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La trilogie des Kougard: le principe et les trois règnes

Chapitre 3 le centre spirituel découvert dans l’oeuvre romanesque de Raymond Queneau

3.1 La forme circulaire romanesque dans les trois premiers romans de Raymond Queneau

3.1.2 La trilogie des Kougard: le principe et les trois règnes

Il est marqué dans la notice de Saint Glinglin par l’éditeur Jean-Philippe Coen que : « Queneau note au sujet de l’épisode final : ‘On propose d’aller voir le mauvais et le beau temps. La Grande Perche. L’Axe des Choses » (OCIII, 1634), et puis il ajoute dans la note : « l’expression démarque celle de René Guénon, ‘l’Axe du Monde, dont l’arbre, le mât ou la croix sont traditionnellement les symboles. L’ascension au mât ou à l’échelle représente rituellement la ‘montée de la Terre au Ciel’ » (OCIII, 1634, voir la note). Donc, le Grand Arbre nous saute aux yeux comme le synonyme de l’Arbre du Monde de René Guénon.

Et nous savons que l’Arbre du Monde selon lui est composé de plusieurs règnes32. De plus, « l’Axe de l’Univers est comme une échelle sur laquelle s’effectue un perpétuel mouvement ascendant et descendant » (SFSS, 337). En ce sens-là, on n’a pas de mal à comprendre pourquoi dans les Temps Mêlés on lit « comment le divin pourrait-il ici descendre et, si descendu, remonter ? » (OCII, 1025). Comme l’avoue Raymond Queneau, Pierre, Paul, et Jean représentent respectivement les trois règnes : animal, végétal, et minéral (OCIII, 1631) et d’après René Guénon, « les trois règnes, qui représentent les diverses modalités de l’existence dans notre monde » (ED, 67), cela nous fait penser aux trois modalités d’un principe, et à la suite de quoi, les trois existences du père. .

De surcroît, les trois règnes correspondent aux trois dimensions du temps : « 1er fils.

Le Futur. Incapacité d’apprendre la langue étrangère. / 2ème fils : le Présent. Incapacité d’aimer d’autre femme qu’étrangère. / 3ème fils : le Passé puisque S Glinglin. Et cependant, l’aîné pourrait aussi être mis en rapport avec le Passé à cause ‘de son identification’ au Père» (OCIII, 1633). D’ailleurs, les trois règnes sont liés à trois gunas de la doctrine hindoue respectivement, ce dont Alain Calame se doute: « Pierre, incarnation de la tendance descendante, ténébreuse, ne pouvait atteindre et concevoir d’autre réalité que l’inférieur – ce que le Queneau du Journal appelle le ‘réel sensible’. Pour la tendance ascendante, l’on se tournera vers on frère Jean ; Paul, le médian, représentant l’impulsion expansive, horizontale : on a reconnu les trois gunas en cause dans l’article sur Allendy » (Calame, 14). On n’est pas très sûr en ce qui concerne la répartition des trois personnages dans les trois gunas, mais ce qui est certain, c’est qu’il y des critiques qui prennent conscience du lien entre le roman et René Guénon. pourtant chez René Guénon, on peut trouver l’indice de cette répartition des personnages dans les trois règnes qui sont aussi démontrés : « l’activité des nomades s’exerce spécialement sur le règne animal, mobile comme eux ; celle des sédentaires prend au contraire pour objets directs les deux règnes fixes, le végétal et le minéral » (RQST, 146), donc, Pierre est envoyé ailleurs par le père, tel un nomade, et les deux autres frères restent chez eux comme fixés.

