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TYPOLOGIE SOCIO-PROFESSIONNELLE DES WARDS

EFFECTIFS DES CATÉGORIES SOCIALES DISTRIBUTION SELON LES TYPES

TYPOLOGIE SOCIO-PROFESSIONNELLE DES WARDS

2. MADRID 2. 1. Introduction

Madrid n’avait guère fait, jusqu’ici, l’objet d’analyses sociologiques fines et systématiques. Mis à part quelques travaux pionniers et à la diffusion quelque peu clandestine, portant surtout sur la politique du logement, comme ceux de Mario Gaviria, qui avait étudié, entre autres, les premiers grands ensembles espagnols, et ceux de Jesus Leal (1976), la sociologie urbaine n’a commencé à se développer vraiment qu’après la fin du régime franquiste. Et les premières publications impor- tantes, en premier lieu celles de Manuel Castells, ont porté surtout sur les mouve- ments sociaux urbains26. Depuis une dizaine d’années, cependant, les recherches se sont diversifiées, et l’intérêt pour les transformations de la structure sociale de la métropole madrilène, prise elle aussi de façon évidente dans les processus d’interna- tionalisation, s’est fortement développé.

Plusieurs auteurs, entre autres Constanza Tobio (1989) et Jesus Leal (1990)27 se sont intéressés directement à ce mouvement, et tout particulièrement aux relations entre les transformations du marché du travail, celles de la division sociale de l’espace, et les modes de vie des différentes catégories sociales.

Des liens de collaborations noués de longue date avec Jesus Leal nous ont conduits à amorcer un travail comparatif sur l’évolution de la ségrégation sociale dans les deux métropoles. Les résultats présentés ici sont d’abord ceux de ce travail de Jesus Leal (1990), réalisé avec le soutien de la Municipalité de Madrid, que nous avons complété ici par la construction et l’analyse d’une typologie.

2. 2. Les variables de catégorisation socioprofessionnelle

Les nomenclatures socioprofessionnelles française et espagnole sont assez différentes, et reflètent des histoires sociales et économiques comme des histoires des appareils statistiques assez différentes28. Dans les discussions avec J. Leal sur le projet de travail comparatif, nous avons examiné comment l’on pouvait, à partir du système espagnol, élaborer une nomenclature qui se rapproche plus de la française, tout en conservant les traits qui apparaîtraient comme repérant des caractéristiques sociales spécifiques. Ceci a pu être fait pour les données de 1986 (Padrón municipal de habitantes) à partir desquelles il a réalisé ensuite une série d’analyses statistiques. La nomenclature utilisée a été la suivante:

26On trouvera la synthèse la plus complète de ces travaux dans Castells (1983).

27 Des extraits de deux articles de ces auteurs ont été publiés en français dans E. Préteceille

(1992).

28Pour une réflexion systématique sur la comparaison des systèmes de nomenclatures socio-

AGRI AGRICULTEURS ARTN ARTISANS

COMT COMMERÇANTS

PATR CHEFS D’ENTREPRISE PLIB PROFESSIONS LIBÉRALES

CADRES DE LA FONCTION PUBLIQUE, PROFESSIONS NTELLECTUELLES ET ARTISTIQUES

CSFP Fonction publique PROF Professeurs et scientifiques INFO Professionnels de l’information

CADRES D’ENTREPRISE

CADC Cadres administratifs et commerciaux INGR Ingénieurs et cadres techniques

PROFESSIONS INTERMÉDIAIRES - ENSEIGNEMENT, SANTÉ, FONCTION PUBLIQUE ET ASSIMILÉS INST Instructeurs

SANT Santé et travailleurs sociaux CLER Clergé et religieux

PIAC PROFESSIONS INTERMÉDIAIRES ADMINISTRATIVES ET COMMERCIALES

CONT CONTREMAÎTRES

EMPLOYÉS FONCTION PUBLIQUE ECIV Employés et agents civils MILI Policiers et militaires

EMPLOYÉS ADMINISTRATIFS D’ENTREPRISE EAEN Employés d’administration des entreprises ECOM Employés commerciaux

PSRV Personnels des services directs aux particuliers OUVRIERS QUALIFIÉS

OQIN Ouvriers qualifiés de l’industrie OQAR Ouvriers qualifiés de type artisanal COND Conducteurs

OQTP Ouvriers qualifiés - manutention, magasinage et transport ONQU OUVRIERS NON QUALIFIÉS

OAGR OUVRIERS AGRICOLES

(Contrairement aux deux autres cas, on a traduit les intitulés des catégories, du fait de leur construction explicite en référence aux CSP françaises dont les intitulés sont proches)

2. 3. L’aire métropolitaine

Plusieurs périmètres d’étude peuvent être retenus. Les deux principaux sont : -la Comunidad de Madrid, le plus englobant, qui est une définition politico- administrative correspondant au gouvernement de l’autonomia, l’équivalent en quelque sorte de la région Île-de-France, mais avec des pouvoirs nettement plus étendus;

-l’aire métropolitaine, qui englobe l’essentiel de la partie urbanisée, principa- lement l’agglomération urbaine de Madrid.

