• Aucun résultat trouvé

Les ambitions des nouvelles firmes françaises : Braunberger-Richebé à

Chapitre 2 : 1930, le réveil de l’industrie cinématographique

2.2 Les ambitions des nouvelles firmes françaises : Braunberger-Richebé à

Dans le sillage des maisons Pathé et Gaumont, plusieurs firmes cinématographiques voient le jour ou relancent leur activité en cette année 1930, bien décidées à saisir l’opportunité du passage au parlant. Produisant entre cinq et dix films par an chacune au début des années 1930, ces nouvelles maisons jouent un rôle considérable dans la reprise de la production française. Connues du grand public, elles reçoivent dans leurs luxueux bureaux des champs-Élysées ou des grands boulevards, organisent des réceptions de presse et des avant-premières à grand renfort de publicité et tentent d’imposer l’image de « mini majors » à la française. Certaines comme la société Vandal et Delac319 se concentrent sur la production, quelques unes allient production et distribution comme les sociétés Etoile film ou Osso, mais les plus ambitieuses cherchent à constituer des sociétés intégrées en s’appuyant sur leurs propres studios et un solide réseau de salles. C’est le cas des Etablissements Braunberger-Richebé et des Etablissements Jacques Haïk.

2.2.1 Les Etablissements Braunberger-Richebé s’installent à Billancourt

Entre les mois d’avril et octobre 1930, La Cinématographie Française consacre pas moins de six articles (dont deux articles pleine page et un dossier de quatre pages) à la fondation et au développement des Etablissements Braunberger-Richebé. Qualifiés, quelques jours seulement après la création de leur société de « spécialistes du parlant » par Paul-Auguste Harlé, le jeune duo Braunberger-Richebé, association d’un producteur et d’un exploitant est considéré comme « très caractéristique de l’époque »320 et semble incarner la nouvelle production française qui tente de s’imposer sur la scène française aux côtés des anciennes maison Gaumont, Pathé ou Eclair.

319

Les productions Vandal et Delac réalisent ainsi sept films en 1930 et sept en 1931 (dont plusieurs en coproduction) tournés dans les studios de Londres, Rome et Berlin au début de l’année 1930 puis Epinay et Joinville à partir de l’automne 1930.

320

Paul-Auguste Harlé, « Braunberger-Richebé, spécialistes du parlant », La Cinématographie Française, n°607, 21 juin 1930, p.7.

 Fondation des Etablissements Braunberger-Richebé.

L’association singulière au printemps 1930 du producteur parisien Pierre Braunberger et de l’exploitant marseillais Roger Richebé, respectivement âgés de 25 et 32 ans, illustre assez bien le dynamisme de la production française et le climat d’euphorie suscité par les nouvelles perspectives offertes par le film parlant. Sans grande expérience dans le domaine de la production, avec peu de capitaux et une notoriété très limitée, le duo Braunberger- Richebé se lance avec ferveur dans l’aventure et rêve de « prendre place parmi les quatre ou cinq maisons les plus importantes du cinéma français »321.

A l’automne 1929, Roger Richebé, après une brève expérience de directeur général de Pathé-Consortium-Cinéma pour le midi de la France, est directeur d’une société de distribution et d’exploitation, la société Rachet et Richebé, qui exploite une douzaine de cinémas dont Le Capitole, une salle de 2000 places située sur la Canebière en plein cœur de Marseille322. Convaincu très tôt que le cinéma sonore et parlant est sur le point de s’imposer, il acquiert un appareil de projection Western Electric et équipe Le Capitole qui devient, avec l’Aubert Palace de Louis Aubert, la première salle de cinéma sonore de province. Mais comme il l’écrit de façon imagée dans ses Mémoires: « Aubert et moi, […] nous possédions le fusil. Mais hélas, nous n’avions pas de munitions »323. C’est donc avec l’idée d’alimenter son circuit de salles en films sonores que Roger Richebé prend contact avec Pierre Braunberger qui vient de se lancer dans la production d’un film sonore : La

route est belle. De son côté Pierre Braunberger, après avoir participé à la production des

premiers films de Jean Renoir et soutenu le cinéma surréaliste avec sa société de distribution « Studio Films », fonde en 1928324 la Société des Productions Pierre Braunberger dont le but affiché est de produire des films parlants. Les doutes et questionnements qui agitent et paralysent les industriels français face à l’arrivée du cinéma sonore ne semblent pas effleurer les deux jeunes entrepreneurs qui partagent la même conviction, pour eux il ne fait aucun doute que l’avenir est au parlant. En s’appuyant sur les Mémoires des deux associés325 et en ayant soin de recouper leurs souvenirs avec les

321

Roger Richebé, Au-delà de l’écran, 70 ans de la vie d’un cinéaste, Paris, Ed. Pastorelly, 1977, p.54.

