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Chapitre 2 : 1930, le réveil de l’industrie cinématographique

2.1 Le réveil du coq et de la marguerite !

Les années 1929 et 1930, qui constituent à plus d’un titre un tournant dans l’histoire du cinéma français, sont également celles du départ en retraite de deux de ses pionniers et pères fondateurs : Léon Gaumont et Charles Pathé. Les deux grandes firmes, qui avaient

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abandonné la production de films, en 1921 chez Pathé et 1925 chez Gaumont, connaissent au tournant de la décennie d’importants bouleversements qui remettent cette production ainsi que les studios au cœur de leurs fonctionnements réciproques. Il ne s’agit pas ici de détailler les stratégies industrielles et financières qui ont conduit à la refondation de ces deux maisons, mais d’en rappeler les éléments essentiels et de mettre en lumière l’impact de ces transformations sur l’organisation et l’activité de l’important groupe de studios qu’elles exploitent en 1930. Résultat de la fusion des sociétés Rapid-Film, Pathé-Cinéma et Cinéromans d’un côté, Gaumont, Franco Film et Louis Aubert de l’autre, les nouvelles sociétés Pathé-Natan et Gaumont-Franco-Film-Aubert exploitent à elles deux quatre studios parmi les plus importants de France totalisant une vingtaine de plateaux, soit la moitié des plateaux français. Il convient donc de s’interroger sur la façon dont ces studios s’intègrent dans les nouvelles stratégies de développement de ces deux compagnies, déterminées à jouer un rôle de premier plan dans le nouveau paysage cinématographique français204.

2.1.1 Bernard Natan relance la production Pathé et créé le 1

er

groupe de studios

français.

Les conditions de reprise de Pathé-Cinéma par Bernard Natan en 1929 restent un sujet sensible qui a fait couler beaucoup d’encre en son temps et qui aujourd’hui encore divise les historiens du cinéma. Il ne s’agit nullement ici d’alimenter le débat sur la réhabilitation de Bernard Natan ou sur le caractère plus ou moins fantaisiste du récit des faits par Charles Pathé, mais bien d’essayer de mettre en lumière l’importance des studios dans la stratégie de développement du nouveau groupe Pathé-Natan205 et l’impact de la relance de la production sur l’organisation et l’activité de ces derniers.

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Se basant en grande partie sur le rapport des syndics de la faillite de Pathé-Cinéma et sur un rapport de l’expert Jules Simonet sur la GFFA en septembre 1932 et conservé aux archives des finances, Jacques Choukroun a montré la centralité et le poids économique des studios dans les nouveaux groupes Pathé-Natan et GFFA. Jacques Choukroun, « Contrôler les studios, un atout majeur pour les grandes compagnies françaises des années 1930 ? », Pierre-Jean Benghozi et Christian Delage (dir), Une histoire économique du cinéma français

(1895-1995) – regards croisés franco-américains, Paris, L’Harmattan – coll. Champs visuels, 1997, pp.111-126.

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Notons que « Pathé-Natan » est une dénomination à caractère commercial et publicitaire mais qu’aucune société n’a jamais existé sous ce nom. Juridiquement, la société dirigée par Bernard Natan continue de porter le nom de Pathé-Cinéma.

 Constitution du groupe Pathé-Natan.

