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Les caractéristiques de la revente de l’eau à Oran Une activité illégale, mais encouragée

Troisième partie : Complexité des modes d’utilisation et de consommation d’eau dans un espace à triple configuration des

II- La distribution de l’eau

1- Les caractéristiques de la revente de l’eau à Oran Une activité illégale, mais encouragée

Ce commerce est en principe une activité illégale car l’ADE est le seul organisme habilité à vendre de l’eau au ménage de l’habitat légal de l’agglomération oranaise. Malgré cette politique, une bonne partie de la population des nouveaux espaces urbanisés semble non raccordée au réseau d’alimentation en eau potable de l’ADE et a dû recourir à d’autres formes d’approvisionnement dont la plus courante est l’achat de l’eau au détail par le biais des revendeurs.

Par ailleurs, jusque en 1996, l’Assemblée Populaire Communale (APC) d’Oran réprimait souvent les revendeurs d’eau, craignant une diffusion d’eau non potable engendrant un risque sanitaire. En 1999, l’APC a accepté de reconnaître de fait, l’existence de ces revendeurs d’eau en leur délivrant une autorisation. En dépit de cette reconnaissance, la revente de l’eau reste une activité libre, car celui qui l’exerce n’est pas astreint à payer l’impôt.

1-2- Les points de vente d’eau constituent une activité parallèle et complémentaire à celle de l’Algérienne des eaux

La vente de l’eau au détail est presque toujours une activité complémentaire car l’ADE est incapable de fournir de l’eau à ses habitants de façon continue. En conséquence, la majorité des consommateurs doivent recourir à une autre forme d’approvisionnement en eau. Les deux espaces enquêtés se localisent dans les deux extrémités de la zone périphérique de la couronne périurbaine de l’agglomération d’Oran. Deux sources de ravitaillement en eau : la zone Bouamama (ex Pont Albin) et la zone de Bir El Djir (cf. Carte N° 16) :

124 1-2-1- Zone de Cheikh Bouamama (Ex Pont Albin).

Cheikh Bouamama est depuis le recensement de 1987, une agglomération secondaire de la commune d’Oran, le long de la route nationale (RN2) en direction de Tlemcen. Elle se localise sur une zone accidentée appartenant à la retombée Sud du Djebel Murdjadjo.

L’éparpillement des noyaux habités du quartier est directement en rapport avec la topographie accidentée qui se présente sous forme de zones de dissections de deux oueds descendant du Djebel Murdjdjo. La présence de plusieurs carrières anciennes accentue cet éparpillement et marque des ruptures dans le cadre bâti. Ce morcellement a donné naissance à trois noyaux :

- Hassi : noyau central

- Douar Tiartia sur la partie occidentale. - Ronca (Coca) situé sur la partie orientale.

En 1972, la zone de Bouamama avait une vocation agricole (maraîchage, céréales, arboriculture). C’etait une zone d’habitat éparse, mais à partir des années de 1977 l’urbanisation clandestine affecte toutes les terres agricoles (terres domaniales du domaine Khemisti). Cet espace est alors, presque dans son intégralité, envahi par des constructions sommaires. Il s’agit d’un quartier illicite non conforme aux règlements d’urbanisme. Ce tissu sub-urbain, en discontinuité par rapport au périmètre urbain de la ville d’Oran, est constitué d’îlots à trames irrégulières et à tailles variables. L’évolution démographique a montré nettement que la population de Bouamama est passée de 5 062 habitants en 1966 à près de 36 204 selon les données du dernier recensement de 1998. On note aussi une carence flagrante en matière d’équipement. Le réseau d’assainissement est absent. Presque toute la population a recours à des fosses septiques pour l’évacuation des eaux usées. L’une des carrières anciennes, aujourd’hui abandonnée, située dans la partie centrale, est utilisée comme un exutoire pour les eaux usées.

L’écoulement se fait grossièrement suivant une direction Nord-Sud. L’aquifère accompagne les calcaires lorsqu’ils s’enfoncent sous les colluvions puis les formations alluviales qui bordent la Grande Sebkha, donnant un aquifère profond d’abord libre puis semi- captif ou captif qu’il n’est possible d’atteindre que par puits profonds ou forages.

