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Troisième partie : Complexité des modes d’utilisation et de consommation d’eau dans un espace à triple configuration des

II- La distribution de l’eau

2- Pourquoi la revente de l’eau au détail ? 1-Un mal nécessaire

De nos jours, le phénomène reste lié à l’habitat populaire caractérisé par la faiblesse des taux de raccordement dans les nouvelles extensions. En effet, en l’an 2000, 95 % de la population d’Oran est raccordé au réseau de l’ADE et 5% non raccordé surtout dans les quartiers périphériques d’Oran tel que : les planteurs, les amandiers, Bouamama (Hassi, Douar les amandiers, et coca). Ces zones sont des quartiers illicites. En conséquence, ces citadins doivent recourir à une autre forme d’approvisionnement en eau. La solution la moins onéreuse serait l’achat de l’eau au détail et le puisage de l’eau souterraine. Or, la présence de sebkha et lacs salés constitue une situation géomorphologique défavorable pour les potentialités en eau souterraines. Le domaine climatique méditerranéen semi aride (300 à 400 mm de précipitation par an) produit de faibles réserves en eau.

De plus, l’Oranie, connaît une sécheresse depuis cette dernière décennie qui se répercute sur le renouvellement des ressources en eau surtout souterraines et par conséquent, cette situation provoque des problèmes au niveau de la gestion de l’eau par l’ADE et des différents usagers, qu’il s’agisse de l’alimentation en eau potable ou de la satisfaction des besoins industrielles et agricoles.

A cela s’ajoute la politique nationale de refonte des structures agraires décidée en 1987, connue sous le nom de Réorganisation. Celle-ci a dissous les immenses Domaines agricoles socialistes pour

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donner naissance à des Exploitations agricoles collectives (EAC) et des exploitations agricoles individuelles (EAI) de moyenne, voire de très petite taille.

Photo N° 12 : Point de vente de l’eau à Bouamama dans une exploitation agricole en l’an 2001.

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Photo N° 14 : Point de vente de l’eau à Bouamama sur la route principale en l’an 2004

Photo N°15: Point de vente de l’eau à Bouamama près de la route principale en l’an 2004

De nombreux coopérateurs se comportent comme les propriétaires de la terre et du matériel. Ils vont jusqu’à revendre du matériel agricole ou des serres, louer des parcelles, établir des baux pour l’utilisation de certains bâtiment et revendre l’eau de puits à raison de 50 dinars la citerne. Quant à la vente de l’eau aux « auto-constructeurs », elle apporte un complément financier non négligeable aux coopérateurs (A. Bendjelid et F. Midoun, 2004). Telle est l’origine du phénomène d’utilisation des puits préexistant (destinés originellement à l‘agriculture pour revente d’eau aux coopérateurs et aux particuliers). Peu à peu cette pratique s’est généralisée et a développé le commerce de l’eau.

En conséquence, tous ces éléments ont favorisé, la prolifération des points de vente d’eau et des revendeurs ambulants.

130 2-2- Les facteurs générateurs de la revente de l’eau au détail

La revente de l’eau au détail révèle deux facteurs principaux : le comportement des citadins d’une part et d’autre part par l’impossibilité pour les services publics de maîtriser la croissance urbaine.

2-2-1. Les problèmes de comportement

Ils se manifestent d’abord par la méfiance, voire la peur des illettrés envers certains éléments de modernité comme le système de mesure des compteurs. La commune d’Oran comptabilise en 2007 plus de 60 000 compteurs d’eau.

Au moment de l’enquête, nous avons constaté que nombre de personnes pensent que le compteur augmente automatiquement les prix et préfèrent par conséquent acheter l’eau au détail. Il s’agit d’une mauvaise interprétation du comportement de certains abonnés qui, faute de surveiller leur consommation, se voient obligés de payer des factures très élevées.

Si on compare le prix de l’eau vendue par l’ADE en 1998 et le prix de l’eau achetée au détail, on remarque des différences majeures. La consommation d’eau domestique de 60 m3 pendant un trimestre coûte environ de 934,20 DA contre 1 DA pour 4 jerricans de 20 litres. Le même débit coûte 7 fois plus cher dans les pays européens comme la France. Par contre, l’eau des revendeurs ambulants est vendue à raison de 20 DA pour un jerrican de 20 litres.

Cette comparaison permet de dire que l’eau achetée au détail revient 15 à 20 fois plus cher qu’au tarif officiel.

D’un autre côté, le faible niveau de vie des habitants demeure une autre explication à l’achat de l’eau au détail. En effet, de nombreux chefs de ménage aux revenus incertains, n’étant pas sures de pouvoir payer leurs factures, préfèrent fractionner la dépense en achetant l’eau au jour le jour, parfois même à crédit.

2-2-2. L’impossibilité de maîtriser la croissance urbaine

La ville d’Oran à l’image de toutes les villes algériennes, pendant très longtemps n’a progressé que lentement. Mais sur la période 1966-1977 une évolution démographique importante (4,07%) a été enregistrée, liée au départ des français qui avait libéré un parc de logement extrêmement important. Aussi, la mise en place des bases économiques qui ont coïncidé avec la politique de l’industrialisation à partir des années soixante-dix, a drainé des flux important des Wilayas limitrophes. De ce fait, la population est revenue en masse dans la ville. En 1977-1987, la population de la vile d’Oran a dépassée les 6 039 312 habitants. Cette période a été marquée par une diminution du taux d’accroissement, ou elle enregistre un taux de 1,87%. En 1987-1998, la population de la ville a continué d’augmenter pour atteindre les 634 113 habitants, pendant que le taux d’accroissement connaissait une diminution (0,44%).

Avec un rythme et un taux d’accroissement global différents d’une période à une autre et qui s’est traduite par un phénomène d’urbanisation très accélérée, deuxième partie 3 chapitre). A cause de ce phénomène d’urbanisation une très forte croissance des agglomérations périphériques concentrées autour de la grande agglomération connaissement l’accroissement le plus fort, en raison de la saturation du tissu urbain oranais et du rejet d’une partie de la population vers la périphérie ou les conditions d’accueil sont relativement dégradées. En raison de la rapidité de la croissance urbaine qui se manifeste, entre autres, par la poussée de l’habitat spontané, en particulier dans la périphérie de l’agglomération, de nombreux quartiers ne peuvent être équipés en réseau d’AEP. Aussi, certains particuliers exploitent cette situation en se faisant revendeurs. Ils mettent en place, à partir de leur puits, un véritable réseau s’étendant parfois sur quelque centaine de mètres avec une ramification leur permettant de posséder plusieurs points de vente. Enfin, l’insuffisance des infrastructures explique

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également les défaillances temporaires de la distribution dont profitent certains revendeurs. Il va de soi que cette situation était mise à profit par de nombreux revendeurs ambulants qui fixaient des tarifs exorbitants : le jerrican de 20 litres pouvait se vendre jusqu'à 15 à 20 DA

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