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2. Avant la conquête : de La Tène D1a à La Tène D2a (150 à 60/50 av J C.)

2.2 Usage des monnaies dans la société gauloise

Cerner l’usage des monnaies, à la fois d’un point de vue qualitatif et quantitatif, reste un des enjeux majeurs de la numismatique archéologique. L’étude qualitative doit être menée à partir des contextes de découvertes ; en particulier, l’analyse de la répartition spatiale des monnaies, couplée à une réflexion sur la nature et le statut de l’occupation, apporte des éléments intéressants, en permettant d’aborder la question de l’usage quotidien de la monnaie et donc de la monétarisation de la société. Si une partie des pièces a pu être déposée intentionnellement, on peut penser que la majorité a été perdue et que leur distribution reflète donc les zones d’utilisation privilégiée. Quelques sites offrent les données nécessaires à une vision diachronique et permettent d’évaluer les changements.

2.2.1 Mesurer l’usage monétaire : un essai de quantification

La principale solution adoptée jusqu’à présent pour quantifier le stock monétaire à une époque donnée n’est pas entièrement satisfaisante. On la trouve employée principalement pour la vallée de

l’Aisne et pour la ville de Lattes, dans divers travaux des années 1990 et 2000131 : elle consiste à calculer le ratio entre nombre de monnaies et nombres de tessons pour une période donnée. Mais elle ne prend pas en compte la fragmentation du mobilier céramique, qui peut être très variable selon la nature du site. Par ailleurs, ces informations ne sont pas toujours disponibles : il n’est pas rare que seuls des comptages partiels soient fournis. On peut également faire intervenir le volume de sédiment excavé mais il est presque impossible d’avoir ces données. Nous avons opté pour une troisième solution, en faisant intervenir trois critères d’obtention aisée132 :

- le nombre de monnaies découvertes ;

- le nombre d’années couvert par la phase d’occupation étudiée ;

- la surface fouillée pour la phase d’occupation étudiée (même si le texte ne le précise pas, il est souvent possible de calculer cette donnée à partir du plan).

Nous utiliserons donc ici un indice, calculé comme suit :

(nombre de monnaies / durée d’occupation en années) ___________________________________________

surface fouillée en ha

Le résultat correspond à un nombre théorique de monnaies par an et par ha. Il faut souligner un dernier facteur, de grande importance, mais souvent difficile à apprécier : les techniques de fouille employées. De manière générale, plus les fouilles sont récentes, plus les résultats sont précis. Mais l’utilisation systématique du détecteur à métaux ou le tamisage de certains remplissages peut augmenter de manière significative le nombre de monnaies découvertes. De même, une fouille manuelle fine et une fouille fortement mécanisée ne produiront probablement pas les mêmes résultats. Ainsi, il est évident que le calcul de cet indice ne permet pas d’arriver à une quantification précise, ni de déduire des règles immuables ; cependant, on peut espérer fixer des ordres de grandeur et dégager des tendances.

2.2.2 Les monnaies dans les habitats

À Acy-Romance, le secteur de la Warde 1 est occupé de La Tène C2 au début de La Tène D1a (fig. 2.12). Dans le découpage de l’espace mis en évidence par B. Lambot, on se trouve entre la

131

Principalement Guichard et al. 1993 ; Pion 1996 ; Pion 2005 ; Py 2006.

132

P. Pion (2005) a appliqué une méthode similaire aux sites de la vallée de l’Aisne mais qui différait sur plusieurs points : les sites étudiés ayant une occupation courte, il prenait en compte l’ensemble des monnaies récoltées (fouilles anciennes et récentes, prospections) ; de plus, pour la même raison, il ne faisait pas intervenir la durée d’occupation dans ses calculs. Enfin, la surface employée semble prendre en compte l’ensemble du site dans certains cas.

cour B au nord et la cour C au sud, dans un quartier qui semble avoir abrité des ouvriers. On se situe très clairement dans une zone d’habitat, organisée en bandes parallèles ; quatre phases ont pu être identifiées133. Les fosses sont presque totalement absentes du secteur et les niveaux de sol ne sont pas conservés. Dans ces conditions, il est difficile d’interpréter les 23 monnaies retrouvées dans au moins 15 trous de poteaux. Certaines d’entre elles y ont certainement été placées volontairement134 mais une partie a également pu être perdue et se retrouver piégée dans les seules structures fossoyées du secteur, à savoir les trous de poteaux. La deuxième solution est maintenant privilégiée par le fouilleur mais nous continuons à croire que les deux sont possibles.