32 Dans un livre intitulé la Nature dévoilée, l’auteur mentionne que l’Arbre de l’Analyse universelle est constitué de quatre parties : universalité, animalité, végétalité et minéralité (p. 229)

Pierre et le centre du monde : poissons, caverne et montagne

Au début de Gueule de Pierre, le récit commence par le signe des Poissons, règne des animaux, mais, selon ce qu’on connaît par le discours de Pierre, on apprend que la Vie présente deux aspects : « il y a la vie dans la Lumière et la vie dans les Ténèbres et dans la Lumière elle est régie par l’Angoisse et dans les Ténèbres pas le bonheur » (OCII, 309), en d’autres termes, « qu’il y avait deux ensembles de catégories, et que la vie c’était aussi le silence, l’obscurité, l’immobilité et l’unité que le divers, le mouvement, la lumière, et le renouvellement, que c’était aussi bien le repos que l’inquiétude et la quiétude que la peur. Et je vis que l’une était de l’avenir et s’appelait la Gloire et que l’autre, du passé, se nommait le Bonheur » (OCII, 271). Tout cela intéresse beaucoup Pierre. C’est non seulement la découverte de l’autre aspect de la vie, la vie de foetus, ou plutôt la vie unicellulaire, mais aussi la découverte du fait que la vie la plus fondamentale veuille, elle aussi, se transcender. Dans un autre sens, Pierre a trouvé la vérité que toute existence, dans n'importe quelle catégorie, possède une vie tout entière à elle-même, sans aucune différence de qualité : « car il n’y a pas de degré dans la vie. [---]. La vie tout entière est présente dans chaque animal. La moule est aussi parfaitement, aussi pleinement vivante que la vache – ou que l’homme. Que la moule, qu’une moule ait, non plus une conscience, mais une certaine façon de se transcender » (OCIII, 216). Ce qui déconcerte Pierre, c’est qu’il prend conscience qu’entre lui et son père Kougard le Grand, il ne devrait exister aucune différence par rapport à la vie, mais la réalité est qu’il est tyrannisé par son père. Dans Gueule de Pierre, cette cruelle tyrannie n’est pas tellement évidente, mais, dans

Saint Glinglin, l’auteur consacre un épisode tout entier à la description de cette cruauté.

De la page 272 à la page 274 d’ OCIII, on peut lire la description suivante : « Tu m’as protégé lorsque j’étais enfant, mon père, mais tu m’as écrasé. [---]. Tu m’as conduit jusqu’aux portes de la virilité, mon père, mais tu m’as châtré, tu m’as fait souffrir, toi qui, selon tes fonctions, maria toutes les femmes de la ville ». On ne peut pas ne pas remarquer l’allusion à la castration sexuelle par rapport à Pierre.

On revient aux Poissons. Nous rappelons que la source à laquelle Pierre puise l’inspiration, ce sont les poissons. Nous savons que c’est chez les poissons que Pierre obtient la connaissance de la vie, chez les poissons cavernicoles surtout. Et Queneau

mentionne que « on appelle cavernicoles les animaux vivant dans l’obscurité des cavernes (souligné par moi) ; parmi ceux-ci se trouvent des poissons : le ‘milieu’ les a rendus aveugles et décolorés » (OCII, 262). Ici, il y a deux termes qui font référence au centre spirituel au sens guénonien : la caverne et le milieu. La caverne « au point de vue initiatique, en tant que représentation d’un centre spirituel » (SFSS, 218). Cette position du centre spirituel est aussi révélée et renforcée par le mot ‘milieu’. « C’est donc là qu’est proprement le commencement ‘initium’ de ce développement, [---], et c’est précisément à ce point de vue que la caverne peut être regardée comme le lieu de la ‘seconde naissance’ » (SFSS, 220). Donc, là on n’est pas surpris de trouver que Pierre dit « car un éclair m’a transformé » (OCII, 272), « je compris que je venais d’avoir un second instant de Génie » (OCII, 271). On peut dire que c’est des poissons cavernicoles que Pierre reçoit l’inspiration, mais à la réflexion, c’est dans la caverne qu’il la trouve. L’union avec la caverne nous montre apparemment une descente. Mais René Guénon nous rappelle le sens de l’union avec l’obscurité, avec l’ombre, à savoir avec le non-manifesté, « l’obscurité entendue en son sens supérieur » (IRS, 216), ainsi, c’est aussi un mouvement ascendant.