Lorsque Bernard Natan prend la direction de Pathé-Cinéma au printemps 1929206, la firme au coq, démantelée branche par branche au fil des années par son fondateur Charles Pathé n’est plus l’empire florissant qu’elle était avant la guerre de 1914. Après avoir cédé à la société Pathé-Consortium-Cinéma les activités de distribution et les studios de Joinville en 1920, Charles Pathé liquide les différentes succursales étrangères de Pathé et revend même, en mars 1927, la quasi totalité des actions de l’usine de film vierge de Vincennes à l’américain Eastman-Kodak pour se recentrer sur l’usine de tirage de Joinville207 ainsi que la fabrication et l’exploitation des appareils de projection Pathé-Baby et Pathé-Rural. En 1929, Pathé-Cinéma a donc non seulement abandonné la production et la distribution de films mais également l’exploitation de ses studios et la fabrication de pellicule vierge. L’ambition clairement affichée de Bernard Natan est donc de réintégrer ces différentes branches d’activité - à l’exception de la fabrication de film vierge - au sein de Pathé-Cinéma et de remettre la production de films et l’exploitation des studios au cœur de sa stratégie de développement. Afin de réaliser ce dessein, Natan doit pouvoir s’appuyer sur des infrastructures vastes, modernes et bien organisées. Il lui faut tout d’abord récupérer la jouissance pleine et entière des studios de la rue Francœur, dont la gérance à été confiée à la société des Studios Réunis pour une durée de quinze ans208, c’est dans ce but qu’il négocie la résiliation anticipée du bail209. Mais les infrastructures de la rue Francœur paraissent quelque peu sous-dimensionnées au regard de ses ambitions, il rachète donc à Jean Sapène la société des Cinéromans210 et récupère ainsi les studios de Joinville-le-Pont, les plus modernes et les plus perfectionnés de l’époque. Dès l’automne 1929, il dispose ainsi d’un ensemble de neuf plateaux équipés de tous les services afférents211.

En rachetant la société des Cinéromans, Bernard Natan réintègre également Pathé- Consortium-Cinéma (appelé depuis 1928 Paris-Consortium-Cinéma) et donc l’appareil de distribution, dans le giron de Pathé. Il lui faut enfin acquérir un réseau de salles pour

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Après être entré au capital de la société en février 1929 en rachetant, pour 50 millions de francs, les actions à vote plural émises en juin 1927 pour permettre aux membres du conseil d’administration de garder le contrôle de la société, Bernard Natan est officiellement nommé administrateur délégué de la société Pathé-Cinéma le 31 mars 1929, la décision étant confirmée par l’Assemblée Générale du 3 juillet 1929.

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L’usine se situe sur les bords de la Marne, quai Hector Bisson (aujourd’hui Gabriel Péri), à seulement quelques pâtés de maisons des studios de l’avenue Gallieni.

208

P.A. Harlé, « L’effort Pathé-Cinéma », La Cinématographie Française, n°579, 7 décembre 1929, p.7.

Jean Grignard, "Le bail de la location des studios de la rue Francœur par les Studios Réunis n'expirera que dans 15 ans", La Cinématographie Française, n°552, 31 mai 1929, p.25.

209

P.A. Harlé, « L’effort Pathé-Cinéma », La Cinématographie Française, Op.Cit.

210

La transaction se monte d’après André Rossel-Kirschen à 27 milions de francs. André Rossel-Kirschen, Op.Cit., p.84.

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assurer l’exploitation des productions Pathé-Natan. A cette fin, il créé dès le 12 avril 1929 la « Société de gérance des cinémas Pathé »212, chargée de constituer puis de gérer un important réseau de salles sur tout le territoire français. Après avoir pris le contrôle du circuit Lutétia-Fournier composé d’une vingtaine de salles dans Paris et sa banlieue, la société de gérance des cinémas Pathé multiplie les acquisitions de salles sur tout le territoire et jusqu’en Belgique, tandis que Pathé-Cinéma se lance dans la construction de plusieurs cinémas à Paris, Lyon et Bruxelles213. En dix-huit mois, Bernard Natan se retrouve à la tête du plus important réseau de salles français, soit une soixantaine. Il développe par ailleurs la construction et la commercialisation des appareils de projection Pathé-Baby et Pathé-Rural (directement hérités de Pathé-Cinéma) et relance dès novembre 1929 les actualités avec la création de la version sonore du Pathé-Journal. Cette activité foisonnante lui vaut les honneurs de la presse corporative qui se montre résolument enthousiaste face au dynamisme du nouveau groupe Pathé-Natan dans lequel elle place tous ses espoirs de relance de la production française.

