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La variété des pratiques approchée par une logique conventionnelle

Dans le document UNIVERSITE DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE (Page 149-160)

2. PREMIERE PARTIE : :

2.3.4 La variété des pratiques approchée par une logique conventionnelle

La référence aux conventions en présence

Nos différentes observations quant à la manière dont les acteurs procèdent pour s’ajuster nous ramènent presque invariablement à la même conclusion : faute de disposer des éléments et du temps qui permettraient de conduire une analyse complète de la situation rencontrée, les individus considèrent comme normale et venant naturellement à l’esprit la mobilisation de logiques déjà éprouvées et faisant l’assentiment de la communauté des participants. Ils considèrent cette orientation moins hasardeuse que de vouloir élaborer des nouvelles stratégies basées sur l’imagination. Pour prendre pleinement leur sens, ces observations doivent être replacées dans leur contexte.

Les pratiques que nous observons s’inscrivent dans une récurrence marquée. Les activités de soutien telles que les opérations d’inscription des étudiants, de délivrance de certificats, de constitution de planning, de mise à disposition de calendriers académiques ou encore de publication de relevés de notes sont des activités régulières. Si les contextes dans lesquelles elles se déroulent sont en perpétuelle instabilité, les tenants et aboutissants de ces activités restent en revanche très stables. Les ajustements que les acteurs doivent réaliser en permanence ne correspondent donc pas à des activités à visée créative ou exploratoire. Il s’agit bien de répondre de manière adéquate à des problèmes de coordination récurrents, où les configurations rencontrées sont cependant à chaque fois différentes.

Les activités décrites induisent également un enjeu non négligeable pour les acteurs. Certaines démarches possèdent un caractère officiel marqué. C’est le cas par exemple de l’édition de certificats ou de relevés de notes. D’autres, sans revêtir une telle dimension officielle, peuvent engendrer des dysfonctionnements notoires si elles comportent des erreurs. C’est le cas par exemple des inscriptions des étudiants dans les cours. Les acteurs cherchent donc à bien faire, ou plutôt, à éviter de s’engager sur des voies hasardeuses. Ils cherchent à éviter qu’on puisse leur adresser des reproches quant à la manière dont ils ont procédé.

Pour ces deux raisons, les acteurs nous semblent, chaque fois que c’est possible, préférer mener des ajustements en s’appuyant sur des solutions éprouvées. Il ne s’agit pas pour nous d’une utilisation de strictes répliques des résolutions du passé sur des situations actuelles. Nous avons indiqué que les contextes d’exécution variaient en permanence. Par « s’appuyer sur des solutions éprouvées », nous entendons « mobiliser à l’identique des conceptions usuelles et approuvées du bien faire », que nous observons comme relativement stables. Lorsqu’il s’agit par exemple de faire face à des demandes issues d’interlocuteurs présentant différents niveaux hiérarchiques, les acteurs indiquent donner usuellement la priorité au demandeur situé le plus haut dans la

hiérarchie. Ce principe semblant fonctionner et recueillir l’assentiment de tous, les individus y ont régulièrement recours, dans des configurations cependant multiples. Situations nouvelles et stabilité des principes mobilisés ne se contrarient pas.

Si nous avons retenu l’approche conventionnelle en complément à l’approche contingente de l’organisation, c’est justement parce qu’elle se positionne comme ayant des choses à dire vis-à-vis des observations que nous venons de rapporter. Les individus apparaissent mener leurs ajustements en fonction de principes acceptées par l’ensemble des parties prenantes, c’est-à-dire les conventions en présence. Nous nous proposons donc de présenter le regard porté par l’approche conventionnelle sur ces différents points évoqués, en présentant successivement la référence aux conventions comme moyen de coordination puis comme conduite raisonnable.

Au cours de ces deux présentations, nous mobiliserons différents apports conventionnalistes.

Nous sommes conscients que l’une des critiques adressée au courant conventionnaliste est le défaut d’homogénéité de ses différentes contributions72, ou encore la multiplicité voire l’imprécision de certaines définitions73. Nous rappelons que l’exposé qui va suivre n’a pas pour but de nous positionner vis-à-vis des différents courants. Il propose une compréhension générale du rôle joué par les conventions en présence dans la conduite d’ajustements par les acteurs au travers de différents regards.

