• Aucun résultat trouvé

INTRODUCTION

Pour traiter la problématique, la thèse s’appuie essentiellement sur trois terrains de recherche. L’enquête est résolument scalaire et multi-située : pratiques touristiques et artistiques dans les quartiers nord de la ville de Marseille (8000 hectares) – ses cités, mais pas seulement - et pratiques du même type dans le quadrilatère formé par l’ensemble d’habitat social montréalais des Habitations Jeanne -Mance (7,7 hectares) sont aux deux extrémités d’une démarche d’enquête mobilisant encore quelques cas en banlieue populaire de Paris1. Cette richesse des terrains pose la question de la cohérence de l’ensemb le. Pour l’essentiel, celle-ci réside dans la disqualification qui affecte ces territoires : les quartiers nord de Marseille, la banlieue populaire de Paris et leurs cités à plus forte raison ainsi que les Habitations Jeanne-Mance à Montréal, tous font l’objet de représentations négatives.

Le chapitre présente les lisières investiguées. De Marseille à Montréal en passant par Paris, le volume d’informations délivrées concernant chacune des trois métropoles atteste déjà d’une hiérarchie des valeurs associées aux terrains de l’enquête. Il y a bien un laboratoire de premier plan, un terrain de second ordre et un terrain complémentaire. Descriptif, ce chapitre fait la part belle à la photographie pour donner au lecteur les moyens d’accéder à la matérialité des e spaces urbains parcourus. Il dresse un portrait des géographies de l’enquête et présente des acteurs au centre des pratiques explorées. La conclusion du chapitre est l’objet d’une problématisation : elle met en lumière les formes de dialectiques (méthodologique, fonctionnelle et démonstrative) existantes entre les trois terrains d’enquête.

1Au-delà des considérations scientifiques nous ayant porté sur ces trois terrains de recherche et développées à la fin de ce chapitre, d’autres éléments sont entrés en jeu, nous facilitant leur accès et/ou les conditions de travail sur place. Ainsi, notre travail à Marseille a été facilité par notre intégration au sein du Centre Norbert Elias (UMR 8582). En particulier dans son réseau de doctorants, au sein duquel nous avons exposé de premiers éléments de résultats à la fin de l’enquête sur place. A Paris, le choix d’une enquête dans sa banlieue nous a permis de nous rapprocher d’un important réseau de chercheurs en études touristiques, l’Equipe Interdisciplinaire de REcherches sur le Tourisme (EIREST) de Paris-1 Panthéon-Sorbonne (rencontres avec des membres de l’équipe, participation à des séminaires et colloques pilotés par l’équipe, …). A Montréal, c’est une entente entre notre structure de rattachement (ENTPE-RIVES) et le centre UCS de l’INRS, qui nous a permis d’être accueilli et encadré par la Professeure Annick Germain durant deux séjours sur place. Un premier séjour (10 jours) permit d’y exposer notre sujet de thèse. Un second fut dédié à l’enquête (3 mois à l’été 2014) et a été financé grâce à l’obtention d’une bourse de la région Rhône-Alpes (programme « Explora’doc »). Un autre séjour (2 mois au printemps 2015), sur nos fonds propres et aidé par un parent habitant à Montréal, permit de compléter l’étude. Autant qu’un nouveau terrain, les séjours à Montréal permirent aussi d’élargir l’horizon intellectuel en découvrant d’autres chercheurs et leurs approches, d’autres traditions intellectuelles.

Chapitre I. Une enquête multi-située et multi-scalaire

1. LES QUARTIERS NORD DE MARSEILLE : UN LABORATOIRE DE PREMIER PLAN

Les quartiers nord la ville de Marseille, la grande ville la plus pauvre de France2, composent un terrain exemplaire pour l’étude. Territoire emblématique de la crise des banlieues, il s’est imposé comme un terrain de choix du fait d’une actualité médiatique brûlante – les règlements de compte liés au trafic de drogue des « quartiers » font régulièrement la une - qui tranche avec le développement de pratiques touristiques et artistiques, ces dernières suggérant un autre éclairage des 13ème, 14ème et 16ème arrondissements (arr.) de la deuxième agglomération du pays (855 393 habitants en 20133). Partie intégrante de la ville d’un point de vue administratif, le nord de la ville est régulièrement décrit en termes de distance avec le sud, peuplé historiquem ent par la bourgeoisie locale. En termes de composition, les habitants du centre -ville se rapprochent en revanche de la sociologie de peuplement des quartiers nord : exception française, et configuration peu fréquemment observée à l’échelle européenne, la cité phocéenne présente en effet un centre -ville populaire. Belsunce (1er), Noailles (1er), Porte d’Aix (1er), le Panier (2ème) et la Belle-de-Mai (3ème) - les deux derniers étant sur la voie d’une gentrification encore largement inachevée - sont des quartiers anciens d’immigration cumulant des handicaps sociaux habituellement relevés en banlieue.

