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CHAPITRE I LA PROBLÉMATIQUE

1.7 La position du problème et la question de recherche

1.7.1 La recension de la documentation

Dans la littérature, on retrouve peu d’écrits qui traitent de façon combinée de l’ERE et de l’exercice d’une pensée critique. À partir des requêtes effectuées sur différentes banques de données, dont Scopus, Education Resesarch Complet, Proquest Research Library en inscrivant des descripteurs tels que pensée critique [critical thinking] et éducation à l’environnement [environmental education], sur une période de 2000 à 2010, nous avons pu relever quelques recherches et articles anglophones abordant des notions s’apparentant à notre problématique. Suivent ici des exemples de recherches effectuées dans le domaine.

Le projet de Litz (2010) explorait la façon dont les éléments suivants, le sentiment d'appartenance, lorsqu'il est guidé par une éthique du care11, la pensée critique et les compétences Écoliteracy12 pourraient améliorer l'efficacité de l'ERE chez les élèves. L’auteur conclut que l’éducation axée dans le milieu naturel est un lieu idéal pour aider les élèves à développer une éthique de l’environnement, cette forme de pédagogie favorisant chez les élèves un sens de l’émerveillement pour le monde naturel.

Scott (2010) a évalué un cours semestriel en environnement visant à permettre à seize étudiants de 1er cycle universitaire de devenir des agents de changement de l'environnement. Les éléments suivants ont été mesurés par une enquête : l’alphabétisation et la responsabilité environnementale, l'auto-efficacité, la pensée critique et l'engagement civique pour l'environnement. Cette étude a montré que la responsabilisation est un facteur important dans l'éducation environnementale, en permettant aux étudiants d’acquérir l'aptitude à agir sur leurs préoccupations environnementales.

Stein, Hofreiter, et Monroe (2007) ont réalisé une étude pilote qui visait à accroître la pensée critique chez les élèves de première année au primaire pour les amener vers une citoyenneté responsable envers l’environnement. Après le cours de quinze semaines, les élèves ont favorablement amélioré leurs dispositions à la pensée critique. L'analyse phénoménologique des entretiens a révélé que les élèves, lorsqu’ils s’engagent dans une variété de situations avec

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Éthics of care : Une éthique qui préconise de traiter les autres d'une manière aimante, respectueuse et bienveillante. Cela inclut l'amour et l'acceptation de soi, des amis, des inconnus, d'autres lointains, la biodiversité, la planète Terre et de l'environnement. Une telle éthique utilise la compassion pour guider les décisions personnelles, les valeurs et les actions. (Notre traduction).

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Ecoliteracy : La capacité de comprendre et d'appliquer les processus naturels et biologiques pour la conservation de l’environnement, tout en identifiant le soutien politique nécessaire pour faire avancer les pratiques de conservation et de résolution de problèmes. (Notre traduction).

des implications envers la citoyenneté, sont confrontés au rôle des émotions dans l’exercice de leur pensée critique.

L’étude de Davis (2003) a consisté à travailler avec les enseignants dans un projet qui pourrait être un exemple de l'éducation environnementale critique. Selon lui, de nombreux programmes et projets sont considérés comme superficiels et sans conséquence en termes de leur capacité à se pencher sérieusement sur les questions environnementales. Le programme d'études se déroulait dans une école primaire où les terrains d'écoles étaient utilisés pour l'enseignement interdisciplinaire et critique pour l’environnement. Un point important de l'étude était l'écart perçu entre la théorie et la pratique dans l'éducation environnementale. Cette critique provenant des enseignants faisait ressortir que l’écart entre la théorie et la pratique était un frein important à l’action, nuisant à l’atteinte des valeurs et des objectifs par rapport à l'éducation critique en environnement. Les résultats ont démontré que le programme avait été peu intégré dans l’école. De plus, il est venu confirmer que l’application d’un cadre théorique est souvent difficile dans une mise en action pratique.

Plus près, au niveau francophone, les recherches dans ce domaine se font plutôt rares. On retrouve dans Pelletier (2009), un portrait de la citoyenneté environnementale d'une vingtaine d'élèves du primaire et du secondaire, ainsi que l'impact de deux programmes d'ERE (J'Adopte un cours d'eau et Rivière du Nord)13 sur l'évolution de cette citoyenneté. Celle-ci affirme que les deux programmes étudiés ont contribué à amplifier un lien affectif (sensibilité

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J’Adopte un cours d’eau est un projet qui a été créé en 1999 par la Biosphère dans le but de «sensibiliser, d’éduquer et de faire participer les enfants à la protection de l’environnement dans une perspective de développement durable» (CVRB, 2003, S1-2).

Rivière du Nord est une adaptation du programme ROPED afin d’étudier les écrevisses plutôt

que les poissons

ROPED : L’ensemble didactique ROPED (Réseau d’observation des poissons d’eau douce) a été

créé en 1995 par la Biosphère dans le but de partager des données recueillies sur les poissons, sensibiliser les adolescents à leur environnement, rendre la science plus accessible, fournir une expérience unique et utiliser ces connaissances pour poser des gestes concrets pour le milieu (Biosphère, 1998)

environnementale) qu'entretient l'enfant avec la nature en facilitant l'acquisition de connaissances du milieu naturel qui est, dans ce cas, la rivière. Par contre, l’étude démontre qu'il n’y a pas eu d’impact sur les autres composantes de la citoyenneté environnementale (le sentiment de pouvoir agir, les habiletés de participation démocratique et le jugement critique des élèves).

Roy (2001) quant à elle, s’intéresse à l'éducation environnementale auprès d’un public visitant les centres d'éducation populaires (musée de sciences naturelles, centres d'interprétation, aquariums). Elle visait la mise en œuvre d'activités favorisant l'utilisation et le développement de compétences critiques ainsi qu'une meilleure compréhension de la complexité des enjeux environnementaux. D’après les observations de la chercheure et des participants, il semble que plusieurs d’entre eux aient effectué des prises de conscience, mis en pratique des habiletés et des attitudes de pensée critique, tout en souhaitant en modifier certaines dans le futur. Cependant la compréhension de la complexité des enjeux environnementaux chez les participants s’est avérée plus faible que ce que Roy croyait au départ. Elle pense qu’il est possible que la capacité de réflexion limitée des participants soit en partie en cause.