322

Le Capitole, anciennement Grand Casino de Marseille, disposait d’une vaste scène et accueillait des spectacles complets mêlant cirque, music hall et cinéma. Roger Richebé, Op.Cit., p.42.

323

Roger Richebé, Op.Cit., p.49.

324

Dans ses Mémoires, Pierre Braunberger ne donne pas la date exacte de la fondation de cette société dont le premier film (La route est belle) est entrepris à l’été 1929. Pierre Braunberger, Cinémamémoire, Paris, Ed. Centre Georges Pompidou / CNC, 1987.

325

Les Mémoires de Roger Richebé et Pierre Braunberger, rédigées respectivement en 1977 et 1987 constituent deux documents riches d’informations mais à utiliser avec une extrême prudence. Les deux anciens associés, dont les relations furent très rapidement houleuses, ont très largement tendance à s’attribuer chacun les mérites de leur entreprise laissant à l’autre la responsabilité des échecs et difficultés rencontrées. Les dates

informations disponibles dans la presse et les documents d’archives, on peut parvenir à reconstituer la chronologie des faits qui menèrent à la création des Etablissements Braunberger-Richebé. A l’été 1929, Pierre Braunberger est parvenu à rassembler les fonds nécessaires pour produire La route est belle. Soucieux de ne pas négliger la qualité technique il décide d’en confier la réalisation à Robert Florey qui possède déjà une certaine expérience dans le domaine du film parlant. Ce réalisateur français, installé à Hollywood depuis 1921, a été chargé par la Paramount de diriger les premiers essais parlants de la firme dans ses studios de Long Island avant de se voir confier la réalisation de deux longs- métrages sortis en 1929 : Night club et The Cocoanuts (premier film parlant des Marx Brothers). Après quelques essais sonores effectués dans les studios Tobis d’Epinay en septembre326, le tournage se déroule près de Londres, dans les studios d’Elstree à partir du 7 octobre 1929. D’après Pierre Braunberger, la maison Pathé aurait refusé de lui louer ses studios de Joinville voyant d’un mauvais œil l’émergence de ce producteur indépendant327. En réalité, les studios de l’avenue Gallieni n’étaient pas encore équipés à cette date et ne pouvaient donc accueillir aucune production. Les souvenirs de Pierre Braunberger et de Roger Richebé concordent sur le fait que le second achète au premier, à l’automne 1929, les droits du film pour le sud de la France au prix forfaitaire de 800 000 frs. Le film est un tel succès que les recettes enregistrées au seul Capitole de Marseille permettent à Roger Richebé d’amortir l’investissement réalisé pour l’achat de l’appareil de projection et les droits du film328. Fort de ce premier succès partagé, Pierre Braunberger et Roger Richebé développent chacun leur activité, tout en commençant à discuter d’une possible association. Comme il l’écrit lui-même, Richebé profite « de [son] crédit moral et financier pour lancer un vaste programme d’exploitation de salles », il développe et équipe son circuit pour le parlant. De son côté Pierre Braunberger, après avoir fait l’acquisition d’une salle à Paris (le cinéma du Panthéon) prend la gérance des studios de Billancourt afin d’y réaliser sa future production. Si La Cinématographie Française du 19 avril sous le titre « Les studios de Billancourt acquis par Pierre Braunberger » indique que le producteur vient de les acheter pour les équiper en sonore, il n’en est en réalité que locataire, comme il le