Et pourtant, René Guénon nous fait remarquer que la caverne, c’est aussi en quelque sorte un renversement de la montagne depuis que « le monde céleste auquel se réfère l’élévation de la montagne au-dessus de la surface terrestre est devenu en un certain sens le monde souterrain » (SFSS, 224). Donc, la caverne va toujours de pair avec la montagne. Ailleurs, René Guénon indique que « les deux symbolismes de la montagne et de la caverne se trouvent ici réunis, [---], et ici se trouvent réunies aussi l’ombre et la lumière » (SFSS, 220), donc, l’union du non-manifesté et du manifesté. On trouve que Pierre découvre dans la caverne que la vie existe sous ses deux aspects : la vie du silence, de l’obscurité, de l’immortalité et de l’unité reste ensemble avec la vie du Divers, du mouvement, de la lumière et du renouvellement.

A côté du symbolisme de la caverne, c’est celui de la montagne, comme montré plus haut, mais « la montagne a un caractère plus ‘primordial’ que la caverne, cela résulte du fait qu’elle est visible à l’extérieur, [---] , tandis que la caverne est au contraire, comme nous l’avons dit, un lieu essentiellement caché et fermé » (SFSS, 223). Donc, le Grand-Minéral ou les Collines Arides, c’est aussi un symbolisme de la montagne avec le

sens du centre spirituel dont témoigne aussi la source pétrifiante dans laquelle Kougard le père se baigne. Il y a d’autres indices qui indiquent de même le sens central de la montagne : la Grand-Mère qui vit à la frontière de deux règnes : minéral et végétal. Et cette dénomination est sûrement liée à la Grand-Mère-Terre parce qu’on ne manque pas de trouver ‘les indices féminins de la montagne : « montagne aride immense et dénudée pointant son mamelon vers le ciel, / Mamelle de Pierre, Grand sein minéral de la Terre » (OCII, 329). Or, le symbolisme de la montagne, outre que symbole d’un centre spirituel comme indiqué par René Guénon est l’objet d’un renversement : le monde céleste est devenu en un certain sens le ‘monde souterrain’ : « bien qu’en réalité ce ne soit pas lui qui ait changé, mais les conditions du monde extérieur, [---], ce renversement se trouve figuré par les schémas respectifs de la montagne et de la caverne, qui expriment en même temps leur complémentarisme » (SFSS, 224). La montagne, aussi centre spirituel, réabsorbe le père, parce que le centre spirituel est l’endroit duquel toutes les choses proviennent et auquel elles retournent, c’est pour cela qu’on trouve, dans le dossier de Raymond Queneau, que Pierre est identique à Kougard le père (OCII, 1278), puisque les deux dérivent de ce centre spirituel auquel ils vont aussi retourner.

Le parcours circulaire

Son union avec le non-manifesté oblige Pierre à ‘redescendre’ chez ses concitoyens pour leur apprendre la vérité de la vie, ainsi achève-t-il la réalisation totale par les deux mouvements ascendant et (re)descendant. C’est la grande voie, c’est aussi sa mission de montrer la voie aux autres êtres. Il est «celui qui est allé ainsi, et ainsi doivent aller ceux qui peuvent parvenir comme lui au but suprême » (SFSS, 222).

L’ascension vers le Grand Minéral signifie la montée de l’identification finale à l’Identité Suprême, ou concrètement un passage par les deux portes vers la réalisation, formant ainsi en quelque sorte un cycle. Chez René Guénon les différents états ou degrés de l’Existence universelle correspondent aux cycles cosmiques. On cite « si l’on peut appliquer ceci plus particulièrement à un cycle de manifestation individuelle, tel que celui de l’existence dans l’état humain, on pourra, comprendre facilement pourquoi les deux portes solsticiales sont désignées traditionnellement comme la ‘porte des hommes’ et la

