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4. Données et opérationnalisation

4.2 Opérationnalisation des variables

4.2.2 Variables indépendantes contextuelles

A présent que nous avons éclairci la construction de notre variable dépendante, nous pouvons présenter les choix que nous avons faits concernant les variables indépendantes que nous mentionnons dans nos hypothèses. Nous reprenons l’ordre de présentation de nos hypothèses.

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Typologie des démocraties de Lijphart (1999). Notre première hypothèse porte sur l’effet du contexte politique, que nous opérationnalisons sur la base de la typologie de Lijphart. Pour cela, nous nous basons sur les pays où sont actives les organisations de notre échantillon. Nous attribuons à chacune la valeur du pays dans lequel elle se trouve. La modalité 1 correspond à une démocratie de type majoritaire, 2 aux démocraties mixtes, et 3 aux démocraties de consensus, directement en fonction de la classification de Lijphart (1999 : 248).

Index de fédéralisme. Notre seconde hypothèse porte sur une des dimensions qui permettent à Lijphart (1999) de construire sa typologie, la dimension fédéraliste-unitaire.

Plutôt que de prendre l’index synthétique, nous choisissons de prendre le principal indicateur parmi les cinq que l’auteur emploie. Lijphart (1999 : ch10) estime lui-même que le degré de fédéralisme est l’élément central de la division du pouvoir, et c’est effectivement la mesure la plus corrélée avec l’index qu’il construit (Lijphart, 1999 : 246). Le fait de sélectionner l’échelle de fédéralisme, outre l’ordonnancement des pays de manière systématique, a l’avantage de permettre de regrouper certains Etats dans notre analyse. A nouveau, nous attribuons à chaque organisation la valeur du pays dans lequel elle se trouve, directement tirée de Lijphart (1999 : 312).

Nombre effectif de partis politiques. L’opérationnalisation de notre troisième hypothèse suit exactement la même logique mais cette fois-ci avec la dimension exécutif-partis, qui mesure chez Lijphart (1999 : ch5) le partage du pouvoir. Ici à nouveau nous ne prenons pas l’index général mais la mesure qui nous semble la plus intuitive, à savoir le nombre de partis politiques qui composent le système de partis de chacun des pays. Lijphart (1999 : ch5) montre que le système de partis a un impact sur la composition du gouvernement, en particulier sur la présence ou non de cabinets (gouvernements) de coalition.

La principale mesure de cette dimension est en fait la moyenne entre le pourcentage de cabinets formés par un seul parti politique et le pourcentage de cabinets formés par une

« minimal winning coalition » sur la période allant de 1971 à 1976. Nous avons préféré prendre le nombre effectif de partis politiques en raison de sa valeur intuitive, et parce que la forte corrélation entre les deux mesures nous le permet (Lijphart, 1999 : 112).

Aire du mouvement. Notre quatrième hypothèse porte sur le contexte culturel constitué par la tradition de mobilisation. Nous avons employé le terme « famille de mouvements » en suivant l’interprétation de della Porta et Rucht (1995), similaire à ce que représente une famille politique (en parlant de partis politiques). La famille de mouvements qui a retenu notre attention est composée des NSMs. Une manière relativement simple de différencier ces mouvements est de les classer en fonction des thématiques qu’ils abordent, étant donné qu’ils

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se distinguent sur ce plan des mouvements qui les ont précédés (voir section 3.3.3). Les mouvements féministes, de jeunes, les mouvements urbains, le mouvement écologiste, le mouvement pour la paix, contre le racisme, ou encore le mouvement de solidarité et celui des droits de l’Homme sont typiquement désignés comme des exemples des NSMs (Kriesi, 1996 : 158). Nous avons donc dans un premier temps tenté d’opérationnaliser cette dimension en fonction des principaux thèmes abordés par chacune des organisations de l’échantillon.

Cependant, comme il s’agit d’une question ouverte et qu’elle permet des réponses multiples, cette opérationnalisation n’était pas satisfaisante (concrètement, sur cette base une organisation pourrait par exemple appartenir en même temps au mouvement féministe et au mouvement ouvrier, ce qui n’est pas l’objectif de notre analyse). C’est pourquoi nous avons choisi de suivre Giugni et Nai (2009) qui emploient la variable concernant les aires du mouvement (movement area). Il s’agit d’une variable commune au WP2, 3 et 4, qui permet d’attribuer une organisation de manière unique à une aire composant le GJM. Cette variable est construite selon les thématiques abordées, elle prend en compte l’âge des organisations et leur structure organisationnelle43 (della Porta, 2009g : 35-36).