Cliché 1. Une vue de Marseille, août 2016.

Depuis la gare ferroviaire de Marseille -Saint-Charles (1e r), la cité phocéenne

découvre son bâti ancien et trois tours d’habitation (1962) de 18 étages (labélisées « Patrimoine du XXème siècle »), alignées sur le populaire cours Belsunce. En arrière-plan, la renommée basilique de Notre -Dame de-la-Garde.

2Voir Louis Maurin et Violaine Mazery, « Les taux de pauvreté des 100 villes les plus pauvres de France », Compas études, n°11, janvier 2014, URL :

<http://www.lecompas.fr/doc/compasetudes11_janvier2014.pdf>, consulté le 19 juillet 2016. 3Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), 2013, URL : <http://www.insee.fr/fr/themes/dossier_complet.asp?codgeo=COM-13055>, consulté le 19 juillet 2016.

Les quartiers nord cristallisent toutefois l’attention politico -médiatique. Au nord, entre nœuds autoroutiers, chemins de fer et zones industrielles, environ 250 000 habitants (soit pratiquement 29% de la population marseillaise4) se répartissent dans de vastes cités d’habitat social, dont certaines sont insalubres (La Castellane, La Solidarité, La Savine, Bassens, Font-Vert, Kallisté, …). Les quartiers nord, qui représentent environ un tiers de la superficie de la co mmune (7750 sur 24 062 ha5),se caractérisent donc par ce parc de logement social. Ce parc locatif de tours et de barres fut constitué dans les décennies 1950 -1970, sous l’impulsion du maire Gaston Deferre : l’enjeu était alors de reloger les habitants d’un centre -ville bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale. Les constructions ont ensuite redoublé, dans l’urgence et au moindre coût, destinées aux rapatriés d’Algérie (1962, indépendance de l’Alg érie) et une population immigrée, en majorité issue des anciennes colonies (Afrique du Nord et Afrique subsaharienne) alors requise par un patronat en manque de main -d’œuvre peu qualifiée.

Cliché 2. L’emblématique cité de La Castellane, août 2016.

Au premier plan de cette vue des 15 et 16èmes arr., quelques bâtiments de la cité de La Bricarde. Au centre de la photographie se trouve la cité de La Castellane (1971), en contrebas de la première, séparée par le boulevard Henri -Barnier. A l’arrière-plan, on distingue l’autoroute A 51 dite « du Soleil » et la rade de L’Estaque, que domine la chaîne calcaire de la Nerthe.

4 Voir Hélène Dumesnil, Caroline Cantiteau, 2012, « Etat des lieux préliminaires sur les quartiers nord de Marseille », Observatoire régional de la santé PACA, URL : <http://www.sirsepaca.org/pdf/Diagnostics_territoire/Diagnostic_commente_Marseille_quartiers _Nord_Fevrier2012.pdf>, consulté le 19 juillet 2016. Les auteurs de l’étude donnent un ordre de grandeur saisissant : la population des seuls quartiers nord de Marseille est à peu près identique à celle de villes comme Bordeaux, Montpellier ou Lille.

Chapitre I. Une enquête multi-située et multi-scalaire

Dans les années 1970-1980, la crise industrialo -portuaire s’installe durablement. La classe moyenne déserte les quartiers nord pour le périurbain, dans la « campagne » aixoise en premier lieu. Ne reste nt au nord de Marseille que les populations les plus précarisées. Ses habitants occupent aussi d’anciens villages ouvriers (Saint -André, Louis, Saint-Antoine, Sainte-Marthe, …) liés au développement d’activités industrielles florissantes au XIXème siècle : ainsi de l’industrie portuaire ou des tuileries [Peraldi, Duport, Samson, 2015].

Cliché 3, 4, 5 et 6. Les quartiers nord de Marseille, territoire ouvrier frappé par la désindustrialisation, août 2016.