1-2-2-Zone de Bir El Djir.

Les terres agricoles de Bir El Djir sont, par contre devenus désormais un véritable lieu d’urbanisation et même d’extension est de la ville d’Oran. Cette ville a connu au cours des deux dernières décennies une évolution démographique rapide comparée à la moyenne nationale. En effet, elle est passée de 8 502 habitants en 1977 à près de 72 639 habitants selon les données du dernier recensement de 1998. La commune de Bir El djir est constituée généralement de deux domaines. Au nord le domaine Achaba Hanifi et au sud ouest le domaine Megded Mehamed. Les domaines avaient de riches cultures, des agrumes, et le maraîchage. Les traitements des données concernant les dates du début de la vente de l’eau, nous a révélé que le premier puits est apparu à Bir El Djir chez le propriétaire Mr Ben Eddine Ahmed en 1990 et le dernier puits à vocation commerciale est apparu en 1997 cher le propriétaire Mr Soulimane Ziane (cf. Tableau N° 46). Au moment de l’enquête effectuée en 2001, on a compté environ cinq puits spécialisés dans la vente de l’eau, dont 3 puits également à vocation agricole et les 2 autres pratiquant seulement de la vente de l’eau.

Tableau N° 46: Evolution des points de vente d’eau de Bir El Djir. Propriétaire de Puits 1990 1994 1995 1996 1997 Ben Eddine Ahmed

Djoudi Ahmed

Boudia Mohamed

Briji Bouziane

Soulimane Ziane

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Dans la zone de Bouamama le premier puits est apparu en 1996 chez le propriétaire Mr Habar Lakhadar. En 2001, 28 puits vendaient de l’eau dont 18 puits articulaient ventes et activités agricoles (cf. Tableau N° 47). L’année 2000 est la plus importante car elle a enregistrée la création de 9 points de vente. Plus de 65% des points de vente se sont crées durant la période 1996-1999. Cette période est marquée par une sécheresse nette et attire notre attention sur le problème du renouvellement des ressources en eau potentielle souterraine (qui explique la prolifération d’un nombre important de puits).

Tableau N° 47 : Evolution des points de vente d’eau de Bouamama

Propriétaire de Puits 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Daoud Bouzid Said Adda Bouamama Amar Houari Khaled Souliman Metidji Allal Bay Abdelhamid Bouchikhi Ahmed Benzouine Mohamed Kameche Mohamed Rouca Kharchouche Abdelhamid Bekouche Mohamed Touala Cheila Houcine Bouamama Benchouat Menaouar

Ben Allal AEK

Mabouche Boumedienne

Habar Lakhdar

Ben Triki Mohamed

Bourak Mohamed Abida Tayeb Bakdour Djillali Messebah Mokhtar Seddouk AEK Diouani Mohamed Oubahloul Abdelhamid

Moumen Sid Ahmed

Total 1 8 2 7 9 1

Source : APC d’Oran.

Le traitement des données concernant les catégories socioprofessionnelles antérieures des propriétaires des points de vente de ces espaces périurbains nous a révélé qu’environ 47% des propriétaires de Bouamama travaillaient dans l’agriculture au domaine Khémisti qui avait une vocation de maraîchage, céréale et arboriculture.

Plus de 17% sont des chômeurs qui, pour la majorité d’entre eux, n’ont jamais travaillé. 14,3% sont des employés devenus chômeurs par contraintes économiques. Les autres catégories socio-professionnelles antérieures étaient réparties selon les proportions suivantes : 7,1% sont chauffeur de taxi ou étudiants, et 3,6% étaient des maçons ou des mécaniciens auto (cf. Tableau N° 48). C’est sur ces catégories socio-professionnelles enquêtées que la vente de l’eau est devenue une activité assez importante dans ces espaces qui permet d’approvisionner une bonne partie de la population de l’agglomération oranaise.