Au contraire, les monnaies de la grande fosse 388, au nombre de 24, semblent bien témoigner d’une circulation courante. En effet, rien dans la morphologie de la structure, ni dans son mobilier, ne permet de lui assigner une fonction particulière135. Le comblement a été progressif et ne s’est achevé qu’au Ier s. ap. J.-C., comme le montre la présence de monnaies de La Tène D2b et de monnaies romaines dans le comblement supérieur. À l’exception de ces quelques pièces, le faciès offert par la fosse 388 et les trous de poteau est identique ; le potin Scheers 191 domine à chaque fois. Ceci montre l’absence de sélection mais reste difficile à interpréter : en effet, comme nous l’avons vu plus haut, la circulation monétaire chez les Rèmes est très homogène. Les types s’y succèdent à un rythme régulier et ne circulent pas simultanément.

Les données de La Warde 1 sont donc compliquées à décrypter. Le quartier semble essentiellement « résidentiel » et se trouve à mi-chemin entre les deux grandes places B et C. L’absence de conservation des sols et de fosses dépotoirs rend difficile l’estimation de la circulation monétaire, dont la réalité est attestée au moins par les monnaies piégées dans la fosse 388 et probablement en partie par celles des trous de poteaux. Si on agrège l’ensemble des monnaies retrouvées (à l’exception de celles postérieures à l’occupation principale), on se retrouve avec 53 pièces pour 0,54 ha et 45 ans d’occupation, ce qui donne un indice de 2,19 monnaies par an et par hectare. Mais les monnaies ne sont pas réparties uniformément et proviennent presque toutes du secteur occupé par des bâtiments : est-ce seulement dû au piégeage des pièces dans les structures en creux, ou peut-on y voir un reflet des zones d’utilisation du numéraire ? Si on limite le calcul de l’indice à cette aire bâtie, qui couvre environ 2/3 de la zone décapée, l’indice monte à 3,22. En tout état de cause, il reste assez faible.

À La Tène D1b, sur l’oppidum de Condé-sur-Suippe, la répartition des monnaies appelle le commentaire suivant de la part des auteurs de l’étude : « Les monnaies […] ont une répartition préférentielle sur la rue et la travée d'îlots centrale ; leur cartographie par structure plutôt que par

133 Lambot, Méniel 1993, p. 157-162. 134 Sur ce point, voir infra.

secteur accentue le rapport avec la rue. On ne détecte aucun lien spatial privilégié avec les déchets domestiques ou métallurgiques, mais plutôt une distribution préférentielle sur et à proximité du principal axe de circulation : phénomène classique couramment observé sur les sites historiques (pertes accidentelles qui suggèrent un piégeage du sédiment de surface dans le comblement supérieur des fosses à remplissage stratifié simple)136 ». La figure mentionnée ne donne pas la localisation précise des découvertes mais le nombre de monnaies dans chacun des îlots définis pour l’étude. De même, on ne sait pas précisément de quels types de structures fossoyées proviennent les monnaies (comme à Acy-Romance, les sols antiques ont disparu). Mais l’exemple d’Acy-Romance était connu lors de la rédaction de l’étude : il ne fait pas de doute que de possibles dépositions volontaires auraient été notées. L’interprétation privilégiée est donc celle d’une utilisation quotidienne dans le cadre d’échanges. Au vu de la surface fouillée et de la durée d’occupation, le nombre de monnaies est dérisoire : 17 monnaies pour deux ha fouillés et une durée d’occupation de 30 ans. Si on calcule le même indice que pour Acy-Romance, on obtient une valeur de 0,28 monnaie par an et par hectare, soit huit à 11 fois moins qu’à La Warde 1 (selon la surface utilisée) et alors que la quasi-totalité de la zone est bâtie ! Il ne nous semble pas qu’il faille mettre en cause la qualité de la fouille de Condé-sur- Suippe : même en considérant qu’il s’agit d’une fouille de sauvetage, sur laquelle l’urgence est plus grande, la différence reste trop importante. L’indice plus élevé à Acy-Romance est-il dû à ces pratiques de dépositions dans les trous de poteau ?

