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1.1. Les limites de l’étude

1.1.1. La population étudiée

Une partie des médecins contactés m’ont été recommandés par des médecins interrogés au début de l’étude, ce qui a pu limiter la diversité de l’échantillon. ll s’agissait souvent de médecins s’étant rencontrés au cours d’une formation commune à l’hypnose.

La population étudiée était composée, pour des raisons de transport, de médecins généralistes exerçant uniquement en Île-de-France.

Même si l’âge des praticiens n’était pas un critère de sélection, nous avons essayé d’interroger des médecins avec des panels d’expériences très différents, afin d’avoir un échantillon large. Cependant, 7 utilisaient l’hypnose depuis plus de 10 ans et 3 depuis plus de 5 ans, ce qui représente une majorité de médecins très expérimentés.

La parité des genres n’a pas été respectée dans cette étude. En effet, seul 2 médecins femmes ont répondu positivement, sur 8 demandes d’entretien par mail. Ce profil est aussi différent de la population étudiée lors d’un autre travail de thèse sur le sujet qui présentait presque la moitié de médecins femmes (83). Il est possible que cette répartition inéquitable ai limité la diversité des résultats obtenus.

1.1.2. Les entretiens

Les entretiens ont été effectués sous la forme d’entretien semi-dirigé. Des entretiens par Focus Group auraient pu être menés. En effet, cette technique permet d'appréhender, en plus des représentations des participants, l'argumentaire qui se construit dans le groupe. Autre avantage non négligeable, le Focus Group est déjà en soi, un mini-débat qui s’avère être intéressant dans le cadre d’une étude qualitative sur les représentations d’une pratique. Cependant, la répartition géographique de l’échantillon était grande ce qui rendait très compliqué l’organisation de cette technique. De plus, nous avons fait le choix de réaliser des entretiens individuels pour conserver

une certaine intimité, permettre une meilleure liberté de parole et éviter l’homogénéisation des données autour de leader d’opinions.

Un guide d’entretien a été réalisé afin de dégager une trame de questions. Si le guide présente de nombreux avantages, il peut également avoir des inconvénients : apprendre à se détacher du guide, rester ouvert dans les questions, expliquer son usage à l’interlocuteur et savoir l’adapter en fonction de la direction de la discussion afin de ne pas influencer les réponses du sujets interrogés.

Les limites constatées à l’utilisation du guide et lors des entretiens sont les suivantes :

- Le guide n’était pas assez orienté pour la prise en charge des troubles du sommeil, ainsi les médecins ont beaucoup évoqué leur pratique de l’hypnose de manière générale plutôt que dans le traitement des insomnies, malgré les tentatives d’amélioration du guide au fur et à mesure. Cependant, pour quasiment tous les médecins, il n’y avait pas de différence fondamentale entre l’hypnothérapie des troubles du sommeil et celle d’autres troubles. Cette constatation peut mettre en lumière un contraste existant entre la perception actuelle d’une médecine centrée sur le symptôme et le principe fondamental d’une thérapie par l’hypnose centrée sur la globalité du patient.

- Au cours des entretiens, il a parfois été difficile de guider la discussion. En effet, par respect pour les médecins interrogés et pour qu’ils se sentent libres de donner des informations approfondies, l’opérateur a préféré ne pas couper la parole dans leurs interventions en les laissant aller au bout de leur idée, amenant certains hors-sujets. - Il est aussi important de remarquer qu’au cours des discussions, du fait des méthodes de

communication des médecins interrogés, l’opérateur a pu être en état d’hypnose. Cet état modifié de conscience peut être accompagné de distorsions temporelles et affecter l’attention consciente portée sur le langage non verbal et les relances.

- Durant les premiers entretiens, il est arrivé que les relances soient des questions fermées n’incitant pas le praticien à développer plus son idée. Nous avons par la suite, par des modifications du guide, fait plus attention aux formulations des relances.

- Un des entretiens n’a pas été enregistré suite à un problème technique avec l’enregistreur vocal. Il a été décidé de ne pas l’inclure.

Par manque de temps, une deuxième lecture n’a pas pu être réalisée par le directeur de thèse, mais un double codage a été réalisé sur un des entretiens afin de corroborer les résultats et de s’assurer de la reproductibilité de la méthode. Ceci peut quand même être considéré comme une limite de la validité des résultats codés.

