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LA VALLEE DE LA SAONE

L A M OYENNE V ALLEE DU D OUBS

BESANÇON

BIBLIOGRAPHIE

Choel et alii 1991, Dartevelle 1991 ; Dartevelle, Humbert 1990, 1992 ; Guilhot, Llopis, Choel 1991 ; Guilhot, Goy dir. 1992 ; Guilhot, Lavendhomme, Guichard 1992, Humbert 1992, Lerat 1968, 1985 ; Passard, Urlacher, Avauzi 1991 ; Pétrequin, Vuaillat 1967.

LE SITE ET LES VESTIGES

L'oppidum principal des Séquanes, mentionné par César304, est situé dans la moyenne vallée du Doubs, en bordure du massif du Jura. L'occupation laténienne de Besançon n'était connue que par des découvertes relativement ponctuelles (fig. 135 et bibliographie) avant la fouille extensive du Parking de la mairie, effectuée en 1989-1990.

Cette fouille a mis au jour une partie d'un quartier de Vesontio comprenant une dizaine d'habitations bordées par un fossé à caractère défensif, daté entre les années 130 et 40 av. n. è.305. L'exploration de ce secteur a fourni, outre des données précises et nombreuses concernant les structures et l'organisation de l'habitat, un matériel assez abondant. Celui-ci se trouve réparti entre des lots quantitativement restreints306, mais relativement bien cernés en chronologie absolue grâce aux données stratigraphiques et aux jalons fournis par plusieurs datations dendrochronologiques307.

LA CERAMIQUE308 (fig. 136-141)

L'homogénéité remarquable des productions et du répertoire céramiques, pour toute la période considérée (120 à 30 av. J.-C.) justifie un commentaire synthétique.

La céramique indigène de Besançon comprend trois groupes principaux : la céramique grossière non tournée (environ 25% des vases), la céramique fine sombre lissée (environ 30% des vases) et la céramique fine claire (environ 35% des vases).

304 César, B.G., I, 38.

305 Guilhot, Goy dir. 1992 ; Guilhot, Lavendhomme, Guichard 1992.

306 Un seul ensemble de plus de 50 vases (NMI, amphores exclues) : cf. Humbert 1992, p. 217.

307 On peut regretter que les fondements de la chronologie relative et absolue du site ne soient pas exposés

précisément dans le catalogue qui tient lieu de publication de référence (Guilhot, Goy dir. 1992).

308 Commentaire établi à partir de Choel et alii 1991; Guilhot, Llopis, Choel 1991, Humbert 1992. Dans le cas

d'indications divergentes (nombre de fragments et d'individus par ensembles, légendes des planches), nous avons retenu les données de la publication principale (Humbert 1992). Les données quantitatives disponibles ont été réunies dans deux tableaux (fig. 139-140), sous la forme utilisée pour les autres sites (les statistiques sont établies par rapport à la vaisselle seule, sans les amphores).

La céramique grossière non tournée se compose d'une part de vases à pâte claire micacée

(type Besançon), d'autre part de vases à pâte siliceuse sombre. Les deux catégories sont très inégalement représentées. La céramique micacée se situe entre 3,5 et 5% du nombre de vases, la céramique siliceuse tourne autour de 21%. Sur l'ensemble de la céramique grossière, la représentation des formes hautes et des formes basses est équilibrée. La forme unique de la première catégorie est le pot à bord mouluré, éversé arrondi, ou triangulaire, à décor incisé sur l'épaule. Les vases de la seconde catégorie se partagent entre formes hautes et formes basses. Deux formes principales se distinguent : le pot ovoïde à bord éversé ou horizontal mouluré, sans col ou à col court peu marqué et décor d'impressions ou d'incisions ponctuelles sur l'épaule, et l'écuelle à bord rentrant, le plus souvent à bord simple arrondi, parfois à bord festonné ou mouluré. D'autres formes apparaissent, de façon marginale : couvercle à lèvre simple, écuelle à fond large et paroi verticale, faisselle.