citées sont souvent approximatives voire erronées et certains faits mentionnés ne résistent pas au recoupement des sources. Pascal Mérigeau dans sa récente biographie de Jean Renoir a d’ailleurs bien montré le caractère parfois fantaisiste des propos de Braunberger dans le récit de ses relations avec Renoir. De son côté, Roger Richebé n’hésite pas à affirmer qu’après avoir fait l’acquisition d’un appareil Western Electric dès 1927 à Paris il prit contact avec Pierre Braunberger et se rendit sur le tournage de La route est belle en juillet 1928 à Londres. Les premières projections sonores du Chanteur de Jazz de l’Aubert Palace se déroulant en janvier 1929 il est peu probable que Roger Richebé ait acquis sans l’utiliser le matériel nécessaire dès 1927. Par ailleurs, les prises de vues de La route est belle se déroulèrent à l’automne 1929 et non durant l’été 1928.

326

Lucie Derain, « Courrier des studios », La Cinématographie Française, n°568, 21 septembre 1929, p.20.

327

Pierre Braunberger, Op.Cit., p.66.

328

précise lui-même dans ses Mémoires : « Les problèmes de studios devinrent aigus, écrit-il. J’avais envie de produire et ne pouvais envisager de passer ma vie à l’étranger pour faire réaliser les films dont je rêvais. Je commençai donc par louer les studios de Billancourt […] »329. Prévoyant au départ deux mois de travaux avant de pouvoir y entreprendre le tournage de films sonores, il faudra en réalité attendre le mois d’octobre 1930 pour que les travaux soient entièrement achevés et que puisse y être tournée la première production des Etablissements Braunberger-Richebé.

La création des Etablissements Braunberger-Richebé est présentée le plus simplement du monde par Pierre Braunberger qui se contente d’indiquer : « pour rassembler davantage de moyens, je me suis aussi associé avec Roger Richebé. Le 1er juin 1930 très précisément naissaient les Etablissements Braunberger-Richebé ». Le récit de Roger Richebé révèle en revanche des débuts moins limpides.

Pierre Braunberger conçut alors le projet d’une société de production. […] Il s’agissait, dans son esprit, d’appuyer cette société à la fois sur mon circuit de salles et sur un studio à créer qui serait équipé des derniers perfectionnements de la nouvelle technique dont Western Electric restait le maître incontesté. […] Je ne puis dire que son projet n’était pas défendable, mais en toute sincérité, pour ma part je ne ressentis aucun enthousiasme à l’idée de « monter » à Paris. […] A Marseille j’étais connu et estimé. J’étais marié, j’avais un fils de quatre ans, mes parents près de moi, des amis. La presse m’était favorable.

[…] Réticence instinctive. Mais je dois compter avec mes associés, pris eux aussi par le vertige des recettes nouvelles du parlant. Ils ont prêté aux suggestions de Braunberger une oreille plus qu’attentive. Mon père lui-même ne leur resta pas insensible. Tenir le rang d’un Louis Aubert lui semblait accessible330.

Ce serait donc sous la pression de ses proches que Roger Richebé aurait cédé aux sirènes de la production, domaine dans lequel, il ne s’en cache pas, il n’a aucune connaissance particulière. Quel que soit l’état d’esprit exact de ses fondateurs, la société des Etablissements Braunberger-Richebé voit effectivement le jour le 1er juin 1930. Financée par l’industriel Marcel Monteux331, cousin de Braunberger, la nouvelle société dispose d’un

329

Pierre Braunberger, Op.Cit., p.77.

330

Roger Richebé, Op.Cit., p.54

331

La famille Monteux avait fait fortune dans l’industrie de la chaussure et les héritiers du fondateur, Marcel Monteux en tête, venaient de vendre la florissante Société Générale des Chaussures Françaises à la banque Oustric pour une somme estimée à 275 millions de francs.