‘porte des dieux’. La ‘porte des hommes’ correspond à l’entrée dans la manifestation individuelle au solstice d’été, et la ‘porte des dieux’ signifie le passage de cette individuelle à l’état supra-individuel de l’être au solstice d’hiver » (SFSS, 153). Donc, dans la poursuite, Pierre et Jean traversent le défilé des Ancêtres, première porte du Grand Minéral, tandis que ‘le père continua (continue) son chemin traversant le défilé des Oiseaux : « ces deux portes (voire défilés) correspondent respectivement à ‘l’entrée et la sortie de la caverne cosmique’ » (SFSS, 239) sous le signe du Cancer. Or, le signe du Cancer, qui signifie le solstice d’été, se réfère aussi au ‘fond des Eaux’ (SFSS, 153), un milieu embryogénique, et de plus ce signe est le domicile de la Lune (ibid.). On rappelle qu'« en grec Hélénâ et Sélêné (lune) se prêtent à un jeu de mots. Hélène est assimilée à la lune » (OCIII, 1657). Les notes prises par Raymond Queneau et les mots émis par Hélène « chers chers clairs de lune de moi » (OCIII, 339) le vérifient. Là Hélène est le symbole de la lune et des Eaux en même temps. D’après René Guénon, « ce même signe du Cancer est le domicile de la Lune, dont la relation avec les Eaux est bien connue, et qui, comme ces Eaux elles-mêmes, représente le principe passif et plastique de la manifestation : la sphère lunaire est proprement le ‘monde de la formation’, ou le domaine de l’élaboration des formes dans l’état subtil, point de départ de l’existence en mode individuel » (SFSS, 153), « un monde intermédiaire » (ibid.) donc. Ainsi, la porte des hommes sert de monde intermédiaire.

Cependant, avec la poursuite continue, le père ainsi que Pierre et Jean traversent le défilé des Oiseaux, c’est-à-dire la ‘porte des dieux’. D’après ce que René Guénon mentionne : à la sortie de la porte de la caverne cosmique, il y aura deux directions : soit revenir à un autre être de manifestation, soit s’unir avec le Principe Suprême. Or, on lit que Kougard se jette dans la source des Eaux, et il est pétrifié, à savoir qu’il s’est transformé en statue, en pierre. C’est donc une transformation de l’être d’un état à un autre. Cette révélation correspond à ce qu’on lit aussi chez René Guénon : « cependant, l’individualité n’étant telle que dans la manifestation, on peut bien dire que, en rentrant dans le non-manifesté, elle disparaît véritablement. Tout cesse d’exister en tant qu’individualité : elle n’est pas annihilée, mais elle est transformée » (HDV, 128). Raymond Queneau décrit dans le roman : « il (Pierre) toisa le cadavre que l’eau transformait » (OCII, 339), et Kougard existe encore, seulement en un autre état, celui de

statue.

Nous rappelons que le signe des Eaux signifie les germes de plus hautes possibilités : « le milieu originel des êtres » ou « la possibilité universelle » (HDV, 151), nous rappelons aussi que la voie des Ancêtres, c’est la porte des hommes, qui est liée à la sphère de la lune. A partir de là, il y aura deux mouvements différents : soit le retour vers le bas, soit l’ascension vers le haut, le premier est marqué par la transformation en un état encore manifesté, tandis que le second continue son voyage vers la porte des dieux (le défilé des Oiseaux), et la transformation de Kougard en statue démontre que l’on est en face d’un retour à un état manifesté. Or, dans le récit de Raymond Queneau, il passe par la porte des dieux, à savoir la sphère du soleil. Kougard est donc déifié dans une certaine mesure. En témoigne aussi le fait qu’il est le père des fils, lesquels correspondent respectivement au passé, au présent, et au futur. En lui s’unissent les modes du temps. Dans ce cas-là, il est l’Identité Suprême, seulement comme le « Soi » dans une autre modalité d’existence. En Kougard se réunissent les deux portes : la porte de la lune et la porte du soleil, la lumière et l’ombre.

Paul et le centre du monde

Paul est le symbole de l’arbre dont témoigne le poème au début des Temps Mêlés. Or, l’homme est à l’arbre ce que l’Homme Universel est à l’Arbre du Monde, donc il est l’arbre du monde, c’est une plante céleste : « l’homme est une plante céleste, ce qui signifie qu’il l’est comme un arbre inversé, dont les racines tendent vers le ciel et les branches en bas vers la terre » (SFSS, 326). René Guénon dans l’ sotérisme de Dante nous révèle que le signe végétal s’écrit comme figure du cercle divisé par une croix, symbolisé par les arbres mystiques. Avec la venue de l’arbre humain commence la saison de la croissance, on est donc amené au domaine du végétal. Cependant, l’arbre du monde, c’est le centre spirituel du monde où il n’existe que le présent éternel. Dans ce sens-là, la plante et le présent sont étroitement liés l’un à l’autre, ce qui se présente dans Paul qui est à la fois le règne végétal et le présent.