La céramique fine tournée se partage entre céramique sombre lissée et céramique claire, sans

revêtement, ou à décor peint. La céramique fine sombre réunit deux variantes principales : céramique à pâte grise ou noire et surface grise, et céramique à pâte brun-rouge et surface noire. Le répertoire de la céramique fine sombre est dominée nettement par les formes basses (environ 80% des vases de cette catégorie). La forme haute la mieux représentée est le pot ovoïde sans col ou à col court et à bord éversé. On distingue également quelques pots ou bouteilles et des tonnelets aux profils variés. Au sein des formes basses, la forme majoritaire est l'écuelle à bord rentrant (environ 1/4 des individus dans cette catégorie). Elle est concurrencée par des formes de bols aux profils assez variés : bols à panse refermée, lisses ou à baguettes, bols à panse évasée, bols à profils en S. Les formes imitant le répertoire de la campanienne sont également diversifiées, mais apparaissent en petit nombre : assiettes Lamb. 6, 7, 36, coupelle Lamb. 2, bol Lamb. 31. Les assiettes Lamb. 6 et les bols Lamb. 31 sont les mieux attestés. Les décors se limitent à des motifs simples linéaires (ondes ou stries), lissés ou incisés, qui ne sont appliqués que sur les formes basses (écuelles à bord rentrant surtout). La céramique claire se subdivise en deux séries principales : céramique claire sans revêtement et céramique peinte. Dans la première série entre un petit groupe de vases à surface lissée (écuelles, bols), dont les caractéristiques, en dehors du mode de cuisson, sont identiques à ceux de la céramique fine sombre. Le groupe le plus important est constitué par des vases bouteilles à pied creux. On discerne deux formes principales, l'une à panse élancée et col développé incurvé, marqué par un ressaut (la lèvre est arrondie ou trapézoïdale aplatie) l'autre à panse ovoïde, col développé rectiligne marqué par une baguette (lèvre débordante aplatie). La céramique peinte varie entre 8 et 13% du nombre total de vases, mais sa représentation exacte est difficile à estimer en raison des confusions possibles avec la série précédente, qui possède les mêmes caractéristiques de pâte et un répertoire largement commun. Trois groupes peuvent être distingués en fonction de la technique décorative. Le premier groupe correspond aux vases (pots ovoïdes à col court incurvé) à engobe rouge "lie de vin" uniforme. Le second groupe réunit les vases (bouteilles et tonnelets à décor peint partiel -bandes rouge et / ou blanches cantonnées au haut du vase). Le dernier groupe rassemble les vases (bouteilles et quelques bols) à décor géométrique brun, plus ou moins complexe, rapporté sur un fond uniforme blanc ou rouge.

Conclusions

Plusieurs faits sont notables. En premier lieu, les affinités entre le faciès de la céramique indigène de Besançon et celui des sites du Verdunois sont nombreuses et bien marquées. La parenté profonde entre les faciès de deux secteurs (qui communiquent par la vallée du Doubs) apparaît à la fois dans la combinaison des catégories techniques et dans la composition du

répertoire. L'équilibre des formes à l'intérieur des trois groupes principaux (c'est-à-dire la répartition des formes hautes et des formes basses, en céramique grossière non tournée, en céramique fine sombre lissée, en céramique fine claire) est également très comparable d'un secteur à l'autre. La forte représentation de la céramique fine claire et notamment des bouteilles sans revêtement ou à décor peint partiel, constitue un autre point de convergence. En revanche, la représentation relative des trois groupes techniques principaux varie sensiblement entre les deux secteurs.

Le fait le plus remarquable réside dans la faible proportion de céramique grossière non tournée à Besançon (25% contre 51% à Verdun -Petit-Chauvort) et à l'intérieur de ce groupe, dans la présence limitée de la catégorie de vases à pâte et engobe micacé (moins de 5% à Besançon, 14% à Verdun -Petit-Chauvort). Alors que dans le Verdunois (et le Chalonnais) les pots micacés constituent l'essentiel des pots en céramique grossière non tournée, à Besançon (et sur les autres sites du domaine séquane : Bâle, Lons-le-Saunier), ils n'apparaissent que de façon marginale auprès de séries dont les caractères locaux sont bien marqués. Il y a de fortes présomptions que les pots dits de "type Besançon" découverts sur les sites d'habitat séquanes aient été importés du Chalonnais-Verdunois par la vallée du Doubs309.

Le faciès céramique de Besançon présente donc des spécificités notables. La représentation relative des trois groupes principaux, qui s'équilibrent autour de 30%310 est tout à fait remarquable et distingue nettement Besançon des sites de la vallée de la Saône, où les proportions entre groupes sont beaucoup plus tranchées311.