La référence aux conventions comme moyen de coordination

La régularité comme point de repère

C’est D. K. Lewis [1969] qui prolonge le raisonnement de T. C. Schelling en faisant reposer le comportement mimétique des individus non plus sur des points focaux mais sur des régularités qui s’imposent.

72 H. Isaac [1998] rappelle l’hétérogénéité du courant en citant différentes contributions. Pour F. Dosse [1995], les travaux réunis sous le terme théorie des conventions relèvent de plusieurs champs des sciences humaines : sociologie, économie, gestion. Pour O. Favereau [1989], il s’agit de dépasser les limites de la théorie économique standard, par l’élaboration d’un cadre qui ne limite pas son analyse aux seuls modes de coordination de l’action collective que sont le marché et la firme. Il faut réinscrire les modes de coordination dans un espace social plus vaste composé de savoirs collectifs, de normes, de conventions. On retrouve alors les travaux de M. Granovetter [1985], et ceux de L. Boltanski et L. Thévenot [1987, 1991].

Pour S. Geindre [1998], la théorie des conventions a été introduite et développée en France par un groupe d’économistes (J.P. Dupuy, F. Eymard Duvernay, O. Favereau, A. Orléan, R. Salais, L. Thevenot, principalement) dont l’objectif était d’apporter un regard nouveau sur la tradition de l’économie institutionnaliste. Pour ce groupe, la théorie se présente comme un prolongement du courant institutionnaliste, en s’inspirant d’autres disciplines (droit, sociologie, politique) sans remettre en cause l’économie de marché. S.

Geindre distingue l’approche de P.-Y. Gomez et G. Marion [1997] : Il s’agit d’une théorie des règles socio-économiques dont l’objectif est d’apporter un nouvel éclairage sur les hypothèses du modèle contractualiste.

73 La convention précède-t-elle la règle ou l’inverse ? La convention est-elle règle ou l’inverse ?

D. K. Lewis prend en compte la résolution du problème de coordination par le point focal de T.

C. Schelling comme la réponse à une nécessité de coordination inédite. La première fois que les acteurs doivent se coordonner, qu’ils ne disposent d’aucun point de repère et qu’ils se trouvent dans une situation d’incertitude radicale, ils ont recours à leur imagination pour dégager des saillances susceptibles de focaliser l’attention des tous. P. Batifoulier en évoquant la proposition de T. C. Schelling parle de la théorie de la première fois.

En revanche, D. K. Lewis considère que si cette situation se reproduit régulièrement, les mécanismes qui servent de fondement à la coordination évoluent. Les acteurs, du fait de l’accoutumance, ne font plus appel à leur imagination mais à la régularité émergée de l’expérience répétée. Persuadé que l’autre adoptera un comportement analogue à celui qu’il a adopté précédemment lors de situations comparables, l’acteur se fabrique un contexte présentant une incertitude très fortement réduite et peut donc de ce fait aisément déterminer la poursuite de son action. Dans cette approche, les acteurs en viennent même à oublier la genèse même de la solution initiale de coordination. Ils agissent en quelque sorte part tacite reconduction, en prenant pour référence la régularité émergée, c’est-à-dire le précédent.

Ce n’est alors plus une imagination identique qui rend possible la rencontre mais la conviction que chacun tiendra compte de la régularité existante pour agir. Il n’est plus nécessaire de connaître l’origine de la régularité. La conviction que chacun va agir en tenant compte de cette régularité permet de retrouver des certitudes pour engager ses propres actions. Il reste alors à D.

K. Lewis à expliquer selon quelle logique tous les individus se persuadent que les autres agiront de manière réitérée dans des situations analogues.

La régularité issue d’anticipations croisées

Pour D. K. Lewis, la régularité des comportements repose sur un système d’anticipations croisées et convergentes qui provoquent un auto-renforcement des convictions. Chacun se persuade qu’il faut préférer le comportement régulier à d’autres alternatives du fait de l’anticipation qu’il fait de l’anticipation de l’autre. L’acteur, dans le but de rendre la coordination possible, suppose que l’autre aura supposé qu’il supposerait que l’autre supposerait, engageant ainsi un mécanisme itératif sans limite. P. Batifoulier, H. Isaac et P.-Y. Gomez reprennent fréquemment l’analogie du jeu de miroirs qui empilent de manière infinie des représentations croisées. P. Batifoulier évoque la notion de spécularité itérative infinie en référence à J.-P.