Mais, nous rappelons que sur l’Arbre du Monde, il y a la vie des états grossiers, la vie des états subtils, et la vie des états non-manifestés, et en même temps, l’obscurité et

la lumière s’unissent au centre spirituel de l’être total. De même nous rappelons aussi qu'il est normal pour un être de bas degré de faire un voyage divin vers le haut. Dans ce sens-là, Paul déclare que « ma mère terre, je t’abandonne, mon père ciel est constellé » (OCII, 1033). Cela, c’est la caractéristique de la plante qui tend vers le haut. Or, Paul nourrit un sentiment partagé envers le végétal associé à la Déesse Grande Mère. Le végétal signifie la croissance de la plante et même la reproduction humaine. Normalement, dans les traditions, cette fonction est assignée à des déesses par exemple : Cybèle. Et c’est pour cela que la mère terre est associée au règne de végétal. Pourtant, Paul ne déteste pas particulièrement le végétal. Ce qui l’ennuie, c’est qu’il n’existe pas de transcendance dans ce règne : « autour de moi qu’ombres d’ombres, épaisseurs d’épaisseurs, morves ténébreuses, chuintements de fumiers » (OCII, 1022). En réalité, Paul lui-même porte un sentiment un peu positif envers le végétal, pour ainsi dire : « je me soucie fort peu d’avoir une opinion sur les fleurs », « ce n’est point que j’aie de l’antipathie pour les Ruraux, je les plains » (OCII, 1025). Parce qu’ils semblent manquer du « moindre appel du divin » (ibid.), leur coeur est vide, faute d’aucune intelligence. Selon lui, c’est « la chute au plus bas de l’être apparent » (OCII, 1026), et ce sera trop pénible pour la remontée, ou plutôt « le divin, si descendu, remonter ? » (OCII, 1025). René Guénon montre qu’après la chute représentée par le règne de végétal, ce sera la remontée (ED, 66). Pour René Guénon, « le centre de la terre, est, comme nous l’avons dit, le point le plus bas, et il correspond aussi au milieu du cycle cosmique » (ED, 70).

Pour la remontée, il semble qu’il manque à Paul une force attirante, c’est le moment de Cécile Haye qui apparaît comme une étoile «manifestée par un rayon de lumière » qui le guide. A cette occasion Paul prononce : « elle allait se rappeler à moi et, renaissant des ténèbres, me charmer de nouveau » (OCII, 1029). Or, il ne faut pas oublier que chez Raymond Queneau, Cécile Haye ressemble à Hélène (OCII, 1281), et de plus, Hélène est associée à la source pétrifiante, c’est-à-dire aux Eaux. Donc, naturellement Cécile Haye est aussi, par sa liaison avec Hélène, associée aux Eaux, et on peut dire que c’est la venue d’Hélène sous le déguisement d’un touriste qui apporte la pluie : « la pluie, c’est que de l’eau après tout » (OCIII, 382). Son lien avec l’eau est aussi démontré par le fait que « Mme Paul Nabonide inaugurera le Trou qu’on est en train de creuser sur la Grand-Place, et elle nagera dedans » (OCIII, 362). Et on rappelle aussi qu’elle vient du Bois Sacré

(Hollywood), ce qui a aussi quelque chose à voir avec Paul, ce dernier étant le signe du végétal. Et leur union maritale nous paraît naturelle. Le mariage de Paul et Cécile (ou Alice) ressemble à celui des plantes et des eaux. Ainsi, quand il pleut, les plantes vont croître à qui mieux mieux, montrant ainsi la tendance de remonter: « ces champs sans cesse inondés, [---], cette végétation qui avait tendance à pousser drôlement un peu partout, du lichen au cèdre, du bolet à la vigne et du chêne au roseau » (OCIII, 348) ;