 La nouvelle production Pathé-Natan

Dès le printemps 1929, La Cinématographie Française rend compte en détails de la constitution du nouveau groupe Pathé-Natan, de sa fusion avec la société des Cinéromans et se réjouit de l’impact d’une telle décision sur la production française. Durant l’été les premières rumeurs d’engagement de vedettes filtrent dans la presse. Le 10 août 1929 La

Cinématographie Française titre « Pathé-Cinéma engage Adolphe Menjou » et se réjouit de

cette information « d'une très grande importance pour l'avènement du film parlant français. On n’ignore pas que Menjou s'exprime aisément en français, anglais et espagnol et que son premier film parlant : Le Concert, remporte actuellement un succès triomphal aux Etats-Unis. Bravo à Pathé-Cinéma ! »214. Enfin à l’automne, les premières publicités sur quatre pages paraissent dans la presse corporative pour annoncer la nouvelle production Pathé. Sous le titre accrocheur « Pathé-Cinéma annonce son programme de films parlants »,215 au pluriel, un seul titre de film est en réalité cité : Les trois masques d’André

212

Sur la société de gérance des cinémas Pathé, voir Gilles Willems, « Aux origines du groupe Pathé-Natan », Pierre-Jean Benghozi et Christian Delage, Op.Cit., pp.106-107.

213

Le Marignan et L’Hermitage sur les Champs-Élysées, le Victor Hugo avenue Victor Hugo dans le XVI ème arrondissement.

214

La Cinématographie Française, n°562, 10 août 1929, p.6.

215

Hugon, alors en cours de tournage à Londres216. D’après cette publicité, six réalisateurs seraient déjà engagés : Jacques de Baroncelli, Raymond Bernard, Marco de Gastyne, Jean de Limur, Henri Roussell et Maurice Tourneur, ainsi que six vedettes : Adolphe Menjou, Simone Genevois, Alcover, Renée Héribel, Jean Toulout et Conchita Montenegro. Par ailleurs, la publicité annonce le premier film parlant de Sacha Guitry et Yvonne Printemps pour Pathé-Cinéma, projet qui ne verra pas le jour. S’il est difficile de savoir si à la date de parution de cette annonce publicitaire, les artistes et metteurs en scène cités ont réellement signé un contrat avec Pathé, et si tel est le cas, quel en est la teneur, on peut toutefois constater qu’à l’exception de Sacha Guitry, tous figurent en bonne place dans la production Pathé-Natan de l’année 1930.

Malgré le dynamisme de Bernard Natan, l’attente que son arrivée à la tête de Pathé- Cinéma suscite dans la presse et l’abondante publicité faite autour de son programme de production, l’impact réel de cette reprise du groupe Pathé sur l’activité des studios ne devient tangible qu’à la toute fin de l’année 1929. Alors que depuis le tournage de la dernière production de Jean Sapène (La tentation de René Barbéris avec Claudia Victrix) en mars-avril 1929 les studios de Joinville étaient restés quasiment déserts, l’activité semble redémarrer en fin d’année avant de connaître une accélération sans précédent durant l’année 1930. La production Pathé-Natan débute en octobre 1929 dans les studios de l’avenue Gallieni avec le moyen métrage sonore et parlant de Pierre Colombier : Chiqué. Il s’agit avant tout de tester les nouvelles installations sonores comme le précise Lucie Derain dans La Cinématographie Française.

Pière Colombier, metteur en scène attaché à la puissante société Pathé-Cinéma a bâti un petit scénario, fait monter un décor de caveau de nuit, fait appel à trois artistes : Charles Vanel, Irène Wells et Adrien Lamy et à une troupe de figurants, et au son d’un orchestre, ou d’un accordéoniste, a tourné un petit film intitulé Chiqué, qui dans une intrigue très simple donne à des essais, de simples essais, figure réaliste et captivante.217

Sans attendre la fin du tournage de ce premier essai sonore, Pathé lance la production de

Mon gosse de père de Jean de Limur dont le tournage débute le 18 décembre 1929 pour

s’achever dans le courant du mois de février 1930. A partir du début de l’année 1930, le programme de production ne cesse de s’étoffer et les tournages s’enchaînent dans les

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Le tournage dans les studios d’Elstree près de Londres se déroule, d’après André Rossel-Kirschen, du 28 septembre au 12 octobre 1929. D’après les informations recueillies par Markku Salmi au BFI, la presse britannique évoque un tournage à Tickenham, du 19 août au 6 septembre 1929.