Dupuy [1989, p 366] qui la définit comme l’acte mental par lequel un esprit humain se met à la place d’un autre.

D. K. Lewis évoque également la notion d’auto-renforcement. Chaque fois qu’un acteur choisit

de préférer le comportement régulier, ce choix, outre le fait qu’il offre immédiatement une solution de coordination, renforce la conviction partagée « des autres », ceux qui jusque là avaient pris le parti de considérer que la préférence de la régularité était le bon choix. Par effet miroir, cette conviction partagée renforcée « des autres » renforce à son tour celle de l’acteur qui a choisi de préférer le comportement régulier. D’expérience en expérience, les convictions s’auto-renforcent.

Dans cette approche, seul un élément manque dans la construction du raisonnement : comment les acteurs connaissent-ils les régularités qui s’imposent ? En effet, les explications que nous venons de donner indiquent par quels moyens les individus se persuadent mutuellement de préférer d’agir selon une régularité connue, et agissant ainsi, comment ils renforcent le respect de cette régularité. Pour autant, ce mécanisme ne fonctionne que si les individus sont prévenus des régularités qu’il convient d’adopter.

Se baser sur sa seule nature de la régularité ne suffit pas. Dans le cas d’une organisation où l’heure d’arrivée au travail est une régularité qui s’impose, observer la régularité existante et l’adopter semble évidence. Prendre des nouvelles des uns et des autres chaque matin après son arrivée dans une organisation où ce n’est pas la coutume n’apparaît pas comme une régularité qui s’impose. Il est alors probable que même si certains le font, cela ne sera pas perçu par les autres individus comme à suivre impérativement.

Comment les individus savent-ils alors ce qui s’impose ? Il faut une connaissance partagée pour que les individus repèrent les régularités qu’il convient d’adopter. C’est ce que D. K. Lewis propose à travers la notion de « common knowledge ».

Les régularités qui s’imposent issues du savoir commun

D. K. Lewis considère que les connaissances en relation avec les régularités qui s’imposent sont du domaine du « common knowledge », c’est-à-dire du savoir commun de l’ensemble des individus. P. Batifoulier, J. Merchiers, D. Urrutiaguer expliquent que D.K Lewis envisage une forme d’apprentissage de la part des individus : l’observation partagée d’une régularité prend valeur de précédent et constitue alors une connaissance commune quant à la préférence générale pour la conformité. D.K. Lewis évoque la notion de convention. Cette dernière est une régularité

« reconnue », car assortie des cinq assertions qui relèvent du savoir commun : - chacun s’y conforme ;

- chacun croit que les autres s’y conforment ;

- la croyance que les autres s’y conforment donne à chacun une bonne et décisive raison

pour s’y conformer ;

- tous préfèrent une conformité générale à la régularité considérée plutôt qu’une conformité légèrement moindre que générale ;

- il existe au moins une régularité alternative, qui, si elle s’avérait suivie par les autres, donnerait à tout le monde une bonne et décisive raison, pratique ou épistémique, de s’y conformer également ;

Ainsi, pour D.K Lewis, une convention est une régularité pour laquelle il est communément admis qu’elle s’impose car la préférence pour la conformité en la matière est connue de tous.

S’exprimant en d’autres termes, P.-Y. Gomez [1995] explique qu’une convention n’est pas construite par dessein explicite ou par calcul mais qu’elle est valable en soi par le seul fait qu’elle est généralement adoptée.

Il existe de nombreuses critiques quant à cette définition de la convention [R. Aumann, 1993, J.-P. Dupuy 1989 et J.-P. Livet 1993] et plus particulièrement sur la validité de l’opérateur de

« common knowledge ». Le « common knowledge », pris dans son acceptation première, exclue toute idée d’incertitude ou encore d’imprévu. On retombe dans un environnement pleinement stabilisé où l’action de l’autre est totalement prévisible. En effet, de par le caractère de spécularité infinie, les individus possèdent une connaissance parfaite des autres, la manière de penser de chacun étant totalement accessible à l’autre. Les problèmes d’interprétation n’existent plus puisque tous les individus ont la même représentation de l’autre. P. Batifoulier emploie le terme d’« autre soi-même », J.-P. Dupuy [1989, 1994] évoque la « transparence du collectif », et J. Geanokoplos [1992] souligne la disparition de l’asymétrie d’information, condamnant les individus à avoir une opinion identique74.

