1. Le rapport de la jeunesse au logement 15
1.2. Hétérogénéité de la jeunesse lyonnaise 25
1.2.2. Une jeunesse active mais très disparate 30
Tout comme la jeunesse française, la jeunesse lyonnaise est confrontée à de nombreuses disparités sociales, économiques et territoriales.
A la rentrée 2014, la métropole de Lyon comptait 145 000 étudiants, dont 32 800 boursiers, un chiffre en croissance de 2% par an47. En effet, avec 56,2% de la tranche d’âge qui est en études (élève
ou étudiant), les étudiants sont majoritaires. Les jeunes de 15-‐24 ans sont à 29,7% en emploi. En revanche, selon les déclarations de situation principale du recensement 2011, d’où sont issues ces données, 22 000 soit 10,6% de jeunes sont au chômage tandis que 7 600 (soit 3,7%) sont comptabilisés comme inactifs.48On peut alors rassemblerà 14,7% les chômeurs et inactifs de la
métropole lyonnaise. A titre de comparaison à l’échelle nationale, le journal Le Monde, tire d’une enquête Eurostat le chiffre de 23,6% d’actifs de moins de 25 ans au chômage (hors étudiants) en 2016, contre 19,4% dans la zone euro (17,3% dans l’Union Européenne).49
Evidemment, il existe de nombreuses disparités entre les communes de la métropole. Si l’on s’intéresse à Lyon et Villeurbanne, les deux communes rassemblant le plus fort taux de jeunes de la métropole Lyonnaise, nous pouvons constater quelques similitudes. En effet ces deux communes (sans oublier Bron) se distinguent par une forte représentation d’étudiants au sein de leur population, avec respectivement 59% et 58%. Cette part importante d’étudiants se traduit notamment par l’attractivité de l’offre d’enseignement supérieur, Lyon étant l’un des plus gros pôles étudiants de France. En revanche, d’autres communes, notamment Vénissieux avec un taux d’inactivité de 53,2%50 chez les 15-‐24 ans et Vaulx-‐en-‐Velin avec 58,4%51, se démarquent par leur fort
taux de jeunes en inactivité ou en recherche d’emploi.
Toutefois, comme mentionné précédemment, de nombreux jeunes cumulent études et emploi, ce cumul étant fréquent dans la l’agglomération lyonnaise. Effectivement, 24% d’étudiants de 18-‐29 ans cumuleraient leur scolarité avec un emploi. La démocratisation récente de l’apprentissage expliqueen partie ce chiffre élevé, mais pas uniquement. De nombreux étudiants occupent de petits emplois, la plupart du temps à temps partiel tels que des activités périscolaire. De nombreux jeunes en études travaillent également dans la restauration, que ce soit en tant que serveurs, caissiers ou même livreurs avec le développement récent des plateformes de livraison à vélo de type Deliveroo, Foodora, Just Eat… La flexibilisation du marché de l’emploi permet ainsi à de nombreux étudiants d’effectuer un emploi à temps partiel avec pour les plateformes de livraison à vélo une particularité à
47 Comité de pilotage logement étudiant de la métropole de Lyon, 2016
48 On considère les inactifs les personnes au foyer et les personnes en incapacité de travailler.
49CHARREL, Marie. Le fléau européen du chômage des jeunes, Lemonde.fr [en ligne], 26 avril 2017. Disponible sur : http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2017/04/26/le-‐fleau-‐europeen-‐du-‐chomage-‐des-‐
jeunes_5117693_3234.html[Consulté le 3 juin 2017]
50 Dossier complet, Commune de Vénissieux, Insee 2015 51 Dossier complet, Commune Vaulx-‐en-‐Velin, Insee 2015
la flexibilité des horaires (les livreurs se connectent chaque semaine pour choisir leur plage-‐horaire de livraison) qui permet notamment d’adapter les charges de travail avec les périodes universitaires (partiels, rendus, vacances universitaires…). Il est toutefois complexe de mesurer avec fidélité l’ampleur du cumul études-‐emploi. En effet, selon des études publiées au niveau national, on estime la part d’étudiants en situation de cumul entre 20% et 45% (COUDIN, TAVAN, 2008).
