• Aucun résultat trouvé

Introduction de Pascal Glémain.

A- Un émetteur invisible.

L’Etat a confié la mission à la Caisse des Dépôts de lancer le dispositif. Elle a été un émetteur d’informations en impulsant le lancement sur l’ensemble du territoire français mais elle n’est pas l’organisme qui est en contact avec les bénéficiaires et n’apparaît donc pas de façon lisible.

1- Le rôle de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).

La Caisse des Dépôts est l’institution qui a permis les partenariats et, en termes de communication, qui a orienté sa communication pour faire connaître le dispositif vers d’autres structures. Ainsi, pour les partenaires bancaires et associatifs, la Caisse des Dépôts est une institution de référence. Elle a bien sûr utilisé des supports écrits pour transmettre l’information en mettant en avant son identité. Trois modes de communication ont été utilisés : une communication institutionnelle reposant sur des appels d’offres, des supports informatifs généraux, une communication externe que nous avons appelés « intra-réseaux ».

Par ces différents modes de communication, la Caisse des Dépôts a touché des cibles variées. Les élus, dans un premier temps, avec sa communication institutionnelle, puis les directeurs des banques ainsi que les responsables associatifs. Par sa communication « intra-réseau », elle s’est orientée vers les personnes de terrain et enfin a fait une campagne rassemblant tous ces acteurs avec les grenelles de l’insertion. L’évolution du nombre de microcrédits sociaux montre une croissance (46 prêts en 2005 et 3 563 en 2008) où le rôle de la communication, entre autre, a sûrement son importance.

Travaillant à partir d’une organisation pyramidale et centralisée, le rôle de la CDC est d’assurer son soutien financier aux structures partenaires et de garantir les impayés via le Fonds de garantie. Le schéma de l’annexe 1 fait aussi apparaître des instances décisionnelles ; une instance politique (COSEF) qui détermine la stratégie et un comité d’agrément (CAFSC) qui s’occupe des

aspects organisationnels. D’autre part, la CDC apporte des soutiens non financiers avec des temps de rencontres entre les têtes de réseau, une offre de formation et l’animation d’un site internet.

Mais ce schéma ne montre pas son organisation sur le territoire français. Si les liens avec les têtes de réseau, principalement localisées dans la capitale française, ont été développés dans un premier temps, il faut également souligner la mise en place du dispositif dans les régions ; une personne « référent » dans chaque région est chargée de renseigner les acteurs sur le terrain, de faire le relais entre le local et le national. Depuis le début de l’année 2009, cette personne organise des réunions bilan avec le soutien de ses responsables parisiens qui se déplacent pour cette occasion et présentent le site internet. Le poste du référent régional n’est pas entièrement dédié au dispositif du microcrédit social ; il s’agit d’une des missions qu’il doit remplir.

La Caisse des Dépôts s’est donc appuyée sur son organisation pour lancer le dispositif du microcrédit social ; sa légitimité lui a permis de contacter les différentes structures, bancaires et associatives. Les 29 réunions d’information du Fonds de cohésion sociale dans les directions régionales en 2006 renforcent cette répartition sur le territoire français. Son organisation, quoique complexe, donne beaucoup de souplesse dans les rapports avec les acteurs associatifs : ces derniers n’ont pas tous le même type de contrat. Ainsi, chacun a pu adapter son propre fonctionnement ce qui garantit une appropriation du microcrédit social dans les associations sur l’ensemble du territoire français.

2- Mise en place des partenariats

L’intérêt de la démarche engagée par la Caisse des Dépôts était de réussir à faire coopérer des banques avec des structures associatives (et vice et versa) pour aider des personnes en situation de difficulté, c’est-à-dire faire travailler ensemble deux mondes complètement différents pour un but commun72.

La CDC a donc mis en place des partenariats avec des têtes de réseaux de structures qui, dans le dispositif du microcrédit social, ont pour rôle de repérer les éventuels bénéficiaires et de les accompagner dans les démarches à réaliser pour obtenir un prêt. Diversifier le public touché en

72 « Les microcrédits sociaux, en proposant d’aider des personnes exclues du système bancaire à se rapprocher de

l’emploi, ont pour ambition de combler une lacune de l’offre bancaire auquel ni la puissance publique ni le marché n’avaient su répondre. Or, ce secteur ou segment de clientèle ne répond pas à la même logique que le secteur standard : il se situe dans une sphère où les questions financières et sociales s’interpénètrent. La pérennité des projets entrepris ne résulte pas seulement de la mise à disposition des fonds nécessaires, mais requiert la mise en place d’un accompagnement adapté à la situation économique et sociale du bénéficiaire. Dans le couplage entre services financiers et accompagnement, dans l’effort porté sur son articulation et son suivi, réside l’une des clés pour une réelle efficacité du dispositif. » Caisse des Dépôts et Consignation, Rapport d’activité, Exercice 2007

ouvrant une nouvelle activité et renforcer la panoplie d’outils existants de la structure sont les principales raisons qui ont amené les têtes de réseaux à s’inscrire dans le projet.

L’engagement des banques repose sur un triple intérêt : justifier son appartenance à l’économie sociale en utilisant des fonds dédiés pour le microcrédit social, développer ou renforcer une image « sociale » ou « solidaire » de la banque et capter de nouveaux clients, qui même fragiles, peuvent réintégrer le circuit bancaire.

Une répartition des tâches et un équilibre entre l’engagement des partenaires ont été les facteurs clés de la mise en place du microcrédit social, chacun y trouvant des avantages : les banques n’ont pas à réaliser le travail d’accompagnement social qui prend du temps et donc qui coûte cher, les associations ne traitent pas les contrats financiers même si elles donnent tous les éléments qui permettent de les remplir. Elles ne se transforment pas en structure financière.

La variété des têtes de réseau73 apporte une complémentarité organisationnelle et donc un attrait pour lancer l’expérimentation du microcrédit social afin de tester son fonctionnement. Ainsi, le partenariat avec la Caisse des Dépôts engage chaque tête de réseau à réaliser l’information dans sa structure, à mobiliser des ressources, à former des acteurs, à s’organiser selon les spécificités. « La Caisse des Dépôts finance et forme. Elle n’a pas vocation à structurer les réseaux et n’est pas non plus coordinatrice du microcrédit social personnel. Elle impulse le dispositif mais n’accompagne pas les réseaux, il y a une différence. »74

En effet, toutes les têtes de réseau ont nommé une personne, au niveau national, responsable du microcrédit social. Ainsi, au bout de trois années d’expérience, la nécessité de s’organiser indépendamment de la CDC se fait sentir. Cette dernière réussit donc son pari d’initier la démarche et de créer le besoin d’un partage d’expériences.