, structure accentuelle) associées au lemme choisi (Valdois et al., 1994). L’encodage phonologique rend ainsi disponible les codes morpho-phonologiques nécessaires à la réalisation du message.

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iii) Programmation articulatoire

Après l’étape d’encodage phonologique, la programmation articulatoire se met en place. Lors de cette étape, le locuteur planifie les gestes moteurs nécessaires à la production de la parole. Cette étape correspond au niveau phonétique (Valdois et al., 1994).

L’accès au lexique au cours de la production du langage oral passe ainsi par deux étapes : la récupération des lemmes (i.e. sélection de mots appropriés dans le lexique mental, encodage grammatical) et la récupération des lexèmes (i.e. calcul d’un programme d’articulatoire au mot sur la base de sa représentation phonologique abstraite, encodage phonologique) (Ferrand, 1994). C’est ainsi que le formulateur traduit la structure conceptuelle en structure linguistique.

3) Articulateur

Dans un dernier temps, l’articulateur exécute le plan phonétique sous forme de mouvements articulatoires.

4) Rétroaction sur la production

Dans le modèle de Levelt, du fait que chaque étape de traitement se réalise de façon successive, seules l’auto-perception et la parole analysée permettent un retour sur les niveaux antérieurs. C’est grâce au feedback audio-phonatoire (i.e. self-monitoring), que le locuteur peut contrôler sa propre production et en cas de besoin, peut recourir à l’autocorrection.

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Selon Levelt, la production du langage oral est un processus de traitement incrémental. C’est-à-dire, qu’une information déjà opérée est entretenue et demeure disponible pendant que le processus suivant s’active et se traite. La mémoire de travail joue ainsi un rôle essentiel. Elle assure l’opération du maintien et parallèlement le traitement de l’information dans le flux verbal linéaire.

Pour Levelt, le conceptualisateur relève d’un processus hautement contrôlé. La capacité de mémoire de travail étant limitée, seuls quelques concepts peuvent être activés et traités parmi les intentions communicatives hautement imprévisibles. Cela demande ainsi une importante ressource attentionnelle. Le self-monitoring est également un processus contrôlé. En effet, l’introspection de sa propre production afin de la contrôler requière une importante ressource exécutives et une attention consciente. Selon Levelt, les autres composantes du modèle relèvent de processus hautement automatiques, ce qui garantit la rapidité de la mise en mots en situation de communication ordinaire.

Le modèle de Levelt relève d’un modèle modulariste dans la mesure où la production orale se produit en étape strictement successive, chaque niveau de traitement s’organise de façon discrète. Ce modèle s’oppose au modèle connexionniste (Dell, 1986, Janssen, 2009) qui postule que le flux d’activation est continu et bidirectionnel entre les étapes, l’activation « en cascade ».

Les études portant sur la production langagière tentent d’isoler les différents processus et les différentes représentations mis en œuvre dans l’activité de production. Rondal (2000) propose ainsi d’organiser les composantes structurales du langage de la plus élémentaire à la plus intégrative :

- le niveau phonologique composé des phonèmes ;

- le niveau morpho-lexicologique constitué du lexique et du vocabulaire, qui peut être qualifié de « dictionnaire mental » ;

- le niveau morphosyntaxique qui procède l’organisation sémantique structurale de mots aboutissant à la réalisation complexe de sens ;

- le niveau pragmatique qui implique à la fois les fonctions sociales et informationnelles du langage permettant au sujet d’interagir de façon pertinente selon les situations et les objectifs de communication ;

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Le langage serait ainsi le « produit de l’intégration de plusieurs sous-systèmes », relativement autonomes les uns par rapport aux autres, chacun d’entre eux pouvant être évalués séparément. Afin de mieux cerner l’effet de l’âge ou de la pathologie sur les différents niveaux et mécanismes de production du langage oral, nous adopterons la démarche modulaire dans cette étude du vieillissement normal et pathologique du langage.

Le langage est connu comme une des fonctions cognitives les mieux préservées au cours du vieillissement normal (Mathey et al., 2008). Cette considération justifie d’ailleurs la nécessité d’une étude approfondie sur le langage dans le contexte du vieillissement pathologique. Cependant, plusieurs éléments de recherche conduisent à nuancer l’idée que le vieillissement n’affecte pas la performance langagière. Comme nous le verrons, l’âge n’a pas d’effet identique sur les différentes composantes du langage (Hpet et al., 1992).