capital de douze millions de francs et bénéficie des actifs apportés par les deux parties. Deux salles de cinéma (Le Capitole à Marseille et le Colisée à Nîmes), un catalogue de films et l’agence de distribution « Ciné-midi-location » pour Roger Richebé, les droits du film La

route est belle ainsi que le bail locatif des studios de Billancourt pour Pierre Braunberger332. Le conseil d’administration de la nouvelle société se compose à part égale, comme l’indique Roger Richebé, de Parisiens et de Marseillais, autrement dit de personnalités appartenant au « clan Braunberger » ou au « clan Richebé », soulignant un antagonisme qui ne fera que croître au fil des mois. Sous la présidence de Marcel Monteux (principal commanditaire), siègent au conseil d’administration Maurice Monteux, Bernard Reichenbach333, Pierre Braunberger, Roger Richebé, Léon Richebé son père, Gabriel Martel et Henri Rachet ses anciens associés. Pierre Braunberger et Roger Richebé étant tous les deux nommés directeurs généraux334. La société des Etablissements Braunberger-Richebé, forte du soutien financier de la famille Monteux, se lance sans attendre dans la production et l’équipement des studios de Billancourt, tout en développant son réseau avec la création de trois nouvelles salles : Le Mondial à Nice, Les Variétés à Toulouse et Le Métropole à Bruxelles335.

 Le programme de production des Etablissements Braunberger-Richebé. Avant même la sortie de son premier succès parlant, La route est belle, Pierre Braunberger décide de mettre en chantier une nouvelle production également réalisée par Robert Florey : La vie Parisienne avec Fernand Gravey et Pierre Bertin qui deviendra par la suite

L’amour Chante. Dans ses Mémoires, Pierre Braunberger laisse entendre que le film a été

produit par lui seul et tourné à Berlin avant l’acquisition des studios de Billancourt. En réalité, bien qu’il soit effectivement à l’origine du projet, il s’agit de la première production des Etablissements Braunberger-Richebé, tournée durant le mois d’août 1930, durant les travaux d’aménagement des studios de Billancourt. Le film, évoqué dans La

Cinématographie Française dès le mois de mars 1930 et dont le tournage est régulièrement

annoncé comme « imminent », est tout d’abord présenté comme une « production Pierre Braunberger ». Ce n’est que le 19 juillet 1930, soit un peu plus d’un mois après la fondation

332

Le cinéma du Panthéon, acheté par Braunberger en association avec Yves Allégret et Jean Tarride n’entre pas dans le dispositif.

333

Il s’agit d’un autre cousin de Maurice et Marcel Monteux. Pierre Braunberger, Op.Cit., p.77.

334

Roger Richebé, Op.Cit., p.56. La Cinématographie Française, n°606, 14 juin 1930, p.16. Archives Pierre Braunberger, « note récapitulative sur la société des Etablissements Braunberger-Richebé », non datée.

335

Les salles de Toulouse et Bruxelles comptent respectivement 2600 et 3500 places. Paul-Auguste Harlé, « une année de travail », La Cinématographie Française, n°658, 13 juin 1931.

des Etablissements Braunberger-Richebé, que le film, devenu entre temps L’amour chante, est estampillé « production Braunberger-Richebé ». Conçu par le seul Pierre Braunberger le film est finalement coproduit par les Etablissements Braunberger-Richebé et une maison de production allemande (Harmonie Film) et tourné dans les studios berlinois de Neuebabelsberg durant tout le mois d’août 1930. Le programme de production de la nouvelle firme se veut ambitieux et annonce fièrement pour la saison 1930-1931 « environ vingt films. Tous parlants, bien entendu, et pour lesquels on ne prévoit pas de versions étrangères. »336. Avant de pouvoir investir ses studios de Billancourt, le duo Braunberger- Richebé produit deux autres films également tournés à Berlin. Le premier, La femme d’une

nuit de Marcel L’Herbier, n’est pas à proprement parler une initiative des Etablissements

Braunberger-Richebé. Produit au départ par la Compagnie Générale de Production Cinématographique de Mario Nalpas et Louis de Carbonnat, le film est tourné en trois langues (français, allemand et italien337) dans les studios berlinois de Tempelhof et de Neuebabelsberg en août 1930, en même temps que L’amour chante. Ce n’est semble-t-il qu’à l’issue du tournage et suite aux difficultés financières rencontrées par Mario Nalpas que la production fut reprise par les Etablissements Braunberger-Richebé en coproduction avec la compagnie allemande Länderfilm338. Le dernier film entrepris outre-Rhin est également une co-production, il s’agit de L’homme qui assassina réalisé par Kurt Bernardt. Annoncé dans La Cinématographie Française du 23 août comme une réalisation de Max Reinhard, le film est finalement dirigé par Kurt Bernardt pour la version allemande et par Jean Tarride pour la version française. Après une préparation et des essais d’artistes tournés en septembre à Billancourt, le film n’est tourné qu’en décembre 1930 dans les studios berlinois. Entre-temps l’activité de production des Etablissements Braunberger- Richebé s’est développée dans les studios de Billancourt. Dès le mois d’août une série de films est annoncée en préparation dans la presse. Dans leur enthousiasme, les articles mélangent les films produits et les films simplement distribués par la société et annoncent plusieurs projets qui n’ont vraisemblablement pas vu le jour comme une adaptation du roman de Pierre Mac Orlan Dinah Miami, un film comique de Mauricet, L’œil de Maurice,