Supposer l’existence d’une spécularité infinie entraînerait également d’autres difficultés. Tout d’abord, cela nécessiterait des capacités cognitives humainement hors de portée. Ensuite, cela amènerait à des problèmes de logique dans certaines situations. Cela reviendrait à donner la possibilité aux individus, dans le cas de décisions successives modélisables par un jeu de type séquentiel, de conduire un raisonnement de type rétrograde (“backward induction”) sous forme d’anticipations successives en remontant à partir de la dernière étape du jeu. Le danger est alors de se trouver face à des situations logiquement paradoxales [J.-P. Dupuy 1989, 1994].

De ce fait, dans le cadre de nos recherches et pour disposer d’une notion de convention qui soit

74 Théorème de l’accord d’Aumann [1976] cité par P. Batifoulier, selon lequel « on ne peut trouver un accord sur un désaccord. Si deux individus ont un a priori commun et que leurs croyances sur un événement sont CK, alors leurs croyances doivent être identiques. Le problème de coordination est ainsi contourné en rendant les individus semblables par la pensée. »

effectivement mobilisable, nous adopterons la position de M. Kechidi [2000] lorsqu’il suggère d’affaiblir « la charge de rationalité contenue dans la notion de common knowledge ». Nous faisons remarquer que cette démarche nous paraît d’autant plus appropriée que D.K. Lewis lui-même n’envisage pas une spécularité infinie. Dans ses écrits, il estime que les anticipations croisées quotidiennes ne font appel qu’à quelques ordres et suggère une limite de quatre dans le cadre des anticipations habituelles75. Nous aurons l’occasion dans nos prochains propos d’expliciter cette vision « modérée » que nous prendrons pour les conventions dans la suite de notre étude.

De la solution de coordination à la conduite raisonnable

Nous avions souhaité que le fond théorique retenu rende compte de la manière dont les acteurs s’appuient sur les « logiques usuelles » ou encore les « solutions éprouvées » pour conduire leurs ajustements en l’absence d’une information complète et dans le cadre d’un environnement instable. Notre exposé nous a permis de voir comment l’approche conventionnelle que nous avons retenue rend effectivement compte de cette dimension dans les problèmes de coordination.

Un lien échappe encore à notre modélisation, c’est celui qui associe « recours aux solutions éprouvées » et démarche raisonnable. En effet, lors de nos observations, les individus ont, explicitement ou implicitement, considéré que, dans l’impossibilité de mener un calcul individuel, reprendre les « logiques usuelles » était de nature raisonnable. Nous souhaitons maintenant présenter la manière dont l’approche conventionnelle établie un lien entre ces deux notions. Pour cela, nous choisirons deux regards : celui de D. K. Lewis qui aborde la notion de rationalité sous l’angle de la conformité et celui de P.-Y. Gomez qui préfère la notion de rationalisation prise sous l’angle de la justification.

La référence aux conventions comme conduite raisonnable

La conformité comme conduite raisonnable Préférer la conformité est une forme de rationalité

C’est à D. K. Lewis que revient le mérite d’avoir montré que suivre une convention est un comportement rationnel. Pour D. K. Lewis, adopter un comportement mimétique est une manière rationnelle de résoudre un problème de coordination, dès lors que la préférence pour la conformité est connue de tous. Quand des acteurs possèdent des intérêts communs, observer la

75 D.K. Lewis [1969, p 32] écrit : “Of course I do not imagine that anyone will solve a coordination problem by first acquiring a seventeenth order expectation from somewhere and then sitting down to do his replications. For one thing we rarely do have expectations of higher order than, say, fourth.”

conformité générale est rationnel car cet acte est habilitant en termes d'action. Les auteurs parlent de mimétisme rationnel, B. De Montmorillon [1999, p 183] utilise le terme de « rationalité mimétique ». Puisque l’on se trouve dans une situation d’incertitude, le choix rationnel de l’individu ne consiste plus à décider selon ses propres critères mais selon ceux qu’il attribue aux autres. P. Batifoulier parle d’un « conformisme rationnel ».

