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Pratiques et prescriptions

Dans le document UNIVERSITE DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE (Page 104-119)

2. PREMIERE PARTIE : :

2.2.2 Pratiques et prescriptions

La pratique : observations et éléments de littérature

La pratique évoquée comme une expression de l’habitude

Nos premières investigations sur le terrain pour recueillir des éléments concernant la notion de pratique ont presque été décevantes. Banalités, difficultés à s’exprimer, absences d’opinion témoignent tout simplement du faible intérêt quotidien porté par les uns et par les autres à cette notion. Lorsque l’on reformule la question, on obtient de multiples variations, très fréquemment associées à la notion d’habitude. Nous avons fait quelques liens avec des éléments de littérature : - « La pratique, c’est ce que je fais », « la pratique c’est la manière dont les gens pratiquent ». On retrouve à la fois la dimension individuelle de la pratique et le très grand champ couvert par la notion de pratique : « anything people do » [S.B. Ortner, 1984, p 149].

- « la pratique, c’est ce que l’on fait tout les jours », « la pratique ce sont des habitudes ». Il nous semble alors retrouver la notion d’habitus de P. Bourdieu [1980], où l’action de l’individu n’est pas le résultat de calculs ponctuels mais de « réflexes » prenant leur source dans l’accumulation des expériences passées.

- « La pratique, c’est ce que l’on sait faire ». Ce verbatim nous ramène à l’utilisation routinière de connaissances, au sens de R. Nelson et S. Winter [1982], et plus largement à la notion de routine, présente dans la perspective évolutionniste.

Nous notons en revanche dans nos premiers contacts avec les acteurs que la notion d’ajustement variable, dimension qui intéresse plus particulièrement, n’est jamais abordée explicitement dans un premier temps. Elle nous est toujours sous-entendue, parce qu'évidente. Ainsi lorsqu’un acteur indique « La pratique, c’est ce que je fais », il faut comprendre qu’il procède à des ajustements de son propre chef. Pour autant, opérer des ajustements étant perçu comme inhérent à l’activité exercée, l’individu n’y fait pas référence. Si on poursuit l’échange à ce sujet, la plupart des acteurs expliquent l’incomplétude ou l’inadéquation de la procédure théorique. Tous évoquent alors leur capacité d’adaptation en regard à une instruction incomplète.

La pratique plus connue sous l’angle des meilleures pratiques

Sur le terrain, nos questionnements concernant la notion même de pratique semblent éloignés des préoccupations des acteurs. De ce fait, ils ont du mal à répondre. En revanche, les notions de

« bonnes » pratiques et de « meilleures » pratiques apparaissent nettement plus abordables. Dans de nombreuses situations, en particulier lors des contacts avec le management, la conversation s’oriente très rapidement vers les « best practices ». Interrogés sur des éléments touchant à la notion de « pratique », il n’est pas rare que les acteurs répondent « meilleure pratique ». Comme si la notion de pratique, dépourvue du qualificatif « meilleur », n’offrait que peu d’intérêt.

Bien que l’ensemble des réponses relèvent de la même idée générale, nous distinguons sur ce sujet l’approche faite par les opérationnels de celle des membres du management. Certaines nuances nous semblent intéressantes à préciser.

Chez les opérationnels, une « bonne » pratique est une pratique « qui marche ». Par ces mots simples, les répondants entendent une manière de procéder adaptée aux contingences opérationnelles, qui permet d’obtenir le résultat escompté et qui permet d’obtenir la satisfaction du client de la prestation. On retrouve l’idée de connaissance efficace de G. Szulanski [1996].

La « bonne » pratique est souvent issue d’expériences antérieures, la comparaison des résultats obtenus amenant progressivement à conserver une pratique plutôt que d’autres. Aux yeux des acteurs, la pratique retenue mérite alors d’être « routinisée » puisqu’elle est efficace.

Pour les membres du management, les « bonnes » pratiques sont des pratiques stables, qui conduisent à la performance. Nous identifions là la principale nuance distinctive avec la perception des opérationnels : très fréquemment, les membres du management associent la

« bonne » pratique à la notion de performance alors que les opérationnels ne voient qu’une pratique « qui marche ». Les membres du management associent également à l’application de la

« bonne » pratique l’obtention prévisible et régulière des résultats attendus.