Mais l’accès à l’emploi temporaire ne signifie pas nécessairement que les étudiants n’ont pas de souci de précarité, notamment dans l’accès aux soins. L’enquête de la Smerra (première mutuelle étudiante de France) démontre que « l’accès aux soins des étudiants s’est fortement dégradé sur une période récente »52. Cette affirmation est complétée par une étude de La Mutuelle des Etudiants
(LMDE) qui souligne que « plus d’un étudiant sur trois renonce à des soins ». 53 Ceci ne s’explique pas
uniquement par des difficultés financières mais également par des difficultés de lisibilité des mécanismes existants ainsi qu’aux phénomènes de non-‐recours aux aides sociales.
Ainsi, 29,7% des jeunes de 15-‐24 ans occupent un emploi dans la métropole lyonnaise, dont la majorité en Contrat à Durée Indéterminée (CDI), avec 47%. Comme évoqué auparavant, en comparant les chiffres de l’emploi des jeunes avec le reste de la population, le constat est celui d’une part importante de contrats temporaires, et qu’une part importante de l’emploi des jeunes est liée à une formation, qu’elle soit sous forme d’apprentissage ou de stage rémunéré, surtout depuis la loi de l’encadrement des stages du 26 juin 2014, prévoyant une rémunération obligatoire des stagiaires pour tout stage dont la durée excède deux mois. Forcément, au vu du manque d’expérience et de la concurrence, la majorité de l’emploi des jeunes ne concerne pas les postes les plus qualifiés (cadres et professions intellectuelles supérieures) mais plutôt des statuts d’employés ou de professions intermédiaires.
52 Ville de Lyon, Ville de Villeurbanne. Portrait sociodémographique : les jeunes dans l’agglomération lyonnaise, Direction du
développement territorial, Mission observation/évaluation, Janvier 2017, 40p.
Graphique 1 : Détail des conditions d'emploi des actifs en emploi de 15-‐24 ans dans la Métropole de Lyon Source : Ville de Lyon, direction du développement territorial (INSEE RP 2013)
Le chômage touche 10,6% des 15-‐24 ans, soit 22 300 jeunes. Mais la définition du chômage de catégorie A (sur lesquels ces chiffres se basent) ne permettent pas de saisir l’intégralité de la situation des jeunes. En effet, si l’on change de méthode de calcul en prenant en compte la notion de « non emploi »54, ils sont 26,3% à être dans cette situation.
Tandis que la grande majorité des jeunes en études ou en emploi vivent principalement dans le cœur de l’agglomération, les jeunes non scolarisés (28,2% des jeunes de 15-‐24 ans dans l’agglomération lyonnaise) sont fortement présents en périphérie proche. En effet, ce sont principalement les communes comportant des quartiers prioritaires de la ville (QPV) qui sont concernées : Vénissieux avec des taux de non-‐scolarisation oscillant entre 34% et 77% par Iris, Vaulx-‐en-‐Velin avec des taux s’élevant notamment à 77% notamment dans le nord de la commune (le sud était plus à 24,8-‐34,7%). Sachant que 12% de la population de l’agglomération lyonnaise réside en QPV où le chômage, le retard scolaire (19,5% des jeunes sont concernés contre 12,3% sur le reste du territoire), le taux de non-‐scolarisés ainsi que le taux de non diplômés est particulièrement élevé. En effet, à l’échelle de la métropole, 25% des jeunes sont sans diplômes alors que ce taux s’élève à 44% dans les QPV = source contrat de ville métropole Lyon 2015-‐202
Ces jeunes non-‐scolarisés sont majoritairement mal diplômés, 46% des jeunes de la métropole lyonnaise sont titulaires d’un niveau de qualification V et VI, soit sans diplômes et niveau CAP-‐BEP, dont 25,2% sans aucun diplôme. Inversement, les niveaux de qualification I et II, correspondant à un niveau égal ou supérieur à Bac +3 ne représentent que 12,2% des 15-‐24 ans. Ainsi les jeunes non scolarisés seront davantage défavorisés dans l’accès à l’emploi que les diplômés d’études supérieures de longue durée étant donné la nomenclature économique existante.
Ainsi, les jeunes sont inégaux face à l’accès aux ressources, à l’enseignement supérieur et à l’emploi et affichent d’inquiétants aspects de précarité. Sachant que les ressources et la situation professionnelle sont des conditions essentielles à l’obtention d’un logement autonome, qu’en est-‐il de la situation résidentielle des jeunes dans la Métropole lyonnaise ?
54 La différence étant que les chiffres du chômage se mesurent par rapport à la population totale tandis que le