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Les dimensions retenues pour la construction du questionnaire ont trait aux champs social, culturel, économique et environnemental.

Champ social

Le champ social renvoie au concept de la rentabilité sociale, dans lequel nous retrouvons les relations, la reconnaissance sociale de même que les sentiments personnels des acteurs interrogés. Il renvoie également à l’idée d’équité au sein des revenus commerciaux tirés de cette expérience et par rapport à la participation démocratique.

L’idée de rentabilité sociale nous permet de savoir quels sont les types de relations qui sont créées entres les agriculteurs et les autres acteurs du Marché. Celles-ci se manifestent à partir

de plusieurs liens. Il peut s’agir d’un lien d’affaires (relation d’échange d’un produit), d’un lien solidaire, éducatif (par la sensibilisation face à la situation des agriculteurs), amical aussi bien qu’affectif.

La reconnaissance sociale des producteurs s’impliquant dans le Marché sera évaluée par rapport au renforcement identitaire de ces derniers en fonction de la cohésion sociale créée à partir des relations permises par la participation aux activités du Marché et des divers liens tissés entre les adhérents et l’équipe du Marché. C’est par l’entremise de cette reconnaissance et du type de contact généré entre les acteurs du Marché que nous pouvons observer les appréciations que les agriculteurs vont tirer du lien avec le Marché : sentiment de satisfaction, de reconnaissance, du devoir accompli, du respect de ses principes, diminution du stress, etc. Finalement, il est intéressant d’évaluer en quoi la rencontre de cette structure de Marché a permis aux producteurs de s’engager de manière plus active dans une dynamique citoyenne et démocratique.

Champ culturel

Le champ culturel est exploré à partir de l’idée des motivations exprimées par ces personnes. Nous chercherons à partir de cette composante les indices de conditions culturelles qui prévalent au-delà des seules interactions marchandes. Celles-ci se caractérisent ainsi par les diverses motivations initiales des producteurs à s’engager ainsi que les motivations à poursuivre cet engagement. Ces éléments peuvent se combiner aux aspects sociaux, économiques et environnementaux. Ils partent cependant de l’individu comme membre d’une communauté d’appartenance en évolution. C’est à partir de ces motivations que nous analyserons les valeurs et les normes culturelles qui sont présentes chez les acteurs. Nous observerons enfin leur évolution à partir de la transformation de leurs motivations personnelles, reflet de leurs représentations de soi face à ce projet (Steiner, 2005).

Champ économique

Le champ économique fait référence à l’impact financier que peut avoir sur un agriculteur l’accès au Marché de solidarité. Nous pouvons diviser ce thème en trois sous-thèmes : la rentabilité économique, l’autonomie et le pouvoir (sur sa capacité d’avoir une influence sur ces éléments) et les avantages logistiques que représentent l’utilisation de cet outil (notamment en termes de gestion d’inventaire et de livraison des denrées).

La rentabilité économique permet de comprendre si le Marché permet aux agriculteurs de bonifier leurs revenus et en quoi il permet de créer de l’emploi ou de faciliter le démarrage d’une entreprise. Nous pouvons mieux saisir ces éléments en observant simultanément les parts d’approvisionnement de ces producteurs au Marché de solidarité ainsi que l’ampleur des ventes effectuées par le Marché pour chacun d’entre eux. Nous pouvons également cerner ici en quoi ce lien avec le Marché aura permis à certains agriculteurs de survivre financièrement et ainsi pouvoir poursuivre leurs activités. L’autonomie financière nous permet quant à elle d’apprécier la plus value monétaire obtenue au sein du Marché comparativement aux revenus obtenus dans les autres chaînes de distribution. Les avantages logistiques se traduisent finalement par le fait que les producteurs aient ou non à tenir un inventaire de vente et s’ils couvrent moins de pertes en termes de surplus non vendus.

Champ environnemental

Le champ environnemental renvoie aux transformations et intégration de pratiques agricoles durables effectuées par les producteurs ainsi qu’à leur sensibilisation aux enjeux environnementaux depuis leur contact initial du Marché jusqu’à maintenant.

En ce qui concerne les transformations et l'intégration des pratiques durables, nous voulons ici savoir s’il y a eu abolition ou réduction de pesticides utilisés, d’OGM utilisés, d’antibiotiques, d’hormones de croissances et de distance parcourue pour livrer (ou arrangements de livraison avec d’autres producteurs). De manière générale, est-ce que le lien qui unit ces agriculteurs avec le Marché les emmène à inclure une innovation de leurs pratiques agricoles qui est plus respectueuses de l’équilibre des écosystèmes ruraux ? Dans

une logique qui cadre avec le double phénomène identifié par Goodman quant au « référentiel éthique » des nouveaux mouvements sociaux économiques, pouvons-nous observer un « virage qualité » et une augmentation des certifications biologiques auprès de ces producteurs (Audet et al. (2010) ; Ouellet citant Goodman, 2005) ?

Au niveau du champ des valeurs et de la sensibilisation environnementale, nous reprenons la grille de Vaillancourt (2010) afin de mettre en perspective les principes et valeurs environnementaux des producteurs, des AmiEs de la Terre et du Marché de solidarité. Nous voulons comparer le discours écologiste des AmiEs de la Terre (et porté implicitement par le Marché de solidarité) avec celui des producteurs. En comprenant les perspectives idéologiques de la panoplie des acteurs mobilisés autour du Marché de solidarité, nous chercherons à évaluer quels sont les impacts du discours écologiste et de consumérisme politique auprès des producteurs. Nous chercherons également à observer les limites de la portée de ce discours (reflétant ainsi la nécessité de faire des compromis dans un projet régional regroupant les forces de plusieurs acteurs socio-économiques) (Tremblay et al., 2009).