Toujours dans la vallée de l’Aisne, il est possible de proposer une carte de répartition pour les fouilles de l’oppidum de Villeneuve-Saint-Germain menées par l’université de Paris I (fig. 2.13). La période principale d’occupation du site se place à La Tène D2a mais certaines structures peuvent être attribuées à la fin de La Tène D1b et d’autres à La Tène D2b (soit une occupation d’une soixantaine d’années). On observe deux concentrations principales : au nord, entre le fossé de partition 5 et une double palissade qui lui est parallèle, et à l’ouest, au niveau d’un complexe de bâtiments. Or le mobilier des fosses montre que ce complexe était dédié à l’artisanat et la fosse 135 a livré un raté de coulée du type Scheers 188. Par ailleurs, dans le secteur nord, délimité par le fossé et la palissade dont l’orientation diverge de l’habitat environnant, les fosses ont livré un remplissage différent que J. Debord semble également attribuer à des activités artisanales137. C’est dans ce secteur qu’ont aussi été trouvés deux poinçons destinés, selon les fouilleurs, à la frappe monétaire. En l’absence d’étude systématique du mobilier, il est difficile de caractériser le statut de l’habitat mais on peut noter que les amphores y sont relativement bien représentées. L’architecture et l’occupation de l’espace indiquent également une certaine aisance. Ainsi, l’enclos bordé au nord par la double palissade comprend deux greniers sur poteaux porteurs, une cave (chacun de ses éléments mesurant approximativement 9 m²) et

136 Pion et al. 1997, p. 296. 137 Debord 1993, p. 94-95.

un bâtiment à deux pièces d’environ 100 m², qui comporte également un porche. La parcelle, qui a livré 8 monnaies et 10 fibules, peut être estimée à 900 m²138. Ainsi, artisans et habitants aisés semblent cohabiter dans le même secteur. Pour l’ensemble de la zone fouillée (environ 0,4 ha, pour 59 monnaies), l’indice est de 2,46, très proche donc de celui de La Warde 1. Comme sur ce site et comme à Condé-sur-Suippe, seules les structures en creux sont conservées à Villeneuve-Saint-Germain.

Les fouilles de l’oppidum du Fossé des Pandours au Col de Saverne ont également livré des données exploitables, particulièrement sur les secteurs 3 et 9 du Barbarakopf (Bbk 3 et 9). Les structures qui ont livré des monnaies sont datées de La Tène D2a dans le premier secteur, de La Tène D1b dans le second. Le secteur Bbk 3 (fig. 2.14) semble comporter une partie résidentielle aristocratique au nord-est, où se concentrent la céramique campanienne, les fibules, les monnaies et dans une moindre mesure les amphores, tandis que le sud-ouest paraît dévolu à l’artisanat et n’a livré que peu d’importations, mis à part dans le puits 1, dans lequel on a également trouvé des ratés de coulée de potins de type Scheers 186. Comme le souligne B. Bonaventure, cette cohabitation entre habitat de haut statut et zone artisanale, qu’on rencontre probablement à Villeneuve-Saint-Germain et qui est également connue à Corent, pose la question du contrôle de l’artisanat (y compris de la production monétaire) par l’aristocratie139.

Dans le secteur Bbk 9, les monnaies sont beaucoup plus rares. De manière générale, les importations font presque défaut et le statut du secteur semble bien moins élevé qu’en Bbk 3. On ne trouve aucune trace d’artisanat en Bbk 9. La comparaison entre les deux secteurs d’une part, et entre les importations céramiques et les monnaies d’autre part, semble montrer une corrélation nette entre statut de l’habitat et nombre de monnaies : plus le premier est élevé, plus les secondes sont nombreuses140. En effet, sur le secteur Bbk 3, notre indice atteint une valeur de 15,5, alors qu’il n’est que de 2,1 sur le secteur Bbk 9. Il faut mentionner pour finir la présence d’un denier à légende

KALETEDOY dans une fosse de La Tène D2a dans le secteur Bbk 7, qui a livré un four de potier.

