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3. ANALYSE DES ENTRETIENS

3.2. Les principes et les différentes techniques concernant l’hypnose médicale énoncés par

3.2.1. Les principes concernant le praticien hypnothérapeute

Le but relaté par tous les médecins d’une façon ou d’une autre est de responsabiliser le patient dans son processus de changement « c’est vous qui pilotez votre vie », « le but c’est vraiment de les responsabiliser »

Et de l’aider a trouvé ses propres ressources qui le permettront d’aller mieux. « Mobilisation des ressources qui se met au service du désir de changement »

Le praticien doit pour ça instaurer un état de confiance et de sécurité pour le patient. « Tu arrives à leur faire sécréter un cocon dans lequel ils se sentent complètement protégé, dans lequel ils sont eux-mêmes » « c’est important que le patient ait confiance dans l’aide qu’on apporte, qu’il n’ait pas peur... »

Il est donc important pour plus de la moitié des médecins d’instaurer un cadre avant de commencer en expliquant que des choses inattendues peuvent ressortir et qu’il faut les accepter et que ce qui se passe est là pour son bien.

Il s’agit donc de changer le regard du patient sur son trouble et de lui donner la possibilité

de changer. « Ça permet de faire entendre à nos patients qu’il y a une autre voie », « Sauf que

moi je lui ai donné la permission de changer… (sourire) »

Les médecins G et L stipulent que si on donne la permission au patient de changer il le fera. « Il suffit juste de leur dire que c’est ok et c’est tout... ça va tout seul »

Le médecin I pense qu’il faut amener la personne à se sentir libre. « Amener la personne à se sentir libre de faire ce qui est bon pour elle… »

Tous les médecins ont insisté sur le fait qu’il s’agit d’un accompagnement pour le patient et non d’un formatage. « On est là uniquement pour accompagner quelqu’un.. », « Vous ne leur apprenez pas à marcher en fait juste vous les encourager à se mettre debout »

Le médecin hypnothérapeute sert donc à montrer au patient qu’il y a d’autres voies sans

chercher le pourquoi du trouble ni anticiper ce qu’il va se passer pour le patient. « Je n’ai pas

été chercher pourquoi comment... on ne cherche pas.. »

Un des médecins remarque le côté pudique de cette pratique. « C’est très pudique en fait… » Un des médecins recommande de ne rien vouloir pour le patient. « comme disait François Roustand surtout ne rien vouloir pour le patient.. (pause) »

Cette démarche nécessite donc, pour 4 des médecins interrogés, de se détacher en partie de la

médecine allopathique qui nous a été enseigné et qui apparaît dans les recommandations

d’évidence based medecine. « Plus vous vous débarrasser de tout ce que vous avez appris en médecine et mieux ça va », « tu sors de tes arbres diagnostic qu’on t’a inculqué... j’ai appris à déstructurer ses cases... »

Le médecin K se décrit même comme un simple outil à la disposition du patient pour aller mieux ce qui est à contre-pied du statut de supériorité du médecin. « je suis juste un outil que vous pouvez utiliser pour vous »

Le médecin D raconte avoir appris pendant sa formation à se repositionner comme n’étant

rien. « Quelle prétention aurais-tu de vouloir faire quelque chose" (longue pause) »

En bref, tous ont témoigné de l’importance de la position basse du médecin dans cette prise en charge qui nécessite donc d’avoir une certaine humilité. « La position basse est une des règles de l’hypnose... », « c’est bien d’avoir toujours cette humilité », « ne faut pas être prétentieux. »

Cela nécessite donc d’être dans un bon état psychologique selon le médecin M qui insiste aussi sur l’importance d’un travail psychothérapeutique sur soi avant de pratiquer l’hypnose. « Surtout les conditions de disponibilité psychologique du médecin », « c’est difficile mais pour pouvoir oser il faut être calme dans sa tête... »

Les médecins D, A et K ont énoncé qu’il fallait aussi savoir prendre le patient à contre-pied, ne pas aller dans le sens de ses plaintes et voir même le brusquer avec bienveillance de temps en temps. « On savonne la planche, il faut casser les points d’appui.. Pour pouvoir reconstruire quelque chose… », « si je laisse trop de place à la plainte et bien ils vont retomber dans un cadre qu’est le cadre habituel de dire "ba je viens pleurer auprès de toi" », « ça m’arrive de leur faire du rentre dedans »