Depuis l’affirmation de Cohen (1979, cité par Kemper et al., 1986), « la géronto-psycholinguistique est pratiquement un terrain inexploré »14, un nombre considérable de recherches ont été mises en place. Ces travaux ont mis en lumière certaines caractéristiques propres au vieillissement langagier. Afin de clarifier dans quelle mesure l’âge affecte la performance langagière des personnes âgées, nous proposons dans la section suivante une revue de littérature concernant l’effet du vieillissement sur le langage.

1.5.2. Aspects phonético-phonologiques du langage dans le vieillissement normal

Les aspects phonético-phonologiques du langage des personnes âgées n’ont suscité que très peu d’études.

Shewan et al. (1988), en examinant le discours oral, à partir de descriptions d’images tirées de

Minnesota Test for Differential Diagnosis of Aphasia (Schuell, 1972), des sujets âgés de 40 à 79 ans, ont observé que les performances des sujets restent stables à travers l’âge. En effet, même si le débit de parole – mesuré à travers le nombre de syllabes par minute – tend à ralentir avec l’âge, cette différence n’est pas statistiquement significative. De même, l’articulation et le rythme mélodique restent intacts chez les personnes âgées. Cependant, selon Au et al. (1989) et Clark-Cotton et al. (2007), les aspects phonético-phonologiques sont atteints dans le vieillissement normal. En effet, il a été observé que la production orale des

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personnes âgées comporte plus de disfluences, incluant de fréquentes hésitations, pauses, bégaiements, un débit de parole plus lent et une articulation moins précise que celle des sujets jeunes. Les résultats de l’étude de Bortfeld et al. (2001) vont dans le même sens. Ils ont étudié la production orale produite à l’aide d’images, de trois groupes de sujets d’âges moyens de 28, 47 et 67 ans. Le discours des personnes âgées est plus disfluent que celui des adultes jeunes, avec les pauses pleines intra-phrastiques significativement plus élevées chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes, ce qui semble refléter des difficultés en lien avec le phénomène du manque de mot ; alors qu’il n’y a pas de différence entre les deux groupes de sujets quant au nombre de pauses pleines inter-phrastiques. Ceci semble refléter, selon les auteurs, que la capacité à signaler l’intention de poursuivre son tour de parole est préservée dans le vieillissement normal.

Compte tenu du nombre limité d’études spécifiquement dédiées à l’étude des aspects phonético-phonologiques dans le vieillissement normal, et les différentes variables examinées selon les différentes études, il est difficile de mettre en évidence le changement lié à l’âge sur ces aspects du langage. Malgré tout, selon Cooper (1990) et Hupet et al. (1994), il est possible que certains déficits cognitifs et linguistiques liés à l’âge puissent avoir un impact sur la dimension phonético-phonologique de la production du langage. Par exemple, le ralentissement de la vitesse de traitement et l’augmentation des difficultés d’évocation lexicale peuvent jouer un rôle important sur les disfluences temporelles.

Il serait ainsi important de conduire une étude approfondie dans ce domaine afin d’avoir une connaissance plus complète des effets du vieillissement langagier sur les unités de bas niveau.

1.5.3. Aspects lexico-sémantiques du langage dans le vieillissement normal

Contrairement aux aspects phonético-phonologiques, les aspects lexico-sémantiques ont été au centre de nombreux travaux de recherche dans le domaine du vieillissement cognitif normal.

Un exemple souvent cité comme un effet positif du vieillissement sur la capacité cognitive est l’accroissement du vocabulaire avec l’âge. En effet, d’une façon générale, l’âge n’affecte ni la production globale du discours (i.e. le nombre total de mots produits), ni la diversité lexicale (i.e. le nombre de mots différents sur le nombre total de mots produits) (Hupet et al., 2000),

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parfois la performance des sujets âgés est même meilleure que les sujets jeunes (Van der Linden et al., 1994). Une méta-analyse réalisée par Verhaeghen (2003), en examinant 210 articles publiés dans le journal Psychology and Aging, a révélé que dans les paradigmes mesurant la taille du vocabulaire, le score des personnes âgées est souvent supérieur à celui des sujets jeunes. L’effet positif de l’âge est plus grand avec les tests à choix multiples (e.g. les participants doivent choisir un synonyme parmi une série de mots) qu’avec les tests impliquant la production (e.g. les participants doivent donner la définition de mots présentés). Bien que l’analyse quantitative des capacités lexicales montre que la performance des sujets âgés est préservée ou meilleure par rapport aux sujets jeunes, il existe des différences qualitatives importantes. En effet, il a été montré que dans les épreuves de production, comme dans la Wechsler Adult Intelligence Scale-Revised (WAIS-R15, Wechsler, 1981), les personnes âgées ont produit des définitions moins précises, moins de synonymes exacts, avec davantage de périphrases explicatives et de descriptions (Hupet et al., 1994).

