• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 – Le contenu pédagogique d’après les approches des chercheurs

4.3 Les exercices proposés par les chercheurs

4.3.1 Les types d’exercices

De manière générale, on peut distinguer cinq types d’exercices parmi ceux proposés par les chercheurs. Les exercices de la première catégorie ont trait au perfectionnement

linguistique; il s’agit d’exercices de grammaire, d’enrichissement du vocabulaire ou de

révision de règles grammaticales. Hurtado Albir (1996) propose par exemple des textes sans ponctuation pour travailler les conventions d’écriture ou encore des listes de faux-amis à faire correspondre dans les deux langues d’apprentissage. Dans la deuxième catégorie, soit les exercices de préparation à la traduction (exercices méthodologiques), on trouve ensuite des exercices de sensibilisation, visant notamment à faire prendre conscience aux étudiants de l’importance du caractère idiomatique de la traduction et des dangers d’interférence entre les deux cultures, et, bien entendu, les exercices ayant trait à la recherche terminologique, au métalangage, à la recherche documentaire et à la méthode de travail ainsi que les exercices théoriques permettant de mieux définir ou cerner une approche de traduction pertinente selon le contexte de traduction. González Davies (2004) suggère notamment plusieurs exercices axés sur la recherche d’équivalents idiomatiques et la création de banques terminologiques liées à divers domaines ou milieux tels que ceux de la restauration ou des magasins à rayons. La troisième catégorie renferme quant à elle les

exercices individuels de traduction, parmi lesquels on compte la traduction de titres, de

passages (ou fragments) et de textes complets que les étudiants sont invités à traduire de façon individuelle. Enfin, dans les quatrième et cinquième catégories, on trouvera respectivement les projets collaboratifs authentiques ou en simulation et les exercices de

réflexion ou d’introspection axés sur le traducteur et son environnement de travail. Ces

deux dernières catégories d’exercices seront abordées plus en détail dans les sections qui suivent.

4.3.1.1 Projets de traduction authentiques au moyen d’un travail collaboratif

Nous avons précédemment fait remarquer que l’authenticité et la collaboration font partie des thèmes de prédilection dans la discussion traductologique chez les experts en pédagogie de la traduction. Dans le contexte précis du manuel, c’est à partir de l’analyse

des exercices que nous pouvons mieux rendre compte de l’importance tenue par ces principes reliés aux réalités professionnelles. Chez Vienne, Gouadec et Kiraly, les projets authentiques et collaboratifs sont à la base même de la conception d’un cours de traduction qui vise à reproduire un contexte s’apparentant le plus possible au milieu professionnel. Chez Kiraly, ce choix est en outre justifié par une adhérence au courant pédagogique socioconstructiviste et motivé par une volonté de maximiser l’apprentissage chez l’étudiant. Le principe de Kiraly pourrait en fait être résumé ainsi : un étudiant construit son savoir à partir de ses interactions avec un environnement social puisque c’est effectivement un environnement social qu’il sera amené à comprendre, à interpréter et à rendre dans ses traductions. Par ailleurs, chez González Davies, on trouve ce type d’exercice collaboratif notamment sous forme de projet final dans un cours de traduction. La chercheure propose par exemple à des étudiants qui en sont à leur 2e année du premier cycle et qui ne possèdent pas d’expérience en traduction spécialisée de réaliser un projet intitulé The Guatemala

Project consistant à traduire un calendrier pour une organisation non gouvernementale

(González Davies, 2004, p. 218).

4.3.1.2 Exercices de réflexion et d’introspection

Certains de ces exercices touchent les aspects professionnels du métier; ils vont de la réflexion sur les habitudes du traducteur (microstratégies, macrostratégies, techniques de distanciation) à ses rapports avec l’environnement professionnel en passant par sa vision du monde, de la langue et du traducteur. Les recherches de Jääskeläinen, de Hansen et de Kiraly sur les TAPs mènent vers ce genre de réflexion et d’auto-évaluation sans toutefois proposer d’exercices proprement dits. Parmi les chercheurs ayant proposé des exercices reliés aux aspects métacognitifs de l’apprentissage, c’est sans doute Robinson (1997, 2003) qui se démarque le plus.

On s’entendra pour dire qu’un traducteur travaillant en cabinet de traduction peut difficilement modifier ses conditions de travail. Dans un monde idéal, toutefois, celui-ci imagine peut-être le jour où il pourra changer la position de son bureau ou choisir un éclairage plus adapté. On peut d’ailleurs souhaiter une évolution sur ce plan dans le

domaine des entreprises dans un avenir rapproché. Le traducteur pigiste, de son côté, ne profite peut-être pas toujours de la stabilité professionnelle de son homologue du cabinet, mais ce désavantage est compensé par une grande liberté d’action, plus particulièrement la possibilité de créer lui-même l’environnement le plus favorable à l’exercice de sa profession. La flexibilité dans les horaires, la disposition du mobilier, et même l’environnement de travail font partie des composantes qu’il peut gérer afin de trouver ses propres conditions optimales de travail. La plus grande contribution de Douglas Robinson à cet égard est sans contredit le canevas qu’il offre pour faciliter l’identification des conditions personnelles optimales de travail. Ce canevas se présente sous la forme d’exercices de réflexion et d’expérimentation qui amènent le traducteur à prendre conscience des facteurs favorisant sa motivation, son efficacité et son plaisir au travail. Voici quelques exemples d’exercices suggérés par Robinson (1997) :

 Déterminer sa zone de confort en faisant l’expérience de traduire à des vitesses différentes;

 Déterminer les positions corporelles préférées par le traducteur pour accomplir la lecture de différents types de textes (textes de nature académique, articles de revues, etc.);

 Se préparer mentalement à exécuter une traduction à partir de trois types d’attitudes (nervosité et stress vs laisser-aller vs traduction normale ou sérieuse) et comparer les sensations éprouvées.

Comme on peut le constater, les exercices suggérés par Douglas Robinson touchent un aspect de l’apprentissage relié au plan psychologique de la traduction. Les questions qu’il formule favorisent en outre un apprentissage conscient et responsable de la traduction.

On trouvera dans le tableau de la page suivante une synthèse des cinq catégories d’exercices proposés par les chercheurs.

Tableau VI. Les catégories d’exercices recensés chez les chercheurs en pédagogie de la traduction