À la lecture des retranscriptions, le texte a été codé, fragment par fragment, et réarrangé en une liste de catégories faisant émerger les thèmes principaux. L’émergence et l’ordonnancement des thèmes sont subjectifs et présentent un risque de biais interprétatif. En effet, la mise en ordre tient compte de l’importance d’un thème par rapport aux autres et de sa pertinence en référence à l’objet de la recherche, il est ainsi difficile de supprimer l’implication du chercheur.

Néanmoins, la méthode des recherches qualitatives consiste à s’adapter aux propos exprimés par les sujets interrogés et de les analyser avec le moins de biais d’interprétation possible. Par conséquent, l’idée exprimée par la majorité des médecins reposant sur l’absence de protocole spécifique à l’insomnie, et créant un déséquilibre entre les propos sur la pratique de l’hypnose en général et celle spécifique aux troubles du sommeil, n’empêche pas la cohérence avec les objectifs de l’étude.

1.2. Les Force de l’étude

1.2.1. La population étudiée

Premièrement, le recrutement des praticiens interrogés a permis d’atteindre la saturation des données après 12 entretiens. Les deux derniers ont permis de vérifier qu’il n’y avait plus de nouvelles données.

Nous avons essayé d’inclure un échantillon aussi large que possible parmi des praticiens généralistes hypnothérapeutes afin de recueillir une grande diversité de propos. La variété des formations chez les praticiens représente une force de l’étude. En effet, 4 médecins ont été formés à l’Institut Milton Erickson de Lyon, 3 à l’UNAFORMEC Ile-de-France, 3 à l’Institut Français d’Hypnose et 3 médecins ont fait le DU de la Pitié Salpetrière.

La population de l’étude était composée de 14 médecins généralistes d’Île-de-France avec une médiane d’âge de 57 ans. 12 médecins avaient plus de 50 ans et 2 moins de 50 ans. Même si l’objectif n’était pas d’obtenir un échantillon représentatif, l’échantillon est cohérent avec l’âge dans la population de médecine générale.

Parmi la population, une minorité exerçait en milieu rural, ce qui diffère des études du Dr Gallet (83) et du Dr Desmars (81) pour lesquels la majorité des médecins exerçaient en zone rurale. Ces études se déroulaient à Tours et à Rennes ce qui peut expliquer cette différence. Ainsi, une force de notre étude est qu’elle apporte de nouvelles données issues d’un milieu majoritairement urbain.

Onze des quatorze médecins interrogés pratiquaient une activité complémentaire à leur pratique de médecine générale (médecine thermale, ostéopathie, mésothérapie, maladie infectieuse, sexologie, addictologie, acupuncture, échographie).

1.2.2. Les entretiens

Un guide d’entretien a été rédigé afin d’avoir une trame souple de questions ouvertes, cohérentes avec les objectifs de la thèse, les plus neutres possible, simples et faciles à comprendre afin de donner au sujet interrogé la plus grande liberté de parole. Ce guide a aussi été adapté après chacun des entretiens afin de mieux orienter la discussion vers la question initiale et aborder des sujets qui n’avaient pas été repérés au départ.

Deux entretiens non enregistrés avec deux médecins volontaires ont été réalisés pour évaluer la cohérence des questions ainsi qu’anticiper la durée des entretiens.

Les entretiens se sont tous passés dans un climat de confiance, de respect mutuel et de bienveillance. Tous les médecins ont pris le temps d’élaborer des réponses construites aux questions posées et de formuler verbalement un vécu implicite nécessitant une prise de recul sur leur pratique quotidienne. Les entretiens ont été très instructifs pour ce travail.

1.2.3. La méthode d’analyse

La retranscription des données a été faite en verbatim et s’est déroulée au fur et à mesure des entretiens, permettant d’adapter le guide mais aussi de déterminer le moment de la saturation d’idées et terminer le recueil de données. Le maximum a été fait pour relever toutes les expressions langagières (onomatopées, figures de style, silences) afin de faire une analyse linguistique la plus juste possible. Les retranscriptions ont été soumises aux participants respectifs afin d’en assurer l’exactitude et éventuellement permettre l’émergence d’idées nouvelles, augmentant ainsi la validité.