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3. ANALYSE DES ENTRETIENS

3.2. Les principes et les différentes techniques concernant l’hypnose médicale énoncés par

3.2.3. Déroulement des séances

Après avoir parlé de comment ils organisaient leur séance de manière pratique, les médecins sont entrés un peu plus dans le détail de comment se déroulaient leurs consultations en hypnose médicale. Ce sujet a montré certaines divergences dans l’avis des praticiens.

Plusieurs disent que chaque praticien à son style unique qu’ils forgent au fur et à mesure de son expérience pratique, de ses lectures et de ses formations. « ce qui compte c’est de faire à sa propre manière » « je m’enrichis de toutes les lectures que je peux faire », « Erickson a cité beaucoup : "chaque praticien invente sa propre méthode" »

Les médecins L, N et I déclarent faire un souvent un peu pareil avec une trame générale de consultation, surtout en ce qui concerne l’induction hypnotique. « J’ai l’impression de plus en plus que je fais un peu pareil pour tous », « Et le scénario est toujours un scénario de sécurisation. »

Comme énoncé précédemment Le médecin N parle de cérémonie.

La plupart prennent un temps dans une consultation dédiée ou en début de la première consultation pour expliquer ce qu’est le travail hypnotique et définir les objectifs du patient. « en général première séance je leur dis on va découvrir l’état hypnotique », « j’explique qui je suis parce que poser un cadre c’est fondamental... » « La première séance est une séance d’initiation », « faire une première séance sans avoir rencontré quelqu’un, c’est toujours un peu bizarre.... », « je leur demande pourquoi est-ce que vous pensez que l’hypnose va vous servir à quelque chose. »

6 d’entre eux insistent sur le fait de désacraliser ce qu’est l’hypnose par rapport aux représentations des patients. « souvent je pose la question aux gens : c’est quoi selon vous l’hypnose », « balayer le plus possible toutes les fantasmagories autour de l’hypnose », « il faut recadrer en disant c’est un travail qu’on va faire, ce n’est pas de la magie non plus... », « Et la démystification, ce qu’on peut en attendre elle est importante au début »

La médecin G propose au patient de choisir s’ils veulent garder les yeux ouverts ou fermés en insistant sur le fait que ça n’a pas d’importance ce qui lui permet de les rassurer sur le côté manipulation. « Je leur dis « vous gardez les yeux ouverts si vous voulez puis si vous avez envie vous les fermez »

Le médecin G dit ne pas avoir de séance d’introduction : « le premier rendez-vous est une séance d’hypnose. »

Les médecins A et K m’affirment qu’ils parlent du symptôme amenant le patient lors de cette première consultation mais qu’ils n’y reviennent plus du tout ensuite affirmant que ça ne les intéresse plus. « Une fois que le patient m’a énuméré son motif de départ après je reviens plus dessus »

Des médecins m’ont exposé certaines techniques d’induction hypnotique qu’ils utilisent préférentiellement. « L’induction hypnotique est toujours de la même nature quelques soit les situations... », « Les induction c’est vrai je les fais souvent part de la respiration et la visualisation », « souvent une technique essentiellement de relaxation qui s’appelle "ne rien faire" dans laquelle tu mets dans un état de relaxation profonde... »

A l’inverse le médecin D dit : « l’induction machin truc comme ça, pfou, c’est de la théorie... (pause) »

Un des médecins a insisté sur le fait que la profondeur de la transe hypnotique n’était pas importante et surtout pas proportionnelle à l’efficacité du travail.

