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La Victorine, Billancourt, Joinville et Francœur : les studios de la deuxième

Chapitre 1 : Etat des lieux des studios français à la veille du passage au parlant

1.2 La Victorine, Billancourt, Joinville et Francœur : les studios de la deuxième

La crise qui frappe le cinéma français au lendemain de la Première Guerre mondiale s’accompagne paradoxalement d’une vague de construction de nouveaux studios. Si certains producteurs, à l’image de Charles Pathé, considèrent que les infrastructures existantes sont largement suffisantes et que le redressement du cinéma français doit passer par une stabilisation du marché et une amélioration de la qualité des films produits, d’autres au contraire comme Serge Sandberg ou Henri Diamant-Berger voient dans la création de studios modernes et fonctionnels une solution d’avenir. Serge Sandberg est le

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C’est dans ce bâtiment que la société des films sonores Tobis, locataire des studios à partir de février 1929, aménagera un second plateau et une grande salle de projection.

premier à franchir le pas en fondant en 1919 les studios de la Victorine à Nice, bientôt suivi par Henri Diamant-Berger dont les studios de Billancourt voient le jour en 1923. Trois ans plus tard, Jean Sapène agrandit et modernise de fond en comble les anciens studios Lewinsky de Joinville rachetés par Pathé-Consortium-Cinéma, tandis qu’au même moment, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, la société Rapid Film dirigée par Bernard Natan entreprend la construction d’un nouveau studio rue Francœur.

1.2.1 Les studios de la Franco-Film à Nice

Si l’hypercentralisation de l’industrie cinématographique française n’est pas à discuter, il existe dans les années 1920-1930 un pôle cinématographique non négligeable dans la région de Nice, dont les studios de la Victorine représentent le principal atout. De construction plus récente que les grands studios parisiens évoqués, ils bénéficient durant les années 1920 de nombreux aménagements et constituent donc, à l’aube du passage au parlant, un outil de production de premier ordre.

 La naissance de la Victorine.

Longtemps attribuée au seul Louis Nalpas, la création des studios niçois doit en réalité également beaucoup au producteur et entrepreneur Serge Sandberg, comme le démontre clairement Anne-Elizabeth Dutheil de la Rochère dans son ouvrage consacré aux studios de la Victorine entre 1919 et 192934. Convaincu que le redressement de l’industrie cinématographique française passe par le développement et la modernisation de ses outils de production, Serge Sandberg envisage, dans un échange de lettres avec Charles Pathé35 au mois de février 1917 la création d’un nouveau studio à même de répondre aux exigences de l’ensemble des producteurs français, qu’il souhaiterait réunir dans un grand consortium afin de lutter plus efficacement contre l’importation de films étrangers, en particulier américains. La fondation des studios de la Victorine semble en effet s’inscrire, dans l’esprit de Serge Sandberg, dans un grand dessein de redressement d’une industrie

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Anne-Elisabeth Dutheil de la Rochère, Les studios de la Victorine (1919-1929), Paris AFRHC / Cinémathèque de Nice, 1998. D’une manière générale, cette partie consacrée à la première décennie de la Victorine doit beaucoup à cet ouvrage.

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cinématographique française durement affectée par la guerre. Alors que les techniques et l’esthétique des productions américaines n’ont cessé d’évoluer et de s’améliorer au cours des dernières années, la vétusté et l’obsolescence des studios français commence à se faire sentir. « Nos studios ne sont ni riches, ni installés. On a un peu honte de les visiter ; leur pauvreté n’autorise aucun effet de richesse et d’ampleur » écrit ainsi Henri Diamant- Berger36 dans un ouvrage paru en 1919. Pour Serge Sandberg, une production moderne et

efficace ne saurait s’appuyer sur un réseau ancien de théâtres de verre, conçus pour des décors de toiles éclairés à la lumière naturelle et malgré les réticences de ses interlocuteurs, au premier rang desquels Charles Pathé, Serge Sandberg décide en 1918 de se lancer dans l’aventure. Associé au producteur et réalisateur Louis Nalpas, Sandberg s’installe dans un premier temps, dans la villa Liserb dont il est locataire à Nice, afin de terminer un film entrepris par Charles Pathé et abandonné en septembre 1918 : La Sultane