D’autres médecins formulent que cela nécessite donc une certaine confiance en soi. « Vous même trouvez suffisamment de confiance, c’est à dire d’être bien dans cette place-là », « le patient il va travailler s’il sait qu’on est en mesure de le faire »

Il faut pouvoir être tranquille peu importe ce qu’il se passe pendant la consultation. En effet, certains traumatismes psychiques peuvent ressortir entrainant des abréactions qu’il faut savoir les gérer ou simplement laisser passer. « Faut être solide, juste posé », « Parce que si lui il revit des choses fortes, puissantes qui peuvent le perturber, bon on a les outils pour gérer ça », « Il y a une émotion qui passe c’est qu’elle a besoin de passer alors on va la laisser passer... »

Cette confiance permet aussi de se sentir libre de dire ce qu’on veut et cette liberté est importante pour bien prendre en charge le patient selon le médecin G et K. « Moins je me prends la tête et mieux ça marche... », « C’est une discipline où il est important qu’on se sente libres »

Tous appuient tout de même le fait d’être bienveillant et éthique. « Parce qu’il y a cette bienveillance et que le patient la ressent, c’est ce qui fait l’efficacité de cette approche-là.... », « il y a peu de danger si tu es responsable et si tu as une éthique... »

Le médecin K ajoute qu’il est important d’être authentique avec le patient : « avec mes patients je suis authentique parce que je fais avec ma fibre à moi... »

Pour finir, Les médecins D et F ont déclaré parfois jouer du côté magique de l’hypnose présent dans l’imaginaire des patients pour renforcer l’effet thérapeutique. « Maintenant le côté mystique et magique, je ne l’ôte absolument pas.. C’est génial... je prends.. (rire) Mais avec toute modestie. Ça a une importance ce côté magique, ça agit, c’est un catalyseur... »

Il s’agit donc d’être là au présent avec le patient en lui accordant toute son attention et de pouvoir partager des émotions avec lui pour l’aider dans sa démarche thérapeutique. « C’est juste de rester présent au patient », « pour moi il y a une présence hypnotique.. », « J’accepte que les émotions fassent partie de la vie »

Un des médecins parle même de dialogue à 4 avec le conscient et les inconscients du thérapeute et du patient. « On est quatre : il y a votre conscient, il y a mon conscient mais il y a votre inconscient et également mon inconscient »

6 médecins déclarent que le patient doit être mis au centre de la prise en charge, que ce n’est pas le symptôme que l’on traite mais le patient dans sa globalité. « c’est d’eux dont il s’agit... », « je vois plus ça dans une approche très globale »

Cela entraine donc pour tous les médecins interrogés de faire du sur mesure avec chaque patient et donc de ne pas utiliser une technique spécifique pour un symptôme. « il n’y a pas de recette », « s’est adapté à chaque personne, c’est unique... », « des images qui vont dans le cadre culturel des gens et dans leur cadre de référence, parce que si ce sont les miennes elles ne leur parlent pas... »

Les médecins J et C ont aussi rapporté que cela nécessite des capacités d’improvisation pendant les consultations. « Je raconte beaucoup d’histoires, oulala j’invente… », « c’est un processus très créatif… (sourire) »

Cette improvisation doit cependant être basée sur le calibrage des paroles et du langage non

verbal du patient. En effet, tous les médecins ont insisté sur le fait qu’il faut être attentifs à

tous les gestes, paroles, réactions de la personne pour l’utiliser pendant la séance et donc créer un état de synchronisation avec le patient. « Faut être à l’affût de tout, du moindre geste » « et après on part on se met en synchro… », « selon ce que la personne va me dire, je vais m’adapter en fait ... », « Elle me dit c’est quand même bizarre « parce que sinon j’ai quand même la niaque… Voilà je vais utiliser ce matériel immédiatement »

Le médecin A nous apprend que le corps répond aux questions avant. « C’est à dire que ton inconscient répond avant ton conscient et ton conscient vient ensuite.. »

Par conséquent, le médecin N met en avant le fait qu’il faut absolument tenir compte de la présence du corps avec l’esprit. « L’émergence de la possibilité de l’hypnose dans cette relation tient d’emblée complètement compte de la présence du corps.. »

Le médecin G considère l’hypnose comme un don de la nature pour utiliser nos ressources : « l’hypnose c’est un phénomène, c’est vraiment un don de la nature »

3.2.2. Les principes dépendants du patient acceptant d’être pris en charge par