En ce qui concerne les épreuves de dénomination d’images, les résultats relatifs au vocabulaire précédemment cités sont compatibles avec les difficultés croissantes observées au niveau de l’évocation lexicale (i.e. anomie). Ces troubles sont mis en évidence par divers paradigmes. Par exemple, Nicholas et al. (1985), en utilisant le Boston Naming Test (BNT, Kaplan et al., 1976) et l’Action Naming test, ont démontré que le score de dénomination baisse et que le temps de réponse augmente significativement avec l’âge. Cette diminution des performances de dénomination a été démontrée au travers d’études longitudinales, permettant de suivre l’évolution du langage au cours du temps chez les mêmes personnes. Par exemple, l’étude de Connor et al., (2004), dans laquelle la performance de dénomination de 236 participants a été suivie pendant 20 ans, a montré que la performance décline de 2 % par décennie dans le BNT, avec une légère accélération avec l’avancée en âge. Cette dégradation des performances de dénomination a également été montrée à travers la méta-analyse conduite par Feyereisen (1997).

Il est intéressant de noter que la dégradation de la performance lexicale apparaît à un âge relativement avancé. Ska et al. (2000), au travers de leur expérimentation menée auprès de 74 sujets âgés de 55 à 84 ans, estiment que « l’âge de 75 ans apparaît comme un âge charnière à partir duquel les déficits de dénomination sont massifs, et accentués lorsque le niveau socio-éducatif et/ ou socio-culturel des sujets est faible » (p. 127). De même, selon Burke et al.,

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(2008), de nombreuses études indiquent que les personnes âgées commettent plus d’erreurs que les sujets jeunes dans les tâches de dénomination, mais cette différence n’apparaît comme significative qu’à partir de 70 ans.

Différentes hypothèses ont été avancées et testées afin d’expliquer le déclin de la capacité de dénomination avec l’âge.

Morrison et al. (2003, cité par Burke et al., 2008) ont examiné différentes variables qui peuvent influencer le temps de réponse dans la dénomination d’image. Les auteurs ont tout d’abord observé que la complexité visuelle des images affecte le temps de réponse des sujets âgés mais que celle-ci n’a pas d’effet sur les participants jeunes. A partir de cette observation, les auteurs suggèrent que l’augmentation du temps de réaction des sujets âgés dans l’épreuve de dénomination d’image serait due au ralentissement du traitement de reconnaissance perceptuelle. En effet, lorsque le ralentissement général de traitement des personnes âgées est pris en compte, le temps de réponse dans la dénomination d’image est équivalent entre les deux groupes de sujets étudiés (sujets âgés vs. sujets jeunes).

La deuxième hypothèse est que le déclin des fonctions cognitives non-linguistiques, comme la mémoire et l’inhibition, influencerait la diminution de la performance dans les tâches lexicales. Or, cette hypothèse est invalidée par l’étude d’Au et al. (1989) dans laquelle les auteurs ont observé l’absence de corrélation entre les épreuves de dénominations et les tests mesurant les performances mnésiques, attentionnelles et visuo-perceptuelles. Ces auteurs suggèrent que l’anomie légère communément observée chez les personnes âgées est à l’origine du problème linguistique et non de l’affaiblissement des autres fonctions cognitives. De ce point de vue, l’effet de fréquence lexicale16 sur la récupération de mot semble intéressant à analyser. En effet, d’après Ferrand (1998), les recherches ont montré que les latences de dénomination d’objets sont significativement plus rapides pour les mots de fréquence lexicale élevée que pour les mots de basse fréquence. Cet effet est véritablement lexical, car il ne semble pas dû à la reconnaissance des objets mais à la dénomination. Ainsi, afin de mieux comprendre les modifications de performance lexicale des personnes âgées, il semble important d’étudier plus avant les propriétés des mots (e.g. la fréquence lexicale, la complexité phonético-phonologique, etc.).