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Tableau N° 48: Catégories socio- professionnelles antérieures des propriétaires des puits de Bouamama et Bir El Djir

La fonction antérieurs des propriétaires de puits

Bouamama. Bir El Djir.

Nombre de

puits % Nombre puits de %

Maçon 1 3,6 Chauffeur de Taxi 2 7,1 Chômeurs 5 17,9 Mécanique auto 1 3,6 Employés 4 14,3 Etudiants 2 7,1 Fellahs 13 46,4 5 100 Total 28 100% 5 100% Enquête terrain 2001.

Aujourd’hui les 33 points de vente d’eau occupent et totalisent 53 travailleurs, à Bouamama (48 travailleurs) et Bir El Djir (7 travailleurs) (cf. Tableau N° 49). La situation la plus répandue est celle d’un travailleur par puits (60% à Bir El Djir et 50 % à Bouamama), suivi de deux travailleurs, soit 40% à Bir El Djir et 32,1% à bouamama. On remarque aussi que de trois et quatre travailleurs représente 14,3% et 3,6% d’après l’enquête terrain.

Tableau N° 49 : Nombre de travailleurs par puits de Bouamama et Bir El Djir Nombre de travailleurs par

puits

Bouamama Bir El Djir Nombre de puits % Nombre de puits % 1 travailleur 14 50,0 3 60 2 travailleurs 9 32,1 2 40 3 travailleurs 4 14,3 4 travailleurs 1 3,6 Total 28 100% 5 100% Enquête terrain 2001.

Généralement, cette main d’oeuvre a des relations familiales avec le propriétaire des puits : à Bouamama, 54% sont des enfants du propriétaire du puits, 29% sont les neveux du propriétaire et 17% sont des étrangers, souvent des voisins du quartier. Par contre, à Bir El Djir les points de vente d’eau sont gérés par la quasi-totalité des enfants des propriétaires des puits (cf. Tableau N° 50). Tableau N° 50 : Relations familiales entre le propriétaire de puits et les travailleurs de Bouamama

Bouamama Bir El Djir Nature de relation familiale Nombre de puits % Nombre de puits %

Enfants du propriétaire de puits 15 54 5 100%

Neveu du propriétaire de puits 8 29 - -

Etranger au propriétaire de

puits 5 17 - -

Total 28 100% 5 100%

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L’étude de la situation géographique des points de vente d’eau a montré que 53% des puits à Bouamama sont situés dans des exploitations agricoles (cf. Photo N°12), 29 % dans les jardins de maisons (cf. Photo N°13) et 18% en bordure de la route nationale RN11 en allant vers Misserghin (cf. Photo N°14 et 15). Pour Bir El Djir tous les puits sont situés dans les exploitations agricoles du domaine Megded Mehamed (cf. Tableau N° 51).

Tableau N°51 : Situation géographique des puits de Bouamam et Bir El Djir Situation géographique Bouamama % Bir

El Djir %

Exploitation agricole 15 53 5 100%

Jardin de la maison 8 29 - -

Sur la route nationale 5 18 - -

Total 28 100% 5 100%

Source : Enquête terrain 2001

Aux questions relatives aux qualités de l’eau, la presque totalité des réponses obtenues à Bouamama précisent que l’eau est de bonne qualité pour la consommation (cf. Tableau N° 52). Plus de 71% des puits possèdent une eau de bonne qualité et 28,6% des puits ont une qualité d’eau médiocre. Par contre, à Bir El Djir la totalité est caractérisée par une eau de médiocre qualité. Il faut signaler aussi que la mauvaise qualité de l’eau du robinet servi par l’ADE pousse la grande majorité de la population à utiliser et à acheter de l’eau par le biais des revendeurs ambulants.

Tableau N°52 : qualité de l’eau des puits de Bouamam et Bir El Djir

Bouamama % Bir El Djir % Bonne qualité 20 71,4 - - Médiocre qualité 8 28,6 - - Mauvaise qualité - - 5 100 Total 28 100% 5 100%

Source : Enquête terrain 2001

2- Pourquoi la revente de l’eau au détail ?

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