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Lucie Derain, « La production sonore aux studios Pathé-Cinéma à Joinville », La Cinématographie Française, n°577, 23 novembre 1929, p.24.

studios de Joinville. Avec pas moins de quatorze productions ou coproductions Pathé-Natan tournées entre février et décembre 1930, les studios de l’avenue Gallieni tournent à plein régime et l’on ne comptabilise, fait rarissime, aucune semaine de fermeture durant cette année 1930. Durant les mois de mars et avril ainsi que de juin à septembre, on compte certaines semaines jusqu’à quatre films Pathé en cours de tournage sur les six plateaux de Joinville. A partir du printemps les publicités se multiplient dans la presse pour annoncer les productions Pathé-Natan en cours. De plus en plus étoffées, s’étalant souvent sur huit à dix pages, ces publicités en couleur, richement illustrées de photographies et arborant fièrement l’emblématique coq Pathé, affichent un nombre croissant de metteurs en scène, acteurs et actrices estampillés « vedettes Pathé-Natan ». Une publicité datée du 22 mars 1930 présente ainsi pas moins de huit metteurs en scène et 24 « vedettes Pathé-Natan », sans que l’on sache très bien ce que recouvre cette expression un peu vague. En effet si parmi les acteurs cités Charles Vanel ou Gaby Morlay bénéficiaient avec certitude de contrats annuels218, il est permis d’en douter pour le chanteur André Randall ou de l’actrice Emmy Lynn qui n’apparaissent tous deux qu’au générique d’une seule production Pathé entre 1930 et 1935219. De la même manière, parmi les « films Pathé-Natan 1930 » cités on trouve L’enfant de l’amour de Marcel L’Herbier, ce dernier apparaissant également dans la liste des « metteurs en scène Pathé-Natan ». Or non seulement Marcel L’Herbier n’a signé aucun engagement chez Pathé à cette date (son premier film produit par Natan,

L’aventurier, est tourné en août 1934), mais de plus, L’enfant de l’amour n’est pas à

proprement parler une production Pathé-Natan. Le film, annoncé dès le mois de mai 1929 dans la presse220, devait être initialement produit par la Société des Studios réunis, à laquelle participent, à cette date, Rapid-Film, l’Union Française Cinématographique, Charles Jourjon et la société des exclusivités Jean De Merly. C’est ce dernier qui d’après Marcel L’Herbier produit le film, dont le tournage débute en novembre 1929 à Joinville. Dans le récit du réalisateur, le nom de Pathé apparaît uniquement pour évoquer le tournage dans les studios de Joinville, lorsqu’il écrit à propos de Jean de Merly : « il avait avec les studios Pathé, les seuls qui commençaient à s’équiper en système américain d’enregistrement

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Charles Vanel signe quatre contrats annuels successifs avec Pathé entre 1930 et 1934 et apparaît dans neuf productions Pathé-Natan en 1930-1931. Archives BNF, fonds Vanel 4° COL 56 / 6. Quant à Gaby Morlay, actrice emblématique de la firme, elle tourne exclusivement pour les productions Pathé-Natan entre 1930 et 1934 (à l’exception de Paris-Méditerrannée produit par Joë May en 1931 tourné néanmoins à Joinville et distribué par Pathé) et bien que je n’ai pas retrouvé de contrat, son engagement chez Pathé ne saurait être mis en doute.

219

André Randall, artiste de music-hall qui connut son heure de gloire aux côtés de Mistinguett dans la revue ça

c’est Paris ! en 1925, est engagé pour un court-métrage musical de Pierre Colombier Je t’adore mais pourquoi ?

tourné en quatre langues dans les studios de la rue Francœur en avril 1930. Quant à Emmy Lynn, mis à part

L’enfant de l’amour de Marcel L’Herbier, tourné chez Pathé mais produit par les productions Jean de Merly, elle

n’est créditée que dans une seule production Pathé-Natan : Les deux orphelines de Maurice Tourneur en 1932.

