CHAPITRE 2. Le réseau relationnel de l’entrepreneur et cadre théorique
3.3. L’économie de planification centralisée 1954 1990
4.2.3. Une approche qualitative par étude de cas
Notre adoption de l’approche qualitative s’inscrit dans notre positionnement phénoménologique interprétativiste, dont le but est de comprendre les processus inconnus à travers la construction et la mobilisation du réseau relationnel de l’entrepreneur.
Dumez (2013) explique la différence entre les deux méthodes quantitatives et qualitatives : « La recherche quantitative, dit Ragin, est une stratégie de recherche
orientée par les variables (variable-oriented research strategy – Ragin, 1999, p. 1137). Lorsqu’elle mène une narration, par exemple, c’est soit qu’elle cherche à expliquer une anomalie dans le pouvoir explicatif de ces variables, soit que ce sont
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les variables elles-mêmes qui agissent dans la narration (Abbott, 1992). Au contraire, la recherche qualitative s’efforce d’analyser les acteurs comme ils agissent. Elle s’appuie sur le discours de ces acteurs, leurs intentions (le « pourquoi » de l’action), les modalités de leurs actions et de leurs interactions (le «comment » de l’action) ».
Pour Wacheux (Roussel et Wacheux, 2005), le choix d’une approche qualitative peut être justifié quand au moins un des objectifs de recherche consiste :
- à décrire un phénomène,
- à expliquer des relations, des processus,
- à prédire sur la base de constructions ou de vérifications des théories,
- à changer les réalités sociales par une action de recherche expérimentale ou de recherche-action
- à proposer des interprétations théoriques globales de la compléxité d’un phénomène.
Notre objectif est d’utiliser au mieux les techniques qualitatives pour :
- L’étude de processus
Selon Denzin et Lincoln (1994), les approches qualitatives permettent d’étudier des processus. Miles et Huberman (2003) disent que « les données qualitatives concernent moins des comportements que des actions (qui comportent des intentions, des significations et qui ont des conséquences) ». Elles permettent d’isoler des populations clefs et de montrer les effets immédiats et comprendre aussi les résistances aux changements conduits par les politiques (Denzin et Lincoln, 1994).
« Chercher à mettre en évidence des mécanismes consiste à reconstituer un lien entre des phénomènes observés et leurs causes possibles. Cela doit être mis en relation avec l’objectif de compréhension : « La compréhension est améliorée lorsque sont explicités les mécanismes générateurs sous-jacents qui lient un état de fait ou un événement à un autre […] » » (Hedström &
127 - La prise en compte du contexte
Les approches qualitatives permettent d’étudier des processus dans le cadre d’un contexte et donc de les situer, mais aussi de comprendre les contraintes qui s’exercent sur eux (Denzin et Lincoln, 1994). Miles et Huberman partagent ce point de vue. En effet, les actions décrites par les recherches «
interviennent toujours dans des situations spécifiques au sein d’un contexte social et historique qui influence en profondeur la façon dont elles sont interprétées à la fois par les acteurs internes et par le chercheur en tant qu’observateur externe » (Miles et Huberman, 2003, p.27).
- Se rapprocher des individus
Les méthodes qualitatives ont pour but de « capturer le point de vue des
individus en les interrogeant et en les observant » (Denzin et Lincoln, 1994).
Elles permettent ainsi de comprendre de manière plus approfondie le point de vue des individus car le chercheur est plus proche.
Ces techniques peuvent être réunies dans la méthode de l’étude de cas.
L’intérêt de l’étude de cas
Pour Miles et Huberman (2003), la force des données qualitatives réside notamment dans leur « ancrage de proximité » quand l’accent est mis sur un cas spécifique, un phénomène précis et contextualisé.
L’étude de cas est la stratégie la plus adaptée pour appréhender notre problématique et nos questions de recherche. Selon Eisenhardt (1989), l’étude de cas vise à la
«compréhension des dynamiques présentes au sein d’environnements spécifiques ».
Pour Stake, le choix de l’étude de cas n’est pas tant un choix méthodologique que le choix de l’objet étudié : « les cas sont des opportunité pour étudier des
phénomènes» ( Denzin et Lincoln, 1994).
Yin (2008) propose des critères plus précis pour expliquer les recherches pour lesquels le choix de recherche par cas se justifie. Pour Yin (2008, p.1), l’étude de cas est une méthodologie parmi d’autres en sciences sociales, mais elle est la stratégie de recherche à favoriser quand les questions posées concernent le « comment » ou
128 le « pourquoi », que le chercheur a peu de contrôle sur les événements et qu’il s’intéresse à un événement contemporain ancré dans un contexte réel. Selon Gombault (2005), « parmi l’ensemble des méthodes qualitatives appliquées en
gestion, l’étude de cas est sans doute la stratégie la plus utilisée parce qu’elle est bien adaptée à l’objet d’analyse qu’est l’organisation ». Elle permet de l’appréhender
dans sa globalité, de la découper en unités d’analyse, et ainsi de comprendre une situation de gestion (Eisenhardt, 1989). Elle offre l’avantage, précieux dans les champs de la gestion des ressources humaines, de l’organisation et de stratégie, de pouvoir s’intéresser aux acteurs tout en comprenant le contexte. Sa force « repose
sur sa capacité à explorer les processus sociaux tels qu’ils se produisent dans les organisations » (Hartley, 1994, pp.212-213).
Les études de cas sont particulièrement recommandées lorsque l’on aborde des champs nouveaux, complexes où les développements théoriques sont faibles, et où la prise en compte du contexte est déterminante pour l’élaboration du contexte de compréhension (Evrad et al., 2003).
C’est dans ce contexte que nous estimons que l’étude de cas représente la méthode de recherche la plus appropriée pour répondre à nos questionnements.
L’ensemble du cadre réflexif de la recherche est résumé dans la Figure 4.2.