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S AINT D ENIS LES S ENS « C HAMP N OTRE D AME »

LA VALLEE DE LA SAONE

S AINT D ENIS LES S ENS « C HAMP N OTRE D AME »

BIBLIOGRAPHIE

Barrandon et alii 1993 ; Joly à paraître. LE SITE ET LES VESTIGES (fig. 127)

Localisé sur une basse terrasse de la rive droite de l'Yonne, au lieu-dit "Champ Notre-Dame", le site a été exploré sur environ un hectare297. Le plan d'ensemble des structures, creusées dans le sol géologique, est apparu distinctement après le décapage. On distingue des fossés continus ou discontinus délimitant des enclos, des fosses de tailles variées, difficiles à interpréter et des séries de trous de poteaux dessinant les plans de bâtiments en bois et torchis et couverture de chaume. Ces différents éléments appartiennent à un établissement rural de type "ferme indigène", dont on connaît de nombreux exemples en Gaule.

Les structures se répartissent en deux ensembles distincts, correspondant à deux phases successives de l'occupation du site.

Lors de la première phase, trois bâtiments à vocation agricole ou artisanale (étable, grenier, atelier) sont installés dans un espace trapézoïdal, clos par une palissade dont l'accès se trouve à l'ouest, et divisé en deux parties par un fossé étroit.

Le début de la seconde phase est marqué par un réaménagement complet du site, avec abandon des structures préexistantes. Une nouvelle enceinte, plus grande que la précédente, et d'orientation différente, fait son apparition. De forme rectangulaire, matérialisée par un fossé, elle délimite un vaste espace rectangulaire de 70 par 76 m. Une construction sur neuf poteaux, au plan régulier de 7,20 m par 3,60 m, semble, d'après son orientation, lui être associée. CHRONOLOGIE

Dans le remplissage d'un des trous de poteaux du grand bâtiment rectangulaire, ont été recueillis 242 statères en or (globules à la croix). La date d'émission de ces monnaies se situe vers les années 70/60 av. J.-C. (Barrandon et alii 1993, p. 644). On peut songer à un trésor caché ou à un dépôt de fondation, ce qui laisserait supposer que la construction du bâtiment se situe un peu avant le milieu du Ier s. av. J.-C. Parmi le mobilier recueilli, les fibules et la céramique constituent les meilleurs témoins chronologiques. Elles couvrent la période comprise entre les années 70/60 av. J.-C. et le changement d'ère. Les éléments les plus récents (période augustéenne) se trouvent principalement localisés dans le fossé de la grande enceinte. Les données de fouille et le mobilier archéologique apportent donc des indications concordantes. La première phase, correspondant aux bâtiments situés à l'intérieur de l'enclos

297 Fouille de sauvetage menée à l'occasion des travaux de construction de l'autoroute A5, au début de l'année

palissadé, peut être datée des années 70/60 à 30/20 av. J.-C. et la seconde, principalement illustrée par la grande enceinte, des années -30 à +10 environ. Il n'y a pas de hiatus dans le matériel, ce qui montre que l'occupation du site est continue et que les deux phases se succèdent sans rupture.

LA CERAMIQUE

La fouille a livré 3500 fragments correspondant à 380 vases (fig. 128 et 129). Le prélèvement du mobilier a été effectué par structures, mais les documents disponibles à l'heure actuelle ne permettent pas de situer ces structures numérotées sur le plan du site. Le mobilier a donc été étudié globalement298.

La céramique grossière représente un peu plus du tiers du total des vases (35,4%). Les vases

non tournés sont majoritaires par rapport aux vases tournassés ou tournés (21% contre 14% en NMI). Plusieurs catégories de céramique grossière peuvent être distinguées.

Les vases à pâte grossière tournassée "type Besançon" représentent 8,2% du total des individus. Le répertoire comporte uniquement des pots, soit à bord arrondi déversé mouluré (n°30-32) soit à bord triangulaire (n°33-34), à l'exception de deux jattes (n°35-36), dont l'une présente une lèvre à décor ondé. Le reste de la céramique non tournée comporte des pots (n°1- 16), des écuelles ou jattes à bord rentrant (n°17-28) et quelques écuelles à bord éversé (n°29). En céramique grossière ou mi-fine à pâte claire sont fabriqués presque exclusivement des pots (n°39) et quelques jattes à bord rentrant (n°46-47) ou à bord mouluré (n°48). Enfin, deux couvercles (n°49 et 50) et une marmite (n°51) sont revêtus d'un engobe micacé.