de l’amour. Supervisé par Louis Nalpas, le film est non seulement tourné dans le parc de la

villa par René Le Somptier dans des décors de Marco de Gastyne, mais également développé et monté dans la Villa Liserb dans laquelle Louis Nalpas a fait installer une salle de montage, une salle de projection ainsi qu’un petit laboratoire de développement et de tirage37. Tout en finançant le développement d’une activité de production dans sa villa, Serge Sandberg prospecte dans les environs de Nice et signe en février 1919 une promesse de vente avec Jules Schreter, propriétaire d’un terrain situé sur les hauteurs de Nice, chemin de Saint-Augustin, et par ailleurs commanditaire d’une petite société de production : Les films Verne. Afin de mener à bien son projet, Serge Sandberg fonde, le 31 mars 1919, la « société Ciné-studio » dont le rôle est double : l’achat de la propriété de Jules Schreter d’une part et le financement de la construction d’un important studio d’autre part. Sandberg qui est actionnaire principal de la société nomme Louis Nalpas directeur technique des studios le 11 juin 1919.

 La Victorine des pères fondateurs (mars 1919-juillet 1920).

Pour son projet de cité du cinéma, le duo Sandberg-Nalpas voit grand et un plan de la Victorine paru dans L’Hebdo-film du 17 janvier 1920 prévoit la construction de huit plateaux avec toutes les dépendances attenantes (loges, ateliers de construction des décors, ateliers de couture, magasins d’accessoires et de meubles, salles de projection, bureaux pour

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Henri Diamant-Berger, Le cinéma, Paris, Renaissance du livre, 1919.

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l’administration, restaurant, etc.). La presse en général s’enthousiasme pour ce projet de studio idéal, organisé de façon rationnelle sous le soleil du midi au cœur d’une végétation luxuriante38. Mais la réalité se révèle plus complexe et moins idyllique. Entamés en mars 1919 dans l’euphorie, les travaux de construction prennent rapidement du retard. Dès le mois de juin, la grève des métallurgistes suivie de celle des maçons et de l’ensemble des métiers du bâtiment dans les Alpes Maritimes39,ralentit singulièrement les travaux, puis la

société Ciné-studio peine à obtenir de la compagnie d’électricité locale une puissance suffisante pour alimenter l’ensemble des installations prévues. En décembre 1919, seul le petit studio (vingt cinq mètres par quinze) avec quelques loges attenantes et une plateforme pour les tournages en plein air sont achevés, l’installation du laboratoire étant reportée par manque de moyens financiers. Henri Fescourt, engagé par Louis Nalpas fut un des premiers réalisateurs à tourner dans les studios encore inachevés de la Victorine et se souvient du caractère quelque peu spartiate des installations :

Les cinéastes parisiens reprochaient aux nouveaux studios leur équipement suranné. Tandis qu’une révolution technique transformait le cinéma traditionnel, la Victorine n’offrait que des studios vitrés, uniquement tributaires de la lumière du jour. Aucune canalisation, aucune installation électrique pour alimenter les modernes sunlights et les lampes d’ailleurs absentes dans ces hall.40

De fait, la correspondance entre Louis Nalpas et Serge Sandberg durant la période des travaux laisse déjà clairement apparaître les difficultés financières auxquelles la société Ciné-studio est confrontée dès les premiers mois de fonctionnement. Malgré les efforts effectués par Nalpas pour économiser sur certains postes budgétaires (en ayant notamment massivement recours aux groupes électrogènes pour limiter les dépenses en électricité), le budget s’envole inexorablement et atteint en janvier 1921, un million sept cent mille francs, bien loin des six cent mille francs initialement prévus par Serge Sandberg. Outre les importants retards pris dans le déroulement des travaux on peut s’étonner du choix opéré par Louis Nalpas et Serge Sandberg de construire des studios vitrés à une période où la plupart des installations américaines bénéficient déjà de studios obscurs et où l’évolution des techniques de prise de vues se tourne résolument vers un éclairage