-la municipalité de Madrid, qui comptait environ 3 millions d’habitants en 1986. La couronne métropolitaine, soit le reste de l’aire métropolitaine, en comptait un peu moins de la moitié, soit 1,4 millions. Enfin, le reste de la Comunidad ne comptait qu’un peu plus de 300 000 habitants.

Dans son étude, Jesus Leal a utilisé successivement les trois périmètres: la

Comunidad, l’aire métropolitaine, et la municipalité de Madrid.

2. 4. Les unités spatiales

Pour la municipalité de Madrid, les divisions spatiales utilisées ont été: - la division en 18 quartiers, pour l’étude de la Comunidad et celle de l’aire métropolitaine, et des changements 75-86 dans les trois périmètres (taille moyenne : 170 000 h.)

- la subdivision de ces quartiers en 106 districts, pour l’étude de la structure sociale en 1986 dans la seule municipalité de Madrid (taille moyenne : 29 000 h.).

Pour le reste de l’aire métropolitaine, la division retenue est celle des limites municipales. Quelques municipalités particulièrement petites ayant été regroupées, cela définit 20 unités spatiales (taille moyenne : 70 000 h.).

Enfin, pour le reste de la Comunidad, les municipalités ont été regroupées en 14 zones (taille moyenne : 22 000 h.)

2. 5. Analyse statistique de la structure socio-spatiale

Pour esquisser la comparaison avec les autres cas présentés dans ce rapport, on a utilisé l’analyse factorielle des correspondances effectuée par J. Leal sur l’ensemble de la Comunidad de Madrid (étant exclues les catégories agricoles et les

militaires et policiers, catégories qui sont réintroduites ultérieurement comme simples variables descriptives).

L’analyse factorielle sur les profils socioprofessionnels des 52 unités spatiales fait ressortir 4 facteurs expliquant 90% de la variance totale, dont 71% pour le seul premier facteur, et 10% pour le second.

Comme dans les autres villes, le premier facteur oppose très nettement les catégories supérieures29 aux ouvriers. Les corrélations négatives les plus fortes concernent, dans l’ordre décroissant des valeurs absolues, les Professeurs et scienti-

fiques, les Professions libérales, les Cadres de la fonction publique, les Chefs d’entreprise, puis les Ingénieurs, les Professionnels de l’information, le Clergé puis

les autres catégories moyennes. A l’opposé, les corrélations positives les plus fortes concernent quatre catégories d’ouvriers sur cinq, la seule qui n’est pas liée à ce facteur étant celle des Ouvriers qualifiés de type industriel, qui n’est d’ailleurs bien représentée par aucun des quatre premiers facteurs. On peut noter qu’avec des corré- lations plus faibles, les Artisans, les Contremaîtres, mais aussi les Employés admi-

nistratifs d’entreprise et les Personnels de service sont du côté des ouvriers.

Le second facteur révèle une opposition, beaucoup moins marquée, entre d’un côté les catégories supérieures, surtout les plus intellectuelles ou diplômées (Professeurs et scientifiques, Clergé, Professions libérales, dans une moindre mesure Ingénieurs et Chefs d’entreprise) auquel se joignent les Artisans et les Conducteurs, et de l’autre les Employés et agents civils, les Employés commerciaux

des entreprises et les Personnels de service. C’est donc principalement un axe

d’opposition entre catégories tertiaires, qualifiées d’un côté, non qualifiées de l’autre.

Le troisième facteur oppose, assez curieusement, les Artisans et

Commerçants et le Clergé (variable non active) d’un côté, et les Ouvriers qualifiés de type artisanal, les Ouvriers qualifiés et dans une moindre mesure les Ingénieurs,

de l’autre, soit le monde de la petite bourgeoisie traditionnelle au monde de la production industrielle.

29 Dans la suite du texte, on entendra par catégories supérieures le regroupement de PATR,

PLIB, CSFP, PROF, INFO, CADC, INGR; par catégories moyennes indépendantes celui de ARTN et COMT; par catégories moyennes salariées celui de INST, SANT, CLER, PIAC, CONT, MILI; par employés ECIV, EAEN, ECOM; par personnels de service PSRV; par ouvriers celui de OQIN, OQAR, COND, OQTP, ONQU; par catégories agricoles celui de AGRI et OAGR.

COMUNIDAD DE MADRID 1986 - PROJECTION DES CATÉGORIES