Un des médecins me dit qu’il peut parfois se demander ce qu’il va bien pouvoir dire avant que la consultation commence mais que jusqu’à maintenant il toujours réussi à trouver l’outil à utiliser avec son patient. « Bizarrement je n’ai jamais eu soucis pour trouver l’outil ou la façon dont doit se dérouler la séance »

Les praticiens ont eu des points de vue assez divergents sur la nécessité de préparation du

déroulement de la séance. Le médecin M m’expliquait qu’il faisait quelques lectures sur les

techniques correspondant au trouble du patient « je vais aller ouvrir un bouquin d’hypnose, reprendre quelques chapitres sur les troubles du sommeil ou reprendre quelques scénarios » alors que d’autres affirmaient ne rien préparer « je ne prépare jamais les séances, jamais ... » et plus particulièrement ne pas accorder d’importance au motif de venue du patient. Le médecin M ajoute par contre que souvent il n’utilise pas ce qu’il a lu, c’est plus une façon de se rassurer.

Le médecin D est même convaincu qu’il ne faut pas préparer les séances car on biaise notre prise en charge si on se fait une idée de ce qu’il doit se passer pendant la consultation. C’est bien le patient qui doit trouver ses solutions et pas le médecin qui doit lui dicter. « Si on prépare on se met un scénario.. On va raisonner, on va réfléchir à penser à son scénario, on n’est pas avec le patient (longue pause) »

Le médecin G a ajouté qu’au fur et à mesure de sa pratique il se détache de plus en plus des

techniques qu’il a appris en formation. « Après moi j’en je m’en détache de plus en plus des

techniques vraiment formelles... »

Deux médecins observent qu’ils parlent de moins en moins pendant les consultations et que le travail se fait quand même. « Parfois je ne parle pas, je passe 30 minutes sans parler », « plus on avance en compétences et puis moins on en dit..»

Le médecin A nous dit : « Je passe du vouvoiement au tutoiement puisque je parle à l’enfant.. et du tutoiement au vouvoiement... »

Deux médecins écrivent les mots ou expressions que les patients répètent pendant les entretiens pour les réutiliser dans ce qu’ils disent afin de se synchroniser le plus possible au cadre de vie du patient. « Le premier quart d’heure je note tous les mots qui reviennent », « pour l’hypnose, je prends des notes… »

Les médecins N et K ont appuyé le fait qu’il n’avait pas de protocole et que leur prise en charge était à chaque fois personnalisée au patient. « je n’ai pas de schéma particulier ou standards », « ce que j’explique tout le temps c’est que moi je n’ai pas de protocole.. »

Par ailleurs la moitié des médecins se disent aussi en hypnose pendant la séance. « L’hypnose elle est duelle. Il n’y a pas que le patient, on y aussi... ». Une médecin observe donc qu’elle ne sait parfois pas ce qu’elle dit ou ce qu’elle fait. « Je ne sais même pas ce que j’ai fait, je ne peux même pas vous dire »

Presque tous ont parlé de l’importance de terminer la séance dans de bonne condition en s’assurant que le retour de la transe hypnotique se fasse progressivement. Il faut pour cela savoir amener les patients dans un état de sécurité. « Une des règles d’une séance de psychothérapie, de thérapies brèves et d’hypnose c’est d’être mieux en partant qu’en entrant... (pause) », « c’est important comment on va le lâcher.... »

Certains profite de ce temps pour faire un récapitulatif de la séance ce qui permet à la personne de revenir confortablement. Cela permet de glisser des suggestions post-hypnotiques permettant d’ancrer le travail fait pendant la consultation dans le temps. « puis de faire un petit

débriefing après le temps d’atterrir... » « puis donner quelques conseils pour la suite, quelques suggestions post-hypnotiques »

De son côté le médecin A dit : « je leur demande de rester en hypnose en partant du cabinet pour aller faire, comme Milton Erickson le faisait, un petit tour en ville pour laisser vivre cette expérience, parce que je me suis aperçu que si tu interromps immédiatement le processus et bien tu le laisses de côté... »

Enfin, Les médecins L et K n’hésitent pas à dire s’ils sentent que ça ne marche pas d’essayer de voir quelqu’un d’autres vu que chaque praticien à son style et que le contact pourrait mieux passer avec un autre. « Ça ne va peut-être pas marcher avec moi, ça va marcher avec quelqu’un d’autre… », « Peut-être que je ne suis pas le bon thérapeute pour vous... »