La céramique mi-fine sombre tournée (17,4% des individus) comprend des pots à bord lisse

ou mouluré (n°60-62), des écuelles à bord rentrant (n°64-67), et de rares écuelles à profil en S (n°68) ou à bord éversé (n°69-71).

La céramique fine tournée (47,2% des individus) se partage inégalement entre plusieurs

catégories. La céramique sombre lissée, généralement à section zonée (coeur rouge à brun) et aux surfaces noires domine largement (31,6% du total des individus), suivie de la céramique claire, mi-fine à fine (10%). Parmi les autres catégories attestées, la céramique grise homogène forme le groupe le mieux représenté (4,2%). Le répertoire de la céramique fine, relativement diversifié, est dominé par les formes basses (38,2% contre 19,8% de récipients hauts fermés). Les formes hautes sont illustrées par des pots (n° 72-88), aux profils assez variés, dont le col est fréquemment souligné par une baguette (n°79-84) et de rares gobelets à lèvre concave (imitations de parois fines : n° 91-92). Au sein des formes basses, l'écuelle à bord rentrant (n°95-98) occupe la première place (17,1%). Les bols hémisphériques lisses (n°111-115) ou à baguettes (n°116-118) sont présents en quantité non négligeable (presque 10% des individus). Quelques écuelles à bord éversé (n°99-100) ou à profil en S (n°104-105) complètent, pour l'essentiel, le répertoire des formes basses de la céramique fine sombre. Les assiettes en céramique grise homogène, ou en céramique claire à engobe rouge ou micacé, imitant des formes de céramique à vernis noir (n°119-123 : imitation Lamb. 7 ; n° 125-126 : Lamb. 6), représentent quant à elles un peu plus de 5% des vases. Enfin, il faut noter la présence, en céramique grise homogène de quelques coupes carénées (n°127-129).

Les décors sont rares : quelques décors incisés (n°9 et 14) et surtout des décors ondés (n°52, 60, 82, et 130).

Conclusions

La céramique de Saint-Denis illustre le faciès de la céramique indigène dans un domaine rural en territoire sénon à la fin de La Tène et au début de l'époque augustéenne. Les aspects les plus intéressants à souligner sont les suivants.

Une partie importante de la céramique culinaire présente un caractère nettement archaïque pour la période. Le groupe majoritaire de céramique grossière réunit en effet des vases modelés, aux parois d'épaisseur irrégulière et aux surfaces lissées à l'estèque, certainement produits à l'échelon domestique. Cette série locale coexiste avec des séries de vases à pâte grossière ou mi-fine, au montage nettement plus élaboré, issus d'un artisanat spécialisé. On identifie en particulier une production à pâte et engobe micacés "type Besançon", dont le caractère tardif ressort clairement (absence de décor sur l'épaule des pots, variante à lèvre en bourrelet, jattes à lèvre triangulaire). La marmite et les couvercles à pâte claire et engobe micacé s'inscrivent dans la même tendance chronologique.

La vaisselle de table, en céramique fine, conserve en grande partie un répertoire de tradition indigène (pots à col souligné par une baguette, bols hémisphériques lisses ou cannelés, écuelles à bord rentrant ou à bord éversé), avec des caractères typologiques spécifiques du domaine sénon299.

Les nouveautés dans le répertoire des formes sont cependant plus nombreuses qu'au sein de la céramique culinaire (fréquence des assiettes à bord oblique, apparition des gobelets à bord concave, de coupes carénées).

En définitive, le faciès de Saint Denis illustre bien le renouvellement sensible du répertoire de la céramique indigène à la transition LT D2 - Auguste. Comme à Genlis, dans un contexte comparable, on constate que le poids de la tradition; les pesanteurs culturelles, sont plus sensibles au sein de la vaisselle culinaire que de la vaisselle de table (aussi bien du point de vue technique que morphologique). La pérennité de la céramique grossière modelée à une période tardive est particulièrement notable.

LE JURA