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Anne-Elizabeth Dutheil de la Rochère, Op.Cit., pp.47-48

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En juin et juillet 1919, toute la France est touchée par une grève massive dans l’industrie métallurgique qui affecte la production et s’étend à d’autres branches de l’industrie et de l’artisanat. Les métiers du bâtiment sont particulièrement touchés dans les Alpes Maritimes. Voir Patrick Falconnier, « Les grèves dans les Alpes Maritimes de 1919 à 1929 », dans le catalogue de l’exposition Des années folles aux années noires, Conseil général des Alpes Maritimes, 2004.

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électrique plus précis et plus aisé à maîtriser. Par ailleurs, la société Ciné-studio étant financée en majorité par les revenus de la location des plateaux, le personnel embauché de façon permanente à la Victorine se limite en réalité à une dizaine de personnes (un régisseur général, un chef électricien, un chef décorateur, un directeur du mobilier, un magasinier, un chef de laboratoire et quatre machinistes) qui viennent pour la plupart de la Villa Liserb. On se trouve donc bien loin du projet initial d’une grande cité du cinéma destinée à redresser l’industrie cinématographique française et à lutter contre l’importation massive de films américains !41

 L’ère des Cinéromans (août 1920 – janvier 1922).

Dans un contexte assez tendu, alimenté par les retards pris aussi bien dans les travaux de construction que dans la livraison des films, le duo Sandberg-Nalpas se sépare en juillet 1920 et Serge Sandberg confie la direction technique et artistique de la Victorine à René Navarre, déjà directeur artistique de la Société des Cinéromans qu’ils ont fondée ensemble en septembre 191942. Dès l’hiver 1919-1920, René Navarre avait émis le souhait d’installer la production des Cinéromans à la Victorine plutôt que dans les studios Eclair d’Epinay (exploités comme nous l’avons vu par la SIC dirigée par Sandberg). Mais en raison des retards pris dans les travaux, Louis Nalpas avait alors refusé d’immobiliser l’unique studio disponible pour la société des Cinéromans et René Navarre dut attendre le départ de ce dernier à l’été 1920 pour s’y installer durablement43. Le directeur artistique de la société des cinéromans étant chargé de fournir quatre films de douze épisodes chacun par an, (afin de suivre le rythme de publication dans la presse d’un nouvel épisode chaque semaine), on pourrait supposer que le souhait initial de Serge Sandberg de faire de la Victorine un centre de production autonome, fonctionnant en continu selon une organisation rationnelle allait enfin pouvoir se réaliser. Mais son installation dans les studios Niçois ne fait que révéler leur incapacité à répondre aux besoins de la production. Se débattant avec les caprices de

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Sur la question du personnel et des liens entre les studios de la Victorine et la Villa Liserb, voir Jean-Pierre Benghozi et Bertrand Nicolas « Stratégie individuelle ou mimétisme, l’organisation des studios de cinéma »,

XXème siècle, n°46, avril-juin 1995, pp.89-91.

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Sur la société des Cinéromans, voir le chapitre III, de l’ouvrage d’Anne-Elizabeth Dutheil de la Rochère Op.Cit, pp.129-158.

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Entre septembre 1919 et septembre 1920, René Navarre tourne plusieurs films dans la région niçoise en utilisant les services de la Victorine, mais sans occuper de plateau. Il aménage par ailleurs un plateau de prise de vues entièrement vitré au dessus d’un entrepôt dans le centre de Nice (qui s’avère peu utilisable le plancher précaire faisant vibrer la caméra) ainsi qu’une sorte de studio provisoire (avec plateaux obscures, loges et ateliers de décors) dans un ancien séminaire désaffecté, loué à la ville de Nice boulevard Tsarévitch. Voir Anne- Elizabeth Dutheil de la Rochère, Op.Cit. p.144.

