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CHAPITRE 3 : CADRE CONCEPTUEL ADOPTÉ

3.6 Utilisation du concept de niveaux et particularités structurelles des ONG

Nous avons vu précédemment que la notion de niveau organisationnel est essentielle dans le modèle de Galbraith, car elle fait le lien entre les processus intraorganisationnels utilisés et l’intensité de la coordination interorganisationnelle. C’est pourquoi nous avons retenu l’indicateur du niveau organisationnel, tant pour les processus intraorganisationnels que pour les processus interorganisationnels en lien avec les ressources.

À cet effet, il convient de préciser que dans le cadre de cette recherche, et conformément à Galbraith, le niveau organisationnel considéré est celui qui contrôle le processus, donc le niveau ayant le pouvoir décisionnel sur le processus. Par exemple, un processus d’achat fait au niveau du siège social signifie que c’est ce dernier qui gère le processus. Il prend la décision de l’achat, puis il peut décider de procéder lui-même à l’achat ou de le déléguer.

Mais même s’il le délègue, le niveau reste au siège social dans la mesure où le siège garde le contrôle du processus. De même, les processus de stockage seront considérés comme faits au niveau international si c’est le réseau international qui décide l’envoi de ressources mises dans un de ses entrepôts vers les sièges ou vers le terrain. Par contre, le niveau est celui du siège social si c’est ce dernier qui commande à l’entrepôt central international et qui est à l’origine du déstockage et du transport.

Il faut préciser à ce stade les particularités des ONG sur le plan de la structure organisationnelle.

Tout d’abord, les grosses ONGI comprennent en général un réseau d’ONG que l’on pourrait qualifier de nationales, car chacune de ces ONG « nationales » a un siège social avec une structure juridique dans les pays où elles sont implantées. C’est à partir de ce siège social que chacune d’elles détermine ses programmes. Dans la mesure où différents sièges sociaux utilisent un même « logo » et revendiquent l’appartenance à une même « famille », nous parlerons d’ONG affiliées.

Sur le plan de la structure, toutes les grosses ONGI présentent au maximum quatre niveaux soit

• le niveau du réseau international; • le niveau des sièges sociaux;

• le niveau des bureaux-pays (appelés aussi pays-programme) • le terrain.

Au niveau international, il peut exister un réseau formel ou informel formant un organisme de coordination pour l’ensemble des affiliés. Ce peut être une structure formelle chapeautant l’ensemble des affiliés et ayant un pouvoir d’établissement des politiques de la famille au complet, voire un certain pouvoir décisionnel selon la catégorisation du désastre faite à la suite d’une évaluation. Toutes les ONGI n’ont pas ce niveau dit « international ». Un processus fait au niveau international est considéré comme étant de niveau stratégique.

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Un siège social est « le lieu où se trouve concentrée la vie juridique d’une société » (Grand Robert15). C’est un centre décisionnel principal pour toutes les activités, avec une existence et un statut juridique autonome. Pour les ONG spécifiquement, il est situé au niveau juste en dessous du niveau international de l’organisation (quand il y en a un). Un siège social peut gérer ou superviser un ou plusieurs bureaux-pays qu’il supporte financièrement en tout ou en partie pour les activités normales, selon que le siège est opérationnel ou seulement un support aux programmes (support en matière de financement notamment). Les grosses ONGI ont toutes plusieurs sièges sociaux dans différents pays. Un processus géré au niveau d’un siège social est considéré comme fait à un niveau stratégique, car les sièges ont toute autorité pour prendre les décisions dans les pays où ils ont des programmes. De plus, peu de sièges sociaux sont sous l’autorité formelle du réseau international.

Le bureau pays est « le lieu où s’exerce effectivement l’activité technique ou commerciale », ce que le Grand Robert appelle également le siège d’exploitation. Pour les ONG spécifiquement, il est défini comme un bureau situé au niveau national, dans un pays où sont implantés un ou plusieurs programmes de l’ONGI. Il est à noter que l’existence de bureaux pays est intimement liée au fait que l’ONG a des programmes de développement dans le pays en question. Le bureau pays peut être autonome, mais il peut aussi être géré par le siège social qui le finance. Dans les deux cas, il demeure sous le contrôle du siège social à qui il doit toujours rendre des comptes. Le bureau pays a en général une existence légale dans le pays où il est situé pour pouvoir opérer. Il a habituellement la vocation d’intervenir uniquement dans le pays où il est. Les processus contrôlés par le bureau pays sont faits au niveau tactique puisque ses actions sont ultimement contrôlées par le siège.

Le terrain, quatrième et dernier niveau possible pour l’ONG, est le point de contact entre l’ONG et l’endroit du désastre. Ce n’est pas un niveau de la structure organisationnelle commet tel, mais par contre, il s’agit indéniablement d’un niveau décisionnel. Les processus gérés au niveau du terrain sont faits au niveau opérationnel.

Il existe donc quatre niveaux décisionnels avec deux niveaux stratégiques différents. En général, le siège social peut décider seul, mais c’est rarement le cas pour le niveau international qui ne peut agir sans l’aval du siège. Dans les faits, pour établir notre cadre de mesure, il a fallu adapter les niveaux aux réalités des ONG. C’est pourquoi nous avons considéré pour l’intraorganisationnel comme pour l’interorganisationnel une structure décisionnelle basée sur trois niveaux, soit le niveau stratégique (constitué par le niveau international et les sièges sociaux), tactique (constitué par les gestionnaires intermédiaires) et opérationnel (niveau du terrain).

Pour les ONG nationales, la structure ne présente pas de niveau international par définition. Toutefois, on peut définir, comme pour les ONGI, trois niveaux. Le niveau stratégique est occupé par le siège social lequel est en même temps le quartier général de l’organisation. Le niveau tactique est constitué par les unités de coordination ou d’intervention régionales qui font le lien entre le siège et le terrain. Enfin, le niveau opérationnel est, comme pour les ONGI, le terrain d’intervention. Nous avons donc pu mettre en parallèle les structures des ONGI et des ONG nationales rencontrées.

Ayant précisé ces éléments par rapport à l’objet de recherche constitué par la coordination, nous allons maintenant passer au cadre d’analyse utilisés pour nos deux objets de recherche, soit l’efficacité organisationnelle en lien avec la capacité opérationnelle et la