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islandais. La variabilité de l’accumulation répond à des changements au niveau de la zone source, sur le sandur, ou au niveau de la zone d’accumulation, sur le versant (FIG. 48).

Sur le sandur, trois paramètres peuvent varier : les conditions de vent, l’état de surface du sandur et l’extension du san- dur. En période de radoucissement clima- tique, la rétraction des langues glaciaires entraîne une diminution de la force des vents catabatiques, mais également un changement de direction de ces vents. Parallèlement, l’état de surface change : l’eau de fonte a pour effet de mouiller et de submerger de vastes zones, mais dans

FIGURE48 – Les facteurs de variabilité de l’accumulation éolienne sur les versants de la région de Skaftafell (sud-est de l’Islande).

2.2.2.

L’estimation du rythme d’accumulation des loess

La mesure des accumulations de loess et la datation des horizons de téphras per- mettent de calculer des rythmes d’accu- mulation depuis 1389 (TAB. 17).

Les résultats sont très variables d’un endroit à l’autre et difficiles à interpréter. Les taux les plus importants sont relevés en rive doite de la Morsá sur la coupe M1. Ces résultats ne semblent pas cohérents, car les dépôts n’y sont pas les plus déve- loppés, avec une moyenne de 2,5 m

d’épaisseur (FIG. 36). Une mauvaise

identification des téphras en est peut- être la cause.

La coupe qui offre la meilleure lecture des variations des accumulations est la coupe Sk1. Elle suggère plusieurs tendances. Entre le 14eet le 17esiècle, les accumula- tions diminuent progressivement. Entre 1610 et 1638, les accumulations augmen- tent fortement, mais ceci ne se vérifie pas sur les autres coupes, ni sur la coupe éta- lon, cette variation n’est donc pas à pren- dre en compte. Durant le Petit Âge Gla-

ciaire, c’est-à-dire entre le 17eet la fin du 19esiècle environ, les accumulations sont stables, voire diminuent. Une tendance au renforcement après cette dernière période froide semble se dessiner jusqu’à nos jours.

2.3.

DISCUSSION SUR LA

VARIABILITÉ DES RYTHMES

D’ACCUMULATION

Même si ces données semblent compor- ter nombre de lacunes et malgré le fait que la méthodologie employée ici est dis- cutable, l’hypothèse que des conditions climatiques plus froides induisent une baisse des taux d’accumulation des loess peut être avancée. Ceci va à l’encontre de ce qui est généralement admis : les loess s’acumulent préférentiellement durant les périodes les plus froides, périodes caractérisées par des vents violents et un climat sec. La configuration particulière du débouché de la vallée de la Morsá peut être invoquée.

Le schéma proposé de la circulation locale des vents avec un vortex dans la

LE RÉAJUSTEMENT DES VERSANTS À LA DÉPRISE DU TARDIGLACIAIRE A 1 2 3 B 4 5 C 149

148 LE RÉAJUSTEMENT DES VERSANTS À LA DÉPRISE DU TARDIGLACIAIRE A 1 2 3 B 4 5 C

TABLEAU17 – Rythme d’accumulation des loess depuis 1389 dans la vallée de la Morsá.

Période (apr. J.-C.) Taux d'accumulation moyen (mm/an)

Sk1 Sk2 Sk4 M1 1389-1416 4,44 1,24 1,36 2,78 1416-1440 2,71 1440-1477 0,68 1477-1610 2,18 1610-1638 8,04 1,11 – 1638-1755 2,34 0,43 1,18 1755-1918 0,37 1918-2007 3,09 0,90 0,79 2,47 1389-2007 2,68 1,94 < 1,47 2,73

PARTIE B CHAPITRE 5 CONCLUSION

L

a mesure des processus a donné des résultats divers. À l’échelle de l’Holo- cène, les vitesses de démantèlement des parois semblent commandeés par des conditions climatiques qui favorisent un démantèlement rapide des assises rocheuses. Malgré une lithologie résistante à l’érosion, les taux de fourniture de débris apparaissent élevés comparés à d’autres domaines froids. Quant à la dynamique d’engraissement des versants, son originalité réside dans le fait qu’elle est hautement dépendante des fluctuations glaciaires. La proximité dans la région de plusieurs langues glaciaires et le contexte topographique de la vallée de la Morsá font que les périodes de réchauffement climatique sont associées à de forts taux d’accumulation de loess sur les versants.

un même temps, apporte des stocks de débris importants. Dans le même ordre d’idée, les zones déglacées s’étendent, augmentant le stock de matériel exposé à la déflation éolienne.