Dans cette optique, même si la coordination réalisée aboutit à une solution sous-optimale, elle ne résulte pas pour autant d’une résolution irrationnelle. La dimension arbitraire issue de la référence au précédent ne garantit en effet pas l’obtention systématique d’une situation optimale, même en présence d’individus rationnels. Mais pour D. K. Lewis, la coordination est atteinte.

Toute convention est une bonne solution dès lors qu’elle permet la coordination. P. Batifoulier, J.

Merchiers, D. Urrutiaguer modèrent le propos et font remarquer le caractère incomplet de l’approche de D. K. Lewis. En ne prenant en compte que la dimension collective de la rationalité, on évacue les intérêts personnels des acteurs et le cas des équilibres sous-optimaux n’est pas réellement traité. Ils proposent alors de se reporter aux travaux de J. C. Harsanyi et R. Selten (1988), qui permettent d’éclairer quant à la rationalité du choix d’une convention sous-optimale.

Plus généralement, S. Miller [1986, 1987, 1990] et M. Gilbert [1990, 1992] critiquent le fait que les régularités passées puissent constituer une base pertinente et donc rationnelle pour fonder l’action actuelle. Reprenant D. Urrutiaguer et al. [2001], nous observons qu’il existe une interrogation partagée sur le précédent et sa force. Dans quelle mesure une régularité va-t-elle constituer un précédent ? Un précédent pris pour référence hier le sera-t-il encore aujourd’hui et demain ? Là encore, les auteurs considèrent qu’il manque dans l’approche de D. K. Lewis, une règle de réactualisation ou encore d’apprentissage, qui permette l’évolution des croyances sur le modèle par exemple d’une révision bayésienne.

De notre point de vue, indiquer la faiblesse du recours au précédent pour traiter de situations actuelles, voire souligner son incompatibilité pour traiter de situations nouvelles par certains aspects, ne limite pas la critique à la seule approche conventionnelle. Comme le souligne N.

Alter [2003], ce décalage de temporalités concerne l’ensemble des règles en général. Dans le cadre qui est le nôtre, c’est l’idée même de prescription opératoire qui est atteinte. Cette dernière est en effet bâtie sur des expériences passées bien qu’elle ait pour mission de conduire les individus dans le présent. Il nous semble alors que ce n’est pas l’idée que les acteurs se réfèrent directement ou indirectement au précédent qui est inadaptée. C’est envisager que les éléments qui constituent le précédent demeurent immuables, accrochés au passé, sans faire l’objet d’une dynamique d’actualisation.

Tout en tenant compte de l’ensemble de ces remarques, nous retenons à ce stade de l’exposé que préférer la conformité dans l’optique d’une coordination privilégiant des intérêts communs dans un environnement incertain relève bien d’une démarche rationnelle. Nous poursuivons notre propos en montrant que, même si cela conduit parfois à des situations sous-optimales, choisir la conformité est également une solution performante [M. Amblard, 1998].

Préférer la conformité est une solution performante

Dans son acceptation théorique, le common knowledge permet à chaque acteur de connaître pleinement les intentions des autres, rendant les actions totalement prévisibles. Dans ce contexte, suivre une convention ou préférer la conformité, c’est avoir la certitude d’aboutir à une situation coordonnée. Ce qui constitue à nos yeux un premier critère de performance. Pour l’acteur, préférer la conformité, c’est trouver immédiatement la possibilité de pouvoir agir.

Bien sûr, dès lors que l’on opte pour une acception plus réaliste du common knowledge, cette certitude absolue disparaît. Comme nous l’avions précédemment annoncé, suivre les propos de M. Kechidi pour disposer d’une notion de convention effectivement mobilisable, c’est revenir à

Bien sûr, dès lors que l’on opte pour une acception plus réaliste du common knowledge, cette certitude absolue disparaît. Comme nous l’avions précédemment annoncé, suivre les propos de M. Kechidi pour disposer d’une notion de convention effectivement mobilisable, c’est revenir à

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