336

Paul-August Harlé, « Braunberger-Richebé, spécialistes du parlant », La Cinématographie Française, n°607, 21 juin 1930, p.7.

337

Marcel L’Herbier était assisté de Fritz Wendhausen pour la version allemande et de Amleto Palermi et Guido Brignone pour la version italienne. Marcel L’Herbier, La tête qui tourne, Op.Cit., p.195.

338

La Cinématographie Française du 21 juin 1930 (n°607, p.7) ayant annoncé que le film devait être tourné dans les studios Braunberger-Richebé de Billancourt, on peut supposer que des discussions avaient déjà été engagées à propos de ce film entre la société de Mario Nalpas et Pierre Braunberger. Il n’est par ailleurs pas inutile de rappeler que Mario Nalpas n’est autre que le cousin de Louis Nalpas qui est à cette date administrateur délégué de la société des studios de Billancourt avec qui Pierre Braunberger a passé un accord d’exploitation.

ou une version de Chotard et Cie réalisée par Robert Florey avec Raimu dans le rôle titre339.

Au-delà de ces approximations journalistiques, la forte présence des Etablissements Braunberger-Richebé dans la presse révèle un réel dynamisme de la part de la nouvelle société qui réussit à produire pas moins de dix longs-métrages et une douzaine de courts entre août 1930 et décembre 1931, parmi lesquels deux films avec Raimu : Le blanc et le

noir340 et Mam’zelle Nitouche, ou bien encore La chienne de Jean Renoir avec Michel Simon

et Janie Marèse. Un an après leur fondation, les Etablissements Braunberger-Richebé peuvent ainsi se féliciter dans la presse d’avoir sous contrat une dizaine d’acteurs dont Janie Marèse, Josseline Gaël, Michel Simon, Raimu ou Julien Carette341.

 Les nouveaux studios Braunberger-Richebé de Billancourt.

Parallèlement à la mise en chantier des premières productions, les Etablissements Braunberger-Richebé lancent un programme de rénovation des studios de Billancourt et organisent progressivement leurs services. Dès le début du mois de juillet 1930, un contrat est signé avec la société Western Electric dont le matériel doit être installé dans les studios de Billancourt. La nouvelle est annoncée dans la presse et un repas est organisé pour fêter ce qui est présenté alors comme « une nouvelle étape dans la production française »342. Dès le 2 août, un premier article paraît dans La Cinématographie Française pour faire le point sur les travaux en cours. A cette date aucun plateau n’est encore équipé, mais les ouvriers de la Société du Matériel Acoustique qui supervise les travaux sont à l’œuvre et l’on espère pouvoir tourner les premiers films parlant avec l’installation définitive dès la fin du mois d’octobre. De construction récente, les studios de Billancourt se prêtent assez bien aux modifications nécessaires au parlant. Les plateaux déjà obscurs sont séparés les uns des autres ce qui facilite les travaux d’insonorisation et entre les installations existantes il reste des espaces vides susceptibles d’accueillir de nouveaux bâtiments. Les principaux aménagements effectués durant la deuxième moitié de l’année 1930, outre l’insonorisation des plateaux, sont liés non seulement à l’enregistrement et la projection de films sonores, mais également à l’augmentation du volume des tournages. La direction des Etablissements

339

C’est finalement Fernand Charpin qui reprendra le rôle, sous la direction de Jean Renoir en décembre 1932 dans les studios Pathé-Natan de Joinville.

340

C’est Robert Florey qui avait été engagé pour réaliser ce film pour lequel il fut remplacé au bout de quelques