3. Des bâtiments constitutifs de l’important parc de logement social des quartiers nord, enserrent le terminal à conteneurs du bassin Est du Grand port maritime de Marseille (GPMM), auparavant dénommé « Port autonome de

Marseille » (PAM). La crise de 2008 a considérablement impacté l’ensemble de

l’industrie portuaire de la métropole marseillaise, fleuron hérité du XIXème siècle et des développements nécessaires aux activités en croissance du XXème siècle (hydrocarbures, trafic de marchan dises, ...).

4. Depuis la station de métro « Bougainville », terminus de la ligne 2 et véritable voie d’accès (par bus) du nord de la ville, le ciel est rythmé par des cheminées d’usines qui

témoignent de l’histoire

5 et 6. Le noyau villageois de Saint-Louis (15ème) tire son nom de la société

« Saint-Louis Sucre » (1866), qui dispose toujours d’une raffinerie en activité

sur place. La première photographie illustre encore la diversité paysagère des

quartiers nord. La seconde montre l’avenue Saint-Louis, principale artère

commerçante de ce quartier populaire.

Chapitre I. Une enquête multi-située et multi-scalaire

Le récent développement de lotissements pavillonnaires, la présence de bastides provençales et bourgeoises, nichées dans les collines, les quelques exploitations agricoles (à Sainte -Marthe, Château-Gombert, …), proposent un autre visage des quartiers nord, bien moins médiatique. Et L’Estaque, qui bénéficie d’une imagerie de « petit village de pêcheurs » emblématisé par de célèbres peintres cubistes et fauvistes (Cézanne, Braque, Renoir, Dufy, …), tire son épingle du jeu en termes d’attractivité résidentielle et touristique.

Cliché 7. Un lotissement pavillonnaire fermé, août 2016.

Un lotissement bâti récemment, situé le long de l’avenue des Aygalades, ici dans le 15ème arr. Il témoigne, peut -être, d’une diversification sociologique des quartiers nord de Marseille pour l’heu re encore timidement incarnée.

Ceci étant dit, les quartiers nord sont d’abord caractérisés en termes de relégation urbaine et de marginalisation économique et sociale. La nouvelle géographie prioritaire de la ville (2015) y identifie 28 « Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville » (QPV)6. Et la presse se fait régulièrement l’écho de taux de chômage fortement élevés : il s’élève à plus de 40% dans la cité de La Castellane (16ème) et touche un jeune sur deux à l’échelle du 14ème arr7. Bastion communiste historique, les

6Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, URL : <https://sig.ville.gouv.fr/>, consulté le 05 juillet 2016.

7« A Marseille, Pôle Emploi rechigne à aller dans les cités », Le Monde, 29 janvier 2014 et « Expliquez-nous… les quartiers nord de Marseille », France Info, URL : <

derniers résultats électoraux attestent néanmoins de la montée de l’extrême-droite : lors des élections régionales de mars 2014, le candidat Front National (FN) Stéphane Ravier a gagné la mairie du 7ème secteur de Marseille, autrement dit les 13ème et 14ème arr . (les plus peuplés des quartiers nord).

http://www.franceinfo.fr/emission/expliquez-nous/2015-2016/expliquez-nous-les-quartiers-nord-de-marseille-26-10-2015-06-55>, consulté le 05 juillet 2016.

Cliché 8 et 9. Deux vues de L’Estaque, haut-lieu touristique et résidentiel des quartiers nord, août 2016.

L’Estaque, ancien village de pêcheurs, jouit aujourd’hui d’une mise en scène touristique dont l’attractivité s’incarne dans cette succession de restaurants et de glaciers aux noms évocateurs, largement fréquentés par un e clientèle estivale : ici le bar « Le Soleil » ou celui « des Pêcheurs ». Le long du port offre le cadre d’une promenade appréciée.

