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jökull et Morsárjökull), avec une marge d’erreur comprise entre 4 et 21 ans

(TAB. 15). Il apparaît que le début du recul

des différents fronts glaciaires n’a pas été synchrone. Deux langues glaciaires ont connu leur extension maximale au 18esiè- cle, six durant la première moitié du 19e siècle et quatre durant la seconde moitié du 19e siècle. 1.2.

LES FACTEURS

DE VARIABILITÉ

DE L’EXTENSION GLACIAIRE

MAXIMALE AU PAG

Les études menées antérieurement pour dater l’extension maximale des langues glaciaires au Petit Âge Glaciaire dans le sud-est de l’Islande (principalement

FIGURE49 – Localisation des treize glaciers dont les moraines terminales ont fait l’objet de datations lichénométriques

(réalisation E. Roussel, communication personnelle).

Glaciers Datation de l’extension maximale au PAG (apr. J.-C.) Intervalle de confiance (apr. J.-C.) Virkisjökull/Fjallsjökull 1740 1731-1755 Svínafellsjökull 1765 1749-1776 Kvíárjökull 1810 1798-1824 Hrútárjökull 1812 1805-1820 Fjallsjökull 1812 1798-1833 Kotárjökull 1819 1809-1828 Fláajökull 1821 1811-1834 Hólárjökull 1844 1838-1857 Heinabergsjökull 1851 1835-1865 Skálafellsjökull 1865 1856-1876 Skaftafellsjökull 1878 1864-1892 Hoffellsjökull 1888 1874-1898 Morsárjökull 1888 1873-1903

TABLEAU15 – Datation de l’extension maximale au Petit Âge

Glaciaire de treize glaciers dans le sud-est de l’Islande.

constituées de blocs basaltiques

(TAB. 14) : sur les huit sites, 400 thalles

de lichen ont été mesurés. Les mêmes mesures ont été réalisées sur les blocs constituant les moraines terminales des treize langues glaciaires. Lorsque cel- les-ci posaient des problèmes d’identifi- cation (existence de moraines antérieu- res au Petit Âge Glaciaire, présence de plusieurs cordons morainiques…), les mesures ont été multipliées afin d’iden- tifier avec exactitude les dépôts corres- pondant à l’extension maximale du PAG. Ceci a abouti à la mesure de 1450 thal- les de lichens, répartis sur 29 cordons morainiques.

1.1.2.

La datation de l’extension maximale de treize glaciers dans le sud-est de l’Islande

Les treize glaciers, dont les moraines ter- minales ont fait l’objet de datations, sont tous situés dans la région de l’Öræfi et constituent des émissaires du Vatnajökull

(FIG. 49). Leur altitude est inférieure à

150 m (excepté le Kotárjökull – 190 m) et leur distance à la mer est comprise entre 2,5 km (Kvíarjökull) et 30 km (Morsárjö- kull). Les archives historiques attestent que les glaciers concernés ne sont pas soumis à des phénomènes de surge, au moins depuis la fin du Petit Âge Glaciaire.

Les résultats obtenus varient entre 1740 (Virkisjökull/Fjallsjökull) et 1888 (Hoffels-

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TABLEAU14 – Sites choisis comme surfaces datées de référence pour le calage de le courbe de croissance

des lichens dans le sud-est de l’Islande.

No. Surface (type de dépôt) Localisation (Lat., Long.) Âge de la surface (apr. J.-C.) Source 1 Dépôt de jökulhlaup Kotá 63°55’N, 16°44’W 1727

Décrit par de nombreux auteurs (dont Thórarinsson, 1956)

2 Coulée de lave Laki Eldhraun

63°47’N, 18°08’W 1783

Décrit par de nombreux auteurs (dont Ahlmann, 1938)

3 Chute de blocs Lómagnúpur

63°56’N, 18°30’W 1789 Décrit par Henderson (1819)

4 Cordon morainique Skaftafellsjökull

64°00’N,16°53’W 1935 Décrit par S. Thórarinsson (1956)

5 Cordon morainique Skaftafellsjökull

64°02’W, 16°54’N 1945

Photographie aérienne 61/1214/II/1 (Landmælingar Islands)

6 Digue Skeid-ará

64°00’N, 16°58’W 1968

Communication personnelle (Skaftafell National Park)

7 Digue Skeid-ará

63°59’N, 16°59’W 1973

Communication personnelle (Skaftafell National Park)

8 Dépôt de jökulhlaup Skeid-ará

64°02’N, 17°01’W 1996

Décrit par de nombreux auteurs (dont Björnsson et al., 2001)

que, dans le sud-est de l’Islande, ces paramètres n’ont pas perturbé la crois- sance des lichens.

Les processus qui ont pu concourir à la dégradation des surfaces de dépôt ne peuvent donc être considérés comme fac- teur explicatif majeur de la différence de dates de la mise en place des moraines terminales.

1.2.2.

Des différences de bilans glaciaires

Le bilan alimentation/ablation des langues glaciaires a pu être modifié, pour quelques décennies, par des oscillations climati- ques qui ont affecté l’ensemble de la calotte du Vatnajökull. Le climat islandais au Petit Âge Glaciaire se caractérise, en effet, par une fréquente variabilité (Ogilvie, 1986, 1992 ; Gud-mundsson, 1997 ; Jonsson et Gard-arsson, 2001 ; Mackintosh et al., 2002 ; McKinzey et al., 2004). Des condi- tions climatiques favorables à la crois- sance des glaciers se sont répétées plu- sieurs fois, à la fin du 17esiècle, au milieu du 18esiècle, durant les décennies 1780 et 1790 et au milieu et à la fin du 19e siècle (Ogilvie, 1992 ; McKinzey et al., 2004). D’autres facteurs ont pu faire varier ce bilan, en particulier l’activité volcanique qui entraîne des fusions brutales sous la

partie centrale de la calotte glaciaire et provoque le déclenchement de jökul- hlaups. Mais les langues étudiées ont été choisies parce qu’elles n’ont pas été affectées par ces débâcles glaciaires au cours de la période historique.