Le second fait le plus notable réside dans l'absence d'évolution sensible du faciès de la céramique indigène entre la fin du IIè. et la fin du Ier s. av. n. è. La pérennité des catégories techniques et du répertoire est tout à fait exceptionnelle, de même que la stabilité de l'équilibre entre les différentes catégories (fig. 139-140).

Deux séries illustrent particulièrement bien cette stabilité des productions céramiques : il s'agit d'une part des pots à bord mouluré en céramique grossière, dont le profil comme la décoration ou le mode de montage restent immuables jusqu'à l'époque augustéenne312 et d'autre part des bouteilles à pied creux en céramique fine claire, dont la forme et les aspects techniques sont également remarquablement stables313. L'évolution de la céramique peinte à décor géométrique est peut être plus sensible, mais sont mauvais état de conservation rend difficile de discerner les transformations dans le mode de décoration (types de motifs, compositions) des vases. Les vases peints à décor géométriques, bien conservés, mis au jour à Besançon314 illustrent un groupe original dont l'origine séquane voire bisontine, est probable. Les motifs, leur combinaison et les couleurs mis en oeuvre, de même que la forme précise des vases, distinguent en effet nettement le groupe de Besançon des séries des régions voisines [vallée de la Saône, Suisse (Bâle), Bavière (Manching)]. En dehors des rapprochements vagues que l'on peut établir entre toutes ces séries, qui ne traduisent au bout du compte que

309 Contrairement à ce qui a pu être dit (Ferdière 1972), la fabrication de ce type de vase n'est pas attestée à

Besançon. En particulier, les vases livrés par les fours mis au jour "sous le musée" (Lerat 1968) appartiennent à la série locale de pots non tournés caractéristiques du faciès bisontin, dont la morphologie et la décoration sont assez proches de celles des pots type Besançon, mais dont les caractères techniques s'en distinguent nettement.

310 Cette répartition n'est pas propre au site du parking de la mairie, elle se retrouve à l'identique sur le site de la

rue Ronchaux (Quartier St. Jean : Passard, Urlacher, Avauzi 1991, p. 96, fig. 125) dans un ensemble daté vers le milieu du Ier s. av.

311 En particulier la céramique grossière non tournée dépasse en général nettement les autres catégories (elle se

situe en moyenne autour de 50% du nombre de vases).

312 Cf. Dartevelle 1991, Dartevelle, Humbert 1990, 1992. 313 Cf. note précédente.

l'appartenance des différentes régions concernées à la culture celtique, il semble toutefois que le répertoire décoratif peint de Besançon ait des affinités avec celui de Bâle315.

Des formes caractéristiques du faciès de Besançon apparaissent dans d'autres catégories. Les pots à bord mouluré en céramique grossière, les bols à panse refermée et lèvre en bourrelet soulignée par une moulure externe, en céramique fine sombre (fig. 136, n°20 et fig. 137, n°18), les bouteilles à lèvre trapézoïdales aplatie, en céramique fine claire316 (fig. 136, n° 27 et 137, n°14), constituent, en raison de leur fréquence particulière, de bonnes illustrations de séries spécifiquement locales.

En dernier lieu, il est intéressant de noter que les données de Besançon concernant les importations de céramiques à vernis noir (faciès, chronologie) sont cohérentes avec les observations effectuées dans la vallée de la Saône317. L'absence de certains types de céramiques importées, illustrées sur les sites de la vallée de la Saône, est par contre assez surprenante. En particulier, l'absence totale de cruches à pâte calcaire à lèvre en bourrelet est difficile à expliquer. On pourrait s'attendre également à trouver à Besançon des fragments de plats ou couvercles en céramique commune "italique" (à la période pré-augustéenne) et de fragments de céramique graphitée (attestée à Bâle et à Verdun -Petit-Chauvort).

315 Notamment en ce qui concerne les motifs utilisés : lunules, volutes : cf. Furger-Gunti, Berger 1980, pl. 103,

148, 149. L'échantillon de Besançon est cependant trop faible pour être affirmatif.

316 Ce type est attesté faiblement dans la région chalonnaise (La Saône n°34) et à Mirebeau (n°245). La variante

à panse ovoïde, col tronconique rentrant, lèvre aplatie (Humbert 1992, p. 223 fig. 88) est illustrée à Verdun (P.C n°164).

317 Apparition tardive de la Camp. Boïde (pas antérieure aux années 60), présence d'imitations régionales