Chapitre I. Une enquête multi-située et multi-scalaire

Hôtel du nord, centre de gravité des pratiques

C’est donc dans ce territoire à de multiples égards en crise, que se développent des pratiques touristiques et artistiques. Hôtel du Nord, une coopérative d’habitants des quartiers nord créé e en 2010/2011 en est le centre de gravité8. Elle hérite d’un travail de longue haleine, d’identification et de promot ion ponctuelle - dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine (JEP)9 - des ressources du nord de la ville. Initié par une historienne nommée Conservateur du patrimoine sur ce territoire du Grand Projet de Ville (GPV)10 au milieu des années 1990, ce projet se retrouve conforté par l’adhésion (2009) de la mairie socialiste du 8ème secteur (15ème et 16ème arr. de Marseille) à la « Convention européenne de Faro sur la valeur du patrimoine culturel pour la société » (annexe 4). Les trois principes qui en régissent l’octroi sont le droit au patrimoine, la gestion durable des ressources et la gouvernance démocratique. La signature de cette convention amplifie dès lors le processus de patrimonialisation des quartiers nord, entendu comme un processus de réinvestissement et de revalorisation de cet espace désaffecté et des ressources que l’on distingue désormais.

Fort de la perspective de Marseille Provence 2013, les énergies se focalisent sur l’élaboration de la Société Coopérative de Production (SCOP) Hôtel du Nord : une offre de chambres d’hôtes et de balades urbaines se fait jour. Aujourd’hui, près de cinquante sociétaires, dont plus de la moitié sont des habitants, animent un réseau d’environ cinquante chambres et autant de balades urbaines11. Le collectif habitant se présente ainsi : « Au nord de la capitale phocéenne, là où les barres HLM12 côtoient les vieilles bastides, se cachent des trésors d’histoire et de culture que leurs habitants redécouvrent et nous invitent à redécouvrir. Depuis plusieurs années, ils fouillent, cherchent, et interrogent un patrimoine

8Le nom choisi par la coopérative est un clin d’œil au film culte Hôtel du Nord, réalisé par Marcel Carné et sorti en 1938.

9Initiés en France en 1984, les JEP réunissent à présent une cinquantaine de pays, organisant une fois l’an des manifestations culturelles et ouvrant bien souvent des lieux exceptionnellement proposés à la visite.

10Le GPV, remplacé en 2007 par le CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale), est un outil de mise en œuvre de la Politique de la Ville en faveur de quartiers socio-économiquement fragiles, et à ce titre identifiés comme nécessitant une action ciblée de l’action publique.

11Un tiers est constitué de personnes morales (entreprises et associations) et une poignée de sociétaires soutiennent les actions sans être nécessairement habitants ou acteurs de terrain. En sus des chambres et des balades, la vente de productions locales (récits, savon de Marseille, miel, etc.) complète le dispositif. Enfin, historiquement centrée sur les quartiers nord de la ville (13ème, 14ème, 15ème et 16ème), la SCOP travaille également sur les 2ème et 3ème arrondissements (voire à l’échelle métropolitaine, à Vitrolles), d’autres mairies ayant depuis emboité le pas à celle du 8ème secteur de Marseille dans la signature de la « Convention de Faro ».

12L’acronyme HLM désigne en France une Habitation à loyer modéré. Au Québec, il désigne une Habitation à loyer modique. Dans les deux cas, nous l’utiliserons pour faire référence à du logement social.

foisonnant et souvent méconnu. Vous pouvez séjourner dans des chambres d’hôtes à Marseille chez l’habitant ou passer des vacances dans des gîtes chez l’habitant à Marseille, et participer ainsi à un s éjour solidaire, vous balader autrement, consommer les produits locaux et découvrir les textes, les images et les sons issus de la recherche passionnée menée sur ces quartiers »13.

Des balades urbaines dans les cités

Si les quartiers nord de Marseille ne sauraient se réduire aux seules cités d’habitat social, le catalogue s’est enrichi en 2013 de prestations spécifiques, sous le titre « Terroir des cités » : « Terroir des cités, car la terre des grands ensembles a a ussi son histoire, souvent passionnante, sédimentée dans la diversité des parcours humains et des actes urbains qui composent la ville. Des habitants qui vivent là vous invitent à écouter et à partager des espaces, des paysages, des trajectoires de vie et de langue, des histoires d’exil, en un mot, leur patrimoine ».14 Deux balades estampillé es « Terroirs des cités » sont pour l’heure régulièrement proposées : dans les cités de La Visitation et du Castellas. D’autres sont en préparation dans les cités de Campagne Lévêque, du Plan D’Aou et des Aygalades.

13Hôtel du Nord, URL : <http://h2h.hoteldunord.coop/fr/la-cooperative-h2h/hotel-du-nord/>, consulté le 12 juin 2016.