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(RCA), des liens contractuels parfaitement adaptés au tournage de mon film »221. Il semble donc que le film ait été produit par Jean de Merly, bien que distribué par Pathé- Consortium-Cinéma et tourné dans les studios de Joinville222. Ce qui expliquerait que le nom de Marcel L’Herbier ne figure pas dans les publicités publiées fin septembre par Natan, qui ne serait pas privé d’annoncer cette prise de choix si la production imminente de

L’enfant de l’amour avait été son œuvre. Cet exemple met en évidence le caractère parfois

trompeur des informations circulant dans la presse et la difficulté à établir avec précision le rôle réel joué dans la production d’un film par une maison comme Pathé dont l’apport peut être de nature technique, financier ou qui peut avoir simplement assuré sa distribution. En effet, outre les films produits par Pathé, les studios de Joinville et Francœur accueillent dès la fin de l’année 1929 des productions indépendantes, distribuées ou non par Pathé- Consortium-Cinéma, qui louent pour plusieurs semaines plateaux et main-d’œuvre et ont recours aux services du studio (ateliers de décor, accès au stock de meubles, accessoires, costumes, salles de montage, etc…). Sur les 24 films tournés dans l’ensemble des studios du groupe entre janvier et décembre 1930223, on compte douze productions Pathé-Natan, cinq coproductions et sept productions indépendantes. Entre 30 et 50% de l’activité des studios – selon que l’on décide ou non de comptabiliser les films pour lesquels Pathé n’est que co- producteur - est donc liée au tournage de productions indépendantes. On note que ces dernières sont très majoritairement tournées dans le studio parisien, tandis que les grands studios de Joinville sont presque exclusivement réservés à la production Pathé-Natan224. Je reviendrai en détail sur les modalités de location des studios, il est néanmoins important de signaler que cette pratique, qui existait dans les années 1920, perdure malgré la relance active de la production par Bernard Natan, et contribue largement à développer l’activité des studios et à en structurer l’organisation.

221

Idem

222

La Cinématographie Française du 23 novembre 1929 qui annonce le tournage (qui a débuté trois jours plus tôt) indique que le « film est édité par Jean de Merly et distribué par Pathé-Cinéma ».

223

Y compris les films dont le tournage a débuté fin 1929 ou ceux dont le tournage s’étend au-delà du 31 décembre 1930.

224

A l’exception de quelques scènes du Roi des resquilleurs de Pierre Colombier, toute la production Pathé est tournée à Joinville. Inversement, les producteurs indépendants tournent majoritairement rue Francœur, à l’exception de La femme et le Rossignol d’André Hugon (Les productions André Hugon), de La fin du monde d’Abel Gance (Production L’Ecran d’Art) et de quelques scènes de L’Aiglon de Victor Tourjansky (Société des films Osso).

 Restructuration des studios pour le passage au parlant.

De construction récente et déjà très bien équipés, les studios de la rue Francœur tout comme ceux de Joinville n’ont pas été l’objet d’importants bouleversements, hormis les travaux spécifiques au passage au film parlant : insonorisation des plateaux, mise en place de cabines de prise de son, création d’un auditorium et équipement des salles de montage. Il ne s’agit pas de détailler ici la nature de ces travaux d’un point de vue technique ni d’évoquer la question du choix d’un brevet – ces questions étant abordées dans le chapitre suivant – mais d’essayer de mettre en évidence les grandes étapes et les modalités d’aménagement de ses studios par le nouveau groupe Pathé. Conscient de l’inéluctabilité de l’avènement du film parlant, Bernard Natan décide néanmoins de ne pas se précipiter et de prendre le temps de réfléchir à la meilleure manière d’agencer et d’équiper ses studios. Dès le mois de mai 1929 (avant que ne soit officialisé le rachat des Cinéromans) il décide donc d’envoyer aux Etats-Unis une délégation, composée de responsables de Pathé et de techniciens, chargée d’étudier l’organisation des studios américains, sur la côte est et en Californie. Sous le titre « Une délégation française Pathé-Natan part pour l'Amérique », La

Cinématographie Française annonce en mai 1929, qu’un groupe de responsables et

techniciens de la société Pathé, viennent de partir aux Etats-Unis, afin d’y étudier « l’industrie du cinéma sonore »225. La délégation est composée de plusieurs représentants de Pathé-Cinéma : Jacques et Théophile Pathé226 (responsable du Pathé Journal), R. Conrard (responsable du tirage), d’Emile Natan, frère de Bernard Natan et responsable de la future