La notion de « meilleures » pratiques fait sens chez l’ensemble des acteurs. Le principe est bien compris par les individus. Il s’agit d’abandonner des pratiques multiples et désordonnées cumulées au fil du temps pour adopter des pratiques recommandées. Si le concept est clair, il ne recueille pas pour autant l’adhésion des répondants. Les opérationnels en majorité doutent de la capacité des « meilleures » pratiques à apporter des solutions applicables sur le terrain. Adopter des modèles de performance [C.A Voss et al., 1997 ; P. Hanson et C. A. Voss, 1995], c’est renoncer aux ajustements personnels et inédits. Or, l’ajustement est ressenti par les opérationnels comme élément essentiel pour délivrer une réponse adaptée aux demandes très variables. De plus, si les « meilleures » pratiques sont imposées, elles sont perçues comme d’autant plus suspectes, car nées loin des nécessités du terrain. Nous notons que, bien qu’un peu plus atténuée, cette réticence est également présente dans nos conversations avec le management. Quelques prises de position illustrent notre propos : « en fait les best practices dépendent des éditeurs d’ERP : c’est ce qu’il savent faire ou ce qui est présent dans leur produit »., « les meilleurs pratiques, c’est recopier médiocrement ce que font les autres » ou encore « la meilleure pratique, c’est simplement celle qui est la plus suivie, mais ce n’est pas obligatoirement la meilleure». Nous faisons aisément le lien avec les travaux de C. Midler [1986] quant au mimétisme et aux modes managériales en période d’incertitude.

Une notion de pratique finalement faiblement définie

Ni la perception de la pratique comme une habitude, ni la fréquente confusion entre pratique et meilleure pratique ne nous permettent réellement d’instruire le caractère de variabilité des mises en œuvre. Or, c’est pourtant l’angle d’étude que nous avons choisi. La pratique vue comme une habitude insiste sur la dimension récurrente et tacite mais ne discute pas précisément de la variabilité des mises en œuvre. La notion de pratique abordée sous l’angle de la meilleure pratique ne permet pas une meilleure approche. La variabilité des pratiques est dès le départ présentée comme conceptuellement condamnable : il s’agit d’une dispersion qui nuit à la performance.

Nous ne disposons donc pas d’une définition de la pratique sur laquelle nous pourrions nous appuyer pour mettre en perspective les ajustements opérés dynamiquement par les acteurs dans le cadre de leur action. Et l’examen de la littérature ne nous porte pas vraiment secours. R.

Whittington [2001] et M.L Gomez [2006] notent la multiplicité et l’hétérogénéité des travaux portant sur les pratiques :

- les communautés de pratiques [J. S. Brown et P. Duguid 1991, J. Lave et E. Wenger 1991, B. Moigeon et G. Soenen 2001, A. Mutch 2003]

- la notion de connaissance au sein des pratiques [S. D. Cook et J. S. Brown 1999, W. J.

Orlikowski 2000, D. Nicolini, S. Gherardi et D. Yanow, 2003]

- la pratique stratégique [R. Whittington 1996, 2002; P. Jarzabkowski 2004, R. Chia, B.

MacKay and S. Masrani 2005, J. Hendry 2000].

- les pratiques comptables [A.G. Hopwood and P. Miller, 1994]

R. Whittington [2001] attire l’attention sur un concept de pratique à l’étendue alarmante et cite les travaux de T. Schatztki et al. [2001] qui considère que dans certains cas, les points de vue sont même divergents.

En l’absence d’une définition unique, appropriée et aisément mobilisable, nous décidons de croiser trois sources d’information pour élaborer nous-mêmes un premier regard sur la notion de pratique qui convienne aux investigations que nous souhaitons mener. Nous sélectionnons des éléments récurrents issus des différents travaux théoriques déjà réalisés [R. Whittington, 2001], des définitions relevées dans des dictionnaires de la langue française et des observations personnelles réalisées sur le terrain. Nous ne prétendons pas alors établir une définition de la pratique à portée universelle mais cherchons à expliciter ses principaux traits caractéristiques dans le contexte de notre étude. Nous dégageons ainsi deux éléments majeurs : la notion d’expérience applicative et un positionnement à l’intersection de l’individuel et du collectif.

