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L'utilisation des motopompes est un progrès pour l'agriculture irriguée

Troisième partie : Complexité des modes d’utilisation et de consommation d’eau dans un espace à triple configuration des

- 1-Répartition et évolution des terres agricoles

IV- L'utilisation de l’eau dans l’agriculture

3. L'utilisation des motopompes est un progrès pour l'agriculture irriguée

C'est avec l'introduction des motopompes que l'irrigation va prendre un essor considérable dans la wilaya d’Oran, essor favorisé par la demande importante des produits agricoles. Les motopompes utilisées ont fréquemment une puissance de 50 CV, éventuellement 20 CV avec des tuyaux de 70 à 80 cm de diamètre (cf. Photo 31).

Les résultats d'enquête montrent que les exploitations qui possèdent 1 motopompe occupent la première place avec un effectif de 69, soit 50% du total. Elles sont suivies par un effectif de 16, soit 23% pour les exploitations qui possèdent 2 motopompes et un effectif de 6, soit près de 13% pour les exploitations qui possèdent 3 motopompes. Enfin, les exploitations, qui ont 4 motopompes et plus, présentent un effectif de 4 (cf. Tableau N° 84).

Tableau N° 84 : répartition des motopompes par exploitation (d’après enquête, 2003)

Equipement de puits avec motopompes Nombre d’exploitations % 0 5 0 1 69 50 2 16 23 3 6 13 4 2 6 5 1 3 7 1 5 Total 100 100

Aujourd’hui, pratiquement près de 100% de ces tous les puits sont équipés en motopompes. L'utilisation des motopompes a permis l'extension des cultures irriguées, la majorité des fellahs irriguent en été les parcelles de plus de deux hectares. Ces irrigants sont souvent des propriétaires qui exploitent directement leurs terres. Nous avons remarqué, au moment de l'enquête sur le terrain, qu'il y a un système de location très répandu des terres irriguées, le plus souvent en association entre parents, soit entre voisins pour l'utilisation en commun de la motopompe, soit entre le propriétaire de celle-ci et le propriétaire du sol (cf. Photo N° 32).

Les paysans les plus entreprenants ont continué à creuser des puits et à les équiper du matériel le plus récent, malgré les mesures restrictives édictées par l’Etat de ne plus creuser de puits dans la wilaya pour l’utilisation de l’eau. En effet, ces mesures sont intervenues à un moment où les fellahs ont vu leurs revenus augmenter, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont investi une partie de leur épargne dans le creusement des puits supplémentaires pour irriguer des superficies plus grandes. Il est à noter aussi que l'exploitation de la nappe phréatique n’a jamais connu un développement aussi spectaculaire que celui des vingt dernières années. Il est évident que l’accroissement du nombre de puits s’accompagne d’un accroissement du nombre du volume de l’eau pompée.

4-La technique reste adaptée aux exigences locales.

L’irrigation s’effectue, majoritairement, selon des systèmes traditionnels, par submersion ou par infiltration. Elle permet de remplir des bassins-réservoirs de forme carrée, humectés de façon uniforme. Sur chaque bassin est raccordée la seguia principale par où s’écoule l’eau répartie dans le réseau de seguias secondaires qui irriguent les cultures. Le calibre des seguias varie d’une parcelle à l’autre. La seguia a en moyenne 1,5 m de profondeur, 5 à 6 mètres de long et autant de large. L’eau stagne plus ou moins longtemps à la surface du sol, où elle forme une pellicule d’épaisseur variée. Cette technique est utilisée pour les cultures maraîchères et fourragères.

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L’irrigation par infiltration est appliquée essentiellement dans le maraîchage. L’eau s’écoule dans des rigoles rectilignes creusées dans le sens de la pente, en forme de V ou de U, dont la profondeur peut atteindre 20 à 25 cm, la largeur 20 à 30 cm.

Pour l’arboriculture, l’irrigation, par submersion est la plus fréquente : elle exige un réseau de seguias, constamment entretenus pendant la période d’utilisation, qui comprend des artères principales (parallèles à l’allée qui divise les parcelles) sur lesquelles se greffent des seguias secondaires conduisant l’eau aux bassins de 10 à 12 cm de profondeur creusés aux pieds de chaque arbre et dans lesquels l’eau vient séjourner. Lorsque un bassin est rempli jusqu’au bord, on barre l’extrémité de la seguia qui l’alimente et on fait passer l’eau dans la seguia voisine qui amène l’eau aux arbres voisins.

Photos N° 31 : l’utilisation de la motopompe avec le tuyau en plastique dans la commune de Hassi Bounif en 2003

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L’eau est amenée à la rigole par une conduite de caoutchouc flexible, percée d’orifices, munis de buses qui permettent de régler le débit.

La présence d’une personne surveillant l’eau dans les seguias, et contrôlant sa répartition à travers tout le secteur qu’on irrigue, est indispensable.

Lors des enquêtes que nous avons menées en 2003 et des repérages réalisés ultérieurement, ces techniques sont apparues prédominantes et bien ancrées dans la pratique, alors que le goutte à goutte est encore minoritaire (cf. Photo N° 33). Par ailleurs, l’introduction de nouveaux procédés suppose que l’agriculteur acquière une nouvelle formation sur le plan technique et économique.

Dans ces conditions, les mutations se font lentement dans la zone de Hassi Bounif et concerne surtout certains types de cultures (arboriculture) et les cultures sous serres.

La méthode d’irrigation par la seguia donne lieu à des pertes et à un gaspillage d’eau énormes. Moyen d’irrigation archaïque, la seguia a un rythme forcément très lent et en tournant de 5 heures du matin au crépuscule (cf. Photo N°34). Elle reste une technique mal adaptée dans un climat de type semi-aride avec une forte évaporation et une forte infiltration dans des sols sablonneux.

Les résultats d'enquête montrent que les exploitations qui ont une durée d’irrigation de 5 heures par jour sont les plus nombreux : 24%. Elles sont suivies par 20% d’exploitations qui irriguent 4 heures, 6 heures et 8 heures par jour. Enfin, les exploitations qui irriguent 3 heures représentent 4% du total et plus de 8 heures par jour, 1% (cf. Tableau N° 85).

Tableau N° 85 : durée d’irrigation dans les parcelles (d’après enquête, 2003) Durée d’irrigation Nombre

d’exploitations % 0 heure/jour 10 10 3 heures/jour 4 4 4 heures/jour 20 20 5 heures/jour 24 24 6 heures/jour 20 20 7 heures/jour 1 1 8 heures/jour 20 20 Plus de 8 heures/jour 1 1 Total 100 100

Les pompages dans la nappe pour les besoins d'irrigation s'effectuent pendant 8 mois sur 12 en moyenne, de la mi-Mars à la fin Octobre, à raison de 6 à 8 heures en moyenne par jour, chaque puits équipé de motopompe débite autour de 3 l/s, soit un débit fictif, continu, annuel de 0,6 l/s. Ce développement spectaculaire de l’agriculture irriguée dans la commune de Hassi Bounif et la wilaya d’Oran, a été soutenu par le Plan National de Développement Agricole (PNDA).

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Photos N° 33 : technique d’irrigation par goutte à goutte dans la commune de Hassi Bounif en 2003

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V- La venue du Programme national de développement agricole en 2000 constitue un

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