Cette variable classe les organisations en cinq aires du mouvement, à savoir Old Left, New Left/anarchistes/autonomes, NSMs, Solidarité/paix/droit de l’Homme, New Global et catégorie « autre ». Giugni et Nai (2009) scindent la variable en deux modalités regroupant respectivement les catégories NSMs, Solidarité/paix/droit de l’Homme, New Global ; et Old Left, New Left/anarchistes/autonomes, « autre » ensemble. Nous avons dans un premier temps suivi leur exemple, mais dans notre échantillon, une telle opérationnalisation pose un problème de quasi complète séparation44. C'est-à-dire qu’en comparant cette variable dichotomique avec notre variable dépendante, presque toutes les organisations de type délibératif participatif étaient de type « new social global » comme les nomment Giugni et Nai (2009).

Afin d’éviter ce problème, nous recodons cette variable en trois catégories. La première comprend les groupes de la Old et de la New Left ainsi que les deux cas classés dans

« autre45 », la seconde les NSMs ainsi que le groupes de la catégorie Solidarité/etc., finalement les groupes dits « New Global » composent une catégorie à part. Cette opérationnalisation nous semble justifiée du point de vue théorique, puisque les groupes de

43 Pour être totalement transparent, nous n’avons pas de détails concernant la construction précise de cette variable. Nous savons en revanche qu’elle est largement employée comme facteur explicatif du type de démocratie interne dans les analyses (eg. della Porta, 2009 ; Giugni et Nai, 2009; Reiter, 2009).

44 Nous remercions Nina Eggert d’avoir attiré notre attention sur cette question.

45 Après vérification ces deux cas (syndicats SIT [suisse], et CNT [Espagne]) appartiennent à la « Old Left » (communication personnelle de Nina Eggert).

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l’aire solidarité, paix et droits de l’Homme sont souvent associés aux NSMs (Kriesi, 1996 ; Kriesi et Giugni, 1995 ; Giugni et Nai 2009 : note 4). Elle l’est également du point de vue technique au vu de la discussion qui précède. Notons qu’il s’agit de la première variable indépendante pour laquelle il y a des données manquantes (8). Nous avons donc cette information pour 174 de nos 182 cas.

Subventions gouvernementales. Pour notre cinquième hypothèse, nous employons une mesure directe, issue du questionnaire WP4. C’est une question portant sur les sources de financement, qui autorise les réponses multiples. La variable est donc dichotomique, et nous l’utilisons sans autre transformation. En effet, la seule information que nous recherchons est de savoir si les organisations se trouvent dans une situation de dépendance vis-à-vis de l’Etat.

Nous ne nous attendons pas à ce que beaucoup d’organisations dépendent uniquement de fonds publics. Par conséquent, sans connaître précisément la proportion de chacune des sources de financement, il semble peu utile de différencier entre les organisations qui ont recours à de multiples sources et les autres groupes. Ici aussi nous avons des données manquantes ; cette information est disponible pour 173 cas.

Collaboration avec les institutions nationales et locales. Nous traitons ensemble les deux variables qui nous servent à tester notre sixième hypothèse. Nous trouvons l’information qui nous intéresse au point 12 du questionnaire WP4. L’indicateur concerne l’attitude vis-à-vis des autorités à différents niveaux territoriaux. La question d’origine distingue entre collaboration, indifférence, refus de collaboration et « autre ». Etant donné les précisions données par les interviewés, la variable est d’abord élaborée en cinq catégories : indifférence, refus de la part des autorités, refus de collaborer avec les autorités, collaboration avec les autorités, collaboration sous conditions. Nous avons recodé cette variable de manière dichotomique, en regroupant les institutions collaborant avec ou sans restrictions, et toutes les autres réponses. Ce qui nous intéresse ici est à nouveau de savoir si les organisations ont un lien avec les autorités. Nous aurions pu distinguer entre la collaboration, l’indifférence et le refus de collaboration, mais l’effectif pour cette dernière catégorie est plutôt petit (24 cas).

Alternativement, refus de collaboration et collaboration restreinte pourraient relever d’une même logique, mais dans ce cas nous perdons la relation avec l’Etat qui est d’après notre hypothèse à la base du mécanisme d’isomorphisme. Nous avons donc choisi de garder notre variable dichotomique pour chacun des niveaux territoriaux que nous examinons. Dans le cas présent, il y a 7 données manquantes au niveau national et 8 au niveau local, soit un nombre de cas de respectivement 175 et 174.