Proposition de caractérisation dans le cadre de notre recherche

La pratique comme expérience applicative La pratique comme mode d’action

Dans tous les travaux, dans toutes les définitions issues des dictionnaires, la pratique est présentée comme indissociable de l’action. Pour le dictionnaire Larousse, la pratique est

« l’application, l’exécution, la mise en action des règles, des principes d'une science, d'une technique, d'un art, etc., par opposition à la théorie ». Dans les différentes publications, on retrouve fréquemment les termes « manière d’agir », « conduite », ou encore « mise à exécution ». E. Morin [1977, p 157] parle « d’ensemble d’activités qui effectuent transformations, productions, performances, à partir d’une compétence »64. Le dictionnaire

64 E. Morin fait le lien entre « pratique » et « Praxis ». Le terme « Praxis » a été employé par Marx pour caractériser

« l'ensemble des activités productrices des vivres ». C'est donc par le biais de Marx que ce terme fait son entrée dans les sciences sociales. La première caractéristique de la praxis chez Marx est son exclusivité humaine

Larousse complète : « Façon d'agir, conduite habituelle à un groupe ». La pratique n’existe donc pas de manière inerte. L’agir conditionne son existence.

M. de Certeau [1980], De Certeau et al. [1998] complètent le propos en précisant que s’intéresser aux pratiques, c’est s’intéresser aux micro-activés quotidiennes, au jour le jour, des personnes ordinaires. C’est privilégier une observation des personnes plus que des organisations [R.

Whittington, 2001].

Enfin, la dimension personnelle n’est pas absente. La pratique fait référence aux constantes adaptations prodiguées par les acteurs pour tenir compte de circonstances changeantes. Elle fait intervenir « trucs », astuces et stratagèmes personnels. Le ressenti de la situation n’est pas étranger à la manière d’agir. L. Giard indique [1998, p 156] que chaque opérateur peut créer son propre style en fonction de la manière dont il accentue certains éléments plutôt que d’autres de la pratique. Nous retrouvons alors l’idée que chaque action est unique et constitue une solution singulière dans un contexte qui ne reproduira jamais à l’identique.

Pour nous, ce lien omniprésent à l’agir quotidien explique la difficulté des acteurs à évoquer de manière plus conceptuelle la notion de pratique.

La pratique comme résultat d’une mise en application

La pratique regardée comme adaptation d’un principe en situation ne peut exister en l’absence d’un référent antérieur à l’action. Toutes les définitions renvoient à l’idée d’une connaissance, d’un principe qui préexiste à l’action et qui la guide. Il peut s’agir d’une intention, d’un projet.

Le dictionnaire Littré propose : «Exécution de ce que l’on a conçu, projeté ». Il peut s’agir de règles. Ce même dictionnaire évoque : « l’application des règles, des principes, par opposition à la théorie qui est la connaissance raisonnée ». Il peut s’agir d’une expérience acquise. Le dictionnaire Larousse complète : « Connaissance acquise par l'expérience, par l'action concrète : Avoir la pratique de la mer. ». Le référent peut relever d’un formalisme réduit : expériences, conduite habituelle. Il peut également faire l’objet d’une formulation plus aboutie : règles, procédures, principes énoncés.

La pratique est alors une manière d’agir dont le résultat correspond à la mise en action d’une référence antérieure. Dans cette distinction entre « référence antérieure » et « mise en action », nous retrouvons la notion d’instanciation présente dans les techniques informatiques. Le terme instanciation est issu du terme anglo-saxon instance, qui signifie « cas de figure », « occasion ».

En informatique, l’instanciation correspond à la création dynamique (la mise en action) d’une variable à partir d’un schéma de principe statique (la référence). Nous retrouvons une

compréhension analogue à celle d’enaction, que nous traduisons par « mise en action ». S. D.

Cook et J. S. Brown [1999] définissent ainsi la pratique comme les activités coordonnées des individus dans leurs tâches quotidiennes telles qu’elles sont communiquées selon un contexte particulier.

La combinaison d’une notion de mise en application d’un principe préexistant et de celle d’une solution unique et contextuée nous amène à regarder la pratique comme une expérience applicative, le terme expérience rappelant à nos yeux le caractère unique de chaque mise en œuvre.

La pratique comme nécessairement liée à une intention

La pratique nous apparaît indissociable d’une intention initiale de mise en œuvre d’un principe référant. Pour nous, il s’agit de traduire l’impossibilité de considérer isolément intention, interprétation et action. P. Livet [1994] souligne que toute action n’est pas nécessairement inscrite dans l’intention, que toute intention ne se traduit pas nécessairement par une action, et que l’incertitude liée au déroulement de l’action conduit à prononcer l’indécidabilité de l’intention. Enfin, pour S. Daraut et M. Kechidi [2004], la pratique s’apparente à l’action et de ce fait correspond à faire « quelque chose en rapport avec la réalisation d'une intention ».

