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CHAPITRE III: LA MÉTHODOLOGIE

3.1 Le type de recherche

La recherche sur l’éducation à l’environnement est récente puisqu’elle ne remonte qu’au début des années 1970. Ce sont les anglo-saxons principalement aux États-unis, en Grande-Bretagne et en Australie, (Hungerford, Peyton, Wilkie, 1990; Fien, Hillcoat, 1990; Jickling, 1993) qui vont être les instigateurs et les protagonistes de ce qui sera longtemps appelé l’éducation environnementale. Robottom et Hart (1993), ont voulu rapprocher ce nouveau domaine des courants de recherche déjà existants en éducation. Ainsi, ils ont identifié trois paradigmes en ERE : positiviste, socialement critique et interprétatif.

Dans la perspective du paradigme positiviste, l’ERE vise à modifier les comportements des futurs citoyens de sorte qu’ils s’investissent efficacement dans la prévention et la résolution des problèmes environnementaux. La connaissance est produite par des experts et est vue comme objective. Les tenants de cette approche visent donc l’acquisition de connaissances au sujet de l’environnement, le développement d’habiletés et d’attitudes qui mèneront à l’adoption d’un comportement civique responsable et à la résolution de problèmes en matière d’environnement. Les connaissances, vues comme objectives, proviennent des diverses disciplines (biologie, géographie et gestion des ressources naturelles) et sont transmises aux élèves dans le but de contribuer à la résolution des problèmes environnementaux (Robottom , 1993).

Suivant le paradigme socialement critique, l’ERE vise à développer chez les individus un engagement à agir individuellement et collectivement pour améliorer l’environnement. La connaissance est vue ici comme dialectique tout en permettant un processus d’investigation à partir de problèmes vécus dans la réalité. La recherche est conduite par les participantes et participants eux- mêmes, selon un design négocié et émergent. L’intervention éducative vise une action pour l’environnement et l’implication de tous y est valorisée (élèves, personnel enseignant et membres de la communauté). Les tenants de ce courant privilégient faire une analyse critique et collaborative des problèmes environnementaux concrets; ils ont pour but de transformer des réalités environnementales et sociales qui requièrent un changement (Robottom, 1993).

Selon le paradigme interprétatif, l’ERE vise à permettre aux individus de développer une relation harmonieuse avec l’environnement, tout en tenant compte de leurs émotions et de leur compréhension de la situation. La connaissance est vue ici comme subjective et tirée de l’expérience. Le résultat attendu de l’intervention éducative est de favoriser la capacité à agir éthiquement pour la préservation de l’environnement. Les élèves sont perçus comme des apprenants actifs; l’enseignement vise leur engagement, tant sur le plan émotif que sur le plan cognitif, à partir d’expériences environnementales (Robottom , 1993).

C’est dans ce dernier courant de recherche que notre projet s’inscrit. Ce type de recherche fait place à des réalités subjectives et intersubjectives comme objets de connaissance scientifique. Elle s’intéresse aux dynamiques selon lesquelles le monde social est expérimenté, vécu, produit, compris, interprété (Anadon et Savoie Zajc 2009). Sa finalité est de construire des lectures interprétatives de phénomènes sociaux et humains caractérisés par une grande complexité. Ainsi ce type de recherche favorise une construction partagée de la connaissance, ancrée dans l’interaction chercheuse/participants, interaction

traversée par des valeurs qui finalement ont un impact sur la connaissance produite et sur le processus de production (Ibid, 2009).

Notre étude cherche à mieux comprendre un phénomène nouveau et non à vérifier des données qui ont déjà été recueillies et analysées en utilisant un modèle établi a priori et validé. Elle utilise des données qualitatives pour explorer des questions liées à une problématique afin de la décrire et de se familiariser avec dans le but d’en dégager des hypothèses de travail. En ce sens, elle est exploratoire car elle s’intéresse à un phénomène peu connu, en traçant une image plus exacte avec des caractéristiques qui permettront de mieux le connaître. Ce choix est particulièrement approprié pour réaliser une analyse d’un objet d’étude pour lequel il existe relativement peu de modèles.

La définition de la recherche qualitative/interprétative faite par Karsenti et Savoie-Zajc (2000) s’applique à notre recherche :

La recherche qualitative/interprétative est une forme de recherche qui exprime des positions ontologiques (sa vision de la réalité) et épistémologiques (associés aux conditions de production du savoir) particulières dans la mesure où le sens attribué à la réalité est vu comme étant construit entre le chercheur, les participants à l’étude et même les utilisateurs des résultats de la recherche (p.176).

Nous avons opté pour ce type de recherche parce qu’elle vise des buts pragmatiques et utilitaires pouvant déboucher sur des applications concrètes. Elle repose sur un souci de formuler auprès des participants les résultats de la recherche en termes familiers, ce qui les rend plus accessibles. Par ailleurs, la recherche qualitative/interprétative prend en compte la dynamique interactive entre les individus et leur environnement, c’est-à-dire la nature et la complexité des interactions dans un environnement donné. Elle permet également de construire du sens émergeant des données recueillies auprès des participants et ainsi d’accéder à une compréhension de l’intérieur du phénomène étudié.

En considérant les raisons énumérées ci-haut, il nous apparait pertinent d’utiliser ce type de recherche auprès des enseignants pour être en mesure de

mieux comprendre leur conception de la pensée critique en ERE et de la place accordée à celle-ci dans leurs pratiques enseignantes. Il sera aussi possible d’identifier les moyens utilisés pour favoriser le développement d’une pensée critique chez les élèves dans le contexte de programmes d’ERE et de mettre en lumière les obstacles et les leviers perçus par les enseignants relativement à l’intégration de stratégies visant le développement de la pensée critique d’élèves dans le contexte de programmes d’ERE.