Aspects lexico-sémantiques du langage dans le vieillissement normal

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Albert et al. (1988), en examinant les erreurs produites par les sujets âgés de 30 à 80 ans lors du Boston Naming Test, ont observé que si les erreurs sémantiques (e.g. paraphasie sémantique, circonlocution) augmentent avec l’âge ; ce n’est pas le cas des erreurs lexicales (e.g. paraphasie phonémique). De même, Mackay et al. (2002), en étudiant la performance de 171 individus âgés de 50 à 81 ans aux épreuves de dénomination (BNT et Action naming test), ont observé que l’indice phonémique augmente fortement la performance des sujets âgés par rapport à l’indice sémantique. A partir de ces observations, les auteurs suggèrent que le déclin de la capacité dénominative lié à l’âge serait davantage dû à des difficultés phonologiques ou d’accès au lexique qu’à des difficultés d’accès sémantique.

Un autre paradigme qui permet de mesurer les performances lexico-sémantiques des sujets âgés est la tâche de fluence. Cette tâche consiste à produire, en temps limité, généralement une minute, le plus de mots possibles répondant à un critère précis. Deux types de fluences sont particulièrement étudiés dans la littérature consacrée. Le premier est la fluence sémantique, dans laquelle le participant doit générer des mots appartenant à une catégorie sémantique donnée (e.g. « animal », « légume », etc.). Le deuxième est la fluence phonémique, dans laquelle le participant doit donner le maximum de mots commençant par un phonème donné (e.g. /l/, /s/, etc. »).

D’après Mathey et al., (2008), de nombreuses études indiquent que les sujets âgés produisent moins de mots dans la tâche de fluence sémantique que les sujets jeunes tandis que l’âge a peu ou pas d’effet sur la performance dans la fluence phonémique.

Plusieurs hypothèses ont été formulées afin de rendre compte des mécanismes sous-jacents au déclin de la performance lexico-sémantique dans le vieillissement normal. La première est le ralentissement de la vitesse de traitement. Dans la tâche de fluence, celle-ci provoquerait une diminution du nombre de mots produits (Mathey et al., 2008).

La deuxième hypothèse est que le déficit d’inhibition chez les personnes âgées est imputable à la réduction des performances observée au niveau de la fluence. Les sujets âgés auraient plus de mal à supprimer les informations non pertinentes, ce qui les conduirait à produire moins de réponses correctes (Burke et al., 2007).

Enfin, une hypothèse majeure est que le déficit de transmission serait responsable des faibles performances des personnes âgées dans ce type de tâche (Thornton et al., 2006). Selon cette hypothèse, le vieillissement affaiblirait les connexions entre les représentations de la mémoire,

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entraînant ainsi une faible activation de ces dernières. L’examen des patterns de production dans les épreuves de fluences montre que les regroupements de mots par sous-catégories sémantiques (e.g. l’animal domestique / l’animal sauvage) et phonémiques (e.g. l’ordre alphabétique) sont plus importants chez les adultes âgés par rapport aux sujets jeunes, ce qui témoigne d’un vocabulaire plus étendu chez les personnes âgées. De même, il a été démontré que l’effet de l’amorçage sémantique17 augmente avec l’âge, ce qui montre, qu’avec l’âge, non seulement les représentations lexicales augmentent dans les réseaux sémantiques mais également que les connexions deviennent plus riches (Laver et al., 1993). Cependant, le vieillissement affaiblirait les connexions entre les représentations sémantiques, impliquant une activation amoindrie. L’augmentation de paraphasies sémantiques avec l’âge dans la tâche de fluence tend à confirmer cette hypothèse. La baisse des performances des sujets âgés serait donc plutôt due à des difficultés d’accès au lexique qu’à la dégradation progressive de la sémantique lexicale (Clark-Cotton et al., 2007, Nef et al., 1992). Selon Thornton et al., (2006) le vieillissement préserve le traitement sémantique alors que le déclin de performance survient au niveau du traitement phonologique.

Un autre phénomène lexical lié à l’âge est l’augmentation de l’apparition du phénomène de

mot sur le bout de la langue (MBL). En effet, le manque de mot est l’objet de plainte le plus courant des personnes âgées, dans le domaine du langage (Clark-Cotton et al., 2007).