14Hôtel du Nord, URL : < http://hoteldunord.coop/samedi-13-juillet-participez-a-la-premiere-balade-terroir-des-cites-avec-marie-au-castellas/>, consulté le 12 juin 2016.

Cliché 10. La cité de Campagne Lévêque, août 2016.

Dans cette imposante cité d’habitat social achevée en 1958, une offre de balade est en cours d’élaboration par une habitante anciennement installée. La barre au centre de la photographie mesure 275 mètres pour u ne hauteur de 40 mètres.

Chapitre I. Une enquête multi-située et multi-scalaire

La Visitation (15ème) est une cité constituée de 11 immeubles de 4 étages dans lesquels se répartissent 600 habitants. Moins densément peuplée que la plupart des autres cités, La Visitation est aussi l’une des plus isolées, cernée par de multiples entrepôts, pour une bonne part désaffectée. A La Visitation comme dans les autres cités d’habitat social, la population est largement immigrée ou issue de l’immigration nord-africaine et subsaharienne. Une communauté Rom d’origine est-européenne et espagnole est également présente [Kornblum, 2015].

Le Castellas (15ème) désigne une cité un peu plus dense : plus de 800 habitants occupent des barres modelées selon la technique dite « du chemin de grue » ou des tours. Nichée au pied des vallons Giraudy et de la Mûre, le Castellas est séparé d’un carrefo ur de la cité de La Maurelette. Dans ces cités qui font à intervalles réguliers les unes médiatiques, pour des règlements de comptes liés au trafic de drogue bien souvent, deux habitantes, sociétaires Hôtel du Nord, animent des balades pour les découvrir sous un autre angle. Changer l’image des quartiers nord et permettre, à terme, un complément de revenu aux ménages les plus précarisés des quartiers qui souhaiteraient ouvrir une chambre d’hôtes et/ou animer une balade, sont deux enjeux au cœur du projet H ôtel du Nord.

Cliché 11. La cité de La Visitation, août 2016.

La cité de La Visitation est le laboratoire historique de l’offre « Terroir des

cités » puisque c’est dans ce quartier que fut mise en œuvre la première balade

urbaine en cité par Hôtel du Nord. Elle est animée par une habitante qui y est installée depuis 1988.

Cliché 12. La cité du Castellas, août 2016.

La cité du Castellas est le lieu de résidence d’une habitante qui emboîta

rapidement le pas à la sociétaire de la cité de La Visitation. Ensemble, elles composent la figure de l’habitant -guide dont l’expérience de la cité est posée au centre de l’offre « Terroir des cités ». Au Castellas, l’habitante-guide est une nouvelle arrivante dans le quartier.

Les cités La Viste (15ème) et La Rose (13ème) sont également concernées par une offre de balades. L’élection de Marseille au titre de « Capitale Européenne de la Culture 2013 » (MP2013) fut la marque d’une série d’événements culturels ayant eu lieu tout au long de cette année. Dans ce cadre, cinq centres sociaux marseillais (quartiers La Viste, 15ème ; La Rose, 13ème, Roy d’Espagne, 8ème ; Bon Secours Le Canet, 14ème ; le Panier, 2ème) et un autre de la ville de Miramas (centre social Albert Schweitzer) ont recruté chacun deux personnes pour concevoir et animer des balades urbaines. Les animateurs des balades ont été formés et accompagnés dans la construction de leurs itinéraires par Hôtel du Nord. C’est le projet européen « Culture Pilots », co-piloté par l’Union des Centres Sociaux et MP2013 qui en définissait les enjeux (annexe 5). D’un mot, ces balades s’inspirent d’une expérience menée en Autriche en 2009 (année de l’élection de Linz comme « Capitale Européenne de la Culture ») où des habitants des quartiers populaires de la ville proposaient des balades. Dans les quartiers nord, seul le centre social de La Viste a prolongé au-delà de 2013 son offre, celui de La Rose n’a pas pu faute de moyens et malgré une volonté affichée de poursuivre.

Chapitre I. Une enquête multi-située et multi-scalaire

La Viste est un grand ensemble (qui regroupe le « 38 » et « La Viste Provence ») de 1000 logements organisés en 4 barres et 3 tours. Plus de 6500 habitants occupent ce quartier patrimonialement labélisé (label « XXème siècle ») et bâti en surplomb, sur un éperon rocheux. L’ensemble domine le vallon des Aygalades et la rade de Marseille. La cité Le Clos La

Documents relatifs