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Chapitre 2 – Revue de littérature

2.2 Utilisateurs de données géospatiales

Plus d‟une classification ont été proposées pour distinguer les utilisateurs de donnés géospatiales entre eux, étant donné que ceux-ci ont des niveaux de connaissances variés et ne réagiront pas de la même façon si un risque d‟utilisation inappropriée se présente à eux. Typiquement, les utilisateurs étaient regroupés en deux catégories, soit les utilisateurs experts en données géospatiales (qui ont typiquement une formation dans ce domaine) et les utilisateurs non experts. Cependant, la démocratisation des données et technologies géospatiales a permis d‟accentuer la présence d‟une nouvelle catégorie d‟utilisateurs, soit les utilisateurs qui sont experts dans leur domaine d‟application (ex : foresterie, agriculture, géologie), mais qui ne sont pas experts dans le domaine de l‟information géographique (Devillers et al., 2002; Guimond, 2005). Ces utilisateurs sont désignés sous le nom d‟utilisateurs métier dans ce mémoire.

Dans certains cas, des auteurs ont désiré regrouper les utilisateurs en fonction de leur réponse face aux risques de mauvaise utilisation des données (Agumya et al., 1999b). Cette classification, qui a été reprise dans d‟autres travaux (van Oort et al., 2005), regroupe les utilisateurs en trois catégories :

1) Ceux qui établissent si les données peuvent répondre à leur besoin avant l‟utilisation; 2) Ceux qui décident de choisir le meilleur jeu de données parmi ceux disponibles;

3) Ceux qui utilisent les données peu importe si elles sont adaptées, parce qu‟ils n‟ont pas le choix ou parce qu‟ils décident d‟ignorer leur qualité.

Il est apparu que la plupart des utilisateurs de donnés géospatiales se retrouvaient à ce moment dans la troisième catégorie (van Oort et al., 2005), ce qui demeure probablement encore vrai aujourd‟hui. Même s‟il pourrait paraître que les utilisateurs de la troisième catégorie semblent indifférents à la qualité des données géospatiales ou même l‟ignorer, ce n‟est pas le cas (van Oort, 2005). En effet, ils seraient plutôt limités par des contraintes techniques ou un manque de ressources pour évaluer si les données peuvent répondre à leurs besoins.

Une classification a été proposée pour distinguer les utilisateurs de globes virtuels (Jones et al., 2013), en utilisant deux axes, soit la complexité de l‟application et le niveau d‟expertise de l‟utilisateur. Cela permet d‟identifier quatre types d‟utilisateurs :

1) Utilisateur néophyte (non-expert) utilisant les globes virtuels pour une application simple; 2) Expert utilisant les globes virtuels pour une application simple;

3) Utilisateur néophyte ou intermédiaire utilisant les globes dans un but scientifique ou professionnel;

4) Expert capable de comprendre et d‟analyser l‟information présente dans les globes virtuels dans un but scientifique ou professionnel.

Même si cette classification est plus spécifique aux globes virtuels et ne se veut pas un portrait de tous les utilisateurs de données géospatiales, on peut tout de même retrouver des similarités avec les classifications proposées antérieurement. La classification que l‟on retrouve à la Figure 4 se veut adaptation de la classification des utilisateurs proposée par Jones, 2013. Elle utilise également deux axes, soit l‟expertise métier des utilisateurs ainsi que leur expertise d‟un point de vue géospatial. Elle ne permet pas de couvrir toutes les caractéristiques qui pourraient être propres à un utilisateur métier, étant donné qu‟elle ne tient pas compte de la façon dont les utilisateurs réagissent aux risques. Cependant, elle permet de distinguer les utilisateurs n‟ayant pas d‟expertise géospatiale entre eux : utilisateurs de masse utilisant les données pour un usage personnel, et utilisateurs étant

spécialistes d‟un domaine d‟application. Cette distinction est importante étant donné que les moyens d‟acquérir les données varient pour ces utilisateurs, de même que les usages effectués.

Figure 4 : Classification des utilisateurs de données géospatiales

Cette classification permet donc à nouveau de présenter quatre catégories d‟utilisateurs, pour lesquelles nous présentons maintenant des exemples. Un agronome qui utilise des données géospatiales dans le cadre de son travail sans détenir de formation ni d‟expérience particulière en géomatique appartient à la catégorie des utilisateurs spécialiste métier. Par contre, un agronome pourrait aussi avoir une formation complémentaire en géomatique ainsi que suffisamment d‟expérience pour pouvoir prendre des décisions éclairées en matière d‟utilisation de données géospatiales, il appartiendrait donc à la catégorie des utilisateurs spécialistes métier et de la

référence spatiale. De l‟autre côté de l‟axe se retrouvent des utilisateurs spécialistes de la référence spatiale, parmi lesquels on retrouve les arpenteurs-géomètres, qui n‟ont pas

nécessairement d‟expertise reliée à un autre domaine. Finalement, les utilisateurs de masse non

experts contiennent entre autres les utilisateurs grands publics qui consultent des sites de

cartographie en ligne pour leurs déplacements. Cette catégorie d‟utilisateurs se distingue des autres étant donné qu‟elle correspond à des utilisateurs qui consultent des données pour leur usage personnel, alors que les trois autres catégories le font à titre professionnel.

Cette section a permis de présenter quelques classifications d‟utilisateurs de données géospatiales retrouvées dans la littérature, ainsi qu‟une adaptation d‟une classification pour tenir compte de l‟expertise métier des utilisateurs de données géospatiales. Cependant, il ne s‟agit pas d‟un portrait exhaustif de la littérature sur les utilisateurs de données géospatiales. En effet, des travaux se sont penché sur ce qui communique le mieux l‟information sur la qualité à un utilisateur de données géospatiales (Boin et al., 2006; Boin et al., 2007; Goodchild, 2007). De plus, des travaux visant à intégrer l‟utilisateur dans la conception du système d‟information géographique dont il fera l‟utilisation sont en cours d‟élaboration (Grira et al., 2012).