la météo, dont il est très largement tributaire et devant sans cesse pallier les insuffisances notoires de la puissance électrique des installations, René Navarre se voit obligé d’avoir recours aux studios provisoires qu’il avait installés durant l’hiver 1919-1920 dans le centre de Nice et boulevard Tsarévitch. La production des Cinéromans, initialement prévue à la Victorine, se trouve en réalité éclatée sur plusieurs sites, ce qui rend l’organisation des tournages particulière acrobatique. En l’absence d’une structure opérationnelle chemin de Saint-Augustin, René Navarre fait construire des décors dans ses ateliers du boulevard Tsarévitch, pendant qu’il tourne à la Victorine ou dans son petit studio vitré du centre-ville, tandis que ses bureaux sont installés à Paris et que les travaux de laboratoire sont effectués à Epinay !

Malgré des débuts pour le moins chaotiques, les travaux avancent et le studio prend progressivement forme. En décembre 1921, les petits studios sont terminés, ainsi que les loges, un garage, un laboratoire, un atelier de décors, les bureaux de la direction, un restaurant et une petite usine électrique. Les deux grands studios (trente cinq mètres par quinze et huit mètres de hauteur) sont toujours en cours de construction. Certes nous sommes encore loin du plan idéal paru dans Film-Hebdo en janvier 1920, mais la presse est néanmoins impressionnée et ne tarit pas d’éloge sur ce nouveau « paradis de la cinématographie ».44 L’avancement des travaux permet à Ciné-Studio, de relancer une petite activité de location et d’engranger ainsi quelques bénéfices. Dans la pratique la majeure partie des installations est réservée à la société des Cinéromans qui les occupe en continu, le reste des infrastructures (notamment les plateaux extérieurs et le parc) étant loué à quelques producteurs indépendants45. Les services proposés par Ciné-Studios (fourniture d’électricité, décors, accessoires, main-d’œuvre, figuration, travaux de laboratoire) ne sont pas intégrés dans le contrat de location et sont facturés en plus au producteur.

 Une évolution lente (1922-1927).

Ce fragile équilibre ne dure pas et, confronté à une crise financière importante (accentuée par une chute des bénéfices tirés de son réseau de salles), Serge Sandberg se voit obligé de vendre la société des Cinéromans à Jean Sapène au début de l’année 1922. Les cinéromans,

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La cinématographie Française, 16 avril 1921.

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Anne-Elizabeth Dutheil de la Rochère ne dénombre que trois contrats de location durant la présidence de René Navarre. Un avec la SIC Eclair, un avec la compagnie anglaise George Clarks Production et un avec la

édités par Pathé-Consortium-Cinéma seront désormais tournés à Joinville, privant ainsi la Victorine de son principal locataire. Toujours exploités par Serge Sandberg, les studios niçois traversent alors une période en demi-teinte durant laquelle quelques producteurs indépendants viennent s’installer, certains pour plusieurs mois, d’autres pour y tourner une scène ou deux. Malgré le passage de quelques réalisateurs de renom comme André Hugon ou Marcel L’Herbier, les studios tournent au ralenti et ne connaissent aucun aménagement d’envergure. Ainsi, en octobre 1923, la construction des deux grands plateaux n’est toujours par achevée46.

En 1925 l’arrivée, comme simple locataire, du réalisateur américain Rex Ingram, vient redonner un peu de lustre au studio niçois. Installé à la Victorine avec plusieurs collaborateurs, eux-mêmes américains, Ingram est vraisemblablement à l’origine de la mise au noir de deux studios sur les quatre désormais construits. La date et la nature précise des aménagements restent un peu floues. Les verrières ont-elles été simplement peintes en noir comme c’était souvent le cas ou bien les vitres ont-elle été remplacées par des plaques de ciment comme l’évoque la presse47 ? Quoi qu’il en soit, c’est bien sous l’impulsion du réalisateur du Jardin d’Allah que l’éclairage électrique prend son essor à la Victorine. En passant de mille ampères disponibles en octobre 1923, à six mille en 1925 puis douze mille en 1927, la capacité électrique des studios connaît un important développement, tout en restant très sous-dimensionnée comparativement aux autres grands studios français48. C’est également durant cette période que sont améliorés les laboratoires, avec notamment la construction d’une salle de projection. Mais Rex Ingram n’étant que simple locataire, ces aménagements ne peuvent être que d’une ampleur limitée et si sa présence dans les studios niçois a laissé quelques traces dans les Mémoires, elles sont davantage liées à la prestance du personnage, au caractère monumental des décors de ses films et à l’atmosphère toute hollywoodienne qui animait alors le studio qu’à une profonde modernisation des infrastructures.

