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Chapitre 4 – Identification des risques d‟utilisation des données géospatiales

4.4 Synthèse et évaluation de l‟approche

Ce chapitre a dans un premier temps présenté le contexte de diffusion dans lequel la solution proposée s‟inscrivait. Cette solution consiste à utiliser une série de questions structurées qui mènent à l‟identification de risques d‟utilisations inappropriées des données géospatiales. Certaines de ces questions visent à établir quels sont les besoins de l‟utilisateur tandis que d‟autres visent à identifier ce qui pourrait être problématique dans les données elles-mêmes. Cette distinction est présente pour ne pas que l‟utilisateur ne réponde aux questions concernant des risques qui ne s‟appliquent pas à sa situation. Ces questions permettent en quelque sorte de sensibiliser l‟utilisateur vis-à-vis la qualité et le risque inhérent à l‟utilisation de données géospatiales. Cela est possible étant donné que les questions sont toujours accompagnées d‟une précision sous forme d‟énoncé explicatif visant à bien faire comprendre à l‟utilisateur la portée de la question. Lorsque les réponses données par le répondant mènent à l‟identification d‟un risque, des suggestions d‟actions spécifiques de gestion de ce risque lui sont proposées afin d‟essayer de réduire l‟importance de ce risque.

Cette solution a l‟avantage d‟être utilisable peu importe le portail utilisé et adaptable en termes de niveau de détail. De plus, même si cela n‟a pas été réalisé dans le cadre du présent mémoire, elle est facile d‟implantation étant donné qu‟elle ne nécessite aucune interprétation par un ordinateur des réponses données par l‟utilisateur. En effet, celui-ci pourrait très bien parcourir cette solution en utilisant les questions au format papier et arriver à l‟identification de risques. Cependant, la solution demeurerait tout de même plus agréable à utiliser si elle était informatisée étant donné que la navigation à travers l‟arbre se ferait toute seule, ce qui s‟apparenterait à un système expert. Elle permet également à un utilisateur de découvrir de nouvelles stratégies de gestion du risque si celui-ci se sent insécure face à un risque identifié.

Notre solution peut également être évaluée du point de vue de la richesse des questions. Celles-ci n‟ont pas été établies au hasard et proviennent des études de cas réalisées, mais aussi de l‟expérience de l‟auteure de ce mémoire. Les termes utilisés se veulent rigoureux et font partie du vocabulaire scientifique du domaine des sciences géomatiques. Dans le cas où ces termes sont difficiles à comprendre, nous avons fait l‟effort de les expliquer à un utilisateur non expert. Par exemple, il est compréhensible qu‟un utilisateur ne fasse pas la différence entre l‟altitude orthométrique et l‟altitude ellipsoïdale, mais nous avons tenu à ce que ces particularités soient mentionnées dans la solution. Le fait que nos questions soient rigoureuses d‟un point de vue scientifique constitue à notre avis une des principales qualités de la solution.

Bien entendu, tous les cas n‟ont pas été pris en considération lors de la rédaction des questions. En effet, la solution ne permet pas de tenir compte des cas où un utilisateur se trompe en répondant à une question. Par exemple, si on demande à un utilisateur s‟il a besoin d‟une composante altimétrique et qu‟il répond « non » (sous prétexte qu‟il ne veut que calculer des distances entre deux points), il est possible que l‟utilisateur soit dans l‟erreur et ait réellement besoin de la composante altimétrique (pour tenir compte d‟une dénivellation). Dans ce cas-ci, il n‟identifierait pas le risque que la mesure de distance ne soit pas la bonne (distance 2D plutôt que 3D), et pourrait alors s‟exposer à des conséquences indésirables. Par contre, cela ne constitue pas une faiblesse propre à notre méthode, car les autres méthodes ne permettraient pas d‟éviter que l‟utilisateur ne pense pas à tenir compte de l‟altimétrie lors d‟une mesure de distance. Notre méthode propose même d‟apporter une précision sur la question, et si suffisamment de précisions sont indiquées, le risque que l‟utilisateur réponde de façon inadéquate aux questions diminue.

L‟approche développée dans le cadre de ce mémoire peut aussi être évaluée sous d‟autres aspects. Il est difficile d‟évaluer le degré d‟exhaustivité du nombre de risques identifiables par la solution dans sa version telle que présentée dans ce mémoire. En effet, nous n‟avons pas été en mesure de trouver, dans la littérature, une liste de risques reliés à l‟utilisation des données. Cependant, le fait que cette liste de risques soit présente est déjà un indicateur de l‟apport de notre solution. De plus, cette liste est accompagnée d‟actions spécifiques de gestion du risque visant à gérer les risques que nous avons identifiés. Il s‟agissait de la première fois que ces actions spécifiques étaient accolées à des risques concrets depuis que cette liste a été établie.

Parmi les critiques qui peuvent être formulées à propos de l‟approche développée figure le fait que nous n‟avons pas évalué si le nombre de questions était bien balancé par rapport aux nombres de risques identifiables. En effet, même si les questions ont été rédigées dans un souci de clarté, le temps de réponse n‟a pas été évalué, et il se pourrait que certains risques demandent beaucoup de questions avant d‟apparaître à l‟utilisateur. Ainsi, la meilleure solution qui pourrait être développée devrait utiliser un minimum de questions pour identifier un maximum de risques, tout en étant compréhensible pour un utilisateur non expert en données géospatiales à l‟aide des précisions apportées sur les questions.

De plus, la solution ne permet pas d‟accorder de l‟importance à certains risques par rapport à d‟autres. En effet, si l‟utilisateur veut connaître les risques reliés à l‟aspect temporel des données, mais surtout ceux reliés à la composante verticale des données, la solution actuelle ne lui permet pas de doser l‟importance d‟un aspect par rapport à un autre. De plus, il n‟est pas possible de faire beaucoup de rétroactions sur les questions, car nous n‟avons pas prévu de cas où l‟utilisateur pourrait vouloir faire un retour en arrière s‟il réalise qu‟il a commis une erreur.

En conclusion, cette solution ne permet pas d‟identifier tous les risques reliés à l‟utilisation d‟un jeu de données géospatiales, mais elle permet toutefois à un utilisateur de prendre conscience de certains enjeux qui pourraient autrement être ignorés. Cette solution repose donc sur l‟utilisation d‟indicateurs pour évaluer la qualité externe, laquelle notion d‟indicateur est bien définie et reconnue en aide à la décision lorsqu‟un problème est trop complexe pour être mesuré et décortiqué dans son entier (Turban et al., 2011). Cependant, étant donné que ces risques sont régulièrement ignorés par les utilisateurs faute de moyens de les identifier, le fait d‟avoir un outil qui aide l‟utilisateur permet de réduire globalement le risque d‟utilisation inappropriée. De plus, étant donné que les producteurs et les diffuseurs de données géospatiales ont également un devoir d‟information sur les risques potentiels face au consommateur, le fait de rendre disponible un tel outil pour les utilisateurs d‟un portail Web pourrait constituer une bonne protection tant pour ces derniers que pour le diffuseur et le producteur.