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LA VALLEE DE LA SAONE

V IGNOLLES « P IECE B AROT »

BIBLIOGRAPHIE

Chevillot 1979, Chevillot 1992, Chevillot, Barral, Depierre à paraître. LE SITE ET LES VESTIGES (fig. 76-77)

La nécropole à enclos quadrangulaire de Vignolles se trouve à l'est de Beaune, installée sur une terrasse alluviale. Elle s'insère dans un riche ensemble d'enclos funéraires protohistoriques. Repérée par prospection aérienne, elle a fait l'objet d'une fouille de sauvetage partielle en 1974-75, avant d'être entièrement détruite par une exploitation de gravière.

La nécropole comprenait une vingtaine d'enclos carrés de 3 à 10 m de côté. Aucune structure funéraire n'a été découverte à l'intérieur ou à l'extérieur des enclos, dont les fossés constituent le lieu de dépôt exclusif de tombes à incinérations et d'offrandes, disposées sans aménagement particulier en pleine terre. Les tombes à incinération apparaissent sous forme de concentrations d'éléments issus des bûchers funéraires (os brûlés, terre cuite, charbons de bois, objets divers). Il n'existe pas de trace de dépôts d'offrandes secondaires (vases céramiques, offrandes alimentaires n'ayant pas subi de passage sur le bûcher). D'assez nombreux fragments de vaisselle céramique et d'ossements animaux, portant la plupart des traces de combustion, se trouvent dispersés dans les terres de comblement des fossés et peuvent être interprétés comme le résultat de vidanges de foyers ou de bûchers.

COMMENTAIRE

En dehors de la céramique, les seuls objets significatifs sont quatre fibules en fer de schéma La Tène moyenne (Chevillot 1979, fig. 4, p. 164). Les trois variantes illustrées sont caractéristiques de la fin de La Tène moyenne et du début de La Tène finale (horizon LT C2- D1)146. Les datations proposées dans des études récentes pour ces types de fibules invitent à situer l'occupation de la nécropole de Vignolles entre le deuxième quart du IIème. s. et le premier quart du Ier s. Le faciès d'ensemble de la céramique s'inscrit également dans cette fourchette chronologique. Les associations présentes à Vignolles trouvent en effet des parallèles précis à Verdun -Petit-Chauvort (pots à pâte grossière claire micacée, tonnelets et bouteilles peintes, écuelles à bord rentrant à pâte grossière non tournée ou à pâte fine sombre). On discerne cependant quelques fragments de vases, qui se distinguent aisément du reste du lot et qui paraissent nettement plus tardifs147. Ces éléments isolés suggèrent une fréquentation de la nécropole pendant le Ier s. av. J.-C., jusqu'à l'époque augustéenne.

146 Chevillot 1979 : - fig. 4-4 : fibule filiforme, arc tendu, retour du pied à angle aigu ; variante illustrée à Epiais-

Rhus (Lardy 1987, p. 186 n°278-2) et à Acy-Romance (Lambot, Méniel 1993, p. 162, fig. 147B) : 1ère moitié du IIè. av. J.-C. ; - fig. 4-1 : fibule à ressort long de faible diamètre ; type présent à Feurs (Vaginay, Guichard 1988, p. 152-153, type 1a) et à Acy-Romance (Ibid., p. 162, fig. 147 A) : 2è.-3è. quart du Ier s. av.

- fig. 4-3 : fibule courte à pied trapézoïdal ; type illustré à Feurs (Ibid., p. 152, type 1c) et Acy-Romance (Ibid., p. 162, fig. 147B) : 2è. quart IIè. s. à 1er quart Ier s. av.

147 Goulot de cruche à lèvre pendante moulurée, anse en ruban d'amphorette, jatte à lèvre triangulaire débordante

LA CERAMIQUE (fig. 78-70)

La céramique recueillie à Vignolles forme un ensemble de près de 500 fragments, correspondant à une cinquantaine d'individus différents. Cette céramique est très fragmentée et en général mal conservée, ce qui est dû en grande partie au fait que les vases ont subi une intense crémation avant leur enfouissement. Ceci est particulièrement évident pour la céramique fine. En effet, sur 123 fragments de céramique peinte par exemple, moins d'une dizaine conservent leur couleur d'origine (pâte orange, engobe blanc), les autres ayant revêtu une teinte homogène grisâtre. Le taux de fragmentation est important et les possibilités de recollage faibles.

