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2- Vérification des propositions de départ

2.1.2 Typologie de l’insertion sociale

Depuis les années 1960, de nombreuses études ont analysé l’importance chez les jeunes des relations avec la famille et des relations avec les pairs. Aussi, observer leur participation au processus d’insertion sociale des jeunes s’avérait naturel et nécessaire. Les travaux de Mead (1979) ont confirmé l’influence des relations avec des adultes hors de la cellule familiale sur le cheminement des jeunes. Ainsi, tout au long de la recherche, nous avons tenté de saisir le phénomène de l’insertion sociale des jeunes à partir de ces trois types de relations.

Afin de faciliter la comparaison des trajectoires des jeunes ayant réussi leur insertion sociale à celles des jeunes qui éprouvent davantage de difficultés, nous avons construit un outil qui mesure l’insertion sociale de nos informateurs. Bien sûr, un tel outil comporte des limites qui sont inhérentes à toute construction de l’esprit. Un exercice d’un autre type aurait pu conduire à la mise au point d’une autre échelle. Pour notre part, nous avons tiré avantage des trois dimensions décrites plus haut de manière à mieux se rapprocher des témoignages recueillis.

Cela nous a permis de dégager des observations que nous n’avions pas envisagées au départ.

Lors de la phase de codification, nous avons distingué les répondants bien insérés, moyennement insérés et peu insérés socialement, à partir des extraits de témoignages se rapportant aux trois types de relations favorisant l’insertion sociale. Nous les avons classés en fonction de trois niveaux selon la qualité de la relation présentée par le répondant, c’est-à-dire rapprochée, plus ou moins rapprochée et éloignée. Par exemple, nous avons évalué qu’une entrepreneure de 24-25 ans avait une relation familiale rapprochée en analysant sa réponse à la question suivante : « Quels sont tes rapports avec ta famille? » « Très bons. On est une famille super rapprochée. Tout le monde sait tout. Peut-être que c'est un défaut. Peut-être que c'est dû au décès de mon père, mais après son décès, on s'est rapproché de ma mère, alors ma mère a un gros ‘noyau familial’. » À l’opposé, il nous est apparu évident qu’un chômeur de 28-29 ans avait une relation éloignée avec ses pairs :

CHO-H-28-29-PV-A-O

Q : Est-ce que tu fais partie d'un clan, d'un groupe d'amis, d'une gang ? R : Pas vraiment.

Q : Est-ce que tu considères que tu as de véritables amis ? Tu sais ceux qui sont là dans les pires et les bons moments.

R : Pas vraiment. »

Ainsi, en appliquant des critères précis pour mesurer les dimensions de l’insertion sociale, nous avons évalué la qualité des trois types de relations sélectionnés. Ensuite, nous avons attribué à chaque niveau un pointage respectif : deux (2) points pour une relation rapprochée, un (1) point pour une relation plus ou moins

rapprochée et zéro (0) point pour une relation éloignée. En additionnant ces scores tirés de chaque dimension, nous avons établi une typologie de l’insertion sociale. Cela permet de distinguer les jeunes selon trois niveaux d’insertion : bien inséré, moyennement inséré et peu inséré socialement.

Tableau 3 :Typologie de l’insertion sociale

NIVEAU D’INSERTION POINTAGE

Bien inséré 5-6 points

Moyennement inséré 4 points

Peu inséré 0-3 points

Si nous reprenons les exemples cités plus hauts, nous voyons que l’entrepreneure de 24-25 ans est insérée socialement alors que CHO/H/28-29/MOY. VIL./L.S est peu inséré.

Tableau 4 : Comparaison de l’insertion sociale de deux répondants

Entrepreneure de 24-25 ans (ENT/F/24-25/MOY. VIL./TÉMIS) Poi ntage

Relations avec la famille

Q :Quels sont tes rapports avec ta famille?

R :Très bons. On est une famille super rapprochée. Tout le monde sait tout. Peut-être que c'est un défaut. Peut-être que c'est dû au décès de mon père, mais après son décès, on s'est rapproché de ma mère, alors ma mère a un gros noyau familial.

Évaluation : relation rapprochée 2 points

Relations avec les pairs

Q : Est-ce que tu fais partie d'un clan, d'un petit groupe d'amis, d'une gang? R : Depuis que je suis au Témiscamingue, oui

Q : Est-ce que tu peux expliquer pourquoi vous êtes amis? (…)

R : Les affinités carrément. Quand ça fait dix ans que tu connais la même personne, des fois, tu n'as plus tout-à-fait ces affinités là, mais le lien est encore là. Tu l'appelles. J'ai une copine qui est à Rouyn. On s'est rencontré

aux régates puis ça n'a pas décroché depuis ce temps là. C'est le lien, même si au début, il n'était pas évident.

Évaluation : relation rapprochée 2 points

Relations avec le monde adulte

« Q : Est-ce que tu as des occasions de rencontrer des gens qui ne sont pas de ton groupe d'âge?

R : Oui, régulièrement : au travail, les clients, sur les collectives sur lesquelles je siège.

Évaluation : relation rapprochée 2 points

Total : répondante insérée 6 points

Chômeur de 28-29 ans (CHO/H/28-29/MOY. VIL./ABITIBI-OUEST) Pointage Relations avec la famille

Q : Quels sont tes rapports avec ta famille ?

R : Ils viennent de temps en temps. On s'entend bien.

Q : Est-ce que tu as l'impression que ta famille t'a soutenu dans ton passage du milieu scolaire au monde du travail ?

R : Non. Je ne suis pas attaché à ma famille.

Évaluation : relation plus ou moins rapprochée 1 point Relations avec les pairs

Q : Est-ce que tu fais partie d'un clan, d'un groupe d'amis, d'une gang ? R : Pas vraiment.

Q : Est-ce que tu considères que tu as de véritables amis ? Tu sais ceux qui sont là dans les pires et les bons moments.

R : Pas vraiment.

Évaluation : relation éloignée 0 point

Relations avec le monde adulte

Q : Est-ce que tu es impliqué dans ton milieu ou dans des associations ? Est- ce que tu l'as déjà été?

R : Non.

Q : Est-ce que tu as des occasions de rencontrer des gens qui ne sont pas de ton groupe d'âge?

R : Ça arrive. (…) La parenté.

Évaluation : relation éloignée 0 point

Cette typologie de l’insertion sociale sert de base pour l’analyse et permet de faire une description détaillée de notre échantillon.