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CHAPITRE I LA PROBLÉMATIQUE

CHAPITRE 2: LES CADRES CONCEPTUELS

2.1 La citoyenneté environnementale

2.1.3 Les travaux de Boutet

À l’occasion de sa recherche doctorale, Boutet (2000) met en évidence que l’objet spécifique de l’ERE est la relation des humains avec leur environnement. Son argumentation repose sur la modification graduelle qui s’est d’abord faite lentement, puis qui s’est largement accélérée avec la révolution industrielle, ce qui a fait naître l’idée de l’importance de l’apprentissage d’une relation harmonieuse entre l’être humain et son environnement naturel.

Il poursuit en précisant que les objets d’apprentissage de programmes d’ERE doivent être en lien avec le développement de l’une ou l’autre de deux dimensions, soit une relation de solidarité avec les autres êtres vivants ainsi qu’une relation de responsabilité envers le maintien des systèmes de vie.

Une relation de solidarité avec les autres êtres vivants par laquelle l’être humain ne se sent pas maître et possesseur du monde, mais plutôt comme en faisant solidairement partie; cela est rendu possible grâce au développement d’attitudes comme l’empathie et l’humilité. Une relation de responsabilité envers le maintien des systèmes de vie, par laquelle l’être humain se reconnaît et assume un rôle particulier, pour enrichir la biosphère de conscience et de compassion (Boutet, 2008, p. 8).

Il décline en cinq composantes l’actualisation d’une citoyenneté environnementale. Ces dernières sont : a) la sensibilité envers le milieu naturel, b) la responsabilisation, c) la pensée critique, d) la participation démocratique, e) la mobilisation des connaissances. La première est liée à la relation de solidarité, alors que les quatre autres contribuent à la relation de responsabilité15. Voici une description de chacune des composantes.

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1) Le développement d’une sensibilité au milieu naturel

Cette sensibilité est à la source d’un engagement durable envers la protection de l’environnement et se traduit par un sentiment d’empathie, un sentiment d’humilité et un sentiment de respect (Boutet et Samson, 2010, p. 7). Nous retenons de cette composante que la sensibilisation au milieu naturel est un élément primordial qui permet de développer sa conscience écologique, de créer un lien de respect et d’attachement envers la nature.

2) La responsabilisation par rapport aux enjeux environnementaux

La conscience de son pouvoir d’action est indispensable pour soutenir une action engagée et suppose la connaissance de stratégies d’action, l’intention d’agir et, surtout, un centre de contrôle internalisé de son action (Boutet et Samson, 2010, p. 7). Pour nous, cette composante interpelle directement la prise de conscience de son pouvoir d’agir et de s’engager et par le fait même contribue à la responsabilisation de l’individu.

3) L’exercice d’une pensée critique au regard des enjeux environnementaux

L’exercice d’une pensée critique permet de saisir les enjeux sociaux, politiques, économiques et éthiques liés à toute action environnementale, donc d’en construire une compréhension plus globale (Boutet et Samson, 2010, p. 7). Pour nous, le développement d’une pensée critique conduit à mieux comprendre et à tenir compte d’un ensemble d’aspects liés aux enjeux environnementaux et ceci dans le but d’en avoir une vision plus holistique.

4) L’acquisition d’habiletés de participation démocratique

L’acquisition d’habiletés comme la considération et l’écoute des autres, permet d’agir avec les autres et de reconnaître l’importance d’une action concertée (Boutet et Samson, 2010, p. 7). Nous croyons que la démocratie est indispensable pour le bien commun, ici il est question d’agir en concertation avec sa communauté pour la protection de l’environnement et l’amélioration du milieu

de vie. Ce processus permet de prendre en compte les autres points de vue et de participer à une de prise de décision collective.

5) La mobilisation des connaissances nécessaires pour cerner les enjeux environnementaux et passer à l’action.

L’engagement citoyen doit s’appuyer sur une mobilisation des connaissances nécessaires pour cerner les enjeux environnementaux, connaissances qui font partie d’une culture scientifique et technique que le Conseil de la science et de la technologie (Santerre, 2004) reconnaît comme tendant à devenir essentielle aujourd’hui pour la construction d’une conscience citoyenne, c’est-à-dire la capacité d’un individu de porter des jugements, d’adopter des comportements responsables et de s’engager de façon active dans l’exercice de son rôle de citoyen (Boutet et Samson, 2010, p. 7). Ici il s’agit de mettre à contribution ses connaissances et son savoir-faire pour bien comprendre un enjeu environnemental donné et pour mieux cibler son action.

Dans un contexte multidisciplinaire comme celui du domaine de l’ERE, où une grande diversité de savoirs disciplinaires doivent être abordées, les personnes qui veulent comprendre et agir de façon informée sur les problématiques environnementales doivent être en mesure de conjuguer savoirs, savoirs-faire et savoirs-être dans leurs pratiques de vie quotidienne. En conclusion, nous retenons du concept de citoyenneté environnementale de Boutet que :

[W] cette approche permet de situer l’humain comme un citoyen et non comme un propriétaire des habitats. Elle présente aussi l’avantage de mettre en lumière les aspects démocratiques du rapport de l’humain aux ressources qui l’entourent, insistant plus sur le rapport de participation collective à leur utilisation qu’au rapport individuel de consommation. De plus, elle pose l’être humain comme un être en relation avec son environnement naturel, ce qui rejoint une des idées qui font un large consensus dans le domaine (Boutet, 2010, p. 6).

Nous nous attardons maintenant à présenter plus spécifiquement ce qu’est la pensée critique d’une façon générale, selon les travaux de différents théoriciens dans le domaine.