La céramique importée est uniquement représentée par deux fragments de panse d'amphore (sans doute de type Dr. 1), également surcuits et un fragment d'anse en ruban à deux bourrelets (amphore ou amphorette).

La céramique grossière réunit 60% des fragments et des individus. On distingue trois catégories de pâte : une pâte à dégraissant de feldspaths et micas typiques des vases de "type Besançon", une pâte à dégraissant sableux et une pâte à dégraissant calcaire. Les deux dernières catégories sont illustrées par des récipients non tournés de facture très grossière (à l'exception d'une jatte et d'un pot (n°3), tournés, sans doute plus tardifs que le reste). Les pots à pâte claire micacée possèdent des bords moulurés relativement réguliers. Les vases en céramique grossière sont essentiellement des pots à ouverture large, à bord éversé arrondi ou mouluré (n°1-4) et des jattes ou écuelles tronconiques à bord plus ou moins aménagé (bord arrondi, biseauté, ou à impressions digitées : n° 5-7).

La céramique fine rassemble 40% des fragments et des individus. Les deux catégories les mieux représentées sont la céramique grise ou noire lissée et la céramique peinte En céramique sombre lissée ne sont attestées que des récipients bas ouverts (écuelles à bord rentrant : n° 10-11). Au contraire, la céramique peinte est illustrée par des formes hautes fermées. Il est possible d'identifier des tonnelets à lèvre en bourrelet plus ou moins saillant et fond plat (3 exemplaires : n°13-15), des pots ou bouteilles à base cintrée et fond plat (n°12) et des bouteilles à pied en couronne (n°16). Ces formes de céramique peinte se trouvent associées en nombreux exemplaires, à Verdun (n°196-227) et à Mirebeau (n°132-162). Les vases de Vignolles, très fragmentés, possédaient tous des surfaces externes revêtues, totalement ou en grande partie, d'un engobe blanc, qui ne subsiste qu'à l'état de traces. Les décors rapportés brun/sépia qui existaient à l'origine ont également entièrement disparus. CONCLUSIONS

La présence à Vignolles de pots à pâte claire micacée et surtout de céramique peinte en proportion significative, permet de mettre en relation le Beaunois avec la région du Chalonnais-Verdunois. L'existence d'affinités culturelles et de liens économiques entre ces deux secteurs peut être suggérée. Cependant, ces relations jouent essentiellement pour la céramique fine. En effet, la céramique à pâte grossière est en majorité le fruit d'une fabrication strictement locale, comme l'attestent les caractéristiques techniques des vases. En ce qui concerne la vocation funéraire du site, la composition du mobilier céramique est intéressante à étudier. Au sein de la céramique fine, on observe une répartition nette entre vases à nourriture (formes basses ouvertes) en céramique sombre lissée et vases à liquides (formes hautes fermées : bouteilles, tonnelets), en céramique peinte. Cette répartition apparaît également sur certains sites d'habitat ou de sanctuaire où la céramique peinte est bien représentée (St. Symphorien, Verdun, Mirebeau), mais de façon cependant moins stricte et exclusive qu'à Vignolles. La proportion relativement élevée de céramique peinte pourrait

traduire une importance particulière des vases à liquides (mais la faiblesse de l'échantillon ne permet pas d'être totalement affirmatif) et donc un choix privilégié de ce type de récipient. Ce serait le seul indice à Vignolles d'une sélection au sein de la vaisselle céramique, liée à la fonction funéraire du site.

En effet, dans une optique opposée, on peut constater que la répartition entre céramique grossière et céramique fine (c'est-à-dire entre vaisselle à fonction culinaire ou utilitaire et vaisselle de table ou de présentation) est globalement identique à celle qui existe sur les habitats contemporains de la vallée de la Saône148. En cela, Vignolles se distingue clairement de la nécropole de Feurs, en pays ségusiave149, où la vaisselle utilitaire est presque totalement absente des tombes et dépôts funéraires (Guichard, Vaginay 1993, p. 241). En revanche, cette particularité permet de rapprocher Vignolles de Mirebeau et sans doute également du site des Bolards, quoique la documentation soit plus restreinte. Il est possible que cette fréquence de la céramique grossière constitue une spécificité des nécropoles et sanctuaires appartenant à une aire géographique et culturelle qui reste à définir. Ces quelques réflexions montrent l'intérêt du petit lot de céramiques de Vignolles, jalon important au sein d'un secteur mal documenté.

148 où la vaisselle grossière représente entre 50 et 70% des vases.