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Anne-Elizabeth Dutheil de la Rochère Op.Cit. p.176.

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Mon ciné, 6 janvier 1927.

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Les studios des Cinéromans à Joinville par exemple, bénéficient à la même époque d’une puissance électrique d’environ 30 000 ampères. Même le studio de la rue Francœur, construit par Bernard Natan, possède dès 1926 une capacité supérieure (15 000 ampères).

 La Franco-Film rachète et modernise la Victorine (1927-1929).

En 1927, Edouard Corniglion-Molinier rachète à Serge Sandberg la société Ciné-Studio et devient de ce fait propriétaire des studios de la Victorine. Quelques mois plus tard, et dans des circonstances imprécises, la société Ciné-studio fusionne avec la Franco-Film dont Corniglion-Molinier devient vice-président. A partir du début de l’année 1928, la Franco- Film entreprend une série d’importants travaux dans les studios niçois. Sous l’impulsion de René Isnardon, nouveau directeur technique de la Victorine, les studios sont rénovés et modernisés. Après avoir envisagé la création d’un cinquième plateau ce sont finalement les deux petits studios qui sont réunis pour être transformés en un unique plateau obscur, doté d’une puissance électrique de quinze mille ampères. S’appuyant sur une abondante publicité, la Franco-Film parvient à donner corps au souhait initial de Serge Sandberg en faisant de la Victorine un studio voué aussi bien à la production qu’à la location. Une riche plaquette présentant les studios niçois en 1929 et illustrée de très nombreuses photos des installations annonce ainsi fièrement la disponibilité de cinq plateaux pour une superficie totale de 18 000m2 dans un parc de 70 hectares offrant toutes les possibilités imaginables pour l’édification de décors extérieurs49. La rénovation des studios doublée d’une importante campagne de communication semble porter ses fruits puisque entre janvier 1927 et octobre 1929 pas moins de 26 films sont tournés à la Victorine. Mais ce chiffre global ne signifie nullement que tous les films aient été entièrement tournés dans les studios eux-mêmes. Les informations données sur le tournage de ces films par Anne- Elizabeth Dutheil de la Rochère laissent clairement transparaître que de nombreuses productions utilisaient avant tout les studios comme base arrière pour le tournage de leurs extérieurs dans la région, beaucoup continuant de tourner leurs intérieurs dans les studios parisiens. Les studios niçois, prisés pour la beauté de leur environnement, le climat favorable du midi et les commodités offertes aux réalisateurs pour tourner dans leur vaste parc, ne semblent pas parvenir à surmonter le handicap que constitue leur éloignement de Paris qui reste le cœur d’un système de production très centralisé. A la veille du passage au parlant, les studios de la Victorine qui viennent de fêter leurs dix ans d’existence constituent certes un pôle cinématographique non négligeable dans un contexte général de pénurie de studios, mais sont cependant loin d’incarner le renouveau de l’industrie cinématographique souhaité par leurs fondateurs.

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1.2.2 Les studios de Billancourt

Construits à la même époque que ceux de la Victorine, les studios de Billancourt n’ont fait l’objet d’aucune étude poussée pour les années 1920 et les archives concernant leur création et les premières années de fonctionnement sont plus éparses et lacunaires50. S’il semble établi que le réalisateur Henri Diamant-Berger soit à l’initiative de leur construction en 1923, aucun document d’archive ne permet de déterminer son rôle exact ni les conditions précises de financement des premiers studios.

 Des usines Niepce & Fetterer au premier studio d’Henri Diamant-Berger