L’emprise de la fouille étant limitée et l’environnement du secteur mal connu, on s’abstiendra d’en proposer un commentaire.

À Besançon, sur la fouille du parking de la Mairie, on dispose d’une carte de répartition des monnaies pour la phase 1, qui va de La Tène D1b à La Tène D2b (120 à 40 av. J.-C.), avec plusieurs phases de reconstruction du bâti selon un parcellaire similaire (fig. 2.15). Malgré le manque de précision des données publiées (il est impossible de déterminer à quelle sous-phase appartiennent les monnaies cartographiées), on note une concentration des découvertes autour de la maison 3, dont les

138 Toutes les estimations, dans ce chapitre comme dans les chapitre suivants, sont faites sur plan. 139 Bonaventure 2011, p. 266-268.

occupants semblent avoir été de statut élevé141. Près de ce bâtiment, un des deux composant le groupe nord, on a retrouvé une fosse à fumier qui pourrait indiquer des activités d’élevage. Le groupe sud d’habitations assumait également une fonction d’artisanat du métal. Les analyses polliniques montrent que les zones à l’arrière des maisons étaient en friche142. Au vu de la durée d’occupation (80 ans, pour 0,4 ha et 27 monnaies), l’indice est extrêmement faible, à peine 0,84. Ceci est en partie dû à l’importance des zones non bâties : si on utilise pour le calcul les seules zones occupées (environ 0,094 ha), l’indice remonte à 3,59 ; on retrouve là le même ordre de grandeur qu’à Acy-Romance ou Villeneuve-Saint-Germain. À noter que l’indice est plus élevé pour le groupe nord (0,025 ha pour 14 monnaies, soit 6,97) que pour le groupe sud (0,069 ha pour 13 monnaies, soit 2,35).

À Bibracte, le plan des premiers états du secteur PC 1 est trop fragmentaire pour qu’une carte de répartition des découvertes monétaires soit réellement interprétable. On est frappé cependant par la densité des trouvailles, puisque pour la phase 1 (La Tène D1b) on trouve un indice de 32,75 monnaies par an par hectare, qui reste stable à la phase 2 (La Tène D2a) à 27,87. Le secteur, qui voit l’édification d’une domus à atrium après le changement d’ère, est interprété par les fouilleurs comme un habitat de fort statut dès les premières années143.

Les indices sont un peu moins forts sur la Pâture du Couvent, dans les secteurs (A, B et C) fouillés par les universités de Leipzig et de Kiel entre 1989 et 1998144. À La Tène D1b, on semble avoir affaire à de l’habitat et on note des indices respectifs de 12,50, 27,17 et 13,89 pour les secteurs A, B et C. À la phase suivante, qui englobe toute La Tène D2 (de 80 à 40/30 av. J.-C.), le secteur B s’affirme à nouveau comme le secteur le plus riche en monnaies (indice de 37,04) tandis que le secteur C devient très pauvre (indice de 2,42) ; le secteur A n’a pas livré de monnaie pour cette période. La hiérarchie restera la même dans les dernières décennies du site.

Enfin, à la porte du Rebout, les indices sont très faibles. Les différentes phases datées de La Tène D2a (phases 4 et 5 du bastion sud et phase 4 du bastion nord) ont respectivement pour indice 4,2 et 4,8. Aucune structure d’habitat ou de production n’est apparue dans les tranchées de fouilles145. Le maniement de monnaies au niveau de la porte principale du site ne semble pas avoir été très important146.

141

Guilhot, Goy (dir.) 1992, p. 53.

142

Ibid., p. 65.

143

Paunier, Luginbühl (dir.) 2004.

144 Fleischer 2007. Ici encore, les plans par phases sont trop lacunaires pour proposer une carte de répartition des

monnaies.

145 Buchenschutz et al. (dir.) 1999.

Que ressort-il de ces différents cas (fig. 2.16) ? Tout d’abord, les exemples de Bibracte, du Fossé des Pandours et, dans une moindre mesure, de Besançon, laissent penser que l’utilisation de la monnaie avait lieu de manière plus intensive dans les quartiers à fort statut. Il faut noter que sur ces sites, la stratigraphie était mieux conservée que dans la vallée de l’Aisne, où l’on ne retrouve que les structures en creux. Ceci peut expliquer en partie les plus fortes concentrations de numéraire. Mais les trois secteurs de Bibracte étudiés ici montrent la réalité de ces différences147.