Intention, interprétation et action seront donc regardées comme formant un tout sans qu’il soit possible de prendre en compte l’un des éléments isolément des deux autres. Ce choix aura une conséquence sur la suite de notre étude.

Lorsque nous évoquerons la notion de variété des pratiques, nous serons amenés à nous interroger sur ce qui conduit l’individu, face à une situation imprévue, à préférer agir d’une manière plutôt que d’une autre. Le fait de considérer intention et action indissociables rendra impossible le report du questionnement sur les seules caractéristiques de l’encadrement hiérarchique. Si l’acteur préfère agir de telle manière plutôt que de telle autre, ce n’est pas une simple question de directive. Face à une incertitude opérationnelle, le recours à la supervision directe [H. Mintzberg, 1982] n’est pas une réponse à notre questionnement. Nous considérons dans ce cas précis que la supervision directe permet à l’acteur de compléter, de modifier ou d’ajuster sa prescription mais elle ne le dispense pas d’un cheminement intellectuel incontournable aux phases insécables : interprétation de la prescription, intention d’action et action.

La pratique à l’intersection de l’individuel et du collectif La pratique structurée par le social

La pratique, même regardée sous l’angle d’une interprétation personnelle, n’est pas isolée du social. On n’agit pas sans faire référence aux autres. S. Daraut et M. Kechidi [2004] citent M. L.

Morin lorsqu’elle évoque la part du social dans les comportements : « nul n’est censé ignorer la loi ». Pour J.P. Dupuy [1994], l’acteur n’agit pas dans un vide social. P. Livet [1993] constate que l’action se déroule dans un contexte et que, de ce fait, elle engage dans tous les cas de figure relation avec autrui. Les ajustements personnels sont donc guidés par le social. L. Giard [1998, p 157] et E. Wenger [1998, p 57] insistent sur le fait que les pratiques personnelles, même réalisées de manière solitaire, incluent une large dimension sociale. Pour E. Wenger [1998, p 47], la pratique correspond à un « faire » à regarder nécessairement de manière contextuée. C’est la situation qui structure et donne signification aux actions. La pratique est alors toujours sociale.

Dans l’approche conventionnelle qui est la nôtre, les acteurs, lorsqu’ils agissent, mobilisent le common knowledge. Ils ne sont donc jamais insensibles aux considérations des autres.

Nous retrouvons par exemple très simplement cette emprise du social lorsque nous entendons les acteurs parler des « best practices ». La notion de meilleure pratique est liée à une idée de sous-optimalité de certaines pratiques comparées à d’autres. Ainsi, au cours de nos conversations, la

« meilleure » pratique nous est souvent présentée par ses défenseurs comme plus performante du fait d’une réduction des dispersions illusoires. Or lors de ces échanges, la notion d’optimalité ou de performance nous est presque toujours donnée sans le moindre détail explicatif. La notion d’optimalité est pourtant toute relative, comme celle de la performance. En fait, pour nos interlocuteurs, elle n’a pas besoin d’être détaillée car elle leur semble évidemment partagée par l’ensemble des personnes qui en discute.

Les significations transformées par les pratiques

Si le social structure la pratique, la manière dont chaque individu pratique n’est pas non plus sans conséquence sur le collectif. En ajustant une directive au contexte présent lors de sa mise à exécution, l’individu donne du sens à la directive. Il lui confère une existence dans le monde des actions. Nous retrouvons le propos de L. Wittgenstein qui considère que la règle n’a pas de signification en dehors de sa pratique et qu’au contraire, c’est la pratique qui donne une signification à la règle65. Nous établissons également une liaison avec les travaux d’A. Giddens [1984] qui envisage action et structure comme se réalisant mutuellement. Enfin, nous retrouvons

65 S. Kripke [Wittgenstein on Rules and Private Language, Oxford, Blackwell, 1982] évoque à ce sujet le « paradoxe sceptique de L. Wittgenstein » [L. Wittgenstein, Philosophical Investigations, Oxford, Oxford University Press, 1953] : « Aucune manière d’agir ne pourrait être déterminée par une règle puisque chaque manière d’agir pourrait se conformer à la règle. »

notre approche conventionnelle pour laquelle « les repères qui conduisent les actions » et « les actions qui font les points de repère » ne sont que les deux facettes d’une même pièce. Les ajustements réalisés par les individus n’ont donc pas une portée simplement opérationnelle. En pratiquant d’une certaine manière, en adoptant une nouvelle pratique, en échangeant avec d’autres sur certaines pratiques partagées, l’acteur influence et transforme les significations collectives, le sens données aux choses.