Il apparaît ainsi que la réponse des lan- gues glaciaires n’a pas traduit de manière uniforme les variations de la calotte régio- nale. Les conditions d’alimentation et d’écoulement de chaque langue ont pu déterminer des temps différents de réac- tion. Une étude est actuellement en cours afin d’isoler les paramètres des langues glaciaires qui peuvent commander un tel décalage. Les premiers résultats mon- trent que les paramètres les plus impor- tants semblent être liés aux caractéristi- ques du bassin versant (superficie, altitude, orientation), mais également à la longueur de la langue glaciaire.

Ainsi, la réponse des glaciers aux change- ments de conditions glaciologiques a été sensiblement différente. Ces résultats montrent que les glaciers ne répondent pas de façon homogène aux changements climatiques dans le sud-est de l’Islande. Dans le cadre d’une problématique sur les versants déglacés depuis la fin du Petit Âge Glaciaire, il est donc néces- saire d’établir une chronologie précise des fluctuations glaciaires pour chaque site étudié.

Evans et al., 1999 ; Bradwell, 2004) ne pre- naient en compte qu’un petit nombre de glaciers émissaires (inférieur à cinq). Les résultats présentés ici offrent une plus grande représentativité (treize langues glaciaires échantillonnées). La variabilité est grande entre les appareils glaciaires puisque la datation de leur extension maximale se place entre 1740 et 1888, soit plus d’un siècle de différence.

Cet écart pourrait révéler l’inefficacité de la méthode quant à la datation des moraines. Pourtant, les résultats sont cohérents : – les écarts dans le temps sont supérieurs à la marge d’erreur de la méthode ; – pour un même glacier, la chronologie des dépôts morainiques est respectée avec des datations de plus en plus ancien- nes lorsqu’on s’éloigne du front glaciaire. Ces observations nous permettent de confirmer la fiabilité de la méthode. Les écarts de datation traduisent donc une différence temporelle des extensions maximales glaciaires au Petit Âge Gla- ciaire. Cette différence peut être expli- quée par plusieurs facteurs.

1.2.1.

La dégradation des surfaces des dépôts

Une dégradation occasionnelle des cordons morainiques a pu entraîner le rajeunisse- ment des surfaces rocheuses qui suppor- tent les lichens, et ainsi expliquer dans cer- tains cas une différence dans les dates de mise en place des dépôts. Ces dégradations peuvent avoir plusieurs causes.

Sharp (1984) a évoqué la possibilité d’ef- fondrement des moraines à cœur de glace. Mais les effondrements de moraine se produisent principalement dans les cinq à dix ans qui suivent le retrait gla- ciaire. Ils ne peuvent donc être responsa- bles de décalages pluri-décennaux dans les dates obtenues.

Les surfaces morainiques ont pu subir des processus d’altération physico-chimi- que. Mais les effets de l’altération sont moins sensibles sur les blocs de basalte massif (Étienne, 2001) qui ont été retenus pour les mesures. D’autre part, le grand nombre de mesures et la largeur des sites d’échantillonnage réduisent la marge d’erreur. On peut, par ailleurs, s’interro- ger sur le rôle des lichens comme élé- ment protecteur des surfaces. Certes ces organismes contribuent à l’altération de la roche et participent aux échanges chi- miques qui se traduisent par le dévelop- pement de cortex d’altération, mais les thalles qui recouvrent la surface l’isolent au moins temporairement des processus de désagrégation et d’évacuation.

Des placages éoliens peuvent couvrir temporairement quelques blocs et arrêter la croissance des lichens, voire provoquer leur disparition (McKinzey et al., 2004). Mais il s’agit de phénomènes limités dans l’espace et dans le temps. La largeur des secteurs d’échantillonnage (des cordons morainiques de plusieurs centaines de mètres) permet d’intégrer ce paramètre dans la marge d’erreur du traitement statistique.

A. Thompson (1988) suggère, quant à lui, que les moraines les plus anciennes du Skaftafellsjökull ont pu être détruites par les jökulhlaups issus du Skeid-arárjökull voisin. Ce phénomène n’est pas à négli- ger, mais ne concerne qu’une langue gla- ciaire sur les treize étudiées.

Enfin, les datations des cordons moraini- ques du Virkisjökull et du Svínafellsjökull, antérieures au 19e siècle, posent le pro- blème de la conservation des thalles lors de la grande éruption du Lakagigar (Caseldine et Baker, 1998) et de la stabi- lité des surfaces basaltique face aux cycles bicentenaires de désquamation (Étienne, 2002). Nos résultats révèlent

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L’étude de l’évolution des versants dégla- cés depuis le Petit Âge Glaciaire nécessite la reconstitution chronologique des fluc- tuations glaciaires et des séquences de retrait. L’utilisation d’outils multiples pour réaliser cette reconstitution permet des analyses à différentes échelles temporel- les : identification des lignes de retrait (trimline), comparaison avec des archives historiques (cartographies, photogra- phies) et mesures annuelles. Nous avons eu recours à des documents iconographi- ques (cartes anciennes, photographies aériennes), à des enregistrements systé- matiques des variations du front glaciaire et à des datations lichénométriques de mise en place de moraines pour étudier les fluctuations glaciaires depuis le Petit Âge Glaciaire de deux glaciers, le Morsár- jökull et le Skaftafellsjökull.

2.1.

L’APPORT DES DOCUMENTS