D’autre part, la proximité de l’habitat « riche » avec des traces claires d’activité artisanale, et peut-être de fabrication monétaire, est frappante. En commentant le secteur Bbk 9 du Fossé des Pandours, B. Bonaventure souligne les désagréments sonores et olfactifs, voire visuels, qu’entraînait la présence d’artisans dans le voisinage – sans parler, lorsqu’il s’agit de métallurgie, des risques d’incendie. Étant donné le statut du travail manuel dans l’antiquité gréco-romaine, on peut difficilement superposer aristocrates et artisans, même dans le monde celtique ; il s’agit bien de deux groupes séparés. Ces données renforcent l’hypothèse d’un contrôle étroit de l’aristocratie sur la production en général et sur les frappes monétaires en particulier. Néanmoins, il faut souligner que rien n’indique qu’il s’agissait là de « grande aristocratie » : le contraire est même plus probable.

Condé-sur-Suippe pourrait fournir un contre-modèle, puisque malgré la grande surface fouillée (2 ha pour la partie présentée ici), malgré la coexistence de zones artisanales et résidentielles, malgré une richesse certaine, matérialisée par la présence de métaux précieux et de 59 amphores vinaires, les monnaies sont extrêmement rares148. Peut-être un facteur chronologique est-il en jeu : ainsi, au Fossé des Pandours, les structures qui livrent le numéraire sont principalement datées de La Tène D2a, souvent de la fin de cette période. De même, la différence entre Condé-sur-Suippe et Villeneuve-Saint-Germain pourrait avoir une cause similaire, plutôt qu’une différence de statut149. Mais on notera qu’à Bibracte, les monnaies sont déjà abondantes dans l’horizon 1 de la PC1.

Il faut également se garder de surinterpréter la présence de monnaies dans les quartiers artisanaux. La séparation entre espaces de production et espaces d’habitation apparaît en effet beaucoup moins nette dans l’Antiquité qu’elle ne l’est maintenant et il n’est pas toujours aisé de distinguer entre production domestique et production marchande. La présence de monnaies dans ces secteurs n’est peut-être pas strictement liée à des échanges économiques mais pourrait témoigner tout simplement de la pénétration du numéraire dans la vie quotidienne. Il serait en effet singulier que l’utilisation des monnaies soit le seul fait des aristocrates, comme pourrait le laisser penser certains exemples étudiés plus haut. Même si un contrôle de la production monétaire par les élites, à des fins

147

Leur exploration fut à peu de choses près contemporaine ; il semble donc difficile d’imputer la densité des découvertes monétaires uniquement à des techniques de fouille plus ou moins efficaces.

148 Pour l’étude des amphores : Hénon 1995.

149 C’est l’hypothèse qui semble privilégiée par B. Hénon pour expliquer la part plus importante d’amphores

qui lui étaient propres, paraît certain, une fois mises en circulation, les monnaies pouvaient se répandre dans la population et commencer une « seconde vie »150.

Par ailleurs, la répartition des trouvailles par type d’occupation semble montrer que le numéraire était utilisé par l’ensemble de la population (fig. 2.17). Ainsi, la majorité des découvertes vient de sites d’habitat groupé (agglomérations ouvertes, ainsi qu’oppida à partir de La Tène D1b). Inversement, les établissements ruraux livrent assez peu de monnaies. Cependant, le type d’occupation ne paraît pas avoir d’incidence majeure sur les métaux présents : les potins dominent partout et les métaux précieux sont attestés pour chaque type de site (la forte part d’or sur les établissements ruraux doit probablement être attribuée à la faiblesse de l’échantillon151). Au final, il ne semble pas que le volume de la circulation monétaire croisse de façon significative entre la fin de La Tène C2 et la fin de La Tène D2a. Les différences que l’on constate sur les quelques sites étudiés ici apparaissent d’abord sociales et non chronologiques ; l’abondance de monnaies dans un secteur peut être interprétée comme un signe de richesse.

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