Le social structurant la pratique et la pratique transformant les situations, nous positionnons bien la pratique à l’intersection entre l’individuel et le collectif.

Les pratiques comme application des prescriptions opératoires

Les prescriptions dans l’organisation contingente Principes de division et de recomposition

Nous nous intéressons plus particulièrement aux pratiques et à la variété des pratiques issues de la mise en œuvre des prescriptions opératoires. Nous entendons par prescription opératoires l’ensemble des instructions, consignes et directives qui sont données aux individus de l’organisation pour réaliser les tâches qui leur sont assignées. Situons les prescriptions opératoires dans le modèle contingent de l’organisation.

La modèle contingent de l’organisation appartient à l’ensemble des modèles où l’organisation est vue comme un moyen de mettre de l’ordre dans le travail des individus. On parle fréquemment de technocratie rationalisée, faisant référence à Weber. L’organisation est basée à la fois sur les notions de division et de recomposition. La division prend forme de séparation en unités, et la recomposition est le moyen d’obtenir de l’ordre. La division est rendue nécessaire pour tenir compte d’intérêts divergents. La recomposition, effectuée selon un principe organisateur, structure pour former une globalité ordonnée. P.-Y. Gomez [1997c, 1998] établit une rapide synthèse des principes organisateurs utilisés dans les différentes théories :

- la division du travail : F. W. Taylor, H. Fayol, Max Weber ;

- la division entre humain et technique : le systémisme technologique d’E. L. Trist, le Tavistock Institute, D. S. Pugh et l'Aston School ;

- les lois économiques fondamentales : K. Marx, A. Chandler, O. Williamson

- l’adaptation à l'environnement : H. Mintzberg, R. M. Kanter, P.R Lawrence et J.W Lorsch.

La recomposition correspond à la volonté de procéder à un assemblage cohérent de compétences, de

moyens spécifiques, de constituantes complémentaires. Elle met en jeu des règles, des systèmes d’ordonnancement (F.W Taylor, H. Fayol) ou encore les méthodes de circulation d’information (M.

Aoki).

Dans ce contexte, les prescriptions opératoires sont un vecteur d’ordre rendant les actions contrôlables et génératrices de résultats conformes et prévisibles. Les pratiques qui découlent de la mise en œuvre de ces prescriptions apparaissent donc comme des simples prolongements opératoires, au sens de F. W. Taylor.

Prise en compte des incertitudes dans le choix structurel

Comme nous l’avions précisé dans nos précédents propos, le monde éducatif est actuellement loin d’être stable. La mondialisation de la formation et ses nombreuses conséquences introduisent de multiples incertitudes. Pour rendre compte des efforts des établissements à intégrer les incessantes évolutions de l’environnement dans leur structure, nous retenons comme principe organisateur de notre modèle contingent l’adaptation à l’environnement, mobilisant T.

Burns et G. M. Stalker [1961], P.R Lawrence et J.W Lorsch [1967,1973].

T. Burns et G. M. Stalker différencient l’environnement stable, qui appelle à une organisation mécaniste, de l’environnement dynamique qui nécessite une structure plus organique. La structure mécanique s’oriente vers une configuration centralisée, formalisée, procédurisée, hiérarchique, spécialisée alors que la structure dynamique privilégie la communication latérale, l’autonomie et les ajustements mutuels. P.R Lawrence et J.W Lorsch complètent le propos et font le lien entre l’incertitude de l’environnement et le degré de différenciation de la structure. Ils entendent par différenciation le degré de segmentation en sous-systèmes pour rester adéquat à

T. Burns et G. M. Stalker différencient l’environnement stable, qui appelle à une organisation mécaniste, de l’environnement dynamique qui nécessite une structure plus organique. La structure mécanique s’oriente vers une configuration centralisée, formalisée, procédurisée, hiérarchique, spécialisée alors que la structure dynamique privilégie la communication latérale, l’autonomie et les ajustements mutuels. P.R Lawrence et J.W Lorsch complètent le propos et font le lien entre l’incertitude de l’environnement et le degré de différenciation de la structure. Ils entendent par différenciation le degré de segmentation en sous-systèmes pour rester adéquat à

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