Sur le versant, les conditions d’accumula- tion varient en fonction de la couverture végétale. Un radoucissement climatique favorise l’extension de ce couvert et donc, du piégeage des particules en suspension.

La région de Skaftafell présente ainsi une situation originale. Les accumulations de loess sur les versants sont massives car :

(1) le sandur constitue un vaste stock de matériel sablo-limoneux mobilisable par le vent. Ce stock est régulièrement ali- menté par les apports éoliens et les débris charriés par les cours d’eau pro- glaciaires ou les jökulhlaups ;

(2) la proximité de plusieurs langues gla-

ciaires génère un schéma de circulation atmosphérique particulier, où les vents catabatiques entrent en confrontation les uns avec les autres ;

(3) le couvert végétal bien développé sur

les versants permet le piégeage des particules.

Les variations climatiques et les fluctua- tions glaciaires modifient ces paramètres

et influencent donc les taux d’accumulation de loess sur les versants. Le retrait des marges glaciaires entraîne l’extension des surfaces non englacées, notamment du sandur, et un apport en matériel détritique par le biais de l’eau de fonte. Il se solde donc par une agumentation des stocks de débris soumis à la déflation éolienne. Parallèlement, le radoucissement climati- que favorise l’extension de la végétation sur les versants et donc, du piégeage des par- ticules. Nous sommes bien là en présence d’un système paraglaciaire : les taux d’ac- cumulation éolienne varient en fonction des fluctuations glaciaires.

Des analyses plus poussées pourraient étayer cette étude. Ainsi, la multiplication des sites de mesure dans d’autres sec- teurs déglacés et l’analyse géochimique fine des téphras échantillonnés permet- traient d’affiner nos analyses. L’étude de l’anémomorphisme pourrait également apporter de précieuses indications sur l’orientation des vents au sol. Cette étude pourrait être complétée par des analyses palynologiques et malacologiques qui permettraient la reconstitution des varia- tions environnementales en Islande et renforceraient la connaissance de mise en place des séquences de loess en Europe.

L

évolution actuelle des versants de la Morsá, déglacés depuis le Tardigla- ciaire, se solde par d'importants trans- ferts sédimentaires. Le mode de déman- tèlement des parois rocheuses semble être commandé essentiellement par les paramètres climatiques et les systèmes de pente qui induisent des dynamiques linéaires de versant actives. Les vitesses d’évolution dépendent, quant à elles, de la nature lithologique des pentes. Les taux de retrait des parois basaltiques sont éle- vés compte-tenu de la perturbation des stocks sédimentaires par les écoulements proglaciaires et sont comparables à ceux mesurés dans d'autres environnements froids et volcaniques. La déprise Tardigla- ciaire ne semble plus avoir d'impact puisqu'aucune forme de décompression n'a été relevée et que l'ajustement des versants est bien avancé. Si influence paraglaciaire il y a, elle se manifeste au niveau des dépôts de loess. Des estima- tions de rythmes d'accmulation ont révélé que la dynamique éolienne est grande- ment dépendante des fluctuations glaciai- res. La disposition originale des langues glaciaires de la région induit des taux d'accumulation de loess plus élevés sur les versants pendant les périodes de réchauffement climatique.

CONCLUSION

PARTIE B LE RÉAJUSTEMENT DES VERSANTS

“Imprimer la forme à une durée, c’est l’exigence de la beauté mais aussi celle de la mémoire. Car ce qui est informe est insaisissable, immémorisable.” Milan Kundera, La Lenteur.

LA PERTURBATION